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Le charivari — 59.1890

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https://doi.org/10.11588/diglit.23884#1370
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LE CHARIVARI

aveugle, criait comme un sourd et menaçait de
s’adresser au Père Eternel...

Il n'y eut pas jusqu’à saint Hubert qui, un peu
avant l’ouverture de la chasse, n’empruntât quel-
ques piastres au généreux Paul Hill pour prendre
un permis et se procurer un fusil nouveau modèle,
des munitions, un carnier et un chien.

On dit même que saint Antoine fit, de son côté,
une demande d’argent, manquant, disait-on, de
pommes de ciel pour nourrir son cochon qui dépé-
rissait à vue d’œil.

On ne sait jusqu’où serait allée la libéralité de
Paul Hill, et il est probable que tout le calendrier
aurait défilé sur son grand-livre, lorsque le bon
Dieu lui-même eut la malencontreuse idée de «taper»
pour son compte personnel ce banquier par trop
crédule.

Cette fois, Hill dut vendre une de ses fermes. Il
paraît que le Père Eternel, quand il se mêle d’em-
prunter, ne fait pas les choses à demi.

Ce fut un coup dur pour le veuf inconsolable,
dont le coffre-fort se trouva, comme on dit vulgaire-
ment, « nettoyé ».

Timidement d’abord, puis avec un peu plus d’au-
dace, il exprima le désir de rentrer quelque peu
dans ses débours.

Philander et Olive, à cette prétention impie, levè-
rent les bras vers ce ciel qui n’allait pas manquer de
les foudroyer tous s’ils s’avisaient de réclamer la
moindre restitution.

Alors, seulement, Paul Hill comprit que M. et
Mme Brown s’étaient joués de sa naïveté (soyons
poli !), et il leur intenta un procès en escroque-
rie ..

Le banquier du Paradis est-il rentré dans ses
fonds ? C’est ce que nous ignorons. On nous apprend
seulement que les deux spirites ont été condam-
nés.

O Adélaïde, du haut de ta demeure dernière, en-
voie vite une risette à ton fidèle et infortuné
époux !

Et vous, messieurs les géographes, qui décrivez
la Pensylvanie comme un pays où « la culture de la
vigne et du mûrier réussit particulièrement », faites-
nous le plaisir d’ajouter à vos renseignements cette
simple mention :

« La culture delà carotte s'y pratique également,
et d’une façon assez originale. »

Ainsi vous empêcherez peut-être quelque autre
Paul Hill de reprendre la succession du « banquier
du Paradis ».

Firmin Javel.

LE PRIX D M BAISER

Sans doute, un baiser cueilli sur la joue rougis-
sante d’une jolie femme effarouchée est chose inap-
préciable ; mais supposez l’inverse : un baiser pris
par ladite jolie femme sur la lèvre pudibonde d’un
être barbu et grincheux.

Dans ce cas, quels dommages-intérêts peut récla-
mer ce rébarbatif ?

Voici, du reste, les faits de la cause, car il y a
procès. O Cupidon, on va plaider à propos d’un bai-
ser !

Un monsieur altéré entre dans une brasserie ser-
vie par des femmes, et demande un bock à une pi-
quante blonde.

Aussitôt la jolie fille se précipite, rapporte le bock
et, en même temps qu’elle le dépose sur la labié,
campe un baiser sur la joue du consommateur.

Fureur de celui-ci, qui n’avait pas réclamé ce
supplément de consommation; et, finalement, de-
mande de forts dommages-intérêts à la belle pour
outrage à la pudeur masculine.

A combien le tribunal estimera-t-il le dommage
causé à cette chatouilleuse vertu de buveur de
bière ?

Il doit se trouver légèrement embarrassé pour éta-
blir une équitable évaluation.

En tout cas, les demoiselles trop expansives sont
averties.

Pour peu que cette pudibonderie gagne chez nous le
sexe fort, il faudra créer de nouveaux tribunaux qui
seront uniquement occupés à apprécier le dégât
causé par ces dames à la vertu de ces messieurs.

De leur côté,les commissaires de police se verront t

obligés de tenir un registre spécial pour recueillir
les plaintes des outragés.

Ab ! on ne s’ennuiera pas dans les commissa-
riats.

— Toc toc!

— Entrez.

Arrive un monsieur entre deux âges, barbe hir-
sute, visage boursouflé, l’air d’un bon bourgeois
bourgeoisant.

— Monsieur le commissaire, s’il vous plaît?

— C’est moi... Que demandez-vous?

— Je ne demande rien pour le moment ; j’apporte,
au contraire... une plainte.

— Quelque voleur, sans doute?

— Plût au ciel. (Elevant en l’air des bras extrava-
gants.) Monsieur, c’est une indignité !... J’étais en-
tré au Casino de Paris...

— Ab ! ah !... Vous êtes amateur du beau sexe?

— Non, monsieur... C’était pour les acrobates.

— Ça m’est égal... Continuez.

— Je regardais en l’air... un monsieur perché sur
une échelle, lorsque, patatras...

— Le monsieur dégringo-o-ole ?

— Non ; on me frappe sur l’épaule en murmurant
à mon oreille : « Dis donc, qu’é qu’t’off’ ?» Je me
retourne un peu interloqué et je réponds à cette
jeune personne, — car elleétait de ce sexe : — « Ma-
dame, vous faites erreur; je m’appelle Philidor Beau-
cuir, et non pas Didon Kékto IF. »

Le commissaire, éclatant de rire : Ah ! ah ! ah !

— Là-dessus la belle se met à se tordre, comme
vous en ce moment, et m’explique quelle me de-
mande de lui offrir un rafraîchissement... Je me
dis : « Sans doute que c’est l’usage, » et je fais venir
des consommations... Nous nous asseyons donc...
bien!... Mais alors, fut-ce le résultat d’une libation,
peu copieuse du reste, horreur!... Celte jeune per-
sonne se mit à me tenir des propos... Oh !...

