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Le charivari — 59.1890

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LE CHARIVARI

Légalité à part, ils se livrent, ce me semble, à un
acte monstrueux.

Quoi 1 sans savoir ce qu'ils emploient, ils passent
outre !

Et ils passent outre avec une substance qui peut
tuer, qui a tué déjà.

Jamais on n’avait poussé aussi loin le mépris de la
chair humaine, l’audace de Yexperientia in anima
vili.

La raison et le devoir ordonnaient d’attendre que
M. Koch se fût décidé à lever son voile.

Ayez au moins le mérite, messieurs, de nous oc-
cire pour votre propre compte et avec vos propres
armes !

FR ANC IL LO N.

GROS LOT!

L’opposition ne manque pas de gaîté de l’autre
côté des Alpes, et ce sont parfois les plus farouches
qui se montrent les plus hilares.

Exemple, M. Cavallotti.

C’est un ami de la France, n’en disons pas de mal;
mais enfin, vous avouerez tout à l’heure avec moi
qu’il est drôle tout de même !

Drôle et d’autant plus sympathique, car il vient
de jouer à M. Crispi un de ces tours qui font époque
dans la vie d’un homme d’Etat.

Comme M. Cavallotti n’est pas riche, et qu’il a ce-
pendant les instincts généreux, — ce qui, d’ailleurs,
est le faible de tous ceux qui n’ont aucune relation
avec dame Fortune, — il a résolu, au moment où la
fin de l’année approche, de faire quelque chose pour
les pauvres.

Et, naturellement, il a songé à organiser une lote-
rie.

Cette idée-là viendra toujours à un Italien.

Or, il lui fallait un gros lot. En quoi consisterait-
il? Voilà précisément ce qui est intéressant.

Il aurait pu songer à une rivière en brillants; mais,
outre que cela est banal, il n’y a pas en Italie — du
moins tout permet de le croire — des rivières de ce
genre, alors cependant que les petits ruisseaux ne
manquent pas.

Aussi se propose-t-il d’offrir à l’heureux, gagnant
de sa loterie une ancienne lettre autographe que
M. Crispi lui adressait à l'époque où il n’était pas
encore devenu le courlisan qu’il est.

Et cette lettre n’est pas très ancienne, ainsi qu’on
pourrait peut-être le croire ; elle est, en effet, datée
de 188a. Mais, pour ne pas avoir vieilli beaucoup,
elle a tout de même quelque saveur, car c’est une
attaque en règle contre la monarchie. La conclusion,
du reste, suffira.

Et cette conclusion, la voici :

« Mon cher Cavallotti, j’en ai assez ! Voilà vingt-
cinq ans que je porte la chemise de force de la mai-
son de Savoie ! »

Ce grand homme n’a même pas su distinguer entre
une chemise et une camisole.

Au fait, il se soucie fort peu des nuances, ses
compatriotes ne le savent que trop, et ils l’ont appris
à leurs dépens.

Mais il faut croire que cette chemise de force de
la maison de Savoie ne lui est point trop pénible à
porter, puisqu’elle lui a permis, après avoir tant tiré
le diable par la queue, de vivre grassement au dé-
triment des contribuables.

Achille Brissac.

THÉÂTRES

GYMNASE : La Fiammina.

Ce fut, s’il faut en croire la chronique théâtrale,
un gros événement que la première de la Fiammina.
La curiosité était particulièrement surexcitée par
certains côtés d’actualité que l’œuvre avait alors.
Et l’on est toujours si friand d’allusions à Paris !

Nous n’avons plus aujourd’hui les mêmes raisons
d’émoi, et l’œuvre reste seule avec son renom diffi-
cile à porter, avec ses mérites sur lesquels l’action
du temps s’est inévitablement exercée.

C’est toujours une bien dangereuse partie à jouer

que d’exhumer un succès qui fut par certains côtés
occasionnel. C’est aussi une périlleuse épreuve que
de remettre sous les yeux du public une étude de
mœurs vieille de trente ans.

