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Le charivari — 59.1890

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Décembre
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

SAMEDI 6 DECEMBRE 1890

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Trois mois.
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L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en C!:el

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ADOLPHE EWIG, fermier de la pusiLcm:

92, Rue Richelieu

CHARIVARI

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PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Us abonnements partent des ter et 16 de chaque mou

DIRECTION

Politique- Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Hue de la Victoire, 20

BULLETIN POLITIQUE

Les broyeurs de noir, qui ne peuvent rester oisifs,
voyant qu’il n’y avait pas grand’chose à faire à l’in-
térieur, se sont retournés vers l’extérieur.

Et naturellement la question du Luxembourg
leur a paru fournir un thème propice à leurs pronos-
tics sombres.

On a lancé dans la circulation des dépêches an-
nonçant que la triple alliance était décidée à s’occu-
per de l’affaire.

Quelle affaire? C’est ce qu’on oublie de nous dire.

Car enfin il y a une situation réglée par le consen-
tement des grandes puissances, et l’on ne prétend
pas, je suppose, nous faire croire que trois d’entre
elles auraient l’intention de modifier ce règlement
en disant Zut à toutes les autres.

On ajoute, à la vérité, que lord Salisbury viendrait
prochainement en Italie conférer avec M. Crispi, et
l’on ajoute :

— Il y a encore là du Luxembourg sous roche.

Où prend on que l’Angleterre aurait un intérêt
quelconque à laisser l’Allemagne s’annexer, directe-
ment ou indirectement, cette province?

Simples manigances d’alarmistes qui ont besoin
de potiner sur quelque chose.

Je crois que vous pouvez acheter vos étrennes
tranquillement.

11 y a quelque temps que l’on n’avait entendu
parler des Blancs d’Espagne.

M. de Valori, un de leurs porte-parole, a prononcé
à Marseille un grand discours qui les rappelle au
souvenir des amateurs de fantaisie.

Quand je dis « grand », je ne parle que de la lon-
gueur du morceau de rhétorique. Il ne manque ce-
pendant pas d’humour en ce qui concerne l’orléa-
nisme.

M. de Valori fait des offres .gracieuses au comte de
Paris.

Après lui avoir déclaré tout net que jamais il ne
trouvera une Jeanne d’Aro fin de siècle pour l’intro-
duire dans la cathédrale de Reims, un drapeau tri-
colore à la main, l’interprète des Blancs d’Espagne
dit au prétendant de la branche cadette :

— Voyons, tout cela n’est pas sérieux. Puisque
vous n’avez aucune chance personnelle, mettez-vous
à noire suite. La monarchie carliste vous fera une
pension et donnera à vos enfants une agréable situa-
tion dans la future cour.

Cette façon d’offrir au comte de Paris un morceau
de la peau de l’ours qu’il ne tuera jamais pour son
compte est à la fois cruelle et gaie.

Mais le prince de Valori n’est pas autrement con-
vaincu que cela de la mort de l’ours, même par le
fait de don Jaime. La preuve, c’est qu’il adresse, en
passant, cette petite risette à la démocratie :

« Nous n’accepterons jamais des places sous la
République, nous ne lui demanderons jamais qu’une
place sur le champ de bataille, une chaise à l’église

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et un banc pour respirer l’air de la liberté. Mais si
la République, devenue conservatrice, s’illustrait en
contribuant à la grandeur de la France, si, détrui-
sant dans le cœur de nos alliés naturels une défiance
que trop de fanfares et d’enthousiasme puéril n’est
pas de nature à dissiper, si, dis-je, la République
française faisait de la politique à la Henri IV et à la
Louis XIV, nous ne lui ménagerions pas nos applau-
dissements. »

Allons, allons ! Ils s’aperçoivent que la République
tient le bon bout et qu’elle n’a pas envie de le là-
cher.

A la Chambre, il se forme à droite un groupe de
ralliés. Et voilà que les Blancs d’Espagne eux-mê-
mes, suprêmes interprètes du royalisme quintessen-
cié, se résignent à dire : « Faute de mieux... »

11 ne restera bientôt plus que le jeune Totor pour
conserver l’espoir de nous infliger un Empire de
guet-apens. Il a le temps, d’icî-'fa, de faire rebadi-
geonner bien des fois ta façade, ô hôtel délaissé de
l’avenue Louise 1

On conlinue à attendre une expansion pontificale.
Sa Sainteté Féringhéa n’a pas encore parlé.

