CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE
Prix da Numéro î 25 centimea
DIMANCHE 7 DECEMBRE 1890
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
Ces abonnements parlent des ior et i6 de chaque mois
DIRECTION
Politique- Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
BUREAUX
ÜE LA RÉDACTION ET DE L'ADMINISTRATION
Bue de la Victoire, 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 îte.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
L'abonnement d’un an donne droit à îa prime gratuit
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EW1G, fermier de la pübl.citi»
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
BULLETIN POLITIQUE
Il n’y a point à dissimuler la vérité, quelque
triste qu’elle soit.
La Chambre actuelle, qui n'avait encore prouvé
que son inertie, est en train de prouver son incurable
incapacité.
Elle patauge dans le marais budgétaire avec un
affolement lamentable. Elle trébuche, elle zigzague,
elle fait et défait. Nous sommes en pleine Péné-
lopie.
Il n’est vraiment pas gai de songer que les desti-
nées delà France sont encore pour près de trois ans
aux mains d’une pareille Assemblée.
Le.spectacle qu’elle donne depuis quelques jours
déconcerte les plus optimistes. Elle menace de faire
éclater des crises sans le vouloir, de désorganiser
le crédit de la France sans le savoir.
A chaque instant, elle se déjuge et se désavoue,
rétractant un vote extravagant par un vote sans di-
gnité.
Pas méchante au fond, si vous voulez. Pas cou-
pable même, car c’est de l’ignorance inconsciente ;
mais cette inconscience n’excuse rien et ne rassure
personne.
Il fallait s’y attendre, du reste.
Toutes les fois que le pays a été appelé à voter
daDS de semblables conditions de déséquilibrement,
chaque fois qu’une Chambre est sortie d’un scrutin
sur lequel les circonstances exerçaient une pression
accidentelle, il n’y a rien eu de bon à en attendre.
Nul n’a oublié comment les choses se sont pas-
sées l’année dernière. L’élection a été une élection
de combat.
Il s'agissait d’écraser le boulangisme. Personne
n’a songé à autre chose.
On n’a pas choisi les candidats sur leur mérite,
mais sur leur ardeur antiboulangiste. On ne s’est
pas inquiété de savoir s’ils étaient capables, instruits,
propres enfin au métier qu’ils allaient exercer. On
s’est uniquement demandé si c’étaient des gaillards
à poigne, prêts à se démener comme des diables
contre l’ennemi commun, ou de fieffés roublards dé-
cidés à pratiquer tous les trucs pour venir à bout de
leurs concurrents boulangistes.
Rien d’étonnantà ce que de tels élus nous donnent
le présent chaos.
Le boulangisme a été aplati. Le malheur, c’est
qu’on ne puisse pas se débarrasser maintenant de
ceux qui ont concouru à l’aplatissement, pour les
remplacer bien vite par des parlementaires instruits,
par des esprits calmes et pondérés.
Le vin est tiré, il faut le boire jusqu’à la lie, quel-
que trouble qu’il soit.
Perspective qui n’a rien de rassurant.
Sur on seul point, cependant, nous pouvons être
vaguement réconfortés. Il semble que l’Assemblée
soit assez disposée à se laisser mener par un minis -
tère qui affirmerait son énergie et qu’elle tendrait,
au besoin, le bout du nez.
Il a suffi que M. de Freycinet montât à la tribune
et parlât avec une fermeté relative de la démission
du cabinet pour que les bulletins conformes à ses
désirs se missent à pleuvoir dans les urnes.
Ils ne sont pourtant pas bien tonitruants.les Quos
ego de M. de Freycinet !
Gela prouve que nos députés ne sont pas, au fond,
de méchants drilles. Si on les tenait en laisse soli-
dement, ils ne tituberaient point ainsi.
Mais le ministère actuel a-t-il la vigueur nécessaire
pour brider tant d’incohérences ? L’expérience qu’il
vient de faire devrait l’y encourager.
Pierre Véron.
LA CROIX DU SAINT-PÈRE
Les lecteurs du Charivari connaissent déjà la nou
velle lubie de ce bon M. Fava.
Nous n’avons donc pas la prétention de vous pré-
senter aujourd’hui le dernier hanneton éclos dans
sa cervelle féconde, hanneton légèrement en avance
sur le printemps prochain; mais il n’y a pas de
saison pour les braves, et, en matière de hanneton,
lechef du diocèse de Grenoble est le brave des bra-
ves. Pour les araignées du plafond, à lui le pompon !
Fava, cesse d’agir, et je cesse de rire. .
dirait Boileau-Despréaux dans une de ces épîtres, à'
la fois familières et respectueuses, dont il a emporté
le secret sous sa perruque monumentale. Mais
M. Fava, la mouche (violette) du coche, se garderait
bien de cesser d’agir, ce qui nous permet de conti-
nuer à nous esclaffer.
