LE CHARIVARI
jobards et, au besoin, les envoient dans l’autre
inonde ?
— J’avoue que je n’ai jamais eu la curiosité d’y
mettre le pied.
— Eh bien, moi, fit le baron de Maigréchine, j’ai
été assez bêle pour ça, mes enfants.
— Vous, un baron de haute lignée !
— J’ai des principes d’économie, vous le savez, et
comme je souffrais d’une molaire...
— Il vous en reste donc encore?
— Mauvais plaisant... C’est précisément à la Halle
dentaire que je m’adressai. Etonnant! La première
personne qui vint à moi pour m’offrir ses services
au nom de la science, c’était... Devinez. Un garçon
qui m’avait rasé pendant trois mois chez mon coif-
feur !...
— Pas possible?
— Tellement possible qu’ils étaient cinq autres
garçons coiffeurs comme lui dans la baraque. Et
pour patron, un serrurier qui ne vient jamais.
— Vous plaisantez?
— Si vous voulez, je vous y mènerai...
Il nous y mena séance tenante.
C’était d’une exactitude scrupuleuse.
Et voilà les farceurs qui vous administreront des
substances dont ils ne savent pas même le danger,
qui vous asphyxieront avec le protoxyde d’azote,
qui vous cocaïneront jusqu’à ce que mort s’ensuive.
C’est effroyable, quand on y réfléchit.
La loi, qui a d’autre part des pudibonderies farou-
ches, fait preuve, sur le chapitre des dentistes, d’une
monstrueuse incurie.
Ce serait le moment pour la presse d’intervenir
énergiquement ; car on s’occupe précisément d’un
projet de loi sur l’exercice de la médecine.
Des médecins-dentistes, munis de titres sérieux,
authentiquement docteurs et que le côte-à-côte des
charlatans exaspère comme de raison, ont demandé
qu’il ne pût désormais plus y avoir de confusion
entre eux et ces singuliers confrères.
Mais, même au simple point de vue de la santé
publique, — et c’est là l’intérêt dominant, — il est
indispensable que Ton crée pour les dentistes un di-
plôme quelconque,qu’on les soumette à un examen
préalable, qu'on exige d’eux un brevet de capacité.
Sans aller jusqu’au doctorat, rien de plus aisé que
de contrôler leurs connaissances professionnelles,
que de leur imposer des études concernant l’emploi
des substances dangereuses, dont ils se servent pré-
sentement à tort et à travers.
Ces substances-là ne plaisantent pas.
La cocaïne, par exemple, peut vous supprimer un
homme en quelques minutes. Et quand on pense
que le premier garçon coiffeur, ou bottier, ou char-
cutier venu, est libre de vous introduire ça dans la
bouche, cela donne un frisson.
La profession de dentiste jouit d’immunités qui
peuvent devenir un véritable bon à tuer dans cer-
tains cas, aujourd’hui surtout qu’on se met à l’ex-
ploiter en commandite. Gare à notre peau !
Messieurs les législateurs, comme la plupart
d’entre vous ont des quenottes pas mal avariées, ça
doit vous toucher directement.
Allons ! une fois par hasard, sortez de votre apa-
thie habituelle et ne laissez pas faire à autrui ce que
vous ne voudriez pas qu’on vous fît !
Un Monsieur du Club.
LA MÊltE D11C1IESH
C’est la Gazette de France qui aurait droit à ce
sous-titre, car elle est bigrement en colère.
Contre qui?
Contre l’évêque d’Annecy, qui s’est permis de dé-
clarer, dans une lettre adressée au journal légiti-
miste l'Anjou, que la France n’a plus le tempéra-
ment monarchiste.
— Comment! pas monarchiste? s’écrie la Gazette
de France. Vous plaisantez.
Et elle ajoute, avec une cocasserie inconsciente :
« On a renversé les trônes de Louis XVI, Napo-
léon Ier, Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III;
donc la France a cessé d’être monarchiste.
» Voilà tout l’argument.
» Mais qui donc a renversé les trônes ? C’est là
une question que Mgr Isoard néglige d’examiner, et
pour cause.
» Mettre au compte de la France des révolutions
opérées par le faubourg Saint-Antoine ou par l’é-
tranger, des révolutions accomplies en dehors de la
nation française et subies par elle, n’est-ce pas faire
violence à la vérité?
