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Le charivari — 59.1890

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LE CHARIVARI

nistre de la Tour Eiffel comme sur la toiture du pa-
lais Grévy-Wilson.

Ce duo de solitudes semblait dire :

— Et nunc erudimini.,. Et voilà comme tout ren-
tre dans le néant !

Au loin, on entendait le sourd grondement des
tumultes de la grand’ville courant maintenant à d’au-
tres plaisirs, entichée d’autres idoles.

Le sergent de ville, lui, déambulait toujours d’un
pas sonore et régulier.

«VIT»

U]\f

A quoi pouvait-il songer, au cours de cette pro-
menade involontairement pensive?

Par instants, il regardait la petite porte de l’hôtel
Grévy. Par instants, son regard s’en allait vers la
grande trouée du Champ de Mars.

Sans doute il songeait à l’immense rigolade de
l’Exposition grouillant jadis sous son œil protec-
teur.

Puis il se rappelait le temps où il était de service
à la porte de l’Elysée ; de l’Elysée où régnait alors
celui pour qui l’abandon a succédé à la chute.

Il revoyait les équipages se pressant pour quelque
soirée de gala, les hommes chamarrés de décora-
tions, les femmes constellées de diamants...

Ajoutant en manière de péroraison :

— Et le vieux roupille tout seul maintenant dans
son fauteuil, au coin de son foyer déserté!...

«Mn
UTX»

Je vous assure que c’était navrant.

Et je m’en fus, pressant le pas pour échapper à ce
cauchemar.

Il me semblait que je venais de faire à tâtons une
promenade dans un cimetière.

PASSE-PARTOUT.

L’ÉGLISE A SILSI()LE

La bonne ville du Havre vient de voir éclore une
innovation qui, bien exploitée, — et l’on peut s’en
fier pour cela à messieurs du clergé, — pourrait être
appelée à un brillant avenir.

Le début, en tout cas, atteste hautement qu’on
n’est point, dans le monde des sacristies, à bout d’in-
géniosité.

D’ordinaire, dans les temples d’où Jésus ne chasse
plus les marchands, on se borne à vendre, sous pré-
texte de baptême, de mariage ou d’enterrement, des
prières plus ou moins bruyantes, plus ou moins al-
longées, selon le prix que veulent bien y mettre les
clients.

A l’occasion, les gens d’église ne haïssant pas le
cumul, on demande à des moyens profanes une aug-
mentation des petits profits habituels.

Pour le quart d'heure, c’est de musique que l’é-
glise s’est faite débitante.

On y a vendu — oui, vendu, argent comptant —
non plus de l’eau bénite, mais un assortiment choisi
de noires, de blanches, de croches, de doubles-cro-
ches, etc.; non plus de la fumée d’encens ou des
lueurs de cierges, mais des flot s d’harmonie à noyer
toute idée du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi
soit-il !

Afin que nul n’en ignorât, les amateurs locaux
avaient été conviés par une mirobolante affiche qui,
pendant qu’elle était en veine de cocasserie, aurait
pu commencer son boniment par le vers connu de
Fernand Desnoyers :

Habitants du Havre, Havrais...

mais qui, réservant la fantaisie pour la fin, s’expri-
mait en ces termes :

Eglise Saint-Michel. — Fête solennelle de Sainte-
Cécile : Lundi 8 décembre, à huit heures et demie du
soir, Rédemption, de Ch. Gounod; chœurs et orchestre
de la Société Sainte-Cécile et la Lyre havraise, sous la
direction de M. Girolelli. 300 exécutants.

La vente des billets aura lieu à la salle de la Lyre
havraise, à partir du 29 novembre, à dix heures du
matin.

Prix des chaises : Grande, nef, numérotées, (5 fr. Nefs
de côté, numérotées, 4 fr. Pourtour du chœur, 2 fr. 50.
Nefs de côté, non numérotées, 2 fr.

La voilà, la fantaisie! La voilà bien!

Hein? Comme en un clin d’œil elle vous trans-
forme l’enceinte sacrée en une simple salle de con-
cert!

Plus de prie-Dieu; des sièges numérotés, comme
au théâtre ou au cirque. Plus de fidèles agenouillés ;
des auditeurs installés pour jouir

De ce droit qu’à la porte on achète en entrant.

