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Le charivari — 59.1890

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LE CHARIVARI

trouver la tête connue d'Orphée sur la lyre de la
sainte.

Passons.

M Schenk ne copie pas les autres, mais il se copie
lui-même et refait, pour la dixième fois, les mêmes
moutons battus par la tourmente. C’était bien inu-
tile.

La femme nue de M. Commerre, la femme nue de
M. Benner ne nous apprennent pas non plii3 grand’-
chose de neuf.

M. Joseph Bail se recommence aussi dans son
Nettoyage des ou vres. Nous avons vu déjà ces chau-
drons et ceux qui les récurent.

Quand on est jeune, comme M. Bail, on ne se
cantonne pas dans la redite. Il vaut mieux que cela.

Voici, par contre, de bétonnant, si vous en voulez.
Regardez-moi la Fleur du mal de M. Henri Martin.
Aussi cocasse comme dessin, cette figure, qu’inco-
hérente comme couleur. Où est la première médaille
d’antan ?

Dans le Réveil de M. Delacroix, qui n’est pas sans
mérite d’ailleurs, c’est le sujet qui est incompréhen-
sible. Que diable signifie cette demoiselle nue qui se
réveille, nous dit-on, au beau milieu des nénuphars?
Elle est donc couchée sous l’eau? Exécution lourde.

Originaliste aussi, M. Charles Giron, exposant deux
pendants qu’il intitule: Tons de fumée et Tons de suie.
Cela seul suffit pour indiquer un parti-pris de bizar-
rerie qui désintéresse.

M. Bouguereau, lui, reste lui-même sans essayer
de se varier. Ses Saintes Femmes sont aussi asti-
quées que ses Mendiantes. Le tout paraît passé au
même cold cream.

Nous avons déjà parlé de M. Jules Lefebvre à pro-
pos de son grand tableau. Nous revenoos sur son
portrait magistral et que je préfère beaucoup à
la vaste toile. Quelle fermeté dans la tête ! Quel ac-
cent! Une des belles choses de cette année.

Pendant que nous sommes en train de distribuer
des félicitations, bonne note à M. Van Beers pour un
très joli petit portrait d’élégant contemporain.

Compliments à Monginot pour sa gentille soubrette
Louis XV, qui porte en main un plateau où s’étalent
des friandises d’une si appétissante peinture.

Compliments aussi à M. Demont pour son Etude
lumineuse, à Mme Demont-Breton pour ses char-
mants Enfants s’ébattant dans un jardin.

Compliments encore à M. Bonnat pour son portrait
de femme, mais réserves en ce qui concerne son
portrait de M. Carnot, vraiment trop peint à la
truelle.

M. Monchablon cultive le tableau patriotique. Il y
a si longtemps qu’on pince cette corde-là, que le pu-
blic se lasse. L’allusion alsacienne de M. Moncha-
blon est, d’ailleurs, lourdement exécutée.

M. Gagliardini m’a souvent charmé par le lumi-
neux de ses toiles; mais cette fois-ci il abuse. Il fau-
drait mettre des lunettes bleues pour regarder son
Quai de Toulon. L’excès en tout est un défaut.

M. Lucien Simon a représenté, non sans talent,
une pharmacie dans laquelle on vient d’apporter un
blessé. Mais la peinture fait-divers n’est pas encore
ce qui m’enthousiasme.

Un tableau d’un accent très personnel et très vrai,
c’est celui de M. Coylas, représentant un atelier de
maroquiniers travaillant dur et ferme. Je le signale
avec d’autant plus de plaisir qu’il est signé d’un nom
peu counu encore.

J’aime aussi beaucoup, beaucoup le quai pitto-
resque de M. Edouard Frère, avec son bateau et ses
débardeurs. Voilà de l’art sincère.

J’engage M. Maurice Eliot à se défier des attaques
de jaunisse qui sévissent sur sa peinture. Gela me-
nace de devenir incurable.

Très fin de touche, le Conseil de guerre de Fichel.
Particulièrement remarquable, le François Fla-
meng représentant l’armée française en marche sur
Amsterdam. C’est aussi raffiné que du Meissonier
des grands jours.

On s’arrête beaucoup devant les tableaux de
M. Edouard Bisson. Le premier, Après l'opération,
est une des toiles intéressantes du Salon. Intéres-
sante par les notabilités scientifiques qu’elle met en
scène ; intéressante par l’habileté de composition et
d’exécution qui attestent un progrès décisif du jeune
peintre.