» Et n’y a-t- il pas déjà l’indice d’un état d’esprit
foncièrement monarchique dans cette docilité du
pays à accepter tous les gouvernements qui s’impo-
sent à lui ? »
Primo, la Gazette a tort de parler des révolutions
opérées par l’étranger, car elle force les plus ou-
blieux à se souvenir que la Restauration de ses
princes fut le résultat de l’invasion qui nous imposa
Louis XVIII la baïonnette sous la gorge.
Secundo, la Gazette a tort d’avouer que le régime
monarchique hébète un peuple au point de lui faire
accepter n’importe quel gouvernement idiot ou ca-
naille.
Tertio, la Gazette persuadera difficilement aux
pensionnaires de Bicêtre eux-mêmes que mettre les
gens à la porte, c’est leur prodiguer des preuves de
sympathie. Or la France a mis à la porte deux em-
pires, deux royautés, tandis que la République, elle,
a toujours succombé dans des guet-apens dictato-
riaux que la Gazette elle-même flétrissait jadis, à
moins qu’elle n’ait été égorgée par la coalition de nos
ennemis.
Maman Duchesne, vous avez encore perdu là une
jolie occasion de vous taire!
Paul Girard.
KXTFiA.IT D’ABSINTRE SUPERIEUR*
GEMPP PERNOD “S.Y.ÎI?*-
GUIGïrOLETv«ritabie, COINTRE AUd angees
mis de F®ms eMss.Tiîfî.tolJS
WEISSENTHANNER, Fabricant,à 3XTA.3NTCY(Meurthe-à-Moselle)
ENVOIS IMMEDIATS à DOMICILE var COLIS-POSTALou GRANDE VITESSE
CHRONIQUE DU JOUR
La discussion de la loi de finances, toujours labo-
rieuse, est particulièrement pénible, cette année.
Dame! il y a tant de trous à boucher, et si peu de...
tampons disponibles.
Le budget de la marine, surtout, a donné lieu à de
nombreuses prises de bec entre nos honorables.
A en croire les détracteurs de l'état de choses existant,
les grands bateaux qui vont sur l’eau et qui nous coû-
tent tant d’argent ne vaudraient guère mieux qu’une
simple floltillecn papier — ou sur le papier.
Après tout, ces violentes attaques s’expliquent assez
naturellement.
Un navire a beau être éperonné par devant et blindé
par derrière, ça ne l’empêche pas de prêter le flanc à la
critique...
Et il n’est rien de tel que d’être cuirassé pour que tout
le monde cherche aussitôt le défaut de la cuirasse.
Tout n’est pas rose dans le métier de député.
On ne peut pas s’offrir la plus petite infirmité physi-
que ou morale, et même immorale, sans que le public
en soit immédiatement instruit par les journalistes, ces
trompettes de la Renommée.
A peine élu, le nouveau représentant de Glignancourt
en sait déjà quelque chose.
Les feuilles ont, en effet, imprimé à l’envi que
M. Lavy avait un bras plus court que l’autre.
Fâcheuse situation pour un député, à qui ses com-
mettants aiment, au contraire, à supposer le bras très
long!
Les agences matrimoniales nous avaient familiarisé
avec les taches de famille. Voici maintenant que les
observations scientifiques nous révèlent l’existence de
familles de taches.
C’est de Saint-Etienne que nous arrive cette fâcheuse
nouvelle, et c’est du soleil qu’il s’agit.
La famille desdites taches est visible depuis plu-
sieurs jours sur cet astre dont la tâche principale,
de laquelle il s’acquitte d’ailleurs assez mal pour l’in-
stant, consiste à nous éclairer et à nous échauffer.
« La mère tache, dit textuellement la communication
scientifique adressée à l’Observatoire de Paris, est en-
tourée de ses petites. »
Tout ce vilain monde pousse l'audace jusqu’à se pré-
senter, paraît-il, par le bord 9,50 du soleil.
Par le bord9,50 !...
Ah 1 vraiment, on n’a pas idée de pareils déborde-
ments !
Qu’est-ce qu’on disait donc que les pièces roumaines
ne passaient pas ?
Carmen Sylva, pseudonyme littéraire de la reine de
Roumanie, vient de faire recevoir, dans un théâtre de
Vienne, une comédie en plusieurs actes, qui sera repré-
sentée dès Tannée prochaine.
Espérons qu’on ne fera pas subir à notre « royale
confrère » une réduction de seize pour cent sur ses
droits d’auteur.
A la bonne heure! voici enfin un pays où le beau
sexe se décide à faire quelque chose pour le « côté des
hommes ».