Enfin, plus de prières marmottées, de signes de
croix, etc.; mais des bravos aux bons endroits, et —
qui sait? — peut-être des sifflets en cas d’exécution
défectueuse.

Il n’eùt vraiment plus manqué que de servir quel-
ques rafraîchissements pour que le lieu saint se
trouvât bel et bien métamorphosé en église-café-
concert.

C’est un miracle que nous devrons sans doute
prochainement à cette fin de siècle Aux concerts
succéderont les représentations théâtrales. On com-
mencera par des mystères ; puis, de comédie en opé -
rette, on arrivera à la revue de fin d'année. Le
Palais-Royal et les Bouffes-Parisiens n’ont qu’à se
bien tenir !

Quant aux musiciens et aux pauvres, — eh ! eh !
la Société des Compositeurs et l’Assistance publique
ont-elles eu soin de percevoir leurs droits respectifs
sur la recette du concert havrais? — on ne peut que
se réjouir de voir s’ouvrir pour eux une nouvelle
source de profits.

Mais n’anticipons pas... Ce n’est encore là qu’une
moisson en herbe, une vision des fruits promis par
l’heureux début effectué sous les auspices de la
bonne Sainte-Cécile.

Ce qui demeure acquis, grâce à l’église Saint-Mi-
chel du Havre, c’est que le monde où Ton prie n’a
pas cessé d’être en même temps le monde où l’on
fait payer.

Dans les établissements où l’on fait commerce de
dévotion, la marchandise peut changer, mais l’esprit
de trafic reste. Donc tranquillisons-nous:la musique
aidant, ces excellents cléricaux arriveront encore
à tirer leur épingle du jeu.

Robert Hyenne.

TRIPLE-SEC COÏNTREAU dangers

Moutarde GBEY-PQUPON. Méd. d’Or, PaRIS 1889

P A TÉ? S de FO 11 ES GRAS de Strasbourg

WEISSENTHANNER, Fabricant,à ISTA.3NTCY(Meurtho-ii-Nloselle)

KH VOIS IMMEDIATS à DOMICILE var COLIS-POSTAL ou GRANDE VITESSE

CHRONIQUE DU JOUR

Il paraît que le casier judiciaire va devenir facultatif;
les juges pourront, à leur gré, ordonner la non-inscrip-
tion de la condamnation, — et alors, ce serait comme
s’il n’y avait rien de fait.

Ils devront, du reste, user de ce droit seulement lors-
que le condamné sera tout à fait digne d’intérêt. Un
prix Montyon, quoi!

Bien, oui; mais s’il est si digne d’intérêt que ça,
pourquoi le condamner?

Depuis que les savants cultivent les bacilles, ils ne
songent plus qu’à les utiliser d’une manière ou d’une
autre.

Voici un monsieur qui s’est imaginé de détruire les
hannetons on leur inoculant un microbe quelconque.

L’opération est bien simple : vous attrapez le hanne-
ton d’abord, vous lui faites une piqûre, puis vous le lâ-
chez!

Hannelon vole, vole, vole...

Mais il ne volera pas longtemps, — à moins qu’il ne
guérisse en route.

Le savant en question espère, par ce moyen, exter-
miner tous les hannetons de France.

Même ceux qui s’agitent dans la cervelle de nos
hommes politiques?

On a arrêté, ces jours-ci, un escroc dont le petit com-
merce allait très bien, du reste.

Malheureusement, ce brave homme était brouillé avec
l’orihographe, et, à force d’écrire des lettres signées de
nom» differents et commençant toutes invariablement
par : « Mossieu », un des destinataires a fini par se
dire :

— Ce n’est pas vraisemblable que tout le monde
écrive Monsieur comme ça... quand il y a tant de ma-
nières de l’écrire : Mesieur, Motieu, Mesyeux, etc., qui,
toutes, sont plus ou moins distinguées!

Et l’escroc a été pris.

— Hélas ! a-t-il dit au gardien de la paix qui l’emme-
nait au poste, aujourd’hui, sans instruction, on ne par-
vient pas !

Il existe, sur la surface du globe, pas mal de façons
d’exclure de la société les condamnés à mort.

Les Anglais viennent d'en inventer une nouvelle plus
originale, — elle ne fonctionne, jusqu’à present, qu’en
Océanie.

On flanque au condamné une maladie mortelle, la
peste ou la lèpre, ad libitum, et on attend l’effet.