Son succès est complété par la grâce de son autre
tableau : La Cigale, une allégorie parisiennante.

Absente de M. Mac-Ewen a de la saveur et fait
songer.

M. Valadon intitule sa toile : Pensées douloureu-
ses. Ce qui lui permet de dissimuler complètement
la figure de son modèle derrière ses mains. Malgré

la vigueur de la touche, cette petite partie de cache-
cache ne captive pas.

Elle serait très vivement séduisante, l’idylle au-
tomnale de M. Toudouze, sans certaine coloration
aiguë qui détonne. Il fera bien, lui aussi, de se méfier
de la jaunisse.

M. Henner a envoyé, comme d’habitude, un ivoire
de son crû. Il l’intitule : Mélancolie.

J’avoue, quoique je ne sois pas de la paroisse, que
la tète a du sentiment. Mais pourquoi M. Henner
reste-t-il obstinément enfermé dans son culte ébur-
néen? Ça existe pourtant, la vraie couleur chair.

Pierre Véron.

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CHRONIQUE DU JOUR

On ne se plaindra pas que la première journée du joli
mois de mai soit vide et manque de distractions : ma-
nifestation ouvrière, élection académique, et même,
pour tout noter en chroniqueur consciencieux, inau-
guration le soir, dans les églises, du mois de Marie,
c’est complet.

Et encore, ce spectacle si chargé devrait-il avoir un
quatrième numéro : l’ouverture du Salon de peinture ;
mais elle est renvoyée à demain, on sait pourquoi.

De peur de nous embrouiller dans ces événements
d’ordre si divers, nous prendrons le sage parti de n’en
rien dire, ou de n’en dire que fort peu de chose. Avril a
été si peu clément, surtout vers son déclin, que la reine
des deux, comme on chante dans les cantiques, risque
de n’avoir pas sur ses autels beaucoup de roses. Nous
nous en consolerions aisément, si le froid persistant
n’empéchait les asperges et les petits pois de paraître
sur nos tables, sauf à des prix mythologiques.

Espérons, toutefois, que le grand steeple-chase académi-
que, auquel treize chevaux littéraires, qui ne sont pas
tous des coursiers, se sont fait inscrire, se. terminera
assez tard pour que les douze blackboulés ne succom-
bent pas à la tentation d’ajouter encore à l’agitation de
Paris.

Les voyez-vous, trouvant désormais, dans leur dépit,
que les palmes académiques sont trop vertes et bonnes
pour des goujats, se mettant à la tête des grévistes et
détournant les masses populaires du palais de l’Elysée
pour les faire se ruer sur l’Institut ! Une révolution faite
au cri de : A bas les Quarante ! au lieu des « Trois huit »,
c’est ça qui serait drôle !

Quant au Salon, le retard d’un jour que les événe-
ments lui imposent est sans inconvénient. Tout le mois
de mai lui appartient. On dit que c’est le mois des
fleurs : oui, des fleurs peintes par Madeleine Lemaire !

A propos de la manifeslation d’aujourd’hui, entendu,
l’autre jour, un mot drôle chez mon coiffeur.

Un client demandait au garçon qui le rasait :

— Est-ce que vous prendrez part à la manifestation
de jeudi?

— Monsieur, a répliqué sèchement le garçon, cela ne
nous regarde pas. Nous ne sommes pas dés ouvriers,
nous autres : nous sommes des artistes.

Un détail de la récente visite de M. de Freycinet aux
fortifications de la frontière de PEst a mis en émoi
beaucoup de braves gens, qui n’ont sur la géographie
do leur pays que des notions fort incomplètes.

Tout le monde a pu lire cette dépêche de Belfort : 7

« Le ministre de la guerre rentre ce soir à Paris par
le ballon d’Alsace. »

Plus de vingt personnes m’ont interrogé à ce sujet.

— On a donc trouvé la direction des ballons ?

— Certainement. Vous ne le saviez pas?

— Et nous pourrons bientôt voyager par les airs?

— Oh! pas si vite! Vous n’ignorez pas que, lors de
l’invention du télégraphe électrique, Je gouvernement
s’en réserva d’abord le monopole, et ne l’ouvrit que
plus tard aux particuliers. Ii en sera de môme, dans
l’intérêt supérieur de la défense du pays, pour les bal-
lons.