Les idées, les goûts, les principes même changent
si vite en notre beau pays 1

Mais la rampe exerce une fascinante attraction
sur ceux qui ont connu les émotions de l’aléa dra-
matique. Qui pourrait reprocher à M. Mario Uchard
d’avoir cédé à la tentation, quand on est venu lui
proposer, dans sa retraite, de remettre à la scène une
pièce qui fut la grande date de sa vie?

Il a donc accepté ; comme le temps pressait, à la
suite du four foudroyant de M. Ohnet, on a répété à
toute vitessse, et voici la Fiammina en scène après
quinze jours d’étude tout au plus.

On ne saurait le dissimuler, la pièce est fanée. Ce
n’est pas sans étonnement que l’on pense aux accla-
mations de jadis.

Il nous paraît bien difficile, aujourd’hui, d’admettre
la convention aux termes de laquelle ce cœur de
chanteuse se met soudain à vibrer en l’honneur d’un
fils dont elle n’a pris aucun souci pendant vingt ans.

Puis, on nous en a tant montré, de ces Fiammi-
nettes qui désertent le foyer conjugal!

Les quatre actes enfin, presque dépourvus d’ac-
tion, se passent en conversations interminables, dont
les personnages eux-mêmes ont la naïveté de souli-
gner la longueur en se disant à chaque instant :

— Allons, causons !

La déception a été grande pour ceux qui ne con-
naissaient la Fiammina que de réputation. Sensation
analogue à celle qu’on éprouverait en retrouvant,
avec force rides, une femme dont la beauté fut cé-
lèbre.

La direction du Gymnase n’a pu s’abuser sur les
destins de cette tentative.

Simple reprise d’attente.

Et, en effet, il se trouvera assez de gens, désireux
de rechercher leurs sensations de jeunesse, pour
fournir un certain nombre de salles suffisamment
garnies.

Espérer plus serait téméraire.

La Fiammina est jouée avec une honorable
moyenne de talent, c’est-à-dire sans éclat excep-
tionnel.

M. Paul Plan a de la distinction dans le rôle du
lord qui se fait passer pour le mari des prime donne
en rupture de contrat.

Mme Tessandier a eu des élans de sensibilité
vraie.

MM. Paul Devaux et Nertann provincialisent un
peu leurs allures.

M. Burguet ne s’est pas tiré sans adresse d’une
épreuve bien lourde-

Noblet est laissé au second plan, et c’est grand
dommage.

Conclusion: Je ne crois pas que la.Fiammina soit,
dans l’avenir, reprise de longtemps.

Pierre Véron.

bruNT Direct. KO. Rue Cardinal. 160. PARIS. — Téléphone. (S G/H JE flf

CROYEZ

A

quand vous aurez besoin de bons Meubles
C9 et 71, Hue Beaubourg

CHRONIQUE DU JOUR

Les propositions d’impôt les plus baroques se succè-
dent à la Chambre. C’est ainsi qu’il serait question de
proposer une taxe sur la publicité des journaux.

La proposition ne sera pas prise au sérieux. Autant
vaudrait demander un impôt sur la presse, rétablir le
timbre et le cautionnement.

Les députés seraient d’ailleurs les premiers punis.
S’ils sont attaqués par une partie de la presse, il y en a
toujours une autre qui les détend; il y a toujours des
journaux qui leur fout une publicité que leurs vingt-
cinq francs par jour ne suffiraient pas à payer.

Nos honorables préféreront, nous en sommes certain,
continuer à voyager à l’œil dans les compartiments des
chemins de fer et dans les colonnes des journaux.

Un Anglais, moins Anglais que les autres, adresse en
ce moment une demande généreuse au gouvernement
britannique. 11 s’agirait de restituer à la Grèce les fa-
meuses frise? du Parthénon qui, depuis soixante-qua-
torze ans, ont été enlevées à l’Acropole d’Athènes.

Mais le gouvernement anglais, qui n’a pas plus envie

-VOUS
ü VIEUX

encore à la bonne foiT

si oui, allez de confianee

CHÊNE

de rendre les frises que les Pyramides, allègue deux
motifs tout à fait charmants.

