CÏNQU
ANTE'
-NEUVIÈME ANNÉE
Pris du Numéro : t§ carUlme»
JEUDI 4 DECEMBRE 1890
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
Us abonnements parient des 4” et 16 de chaque mon
DIRECTION
Politique- Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L1 ADMINISTRATION
Rue de la Victoire, 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois.. 20 A.
Six mois...S. . 40 —
Un an. 80 —
L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, fermier de la PDBLXSiTt
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
BULLETIN POLITIQUE
Toujours la marche ordinaire.
On commence par gaspiller le temps avec une ba-
varde insouciance. Puis, in extremis, on se méla-
morphose en machine à voter. Une séance par jour
ne suffit plus à l’ardeur de ces législateurs à la Vau-
canson ; il leur en faut deux, au risque d’user leurs
ressorts. Séance le matin, séance dans la journée;
au besoin, séance de nuit.
Pourquoi ne pas tout de suite se déclarer en per-
manence?
On s’en irait dormir, manger, et le reste, par es-
couade. Pendant ce temps-là, la mécanique parle-
nucntaire broierait du million, en veux-tu en voilà.
Ces piocédés manquent complètement de dignité
et de sérieux.
Ce bâclage est d’autant plus lamentable qu’aux
séances supplémentaires il ne vient presque per-
sonne. A chaque travée, un mandataire est chargé
de déposer des bulletins pour ses voisins de droite et
de gauche. On dilapide notre argent par contumace
— et avec récidive.
Oh! enlendez-les : ils vous jureront sur la tête de
leur président qu'ils ne recommenceront pas l’année
prochaine.
La bonne promesse qu’a La Châtre!
Comment s'étonner ensuite si la France a un
passif de trente milliards?
Il faut vraiment que notre pays ait le crédit che-
villé dans le ventre pour que ce crédit résiste à de
semblables pratiques.
le langage de M. Lavigerie. Le silence, en pareil cas,
ne peut être qu’une hypocrisie.
On prétend, il est vrai, que le Saint-Père va se
décider à prendre la plume pour appuyer et atténuer
à la fois l’évolution, ce qui serait tout à fait con-
forme aux traditions jésuitiques.
Dans tous les cas, le gouvernement républicain
n’a qu’à laisser le pape et le comte de Paris vider
leur querelle entre eux. La chose ne le regarde pas.
On sait depuis longtemps que la papauté s’incline
devant la raison du plus fort, pourvu que le plus
fort tolère et pro'ège son petit commerce.
Pierre1 Véron.
AUTOGRAPHES DU JOUR
M. PARNELL
Pour être député, l’on n’en est pas moins homme !
M. RQUVIER
Reculer pour mieux sauter ! Quel proverbe suggestif
pour les ministres !
m. etienne
... Et pour les sous-secrétaires d'Etat, donc !...
M. MARY-RAYNAUD
On ne saura jamais quels sont les plus volés des
deux : mes électeurs ou mes actionnaires.
Bien occupé pour un homme seul, M. le comte de
Paris, s’il mène réellement de front tous les travaux
que la chronique lui attribue.
D’une paît, on raconte, en effet, qu’il prépare un
livre sur son récent voyage en Amérique. D’autre
part, qu’il s’apprêterait à réfuter les déclarations
républicaines du cardinal Lavigerie.
Il se flatterait, notamment, de démontrer que
Léon XIII « n’a jamais chargé le cardinal Lavigerie
de parler comme il l’a fait ».
Ce duel entre cardinal et prétendant ne sera pas
dépourvu de comique. Mais nous ne voyons pas
quelle autorité peut avoir le comte de Paris pour
parler au nom du pape, qui ne lui a jamais manifesté
des tendresses bien particulières et qui, comme il
arriva jadis à ses prédécesseurs, serait tout disposé
certainement à acclamer un coup d’Etat triomphant
dans la personne d’un nouveau Bonaparte.
M. le comte de Paris n’a, d’ailleurs, nulle qualité
pour se poser en champion du droit divin. Il ne fau-
drait pas, pour cela, qu’il fût le petit-fils de l’homme
qui mit le droit divin à la porte en 1830.