Mes consultants sont partis enchantés.

Qu’ils me pardonnent cette innocente plaisanterie!
Nous étions encore dans les derniers jours d’avril, le
mois classique des fumisteries. £

D’une récente statistique sur le suicide, il résulte,
entre autres choses intéressantes, que la mort volontaire
sévit surtout sur le sexe mssculin.il se suicide environ
cinq hommes contre une seule femme.

Au premier abord, c’est le contraire qui semblerait
devoir se produire, la femme étant moins bien armée
que l’homme pour soutenir le combat do la vie.

Les misogynes ne manqueront pas de dire que cette
anomalie s’explique par cette raison bien simple que le
mauvais caractère et l’infidélité des femmes poussent un
plus grand nombre d’hommes au désespoir; mais nous
nous garderons bien, pour notre part, de nous ra'lier à
celte thèse peu gai ante.

Une autre particularité désolante du travail en ques-
tion, c’est qu’il établit l’effrayante progressiondes suicides
d’enfants. En 1886, on en a compté 62, parmi lesquels un
enfant au-dessous de sept ans !

Que l’on puisse être si vite dégoûté d’une liqueur
qu’on a à peine effleurée de ses lèvres, voilà un sujet de
protondes méditations pour les philosophes !

Dans une dernière visite faite hier à la foire au
pain d’épices, remarqué sur une balançoire cette ins-
cription :

DÉFENSE DE SE TENIR DEBOUT
s’il VOUS PLAÎT

Heureuse alliance des deux formes impérative et
insinuante!

Certain do nos fpeintres très connu, qui fait en ce
moment une tournée dans l'Est, Iravaillait dernière-
ment en plein air, non loin de a frontière, lorsqu’un
bon gendarme, après avoir tourné quelque temps au-
tour de lui, se décide à l’accoster, le prenant évidem-
ment pour un espion prussien en train de tirer des
plans.

— Avez-vous des papiers ? interroge Pandore.

— Oui, mais pas sur moi. Je les ai laissés à l’au-
berge.

— Y a-t-il longtemps que vjus êtes dans le pays ?

— Depuis quinze jours environ.

— Et y connaissez-vous quelque personne honorable
dont vous pourriez vous recommander ?

— Parfaitement. Le percepteur du chef-lieu de l’ar-
rondissement.

— Comme c’est vraisemblable! s’écrie le représen-
tant de l’autorité, indigné. Il y a douze ans que je suis
ici, moi, et je ne le connais pas!

Monsieur (soixante-deux ans) et Madame (trente-
quatre ans) sont au salon avec une amie.

Monsieur s’assoupit légèrement dans son fauteuil. Les
femmes causent du roman en vogue.

— Ma chère, fait la maîtresse de la maisou, figurez-
vous que j’ai voulu l’acheter ce soir, mais le libraire m’a
dit qu’il faudrait attendre. Il est épuisé.

Alors, Monsieur, se réveillant en sursaut :

— Vous parlez de moi?

P'ragment de conversation entre deux petites dames,
recueilli au promenoir des Folies-Bergère :

— Eh bien, moi, c’est tout le contraire. Mon amant
me laisse bavarder et chanter tout.) la journée.

— El ça ne l’empêche pas de travailler ?

— Il ne fait rien.

— Mais ça ne le fatigue pas ?

— Non, îl est sourd.

Paul Courty.

<>

BOURSE-EXPRESS

Dernier jour d’avril. Comme cela tombe juste à la
veille du 1er mai, et que, cette année, cette date a quel-
que chose de fatidique dans le bizarre et d’étraugedans
l’incertitude, les spéculateurs ont mis leurs carnets
dans leurs poches et c’ont utilisé leurs crayons que
pour régler les engagements en vue de la liquidation
des rentes.

La représentation du spectacle financier est remise à
plus tard.

Ah ! si on était aussi tranquille à l’égard de Vienne
et autres lieux qu’on l’est à l’égard de Paris !...

Et quand ce sera fini, nous aurons Londres, où la pe-
tite fête est remise à dimanche. Mais comme il n’y a
pas Bourse ce jour-là, on s’en fiche.

Castorine

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Alcan-Lévy, imprimeur breveté, 21, rue Chauchat.
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