Tandis que les dames, chez nous, s’obstinent à ne pas
quitter les chapeaux monumentaux, sans doute très
jolis, mais encore plus gênants au spectacle pour les
malheureux qui sont derrière, la société féminine de
Hirieubourg fait déclarer dans les journaux que,
pendant tout l’niver, les hommes seront dispensés de
saluer, dans la rue, en retirant leur couvre-chef.
R est certain qu’il y a quelque chose de cruel, de la
part d’une femme bien emmitouflée dans des fourrures,
à laisser un pauvre diable, ne fût-ce que pendant cinq
secondes, la tête nue sous la bise et le givre, et sou
tuyau de poêle à la main, alors que le poêle tout entier
ne serait pas de trop pour l’empêcher de geler.
Le sexe masculin a beau être le sexe fort, i! s’enrhume
tout de même, mesdames et mesdemoiselles !
Le goût des images artistiques fait, chaque année,
de nouveaux progrès à Paris.
Nos publications illustrées sont arrivées à réaliser,
en ce genre, de véritables merveilles, qui laissent bien
loin derrière elles les œuvres des journaux anglais, nos
imitateurs en la matière.
L'Illustration, qui a puissamment contribué, par ses
suppléments nombreux et ses numéros exceptionnelle-
ment exceptionnels, à répandre ce goût-là chez nous,
contribue non moins puissamment à le satisfaire.
Son numéro de Noël de cette année est un véritable
tour de force. Texte et illustrations, tout en est parfait.
Les grandes gravures coloriées sont de charmants ta-
bleaux.
Et quoi de plus intéressant, dans un autre ordre d’i-
dées, que cette étude,avec des figures à l’appui, sur la
fabrication des jouets à Paris, dans laquelle l’auteur
nous initie à tous les secrets de cette industrie compli-
quée, jusques et y compris le secret de Polichinelle?
Dessous féminins.
Un singulier jour a été jeté, récemment, sur ces points
délicats, par un procès encore pendant devant une
chambre civile du tribunal de la Seine.
Il s'agit d’une note de lingère, contestée, au moins
dans certains de ses détails, par une mondaine élé-
gante.
Parmi les objets catalogués et facturés des prix fabu-
leux, nous remarquons :
Des pantalons japonais lumineux i
Des pantalons, sans doute, pour inviter la clientèle
à éclairer.
Quelqu’un disait hier à notre ami S”*, que l’appro-
che de la quarantaine commence à rendre morose :
— Uut.el est réellement bien conservé... Voyons,
quel âge lui donneriez-vous, à Untel?
— Ma foi, répondit S*** avec conviction, je lui don-
nerais volontiers le mien, s’il consentait à m’en débar-
rasser.
Mlle Madelinette est gourmande comme une petite
chatte, c’est un de ses moindres défauts.
L’autre jour, à déjeuner, elle s’était délectée d’une
excellente gelée de framboises. L’assiette, consciencieu-
sement nettoyée, la fillette s’en léchait encore les lèvres,
tout en jetant des regards de convoitise sur le pot.
A la fin, prenant son courage à deux mains et un
ingénieux détour par dessus le marché, elle se décide à
interpeller monsieur son papa :
— Papa, donne-moi du pain, je te prie.
— Du pain, pourquoi faire? Tu as fini ta confiture...
— Ohl mais, sois tranquille, papa, riposte la gamine
avec un malicieux sourire; de la confiture, je t’en rede-
manderai après... pour finir mon pain.
Henri Second.
BOURSE-EXPRESS
C’est donc pour cette semaine, les affaires. Tout s ar-
range, et les dispositions sont passables. A nous les
émissions!
p ... Mais il ne faudrait pas qu’elles ressemblassent
toutes à celle des obligations de la ville de Marseille
3 1/2 0/0. Elles sont émises à 470 francs. A ce prix-là,
elles sont trop chères. Du 3 1/2■ 0/0 à 470 fr., ou du
3 0/0 à 440 fr., c’est kif-kif. Or, à 440 fr. j’ai des obliga-
tions de chemins de fer français, avec cet avantage que
j’ai une marge de 60 fr- entre mon cours d’achat et le
remboursement, au lieu de la maigre marge de 30 fr.
que me donnent les obligations marseillaises. Soit
o 1/4 0/0 de différence sur le capital. Il n’y a donc pas
d’hésitation possible : il iaut lâcher les obligations mar-
seillaises.
Et remarquez que la rente rapporte encore plus que
les obligations des chemins de fer.
