Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 59.1890

DOI Heft:
Août
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.23884#0850
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE CHARIVARI

bienfaisance se présente. Va pour la bienfaisance!

Lorsque c’est le vice qui s’offre le premier, nous
disons du même ton :

— Va pour le vice !

Très éclectique, la nation française. Mais pas très
pratique. On oublie toujours, dans les organisations
charitables, de penser aux frais.

On va, on s'emballe sur une idée plus ou moins
louable. On ne songe pas à l’addition.

Il arrive ainsi qu’avec des encaissements de deux
cent mille francs, il finit par rester cinquante sous
pour les infortunes à secourir.

.Te force un peu les chiffres dans les deux sens.
Mais l’in«ouciance des calculateurs n’est que trop
réelle.

Je souhaite sincèrement qu’on ait, pour les incen-
diés de Fort-de-France, mieux tenu compte de l’a-
rithmétique.

JjV»

Je le souhaite d’autant plus, que l’étranger nous
laisse toujours, en pareil cas, l’honneur du fara
da se. Ce n’est pas pour lui qu’a été faite l’expres-
sion : payer de retour.

Il empoche, l’étranger ; il ne paie jamais. Nous
avons, depuis quinze ans, donné des millions pour
lui. Nous n’avons pas reçu sept francs cinquante.

Je ne dis pas cela pour nous dégoûter d’être se-
courables, quoique nous ne soyons pas secourus.

Au contraire.

Je trouve que la reconnaissance supprime la dette,
et je ne sais pas de plus âpre plaisir que celui de faire
des ingrats.

Essayez-en. Cela ne vous sera pas difficile. On n’a
que l’embarras du choix.

FR AN Cl L LO N.

BXTVtA.IT D’ABSINTHE SUPERIEURE

GEMPP PERNOD - IHtMUkT)

&m&ÏÏOLETTWt*M».OOIÏTREÂÏÏ nnm

AUL.US-US-S8 A1FIS; Vriègc)£aux dèpuratives du sangsaps rivales
Sites enchanteurs | Eczemas, Vices du Sang . Maladies Utérines, etc.

Casino Théâtre, Hôtels de 1erOrdre I Propi"* CHABAUD, CAMPREDON & C \

CHRONIQUE DU JOUR

La discussion récente, à la Chambre des députés, sur
l’emploi des crédits extraordinaires du budget de la
marine, ne semble pas avoir fortement éclairci la ques-
tion.

IL y a encore beaucoup de vague dans cette affaire
embrouillée, où un phare ne serait nullement déplacé.

En somme, les contribuables ont payé pour des na-
vires cuirassés qui ne sont pas encore construits, voilà

ce qui surnage de plus net dans un océan d’explications
plus ou moins parlementaires.

Et, entre nous, cela pourrait bien justifier cette petite
définition fantaisiste : '

— La marine, c’est la bouteille à Vancre.

Parisiens, mes frères, il faut mourir.

Selon l’usage antique et solennel, dès qu’il survient
quelques chaleurs réellement estivales, le service des
eaux — un singulier service, soit dit entre nous — fait
assavoir aux populations altérées que, durant le mois
d’août, l’eau d; source sera remplacée par l’eau de
rivière dans quatre arrondissements de notre bonne
capitale.

Après quoi, ce sera le tour de quatre autres, et ainsi
de suite, jusqu’à épuisement complet.

Et pendant ce temps-là, la fièvre typhoïde, tournant
la manivelle, va réaliser plus que le maximum de mor-
talité. Allons, bravo! La Camardepeut voler des remer-
eîment.s à nos édiles. Bonsoir, nos excellents conseil-
lers municipaux... Ceux qui vont mourir vous saluent !

Beaucoup d’appelés et peu d’élus, dit le proverbe.

Les filous sont nombreux, mais il en est rarement
d’originaux.

A signaler, parmi les exceptions, le cas de ce jeune
homme de bonne famille qui employait ses loisus à
voler, dans les environs des Halles, des charrettes à
bras chargées de légumes, et qui, tout en les revendant
à perte, réalisait un honnête bénéfice de cinquante francs
par jour.

Juste le double de ce que gagne un député, en bazar-
dant des carottes parlementaires.

Excellences en voyage.