Ça épargne les lapins, et il est bien plus agréable
d’assister à l’agonie d’un homme qu’à celle d’un ron-
geur.

On trouve encore des Rubens inédits.

Ce n’est pas au Pecq, c’est à l’étranger.

Du reste, à Paris, quel brocanteur n’a pas son Ru-
bens!

Un de ces industriels mettait eu vente, depuis deux
| ans, une toile avec celle mention : <1 Rembrandt au-
thentique. » Las de ne pas trouver d’acquéreur, il se
dit :

— Le Rembrandt est démodé.

Lt il en fit un Rubens.

Comme quelqu’un lai observait que ce n’était pas du
tout le genre du maître, le lendemain notre homme
posa au bas de son tableau cette pancarte :

Rubens seconde manière

Voici une peuplade africaine qui ne me semble pas
aussi dénuée de bon sens qu’on voudrait le faire croire.

Elle ne possède aucune notion de la médecine. Quand
un des habitants est malade, toute la famille se réunit
autour de son lit et exécute des danses variées, suivant
le genre d'affection qu’on suppose au patient.

Eh bien, il paraît que cela produit le meilleur effet.
Pourquoi n’essaierait-on pas, après tout Y
Voyez-vous d’ici les pharmaciens remplaçant leurs
bocaux d’ipécacuanha ou de rhubarbe par dés canon-
niers portant ces indications :

Polka du Lumbago.

Valse du Delirium tremens.

Demain vendredi, la première représentation au Ca-
sino de Paris de la revue : Cocher, au Casino! de MM. Bu-
rani, Gardel et Hervé.

La répétition générale, pour la presse, a lieu aujour-
d’hui à 1 h. 1/2.

La location est déjà considérable pour les premières
représentations; il ne reste rien pour la seconde.

Ces demoiselles ont l’habitude, à l’approche des
étrennes, de doubler le nombre des adorateurs admis
dans l’intimité.

Chinchinette, qui a un protecteur aussi gâteux que
généreux, reçoit, depuis quelque temps, un certain stock
de jeuues fin-de-sièele sans importance.

C’est ce qu’elle appelle : « La monnaie de son singe. »

La petite comtesse de Santa-Grue vient de lire le
projet d’impôt sur les annonces et réclames mu-
rales.

— Diable !... murmure-t-elle anxieuse, et les femmes
qui s’affichent ?

Le vicomte est mécontent de son cuisinier et le fait
venir pour lui signifier sou congé.

— Gomment ! s’écrie le Vatel, renvoyé après le dé-
vouement dont j’ai toujours fait preuve!... (Pleurni-
chant.) Moi qui ai perdu mes cheveux au service de
monsieur le vicomte !...

Le vicomte, radouci :

— C’est vrai ; je m’en suis aperçu... dans le potage!

Jules Demolliens.

BOURSE-EXPRESS

Les rentes françaises sont toujours soutenues, mais
le reste est faible."Cela changera peut-être si la liqui-
dation de Londres et surtout celle de Berlin se font
sans trop de difficultés.

Les émissions pullulent en ce moment-ci. Si la quan-
tité est grande, la qualité est piètre. Je vous ai déjà
parlé des obligations de la ville de Marseille, infini-
ment moins avaniageuses que les Rentes, les obliga-
tions des chemins de fer, l’obligation tunisienne, les
titres du Crédit Foncier, et d’autres.

Voici les obligations du Jardin d’Acclimatation. Avrai
dire, il 11e s’agit pas ici d’une émission, mais de solde
d’une émission qui avorta il y a deux ans. On essaie
de repasser au public un stock qu’on tut jadis obligé de
garder. On ne réussira pas plus cette lois que l'autre.
Tenez compte de ce que la Société du Jardin d’Acclima-
tation n'est que locataire de la partie du Bois qu’elle
occupe, et non propriétaire, comme on essaie de nous
le faire croire. Jamais ori u’a pu donner 1(J centimes
aux actionnaires, — je dis jamais. Il n’y a pas de raison
pour que les recettes augmentent aujourd’hui. Comme
valeur de père de famille, l’obligation du Jardin d’Ac-
climatation est donc de qualité tout à fait inférieure,
puisque les obligataires ont pour tout gage quelques
autruches, dromadaires ou girafes.

Castorink.
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