Oastorink.
jobards et, au besoin, les envoient dans l’autre
inonde ?
— J’avoue que je n’ai jamais eu la curiosité d’y
mettre le pied.
— Eh bien, moi, fit le baron de Maigréchine, j’ai
été assez bêle pour ça, mes enfants.
— Vous, un baron de haute lignée !
— J’ai des principes d’économie, vous le savez, et
comme je souffrais d’une molaire...
— Il vous en reste donc encore?
— Mauvais plaisant... C’est précisément à la Halle
dentaire que je m’adressai. Etonnant! La première
personne qui vint à moi pour m’offrir ses services
au nom de la science, c’était... Devinez. Un garçon
qui m’avait rasé pendant trois mois chez mon coif-
feur !...
— Pas possible?
— Tellement possible qu’ils étaient cinq autres
garçons coiffeurs comme lui dans la baraque. Et
pour patron, un serrurier qui ne vient jamais.
— Vous plaisantez?
— Si vous voulez, je vous y mènerai...
Il nous y mena séance tenante.
C’était d’une exactitude scrupuleuse.
Et voilà les farceurs qui vous administreront des
substances dont ils ne savent pas même le danger,
qui vous asphyxieront avec le protoxyde d’azote,
qui vous cocaïneront jusqu’à ce que mort s’ensuive.
C’est effroyable, quand on y réfléchit.
La loi, qui a d’autre part des pudibonderies farou-
ches, fait preuve, sur le chapitre des dentistes, d’une
monstrueuse incurie.
Ce serait le moment pour la presse d’intervenir
énergiquement ; car on s’occupe précisément d’un
projet de loi sur l’exercice de la médecine.
Des médecins-dentistes, munis de titres sérieux,
authentiquement docteurs et que le côte-à-côte des
charlatans exaspère comme de raison, ont demandé
qu’il ne pût désormais plus y avoir de confusion
entre eux et ces singuliers confrères.
Mais, même au simple point de vue de la santé
publique, — et c’est là l’intérêt dominant, — il est
indispensable que Ton crée pour les dentistes un di-
plôme quelconque,qu’on les soumette à un examen
préalable, qu'on exige d’eux un brevet de capacité.
Sans aller jusqu’au doctorat, rien de plus aisé que
de contrôler leurs connaissances professionnelles,
que de leur imposer des études concernant l’emploi
des substances dangereuses, dont ils se servent pré-
sentement à tort et à travers.
Ces substances-là ne plaisantent pas.
La cocaïne, par exemple, peut vous supprimer un
homme en quelques minutes. Et quand on pense
que le premier garçon coiffeur, ou bottier, ou char-
cutier venu, est libre de vous introduire ça dans la
bouche, cela donne un frisson.
La profession de dentiste jouit d’immunités qui
peuvent devenir un véritable bon à tuer dans cer-
tains cas, aujourd’hui surtout qu’on se met à l’ex-
ploiter en commandite. Gare à notre peau !
Messieurs les législateurs, comme la plupart
d’entre vous ont des quenottes pas mal avariées, ça
doit vous toucher directement.
Allons ! une fois par hasard, sortez de votre apa-
thie habituelle et ne laissez pas faire à autrui ce que
vous ne voudriez pas qu’on vous fît !
Un Monsieur du Club.
LA MÊltE D11C1IESH
C’est la Gazette de France qui aurait droit à ce
sous-titre, car elle est bigrement en colère.
Contre qui?
Contre l’évêque d’Annecy, qui s’est permis de dé-
clarer, dans une lettre adressée au journal légiti-
miste l'Anjou, que la France n’a plus le tempéra-
ment monarchiste.
— Comment! pas monarchiste? s’écrie la Gazette
de France. Vous plaisantez.
Et elle ajoute, avec une cocasserie inconsciente :
« On a renversé les trônes de Louis XVI, Napo-
léon Ier, Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III;
donc la France a cessé d’être monarchiste.
» Voilà tout l’argument.
» Mais qui donc a renversé les trônes ? C’est là
une question que Mgr Isoard néglige d’examiner, et
pour cause.
» Mettre au compte de la France des révolutions
opérées par le faubourg Saint-Antoine ou par l’é-
tranger, des révolutions accomplies en dehors de la
nation française et subies par elle, n’est-ce pas faire
violence à la vérité?