Le ministre de l’intérieur se rend à Rodez pour y pré-
sider un concours musical.

Etrange! élrange!

J’aurais plutôt compris que cette solenni é harmoni-
que eût lieu sous les auspices du ministre des affaires
étrangères.

Celui-ci. en effet, de par son poste et ses fonctions
même, est habitué à faire sa partie dans un concert...

Dans le fameux concert européen, pardi!

C’est d’un concert plus général encore, puisqu’il est
universel, que s’occupe le Livre d'amour, d’Armand
Silvestre, publié par l’éditeur Genonceaux.

Livre de poète et de pen&elïr, écrit, nous dit-on, spé-
cialement « pour les femmes ». Vous pourrez vous con-
vaincre, a la lecture d’une de ces piquantes et spiri-
'uellcs fantaisies, que les hommes aussi y prendront
un plaisir extrême.

Si l’agriculture manque de bras, ainsi qu’on nous en
rebat volontiers les oreilles, ce n’est toujours pas à
Chartres.

Quatre mille deux cenls moissonneurs sans travail
ont manifesté, un jour de la semaine dernière, devant
l’hôtel de la préfecture.

Là, un fonctionnaire galonné et éloquent, après avoir
écouté les doléances do ces braves gens, leur a claire-
ment démontré que, s’ils ne voulaient pas se faite ha-
cher comme chair à pâté, ils n’avaient qu’à retourner
tranquillement a i pays d’où ils étaient venus.

Et les quatre mille deux cents moissonneurs sans
moisson, convaincus et obéissants, sont repartis pour
l’Orue et pour la Sarthe.

On les y a même réexpédiés gratis.

Merci, mon Dieu! Désormais, nous avons donc une
variante.

Ce sont les bras, maintenant, qui manquent d’agri-
culture.

Extrait d’album.

« Constatation peut-être à l’éloge du cœur des dames,
mais assurément pas à l’honneur de leur intelligence :
» Il est beaucoup plus facile à un imbécile de se faire
aimer d’une femme d’esprit, qu’à un homme d’esprit

de se faire aimer d’une imbécile. »

»

Les noms prédestinés :

Celui-ci nous arrive en droite ligne de Cernay-la-
Ville.

A l’entrée des fameuses cascades qui valent à ce joli
pays sa réputation artistique, on peut lire, sur une en-
seigne :

BOIRON

Marchand de vins

Pour finir, un touchant mot d’ivrogne.

Un gardien de cimetière, en exécutan! sa ronde dans
le champ du repos qui, hélas! n’a plus rien de commun
avec le « chand de vins, » surprend un individu occupé
à arroser consciencieusement la pierre d’une tombe
avec le contenu d’un litre à seize.

— Malheureux! s'écrie le gardien stupéfait et indigné,
en se précipitant sur l’intrus, que faites-vous donc làV
Quelle abominable profanation !

— De quoi, de quoi! interrompt l’excellent pochai d.
C’est pour être agréable à mou vieux copain qui est ici
dessous. De son vivant, il aimait lant qu’on lui rinçât
la dalle !

Henri Second.

BOURSE-EXPRESS

On règle les comptes. C’est maintenant que l’on passe

à la caisse.

Les ceusses qui ont gagné ont de l’argent à recevoir;
les ceusses qni ont perdu ont des sommes à débourser.
Du moins, c'est ainsi que les choses se passent généra-
lement, et je ne vois pas de raison pour qu’on modifie
le procédé habituel.

Il est vrai que, parfois, les perdants se dérobent au
moment de payer, ce qui fait que les autres n’encaissent
rien ; mais, en juillet, les affaires n’ont pas été assez
nombreuses, ni assez grandes les différences, pour qu’il
y ait à redouter un « claquage » de ce genre.

Après le règlement des comptes, en route pour les
vacances. Dans deux ou trois jours, le calme le plus
complet régnera à la Bourse, et les mouvements des
cours r,e seront plus réglés que par les achats du comp-
tant.

Je dis les achats, parce que je ne vois pas de motif
pour qu’on vende, — excepté, toutefois, des actions de
la Banque Parisienne ou des valeurs Argentines.

Castorine.