Quelques sceptiques commencent même à croire
qu’elle ne parlera jamais, vu que le silence est d’or
et qu’on aime beaucoup l’or au Vatican.

Il est vrai qu’un certain nombre d’évêques ont
mis Léon XIII en demeure de s’expliquer.

Un peu de patience, cliers prélats! Il avait peut-
être quelques vers latins à terminer auparavant. Il
sera à vous un de ces matius, quand il n’aura rien
de mieux à faire.

Pierre Véron.

LE CAS DE M. PARNELL

Le bruit se fait encore, chez nos voisins, autour
du procès O’Shea et de ses conséquences, si curieu-
ses eu effet. Très fin de siècle, cet incident érotico-
parlemeutaire.

Songez que voilà tout an parti divisé, disloqué, en
désarroi. Et quel parti ! Celui des revendications ir-
landaises. Et pourquoi cette perturbation? Parce
que deux êtres qui s’aimaient se sont donné des
preuves de leur tendresse, et qu’on les a surpris, et
qu’il y a eu procès, et que le député de l’Irlande
n’est plus digue de représenter l’Irlande 1

Avouez qu’un tel scandale était fait pour passion-
ner l’opinion de ce côté-ci de la Manche aussi bien
que de l’autre. Aussi, dans les rares «salons où l’on
cause », aux « five o’clock » de nos jolies mondai-
nes, D’est-il question que du cas de M. Parnell. On
le discute même dans certains boudoirs de Breda-
Street.

Il m’a, semblé intéressant d’interviewer, à ce sujet,
quelques-unes de nos élégantes, fières patriciennes
ou « tendresses » sans préjugés, et j’ai noté à votre

j intention certains « états d’âme » dont nos bons psy-
chologues pourront faire leur profit.

J’ai donc demandé à plusieurs Parisiennes ce
qu’elles pensaient de M. Parnell, et voici les répon-
ses de ces dames :

MADAME LA COMTESSE DE B...

Soixante ans, assez forte. Lesyeux toujours à demi
fermés par un clignement dédaigneux, les lèvres
minces. Passe pour avoir eu de nombreux amants.

C’est affreux, monsieur I La conduite de M. Par-
neil est inqualifiable. Ce qui lui arrive est le juste
châtiment de son crime. Voilà comment finit un
siècle qui délaisse la religion !

MADAME LA BARONNE DEC...

Vingt-deux ans, blonde et rose, grands yeux bleu
de ciel.

Il l’aimait ! C’est leur excuse à tous deux. Je
les plains... et les envie...

MADAME DE FOLLEVILLE
Bas-bleu, âge indécis, allure virile.

Quel cràue roman à faire avec celle histoire
d’un homme qui met aux pieds d’une femme les
intérêts de tout un peuple !... Rien que les noms à
changer,.. Je vais aller proposer cela au Gil Blas.

MADAME DE G...

Brune et pâle, très grande, rêveuse. A passé deux ou
trois ans en Angleterre, et, comme Georgina Smo-
len, « regrette le sol qu’elle vient de quitter. »

Comme on connaît les pays, on les honore. En
Angleterre, on n’aime que le scandale mystérieux...

(Avec un soupir.) Et je vous assure que celui-là a du
bon... M. Paruell a toujours eu l’air de dédaigner le
mystère. C’est un condiment de l’amour.

MADAME DE L...

Petite brunette piquante, aux yeux éveillés, au
sourire provocant.

Pourquoi s’est-il laissé pincer ?... Voilà son
crime ! On n’a pas idée d’une pareille maladresse 1...
Ah ! que les malheureuses femmes courent de dan-
gers avec les hommes que la politique absorbe ! Ce
n’est pas moi qui...

LA VICOMTESSE DE L...

Très jolie, rousse, exaltée. Tempérament à la Bailla.

Qu’une femme doit être fière d’avoir brisé la
carrière d’un pareil homme !
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