Quant à la République, ses moyens lui permettent
nie rester absolument indifférente à ces empoigne-
et cüts bizarres.
le duc don XIII avait eu le sentiment de son devoir,
tique, iuinersonnellement démenti déjà ou confirmé
L’égalité
M. LAVY
Député de Clignancourt
Possibiliste... Ça veut dire qu'il fait son possible
pour être élu.
BUFFALO-BILL,
Les Indiens, c'est ma carrière. Après en avoir vécu,
j'vas les tuer!
Jlcan Ralph.
ABONDANCE l)E GliÉliISSHillS
Guérirai Guérira pas! Guérira-t-il? Ne guérira-t-il
pas?
Entre les deux, mon cœur bacille.
Eu attendant des résultats concluants et indénia-
bles, ce ne sont toujours pas les « essayeurs » qui
manquent.
A défaut de guérisons, il pleut des guérisseurs.
C’est à se demander si les malades pourront résis-
ter à ce déluge de remèdes.
Quand je dis les malades, ne prenez pas cette façon
de parler pour une mauvaise plaisanterie contre les
médecins; il va de soi que je veux dire : les mala-
dies.
Heureusement que, d’autre part, on en invente
tous les jours, des maladies, des maladies tout ce
qu’il y a de plus nouveau, afm de remplacer les an-
ciennes, que le docteur Koch et ses imitateurs (et
ses prédécesseurs) sont en tram de supprimer défini-
tivement.
Les médecins enterrant les maladies au lieu d’en-
terrer les malades! C’est ça qui va les changer, et
nous donc! Et il n’y a pas à dire : Mon bel ami. Ça
y est. Ça y est en plein. Non seulement le poitrinaire
tout ce qu’il y a de plus vieux jeu, romantique, ro-
coco, dix-huit cent trente, etc., va disparaître,
mais les enthousiastes assurent que la « lymphe »
merveilleuse, victorieuse de la tuberculose, cons-
tituera aussi une panacée contre le lupus, la lèpre,
la morve. Peut-être même le tétanos aura-t-il son
tour. Vous verrez que cette drogue unique finira
par «tomber» le rhume de cerveau. Atchouml...
A vos souhaits. Merci bien.
Les sceptiques eux-mêmes, ceux qui nient, jus-
qu’à nouvel ordre, l’efficacité de la découverte alle-
mande, éprouvent le besoin de mettre quelque chose
à la place.
Un simple officier de santé, opérant à la campa-
gne depuis nombre d’années, prétend avoir trouvé,
lui aussi, un procédé infaillible d’extermination de
la phtisie. Avec celui-ci, il ne s’agit pas de lymphe,
mais d’électricité tirée des plantes, puis mise en bou-
teille. Du fluide en bouteille ! En bouteille de Leyde,
alors.
Laide ou belle, l’idée a fait son chemin, et l’offi-
cier de santé également. Ce Koch de village a quitté
son pays, modeste théâtre de ses exploits passés,
pour venir s’installer à Paris, qui ne demande pas
mieux que d’applaudir à ses triomphes futurs.
Car enfin, que nous soyons guéris par Paul (de
Koch), ou par Pierre (pas Pierre qui roule, par exem-
ple), que nous importe, pourvu , que nous soyons
guéris. Bravo, messieurs les docteurs, vous ne vous
attellerez jamais trop nombreux à cette salutaire
besogne. Vive la Kochurrence ! A la bonne heure,
la voilà, la vraie lutte pour la vie !
Toutefois, je crois qu’on a poussé les choses un
peu loin en allant chercher Marat pour lui attribuer,
à lui troisième, l’iuventiou d’uu spécifique contre
la phtisie. N’a-t-on pas affirmé qu’il avait même
guéri radicalement une marquise ? Radicalement,
passe encore; Marat était assez haut en couleur et
à cheval sur les principes pour ne rien faire que ra-
dicalement. Mais une marquise! Quelle étrange
clientèle pour un Ami du peuple I
Il faut d’ailleurs reconnaître que si, un moment,
Marat a pu soulager quelques poitrines, il s’est joli-
ment rattrapé, un peu plus tard, sur les têtes.
Le traitement qui ale plus contribué à la célébrité
de Marat n’est pas le traitement par l’eau, mais le
traitement par le fer... de la guillotine. Et celui-là,
il faut bien le dire, ne soulageait pas seulement les
phtisiques, mais bien tous les maux possibles et
imaginables, puisqu’il guérissait de l’existence !