LA POURSUITE

Il était six heures trois quarts environ, — elle suivait
fiévreusement le boulevard, côté gauche, dans le sens
do la rue de la Paix à la Madeleine.

L’air prodigieusement distrait, d’un pas inégal, tantôt
lent, tantôt rapide, elle marchait, ayant à peine un re-
gard pour les boutiques fraîchement illuminées.

Elle se promenait, quoi! Une petite mine très fière
avec des traits qui, sans être précisément réguliers,
avaient leur harmonie ou, mieux, leur saveur; une
tournure élégante, mais n’excluant pas les rondeurs
aimables auxquelles s’attarde volontiers la paresse des
gens de goût.

Un aspect décidé de petite femme s’appuyant sur
toutes les régularités bourgeoises de la vio.

A quoi pensait-elle? Où allait-elle?Ta, ta, ta, ta ! vous
êtns fort curieux ! et si je vous disais de quitter votre
moelleux fauteuil et le coin de votre feu pour le venir
apprendre, vous feriez une belle grimace. Apprenez-le
donc sans vous déranger.

Elle pensait que son mari était un monstre et elle ne
savait pas où elle allait.

Oui! une querelle après dix-huit mois déménagé! le

I refus catégorique d’un bijou très désiré. Monsieur man-
geait certainement son argent avec des maîtresses ! Il
s’en était défendu avec trop d’indignation pour que ce
ne fût certain.

Et voilà comment se payait l’honnêteté d’une per-
sonne qui lui avait tout donné, elle pouvait bien le dire!
Elle lui avait sacrifié tout, à cet ingrat, jusqu’à la so-
ciété de sa propre mère, qui, étant sourde comme un
pot, n’était pas bien gênante, pourtant.

Elle était sortie furieuse et ne rentrerait certainement
pas pour dîner. Nous devinerions la mine qu’il ferait
seul, en tête-à-tête avec un poulet, lui qui détestait ce
comestible et n’en mangeait que par politesse ! Et puis
la vengeance! la loi du talion! les amoureux à venir!
elle était bien sûre de plaire!

Et, comme pour s’en mieux assurer, elle jetait un re-
gard oblique sur une de ces glaces qui bordent les de-
vantures élégantes, elle put se convaincre qu’un mon-
sieur, bien enfoncé dans son paletot, lui marchait de
fort près sur les talons.

Gela ne lui plut pas longtemps. Ce monsieur avait
assez le costume d’un homme comme il faut. Mais il
continuait à marcher derrière elle avec une insistance
frisant vraiment l’indiscrétion.

Que diable! ou regarde uu peu à qui l'on a affaire.
Oui, dans l’avenir, elle aurait certainement des amou-
reux ; mais ce n’est pas dans la rue qu’elle en prendrait :

! il y passe indubitablement des gens très bien, mais une
femme du monde n’écoute qu’un homme qui lui a été
présenté.

Ah! mais, il devenait très ennuyeux, ce monsieur!

Est-ce qu’il la prenait pour une drôlesse? Si elle le
priait tout simplement, d’un petit ton sec et digne, de
passer son chemin?

Mais non ! rien n’est pis en pareil cas que d’engager
la première la conversation. S’il allait avoir de l’esprit
et la faire rire en lui répondant ?

Elle serait désarmée de sa majesté et ce serait du pro-
pre !

Comme elle touchait la rue Royale,fine lui fallut pas
faire un bien grand mouvement de tête pour s’aperce-
voir qu’il la tournait aussi Oh! c’était trop fort à la
fin! Elle prendrait la première voiture venue ; et, s’ar-
rêtant, elle se mit à faire des signes à tous les cochers.

Un dodelinement général de tète répondit à ses signes
de détresse. Tous les cochers étaient en service régulier
et toutes les voitures pleines.

Cependant son persécuteur s’était arrêté aussi au
môme angle de la rue Saint-Honoré et de la rue Royale.

Là, côte à côte avec elle.

Lui non plus ne pouvait pas passer outre, l’encom-
brement faisant angle en cet endroit et lui fournissant
un excellent prétexte pour y rester aussi longtemps
qu’elle. Et elle sentait positivement le souffle de cet in -
connu dans son cou, un souffle parfumé, d’ailleurs, par
d’excellents cigares.

Et pas moyen de le gifler!
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen