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Le charivari — 59.1890

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Décembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23884#1355
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PARISIENNERIES

230

— D’abord, si tu étais gentil, tu aimerais me voir bien habillée !

— Laisse donc ! Tu sais bien que quand je suis gentil, j’aime mieux le contraire .r

SCÈNES ET FANTAISIES

LA RÉCLAME DE DEMAIN

Autrefois, les directeurs se cachaient modestement
derrière les auteurs, qui se cachaient modestement der-
rière l'incognito, tant que leur pièce n’avait pas réussi.

Maintenant, tout le monde veut se montrer.

Nos auteurs font annoncer six mois à l’avance que
tel théâtre prépare sous leur signature un ouvrage
splendide, admirable, ébouriffant, — qui est très sou-
vent hué le soir de la première.

Les acteurs sont enchantés qu’on insinue dans les
réclames que ce sont eux qui font uniquement le succès
des ouvrages dans lesquels ils jouent.

Enfin, certains directeurs se décernent à eux-mêmes
des brevets de vaillance !

On ne s’en tiendra pas là.

Pour vous convaincre, jetez les yeux sur ce boniment
qu’un imprésario enverra, un de ces matins, à tous les
journaux, à l’occasion de la seconde représentation
d’une pièce nouvelle.

« Hier, le théâtre de Trois-Etoiles a donné l’œuvre an-
noncée depuis si longtemps.

» Le succès a été colossal, et, comme dirait un poète,
ruisselant d’inouïsme. Ce n’est pas ce qui étonnera.

» Tout le monde sait, en effet, que le preux directeur
est comme Louis XIV, et que nous cesserions d’écrire
avant qu’il cessât de vaincre.

» La troupe a été sublime, comme à l’ordinaire.

i> Aux auteurs de ce splendide ouvrage qui inaugure
les nouveaux classiques français du xixe siècle, nous
n’avons pas de compliments à adresser.

» Nous ne nous en sentons pas le talent.

» La langue nous laisse manquer d'expressions à la
hauteur de notre ravissement.

» Pour que notre justice soit distributive, il con-
vient de mentionner tout le personnel du théâtre de
Trois-Etoiles.

» L’orchestre a exécuté,pendant le monologue du troi-
sième tableau, un trémolo d’une conviction qui n’a pas
tardé à gagner tous les spectateurs.

» Le souffleur a été admirable de présence d’esprit et
d’haleine. Avec un zèle au-dessus de tous les éloges, il
s’est porté sur tous les poiuts où la mémoire était me-
nacée d’un échec. Honneur à lui!

» Honneur aussi aux ouvreuses de loges!

» Ces dames sont des modèles de la plus exquise urba-
nité.

» Ce ne sont plus les mercenaires de l’habitude,offrant
avec une insistance féroce le petit banc de la routine et
se jetant avidement sur les paletots comme le tigre se
jette sur sa proie.

» Ce sont dés femmes du monde dans un salon.Mômes
formes amènes et élégantes, même exquisité de gestes.

» Les ouvreuses ont contribué à l’éclat de cette belle
soirée dont elles furent un des plus beaux ornements.

»Et les contrôleurs !

» Vêtus à la dernière mode,ils ont tout d’abord prévenu
les spectateurs par la noblesse de leur prestance et la
blancheur de leur cravate.

» Au lieu de vêtements râpés, le directeur du théâtre
de Trois-Etoiles, dont chaque acte est un trait de génie,
a compris, avec l’intuition des grands capitaines, que
dans toute bataille le plus mince détail n’est pas insi-
gnifiant.

» 11 a donc le mérite de cette initiative ; c’est lui qui a
commandé à ses contrôleurs pour 1,283 fr. 25 d’Elbeufs
variés !

» Enfin il n’est pas jusqu’au marchand de programmes,
dont la voix ordinairement nasille d’une façon déplo-
rable, il n’est pas jusqu’à lui qui n’ait eu sa part dans
ce triomphe.

» En effet, le marchand de programmes du théâtre de
Trois-Etoiles a une voix suave comme un chant.

» On ne s’en étonnera pas,quand on saura que c’est un
ténor sorti fruit-sec du Conservatoire. »

A

N’est-ce pas que c’est vraisemblable ?

FANTASIO.
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