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Le charivari — 59.1890

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Décembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23884#1347
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ACT UAL1TÉS

228

— Moi... je suis franc... Je déteste la République.

— Et monseigneur de Lavigerie ?

— Peuh !... un évêque qui met la crosse en bas !

La ruine de celui-ci, un chalet à Bougival ; le dés- )
honneur de celui-là, un rez-de-chaussée sur caves.

Une fois, un imbécile s’est, dans un accès d’amour
mal placé, fait sauter la cervelle pour elle — en l’insti-
tuant sa légataire.

Cinq étages d’un coup... de pistolet !

Une autre fois, celui qui brûlait pour notre trafiquante
était un tout jeune naïf : un secrétaire d’ambas-
sade qui arrivait de son village, une capitale de princi-
pauté allemande.

Il était rêveur et poétique, ce jouvenceau.

Il faisait des églogues en Espagne. Il soupirait à la
lune. Il croyait à l’existence du cœur.

Des bêtises !

Et dans un accès de candeur tendre :

— Je t’aime, lui murmura-t-il tout bas. Je t’aime et
je veux t’emporter loin, très loin.

J’ai découvert un adorable recoin ombreux, mysté-
rieux, exquis. Un nid! Je l’ai acheté pour nous. Pour
toi ! La main dans la main, les yeux dans les yeux,
nous y vivrons la vie en duo.

C’est dans le plus délicieux des sites... C’est...

— Cembien le terrain y vaut-il le mètre? inter-
rompit-elle d’un ton de commissaire-priseur.

***

Où la femme se révèle, c’est dans ses mensonges.

Il en est un répertoire complet, à l’usage de celles
qui pratiquent la contrebande amoureuse.

L’une vous dira, quand vous lui demanderez où elle
était allée le matin de si bonne heure :

— Mon ami, j’étais au bain.

L’autre :

— Auprès de ma tante, qui est atteinte d’une angine
couenneuse.

Une troisième :

— Chez ma corsetière.

Elle n’a pas de ces petitesses enfantines. Jamais elle
ne tergiverse en pareil cas. Avec aplomb, haut la voix,
elle réplique :

— J’étais allée chez mon agent de change pour mes
reports.

Et telle qu’on la sait, la raison est si vraisemblable
que nul n’a jamais douté de sa parole.

***

— Voilà pour le présent ! Il est laid; mais que nous
importerait s’il n’y avait pas l’avenir !

Les bonnes diablesses d’autrefois avaient, sous cette
rubrique, l’hôpital ou le « cordon s’il vous plaît » : si
bien qu’on aurait eu presque envie de les plaindre.

Mais l’avenir de ma marchande d’amour fait peur...
pour la société. Arrondie, posée, rentée, elle prendra sa
retraite dans un mariage authentique, avec un veuf
départemental. Elle aura les coups de chapeau de toute
la sous-préfecture. Elle aura son prie-Dieu écussonné
aux offices !

Pour consolider sa réputation sans tache, elle fomen-
tera le scandale autour de la femme du médecin de l’en-
droit, qui appuie en valsant la tête sur l’épaule de ses
danseurs, — ou de la femme du notaire, dont un petit
cousin a effleuré la main le jour qu’elle quêtait pour
les pauvres.

Qui sait même ?

C’est peut-être elle qui instituera un prix de rosières
dans son arrondissement.

L’argent de ceci couronnant cela !...

Allons, décidément, Vespasien, mon ami, vous n’a-
viez pas raison 1

CASCADIO.

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