Notre excellent confrère Vézian, du Réveil du
Dauphiné, s’en donne à cœur joie, à propos de l’or-
dre de chevalerie créé de toutes pièces par le mo-
derne Turpin, frappant à droite et à gauche, d’estoc
et de taille, et qui serait plus à sa place dans le cycle
de Charlemagne que dans la fin de siècle du bicycle.
Certes, il ne doit pas s’emb.-.nuyer, noire confrère
du Réveil du Dauphiné. Il est aux premières loges
pour applaudir aux boutades humoristiques d’un
artiste qui manque à la gloire du Palais-Royal. Pas
moyen de chômer de sujets d’articles plaisants, avec
un pareil homme. Il n’y a qu’à se baisser et à
en ramasser. Cet évêque ultra catholique, chose
bizarre, constitue, pour un publiciste républicain,
une excellente tête de Turc. Et, chaque fois, on est
sûr d’atteindre le maximum et de « faire sortir Ri-
golo », comme à la foire de la place du Trône ou à
la fête de l’avenue de Neuilly.
La Croix du Saint-Père, imaginée par M. Fava,
vient à point pour remplacer la « croix de ma mère»,
usée jusqu’au ruban par le vieux mélodrame.
M. l’évêque s’entend à rajeunir’les anciennes for-
mules. Dans formules, il y a mules, ce qui, d’un
coup de pied, nous ramène en plein dans noire sujet,
c’est-à-dire aux pieds de Léon XIII.
Le successeur (oh! de très loin) des apôtres s’in-
titulait modestement naguère — et peut-être bien
s’intitule-t-il encore, sans rire — le. serviteur des
serviteurs de Dieu. Grâce à l’évêque de Grenoble,
nous aurons désormais les serviteurs (c’est le mot
dont le créateur de l’ordre se sert pour désigner les
nouveaux chevaliers), les serviteurs du serviteur des
serviteurs de Dieu. Et pour peu que ces chevaliers
eux-mêmes possèdent quelques domestiques, leur
valet de chambre, leur cuisinière et leur cocher
pourront mettre sur leurs caries de visite : Servi-
teur du serviteur du serviteur des serviteurs de Dieu,
mention qui n’aura rien de banal et ne manquera
pas d’une de ces douces gaîtés qui confinent à l’inno-
cent gâtisme.
Le plus flatté dans l’affairé, ce sera assurément
Jésus-Christ. Ce chef de file portait jadis la croix sur
ses épaules; ses disciples dégénérés trouvent beau-
coup plus commode de se la coller sur la poitrine.
Autres temps, autres croix. Pauvre Jésus-Christ 1
Heureusement pour lui, il a pris, depuis longtemps,
l’habitude de se voir renié par saint Pierre. Ça ne le
changera pas.
Gloire donc, sur la terre et dans les deux, aux
nouveaux chevaliers de bonne volonté ! L’industrie
avait déjà les siens, il est juste que le cléricalisme
puisse en montrer au moins autant. Les anciens
martyrs marchaient au supplice la corde au cou; les
défenseurs de la foi d’aujourd’hui — une foi exces-
sivement grasse et truffée de toutes sortes de senti-
ments qui n’ont rien de religieux — s’élanceront à
l’apothéose avec un ruban sur les épaules. Quand
on prend du galon, on n’en saurait trop prendre.
En résumé, ne plaisantons pas : l’évêque de Gre-
noble était tout indiqué pour fonder l’ordre de Saint-
Pierre. Depuis l’ours de la labié, qui écrasait si bien,
à coup de rochers, la mouche posée sur le nez de
l’amateur de jardins, personne ne manie le pavé
comme M. Pava. Les jardins du Vatican en savent
quelque chose. Et ce n’est pas fini, Dieu merci!
Henri Second.
INAUGURONS, S. V. P.
Rue de Belleville.
Un monsieur, tout emmitouflé — tenue de voya-
geur — arrive, une valise à la main.
Le monsieur, regardant de tous côtés. — Il n’est
pas encore ici... Je suis en avance... (S’approchant
du kiosque.) Monsieur l’employé!... [Il frappe.)
L’employé, sortant, de mauvaise humeur. —Qu’est-
ce que vous voulez?
Lb monsieur. — Vous ne me reconnaissez pas?...
C’est pourtant le troisième voyage que je fais!...
Mais je suis tenace, je suis excessivement tenace!
L’employé. — Laissez-moi tranquille I... Je ne fais
rien, j’aime pas qu’on me dérange!
Le monsieur, continuant. — La première lois,
j’avais lu sur mon journal, qui est le mieux rensei-
gné de Paris...