D’abord, il y aurait prescription. A quoi on peut ré-
pondre qu’il y a eu simplement recel, et que, si l’Angle-
terre garde depuis soixante-quatorze ans les frises du
Parthénon, la Grèce les a conservées deux mille deux
cents ans de plus qu’elle.

Ensuite, et ceci au point de vue artistique, les frises
ne s’abîment pas au British Muséum ; le climat leur
convient : elles s’effriteraient sous le ciel bleu d’Athè-
nes. On les gardera donc, par égard pour leur précieuse
petite santé!

L’Angélus de Millet acquiert tous les jours une nou-
velle valeur. C’est ainsi que le bordeaux, retour de
l’Inde, est d’autant meilleur qu’il a été secoué.

Mais ce n’est pas le cas de \'Angelu-s. Les proprié-
taires de l’Angelus. qu’on exposa d’ailleurs en Amérique
sous le titre de les Premières funérailles, avec cette
explication au-dessous des personnages : «Ils viennent
d’enterrer leur enfant», les propriétaires de VAngélus,
dis-ie, avaient déposé leur tableau à l’Entrepôt. Le fisc
américain est intervenu, et, d’après lebill Mac-Ivinley,
a exigé le paiement d’un droit de 16,500 dollars.

Voilà comment le Millet vaut aujourd’hui 82,500 fr.
de plus.

Le grave Journal des Débats s’occupe de café-concert.
Sic transit...

Lisez le portrait de Mlle Yvette Guilbert, une chan-
teuse fin de siècle que rendent folle les succès à l’Eldo-
rado du déjà célèbre Kam-Hill :

« Son sourire furtif et ironique, d’un si joli jeru’en-
foutisme, est comme l’exégè-e drolatique des énormités
qu’elle dit de sa voix claire et mordante. »

« Jem’enfoutisme... » O Jules Janin !

Z... est un impitoyable raseur ; il vous raconte avec
un air pédant, des histoires vieilles de trois semùnes, et
même plus.

— Et avec ça, dit quelqu’un, une morgue...

— Oui... une morgue de barbarie!...

Le jeune Alphonse du Gros-Caillou comparaissait hier,
devant le commissaire de police, avec une fillette de
seize ans déjà dans une position intéressante.

— Qu’est-ce que c’est que ça? demande le commis-
saire. C’est votre sœur?

— Ça?... fait Alphonse en ramenant d’un geste aris-
tocratique ses rouflaquettes, c’est ma mascotte.

Au dépôt de la Conciergerie. Un agent recueille des
noms.

— Et vous, demande-t-il à un vagabond, est-ce que
vous ôtes ici comme récidiviste ?

— Ob ! non! répond le vagabond... Comme amateur.

Dans les annonces dentaires :

Spécialité de râteliers d’artiste
Qu’est-ce que ça peut être ?

La philosophie de M. Trois-Etodes :

« Mon système, déclare-t-il, est bien simple. Je divise
les gens en deux catégories : les amis, à qui il faut tout
donner... et les imbéciles, à qui il faut tout prendre. »

H. Henriot.

BOURSE-EXPRESS

Les rentes françaises sont toujours extrêmement fer-
mes ; mais elles sont à peu près seules à l’être. Les ti-
tres ottomans, ceux du Rio-Tinto, d’autres encore, sont
fortement secoués.

C’est que la liquidation de quinzaine de Umdres et de
Berlin approche ; je vous disais bien qu’il fallait encore
se méfier de la perfidie d’Albion ! Elle a du papier à re-
vendre, je ne saurais trop le répéter ; et elle profitera
de notre fermeté pour nous repasser tout ce qu’elle
pourra. Méfions-nous, je vous en prie.

Méfions-nous aussi de Berlin. Ce marché est mal en-
grené avec les valeurs américaines ; or, les renseigne-
ments qui parviennent de New-York ne sont pas préci-
sément réconfortants.

Gare, donc, à l’alliance anglo-américaine !

Castorine.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Alcan-Lévy, imprimeur breveté, 24, rue Ç h au chat. }
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