» Et n’y a-t- il pas déjà l’indice d’un état d’esprit
foncièrement monarchique dans cette docilité du
pays à accepter tous les gouvernements qui s’impo-
sent à lui ? »
Primo, la Gazette a tort de parler des révolutions
opérées par l’étranger, car elle force les plus ou-
blieux à se souvenir que la Restauration de ses
princes fut le résultat de l’invasion qui nous imposa
Louis XVIII la baïonnette sous la gorge.
Secundo, la Gazette a tort d’avouer que le régime
monarchique hébète un peuple au point de lui faire
accepter n’importe quel gouvernement idiot ou ca-
naille.
Tertio, la Gazette persuadera difficilement aux
pensionnaires de Bicêtre eux-mêmes que mettre les
gens à la porte, c’est leur prodiguer des preuves de
sympathie. Or la France a mis à la porte deux em-
pires, deux royautés, tandis que la République, elle,
a toujours succombé dans des guet-apens dictato-
riaux que la Gazette elle-même flétrissait jadis, à
moins qu’elle n’ait été égorgée par la coalition de nos
ennemis.
Maman Duchesne, vous avez encore perdu là une
jolie occasion de vous taire!
Paul Girard.
KXTFiA.IT D’ABSINTRE SUPERIEUR*
GEMPP PERNOD “S.Y.ÎI?*-
GUIGïrOLETv«ritabie, COINTRE AUd angees
mis de F®ms eMss.Tiîfî.tolJS
WEISSENTHANNER, Fabricant,à 3XTA.3NTCY(Meurthe-à-Moselle)
ENVOIS IMMEDIATS à DOMICILE var COLIS-POSTALou GRANDE VITESSE
CHRONIQUE DU JOUR
La discussion de la loi de finances, toujours labo-
rieuse, est particulièrement pénible, cette année.
Dame! il y a tant de trous à boucher, et si peu de...
tampons disponibles.
Le budget de la marine, surtout, a donné lieu à de
nombreuses prises de bec entre nos honorables.
A en croire les détracteurs de l'état de choses existant,
les grands bateaux qui vont sur l’eau et qui nous coû-
tent tant d’argent ne vaudraient guère mieux qu’une
simple floltillecn papier — ou sur le papier.
Après tout, ces violentes attaques s’expliquent assez
naturellement.
Un navire a beau être éperonné par devant et blindé
par derrière, ça ne l’empêche pas de prêter le flanc à la
critique...
Et il n’est rien de tel que d’être cuirassé pour que tout
le monde cherche aussitôt le défaut de la cuirasse.
Tout n’est pas rose dans le métier de député.
On ne peut pas s’offrir la plus petite infirmité physi-
que ou morale, et même immorale, sans que le public
en soit immédiatement instruit par les journalistes, ces
trompettes de la Renommée.
A peine élu, le nouveau représentant de Glignancourt
en sait déjà quelque chose.
Les feuilles ont, en effet, imprimé à l’envi que
M. Lavy avait un bras plus court que l’autre.
Fâcheuse situation pour un député, à qui ses com-
mettants aiment, au contraire, à supposer le bras très
long!
Les agences matrimoniales nous avaient familiarisé
avec les taches de famille. Voici maintenant que les
observations scientifiques nous révèlent l’existence de
familles de taches.
C’est de Saint-Etienne que nous arrive cette fâcheuse
nouvelle, et c’est du soleil qu’il s’agit.
La famille desdites taches est visible depuis plu-
sieurs jours sur cet astre dont la tâche principale,
de laquelle il s’acquitte d’ailleurs assez mal pour l’in-
stant, consiste à nous éclairer et à nous échauffer.
« La mère tache, dit textuellement la communication
scientifique adressée à l’Observatoire de Paris, est en-
tourée de ses petites. »
Tout ce vilain monde pousse l'audace jusqu’à se pré-
senter, paraît-il, par le bord 9,50 du soleil.
Par le bord9,50 !...
Ah 1 vraiment, on n’a pas idée de pareils déborde-
ments !
Qu’est-ce qu’on disait donc que les pièces roumaines
ne passaient pas ?
Carmen Sylva, pseudonyme littéraire de la reine de
Roumanie, vient de faire recevoir, dans un théâtre de
Vienne, une comédie en plusieurs actes, qui sera repré-
sentée dès Tannée prochaine.
Espérons qu’on ne fera pas subir à notre « royale
confrère » une réduction de seize pour cent sur ses
droits d’auteur.
A la bonne heure! voici enfin un pays où le beau
sexe se décide à faire quelque chose pour le « côté des
hommes ».