L’employé. — Ils le sont tousl
Le monsieur. — J’avais lu : « Demain aura lieu
l’inauguration du funiculaire de Belleville. » Je me
dis : Arthur, tu n’as jamais vu inaugurer de funicu-
laire.,. Faut aller à Paris voir ça,.. J’arrive... Crac!...
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LE CHARIVARI
BULLETIN POLITIQUE
Il n’y a point à dissimuler la vérité, quelque
triste qu’elle soit.
La Chambre actuelle, qui n'avait encore prouvé
que son inertie, est en train de prouver son incurable
incapacité.
Elle patauge dans le marais budgétaire avec un
affolement lamentable. Elle trébuche, elle zigzague,
elle fait et défait. Nous sommes en pleine Péné-
lopie.
Il n’est vraiment pas gai de songer que les desti-
nées delà France sont encore pour près de trois ans
aux mains d’une pareille Assemblée.
Le.spectacle qu’elle donne depuis quelques jours
déconcerte les plus optimistes. Elle menace de faire
éclater des crises sans le vouloir, de désorganiser
le crédit de la France sans le savoir.
A chaque instant, elle se déjuge et se désavoue,
rétractant un vote extravagant par un vote sans di-
gnité.
Pas méchante au fond, si vous voulez. Pas cou-
pable même, car c’est de l’ignorance inconsciente ;
mais cette inconscience n’excuse rien et ne rassure
personne.
Il fallait s’y attendre, du reste.
Toutes les fois que le pays a été appelé à voter
daDS de semblables conditions de déséquilibrement,
chaque fois qu’une Chambre est sortie d’un scrutin
sur lequel les circonstances exerçaient une pression
accidentelle, il n’y a rien eu de bon à en attendre.
Nul n’a oublié comment les choses se sont pas-
sées l’année dernière. L’élection a été une élection
de combat.
Il s'agissait d’écraser le boulangisme. Personne
n’a songé à autre chose.
On n’a pas choisi les candidats sur leur mérite,
mais sur leur ardeur antiboulangiste. On ne s’est
pas inquiété de savoir s’ils étaient capables, instruits,
propres enfin au métier qu’ils allaient exercer. On
s’est uniquement demandé si c’étaient des gaillards
à poigne, prêts à se démener comme des diables
contre l’ennemi commun, ou de fieffés roublards dé-
cidés à pratiquer tous les trucs pour venir à bout de
leurs concurrents boulangistes.
Rien d’étonnantà ce que de tels élus nous donnent
le présent chaos.
Le boulangisme a été aplati. Le malheur, c’est
qu’on ne puisse pas se débarrasser maintenant de
ceux qui ont concouru à l’aplatissement, pour les
remplacer bien vite par des parlementaires instruits,
par des esprits calmes et pondérés.
Le vin est tiré, il faut le boire jusqu’à la lie, quel-
que trouble qu’il soit.
Perspective qui n’a rien de rassurant.
Sur on seul point, cependant, nous pouvons être
vaguement réconfortés. Il semble que l’Assemblée
soit assez disposée à se laisser mener par un minis -
tère qui affirmerait son énergie et qu’elle tendrait,
au besoin, le bout du nez.
Il a suffi que M. de Freycinet montât à la tribune
et parlât avec une fermeté relative de la démission
du cabinet pour que les bulletins conformes à ses
désirs se missent à pleuvoir dans les urnes.
Ils ne sont pourtant pas bien tonitruants.les Quos
ego de M. de Freycinet !
Gela prouve que nos députés ne sont pas, au fond,
de méchants drilles. Si on les tenait en laisse soli-
dement, ils ne tituberaient point ainsi.
Mais le ministère actuel a-t-il la vigueur nécessaire
pour brider tant d’incohérences ? L’expérience qu’il
vient de faire devrait l’y encourager.
Pierre Véron.
LA CROIX DU SAINT-PÈRE
Les lecteurs du Charivari connaissent déjà la nou
velle lubie de ce bon M. Fava.
Nous n’avons donc pas la prétention de vous pré-
senter aujourd’hui le dernier hanneton éclos dans
sa cervelle féconde, hanneton légèrement en avance
sur le printemps prochain; mais il n’y a pas de
saison pour les braves, et, en matière de hanneton,
lechef du diocèse de Grenoble est le brave des bra-
ves. Pour les araignées du plafond, à lui le pompon !
Fava, cesse d’agir, et je cesse de rire. .
dirait Boileau-Despréaux dans une de ces épîtres, à'
la fois familières et respectueuses, dont il a emporté
le secret sous sa perruque monumentale. Mais
M. Fava, la mouche (violette) du coche, se garderait
bien de cesser d’agir, ce qui nous permet de conti-
nuer à nous esclaffer.