Le commissaire, gaillardement :

— Salés, hein?... Voyons, racontez-moi ça!

— Jamais!... Ordonnez le huis-clos.

— Nous sommes seuls!...

— Oui, mais vous êtes de trop !

Un agent entrant :

— Monsieur le commissaire, j’apporte trente-sept
procès-verbaux dressés à la requête d’un monsieur
de Concarneau.

— On a outragé trente-sept fois la vertu d’un ha-
bitant de Concarneau !... Bigre !...

— Oui... En un quart d’heure... sur le boulevard...
C’est un endroit où le procès-verbal donne beau-
coup.

Jules Demolliens.

Gds VîHISBetUMAcoNEE. DUTHU-CÉRY, Dijon

PLUME HÜMBOLDT““

GrUIGrN OLETïéritable, CQINTRE AU d’ANGERS

f 1? RA DDÏPrtT UqoMur <• Pins Ghampaga* TMtU*
IjJCi DAIUULU i PEBBEXN Frira, LA R EOLE-tQ BOCAUX.

CHRONIQUE DU JOUR

Je la trouve profondément typique et violemment sug-
gestive, celte histoire que les journaux ont racontée :

Un électeur se présentant, l'autre jour, à la Chambre,
et demandant à parler à son député M. imagat.

Or, ledit Amagat est décédé depuis pas mal de temps.
A telles enseignes, qu’il a été déjà remplacé par le Mary
Raynaud que vous savez.

Cela donne la mesure exacte do la façon dont les élec-
teurs se tiennent au courant de la politique, du souci
avec lequel ils surveillent leurs mandataires.

Etonnez-vous ensuite que ceux-ci ne se gênent pas
pour faire un pied de nez à toutes leurs promesses !

Le hasard continue à être un ironiste de premier or-
dre.

Le seul académicien absent, l’autre jour, quand il
s’est agi de nommer M. de Freycinet, a été M. Emile
Ollivier.

Il paraît que sa devise est :

— Ne fais pas à autrui ce que tu as voulu qu’on te
fît!

Car M. Ollivier, comme M. de Freycinet, a été nommé
uniquement parce qu’il était premier ministre.

Assez mal fréquenté, d’ailleurs, le fauteuil que M. de
Freycinet va occuper.

Deux archevêques, un cardinal qui déshonora l’Eglise,
le nommé Dubois ; des obscurités, tels que les sieurs
Hénault, Domergue, Saint-Ange. Parseval; un ancien
ministre do mince valeur, M. dé Salvandy.

Seul le nom d'Augier jette un reflet de gloire sur ce
siège fâcheux.

Le monument Bizet pourra être splendide, si Garnier
et le sculpteur choisi réussissent dans leur tâche.

Ce n est pas, dans tous ies cas, l’argent qui man-
quera.

La belle représentation de jeudi, qui a fait si o^rand
honneur à l’initiative du Gaulois, a donné, à elle seule
40,000 francs net.

Maintenant, à quand le tour d’Hérold ?

C’était un fort galant homme qu’Edmond de la
Fayette, qui vient de mourir. C’était aussi un très mo-
deste.

Grand, robuste,le menton emprisonné dans un énorme
col cellulaire, il regardait passer les événements avec
une sérénité tant soit peu dédaigneuse.

Je parlais de fa modestie. Il disaii, un jour, devant
moi :

— Je sais que je porte un nom auquel je ne puis rien
ajouter. Je n’ai qu’un but : le garder intact.

Il a rempli ce dut dignement et simplement.

Gouailleur quelquefois, cependant, Edmond de la
FayettP, et trouvant un mot qui faisait pichenette sur
le nez de l’adversaire.

Un jour, un de ses collègues du Sénat cherchait jà le
convertir en vantant les mérites delà, monarchie.

— Soit, dit-il, votre enfant a tous les mérites. Mais
l’embarrassant, c’est qu’il faudrait commencer par le
faire.

Mme Guibollard fait concurrence à son mari.

Très surexcitée par le désir d’assister au procès Ey-
raud, elle disait hier :

— Quel dommage qu’on n’ait jamais dans ses rela-
tions quelqu’un qui commette un crime !

L’art dramatique vient de perdre son doyen, comme
vous le savez.

Très vivace et très caustique jusqu'à la fin, le père
Laurencin.

La dernière fois que je le rencontrai, c’était à la So-
ciété. Il venait toucher des droits pour je ne sais quelle
reprise.

— Et vous ne faites plus rien? lui demandai-je.

— Non ; je regarde les autres défaire.

André Laroche.

BOURSE-EXPRESS

Les rentes, les rentes, il n’y a que ça! On se 'préoc-
cupe déjà du nouvel emprunt, et il y a de nombreuses
demandes on « résultats ». Çx se négocie avec une
jolie prime de trente à trente-cinq sous. Les gens
qui possèdent des obligations convertissables et qui
veulent, dès à présent, encaisser leur bénéfice, n’ont
qu’à se présenter. Les bureaux sont ouverts !

Nous aurions à enregistrer, pour la semaine, une
hausse considérable, si, à la dernière heure, les réali-
sations n’avaient légèrement enrayé le mouvement, à
cause de la liquidation, qui s'effectue cette semaine. Mais,
tous comptes faits, il y a du bon, comme disent, les
troupiers. Les haussiers se contenteraient d’un mouve-
ment pareil par mois.

Il est possible que le calme revienne d’ici peu sur le
marché. N’oublions pas que la trêve des confiseurs s’ap-
proche 1

Castorine.
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