Tandis que les dames, chez nous, s’obstinent à ne pas
quitter les chapeaux monumentaux, sans doute très
jolis, mais encore plus gênants au spectacle pour les
malheureux qui sont derrière, la société féminine de
Hirieubourg fait déclarer dans les journaux que,
pendant tout l’niver, les hommes seront dispensés de
saluer, dans la rue, en retirant leur couvre-chef.
R est certain qu’il y a quelque chose de cruel, de la
part d’une femme bien emmitouflée dans des fourrures,
à laisser un pauvre diable, ne fût-ce que pendant cinq
secondes, la tête nue sous la bise et le givre, et sou
tuyau de poêle à la main, alors que le poêle tout entier
ne serait pas de trop pour l’empêcher de geler.
Le sexe masculin a beau être le sexe fort, i! s’enrhume
tout de même, mesdames et mesdemoiselles !
Le goût des images artistiques fait, chaque année,
de nouveaux progrès à Paris.
Nos publications illustrées sont arrivées à réaliser,
en ce genre, de véritables merveilles, qui laissent bien
loin derrière elles les œuvres des journaux anglais, nos
imitateurs en la matière.
L'Illustration, qui a puissamment contribué, par ses
suppléments nombreux et ses numéros exceptionnelle-
ment exceptionnels, à répandre ce goût-là chez nous,
contribue non moins puissamment à le satisfaire.
Son numéro de Noël de cette année est un véritable
tour de force. Texte et illustrations, tout en est parfait.
Les grandes gravures coloriées sont de charmants ta-
bleaux.
Et quoi de plus intéressant, dans un autre ordre d’i-
dées, que cette étude,avec des figures à l’appui, sur la
fabrication des jouets à Paris, dans laquelle l’auteur
nous initie à tous les secrets de cette industrie compli-
quée, jusques et y compris le secret de Polichinelle?
Dessous féminins.
Un singulier jour a été jeté, récemment, sur ces points
délicats, par un procès encore pendant devant une
chambre civile du tribunal de la Seine.
Il s'agit d’une note de lingère, contestée, au moins
dans certains de ses détails, par une mondaine élé-
gante.
Parmi les objets catalogués et facturés des prix fabu-
leux, nous remarquons :
Des pantalons japonais lumineux i
Des pantalons, sans doute, pour inviter la clientèle
à éclairer.
Quelqu’un disait hier à notre ami S”*, que l’appro-
che de la quarantaine commence à rendre morose :
— Uut.el est réellement bien conservé... Voyons,
quel âge lui donneriez-vous, à Untel?
— Ma foi, répondit S*** avec conviction, je lui don-
nerais volontiers le mien, s’il consentait à m’en débar-
rasser.
Mlle Madelinette est gourmande comme une petite
chatte, c’est un de ses moindres défauts.
L’autre jour, à déjeuner, elle s’était délectée d’une
excellente gelée de framboises. L’assiette, consciencieu-
sement nettoyée, la fillette s’en léchait encore les lèvres,
tout en jetant des regards de convoitise sur le pot.
A la fin, prenant son courage à deux mains et un
ingénieux détour par dessus le marché, elle se décide à
interpeller monsieur son papa :
— Papa, donne-moi du pain, je te prie.
— Du pain, pourquoi faire? Tu as fini ta confiture...
— Ohl mais, sois tranquille, papa, riposte la gamine
avec un malicieux sourire; de la confiture, je t’en rede-
manderai après... pour finir mon pain.
Henri Second.
BOURSE-EXPRESS
C’est donc pour cette semaine, les affaires. Tout s ar-
range, et les dispositions sont passables. A nous les
émissions!
p ... Mais il ne faudrait pas qu’elles ressemblassent
toutes à celle des obligations de la ville de Marseille
3 1/2 0/0. Elles sont émises à 470 francs. A ce prix-là,
elles sont trop chères. Du 3 1/2■ 0/0 à 470 fr., ou du
3 0/0 à 440 fr., c’est kif-kif. Or, à 440 fr. j’ai des obliga-
tions de chemins de fer français, avec cet avantage que
j’ai une marge de 60 fr- entre mon cours d’achat et le
remboursement, au lieu de la maigre marge de 30 fr.
que me donnent les obligations marseillaises. Soit
o 1/4 0/0 de différence sur le capital. Il n’y a donc pas
d’hésitation possible : il iaut lâcher les obligations mar-
seillaises.
Et remarquez que la rente rapporte encore plus que
les obligations des chemins de fer.
Oastorink.