Notre excellent confrère Vézian, du Réveil du
Dauphiné, s’en donne à cœur joie, à propos de l’or-
dre de chevalerie créé de toutes pièces par le mo-
derne Turpin, frappant à droite et à gauche, d’estoc
et de taille, et qui serait plus à sa place dans le cycle
de Charlemagne que dans la fin de siècle du bicycle.
Certes, il ne doit pas s’emb.-.nuyer, noire confrère
du Réveil du Dauphiné. Il est aux premières loges
pour applaudir aux boutades humoristiques d’un
artiste qui manque à la gloire du Palais-Royal. Pas
moyen de chômer de sujets d’articles plaisants, avec
un pareil homme. Il n’y a qu’à se baisser et à
en ramasser. Cet évêque ultra catholique, chose
bizarre, constitue, pour un publiciste républicain,
une excellente tête de Turc. Et, chaque fois, on est
sûr d’atteindre le maximum et de « faire sortir Ri-
golo », comme à la foire de la place du Trône ou à
la fête de l’avenue de Neuilly.
La Croix du Saint-Père, imaginée par M. Fava,
vient à point pour remplacer la « croix de ma mère»,
usée jusqu’au ruban par le vieux mélodrame.
M. l’évêque s’entend à rajeunir’les anciennes for-
mules. Dans formules, il y a mules, ce qui, d’un
coup de pied, nous ramène en plein dans noire sujet,
c’est-à-dire aux pieds de Léon XIII.
Le successeur (oh! de très loin) des apôtres s’in-
titulait modestement naguère — et peut-être bien
s’intitule-t-il encore, sans rire — le. serviteur des
serviteurs de Dieu. Grâce à l’évêque de Grenoble,
nous aurons désormais les serviteurs (c’est le mot
dont le créateur de l’ordre se sert pour désigner les
nouveaux chevaliers), les serviteurs du serviteur des
serviteurs de Dieu. Et pour peu que ces chevaliers
eux-mêmes possèdent quelques domestiques, leur
valet de chambre, leur cuisinière et leur cocher
pourront mettre sur leurs caries de visite : Servi-
teur du serviteur du serviteur des serviteurs de Dieu,
mention qui n’aura rien de banal et ne manquera
pas d’une de ces douces gaîtés qui confinent à l’inno-
cent gâtisme.
Le plus flatté dans l’affairé, ce sera assurément
Jésus-Christ. Ce chef de file portait jadis la croix sur
ses épaules; ses disciples dégénérés trouvent beau-
coup plus commode de se la coller sur la poitrine.
Autres temps, autres croix. Pauvre Jésus-Christ 1
Heureusement pour lui, il a pris, depuis longtemps,
l’habitude de se voir renié par saint Pierre. Ça ne le
changera pas.
Gloire donc, sur la terre et dans les deux, aux
nouveaux chevaliers de bonne volonté ! L’industrie
avait déjà les siens, il est juste que le cléricalisme
puisse en montrer au moins autant. Les anciens
martyrs marchaient au supplice la corde au cou; les
défenseurs de la foi d’aujourd’hui — une foi exces-
sivement grasse et truffée de toutes sortes de senti-
ments qui n’ont rien de religieux — s’élanceront à
l’apothéose avec un ruban sur les épaules. Quand
on prend du galon, on n’en saurait trop prendre.
En résumé, ne plaisantons pas : l’évêque de Gre-
noble était tout indiqué pour fonder l’ordre de Saint-
Pierre. Depuis l’ours de la labié, qui écrasait si bien,
à coup de rochers, la mouche posée sur le nez de
l’amateur de jardins, personne ne manie le pavé
comme M. Pava. Les jardins du Vatican en savent
quelque chose. Et ce n’est pas fini, Dieu merci!
Henri Second.
INAUGURONS, S. V. P.
Rue de Belleville.
Un monsieur, tout emmitouflé — tenue de voya-
geur — arrive, une valise à la main.
Le monsieur, regardant de tous côtés. — Il n’est
pas encore ici... Je suis en avance... (S’approchant
du kiosque.) Monsieur l’employé!... [Il frappe.)
L’employé, sortant, de mauvaise humeur. —Qu’est-
ce que vous voulez?
Lb monsieur. — Vous ne me reconnaissez pas?...
C’est pourtant le troisième voyage que je fais!...
Mais je suis tenace, je suis excessivement tenace!
L’employé. — Laissez-moi tranquille I... Je ne fais
rien, j’aime pas qu’on me dérange!
Le monsieur, continuant. — La première lois,
j’avais lu sur mon journal, qui est le mieux rensei-
gné de Paris...
L’employé. — Ils le sont tousl
Le monsieur. — J’avais lu : « Demain aura lieu
l’inauguration du funiculaire de Belleville. » Je me
dis : Arthur, tu n’as jamais vu inaugurer de funicu-
laire.,. Faut aller à Paris voir ça,.. J’arrive... Crac!...