Henri Second.
ANTE'
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PIERRE VÉRON
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ADOLPHE EWIG, fermier de la PDBLXSiTt
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LE CHARIVARI
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Toujours la marche ordinaire.
On commence par gaspiller le temps avec une ba-
varde insouciance. Puis, in extremis, on se méla-
morphose en machine à voter. Une séance par jour
ne suffit plus à l’ardeur de ces législateurs à la Vau-
canson ; il leur en faut deux, au risque d’user leurs
ressorts. Séance le matin, séance dans la journée;
au besoin, séance de nuit.
Pourquoi ne pas tout de suite se déclarer en per-
manence?
On s’en irait dormir, manger, et le reste, par es-
couade. Pendant ce temps-là, la mécanique parle-
nucntaire broierait du million, en veux-tu en voilà.
Ces piocédés manquent complètement de dignité
et de sérieux.
Ce bâclage est d’autant plus lamentable qu’aux
séances supplémentaires il ne vient presque per-
sonne. A chaque travée, un mandataire est chargé
de déposer des bulletins pour ses voisins de droite et
de gauche. On dilapide notre argent par contumace
— et avec récidive.
Oh! enlendez-les : ils vous jureront sur la tête de
leur président qu'ils ne recommenceront pas l’année
prochaine.
La bonne promesse qu’a La Châtre!
Comment s'étonner ensuite si la France a un
passif de trente milliards?
Il faut vraiment que notre pays ait le crédit che-
villé dans le ventre pour que ce crédit résiste à de
semblables pratiques.
le langage de M. Lavigerie. Le silence, en pareil cas,
ne peut être qu’une hypocrisie.
On prétend, il est vrai, que le Saint-Père va se
décider à prendre la plume pour appuyer et atténuer
à la fois l’évolution, ce qui serait tout à fait con-
forme aux traditions jésuitiques.
Dans tous les cas, le gouvernement républicain
n’a qu’à laisser le pape et le comte de Paris vider
leur querelle entre eux. La chose ne le regarde pas.
On sait depuis longtemps que la papauté s’incline
devant la raison du plus fort, pourvu que le plus
fort tolère et pro'ège son petit commerce.
Pierre1 Véron.
AUTOGRAPHES DU JOUR
M. PARNELL
Pour être député, l’on n’en est pas moins homme !
M. RQUVIER
Reculer pour mieux sauter ! Quel proverbe suggestif
pour les ministres !
m. etienne
... Et pour les sous-secrétaires d'Etat, donc !...
M. MARY-RAYNAUD
On ne saura jamais quels sont les plus volés des
deux : mes électeurs ou mes actionnaires.
Bien occupé pour un homme seul, M. le comte de
Paris, s’il mène réellement de front tous les travaux
que la chronique lui attribue.
D’une paît, on raconte, en effet, qu’il prépare un
livre sur son récent voyage en Amérique. D’autre
part, qu’il s’apprêterait à réfuter les déclarations
républicaines du cardinal Lavigerie.
Il se flatterait, notamment, de démontrer que
Léon XIII « n’a jamais chargé le cardinal Lavigerie
de parler comme il l’a fait ».
Ce duel entre cardinal et prétendant ne sera pas
dépourvu de comique. Mais nous ne voyons pas
quelle autorité peut avoir le comte de Paris pour
parler au nom du pape, qui ne lui a jamais manifesté
des tendresses bien particulières et qui, comme il
arriva jadis à ses prédécesseurs, serait tout disposé
certainement à acclamer un coup d’Etat triomphant
dans la personne d’un nouveau Bonaparte.
M. le comte de Paris n’a, d’ailleurs, nulle qualité
pour se poser en champion du droit divin. Il ne fau-
drait pas, pour cela, qu’il fût le petit-fils de l’homme
qui mit le droit divin à la porte en 1830.
Quant à la République, ses moyens lui permettent
nie rester absolument indifférente à ces empoigne-
et cüts bizarres.
le duc don XIII avait eu le sentiment de son devoir,
tique, iuinersonnellement démenti déjà ou confirmé
L’égalité
M. LAVY
Député de Clignancourt
Possibiliste... Ça veut dire qu'il fait son possible
pour être élu.
BUFFALO-BILL,
Les Indiens, c'est ma carrière. Après en avoir vécu,
j'vas les tuer!
Jlcan Ralph.
ABONDANCE l)E GliÉliISSHillS
Guérirai Guérira pas! Guérira-t-il? Ne guérira-t-il
pas?
Entre les deux, mon cœur bacille.
Eu attendant des résultats concluants et indénia-
bles, ce ne sont toujours pas les « essayeurs » qui
manquent.
A défaut de guérisons, il pleut des guérisseurs.
C’est à se demander si les malades pourront résis-
ter à ce déluge de remèdes.
Quand je dis les malades, ne prenez pas cette façon
de parler pour une mauvaise plaisanterie contre les
médecins; il va de soi que je veux dire : les mala-
dies.
Heureusement que, d’autre part, on en invente
tous les jours, des maladies, des maladies tout ce
qu’il y a de plus nouveau, afm de remplacer les an-
ciennes, que le docteur Koch et ses imitateurs (et
ses prédécesseurs) sont en tram de supprimer défini-
tivement.
Les médecins enterrant les maladies au lieu d’en-
terrer les malades! C’est ça qui va les changer, et
nous donc! Et il n’y a pas à dire : Mon bel ami. Ça
y est. Ça y est en plein. Non seulement le poitrinaire
tout ce qu’il y a de plus vieux jeu, romantique, ro-
coco, dix-huit cent trente, etc., va disparaître,
mais les enthousiastes assurent que la « lymphe »
merveilleuse, victorieuse de la tuberculose, cons-
tituera aussi une panacée contre le lupus, la lèpre,
la morve. Peut-être même le tétanos aura-t-il son
tour. Vous verrez que cette drogue unique finira
par «tomber» le rhume de cerveau. Atchouml...
A vos souhaits. Merci bien.
Les sceptiques eux-mêmes, ceux qui nient, jus-
qu’à nouvel ordre, l’efficacité de la découverte alle-
mande, éprouvent le besoin de mettre quelque chose
à la place.
Un simple officier de santé, opérant à la campa-
gne depuis nombre d’années, prétend avoir trouvé,
lui aussi, un procédé infaillible d’extermination de
la phtisie. Avec celui-ci, il ne s’agit pas de lymphe,
mais d’électricité tirée des plantes, puis mise en bou-
teille. Du fluide en bouteille ! En bouteille de Leyde,
alors.
Laide ou belle, l’idée a fait son chemin, et l’offi-
cier de santé également. Ce Koch de village a quitté
son pays, modeste théâtre de ses exploits passés,
pour venir s’installer à Paris, qui ne demande pas
mieux que d’applaudir à ses triomphes futurs.
Car enfin, que nous soyons guéris par Paul (de
Koch), ou par Pierre (pas Pierre qui roule, par exem-
ple), que nous importe, pourvu , que nous soyons
guéris. Bravo, messieurs les docteurs, vous ne vous
attellerez jamais trop nombreux à cette salutaire
besogne. Vive la Kochurrence ! A la bonne heure,
la voilà, la vraie lutte pour la vie !
Toutefois, je crois qu’on a poussé les choses un
peu loin en allant chercher Marat pour lui attribuer,
à lui troisième, l’iuventiou d’uu spécifique contre
la phtisie. N’a-t-on pas affirmé qu’il avait même
guéri radicalement une marquise ? Radicalement,
passe encore; Marat était assez haut en couleur et
à cheval sur les principes pour ne rien faire que ra-
dicalement. Mais une marquise! Quelle étrange
clientèle pour un Ami du peuple I
Il faut d’ailleurs reconnaître que si, un moment,
Marat a pu soulager quelques poitrines, il s’est joli-
ment rattrapé, un peu plus tard, sur les têtes.
Le traitement qui ale plus contribué à la célébrité
de Marat n’est pas le traitement par l’eau, mais le
traitement par le fer... de la guillotine. Et celui-là,
il faut bien le dire, ne soulageait pas seulement les
phtisiques, mais bien tous les maux possibles et
imaginables, puisqu’il guérissait de l’existence !
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