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Le charivari — 59.1890

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LE CHARIVARI

Quant à la Gabrielle des salons, elle se gardera
bien de se pourvoir.

Elle a, j’en suis sûr, fait déjà son petit calcul, se
disant :

— J’ai vingt-deux ans. On me graciera, au plus
tard, dans dix ans... peut-être même dans cinq. Or,
je vais tâcher d’embobiner les gens, avec mes airs
de Sainte-n’y-touche, secondés par ma réputation
de pauvre suggestionnée. Donc, au plus tard vers la
trentaine, je pourrai recommencer à exercer mon
petit commerce. Le soir, aux lumières, dans le
promenoir du Casino, ou au Jardin de Paris, l’été,
jejproduirai encore mon effet. Les imbéciles ne man-
quent pas. Qui sait? Je puis très bien faire for-
tune, être citée par les journaux galants parmi les
dépravées notables, — ou même pincer un noble
seigneur qui, m’épousant, me fera baronne et
dame de charité...

C’est pourquoi elle n’a pas une minute perdu l’ap-
pétit, et se montre fort souriante depuis sa réintégra-
tion au Saint-Lazaret.

A moins qu’elle n’espère qu’un dévouement hé-
roïque la fera évader et la conduira sûrement à la
frontière.

Je n’en persiste pas moins à la trouver hideuse,
cette gavroche sanglante. Ah ! l’affreux petit av )r-
tonI... Pouah !

DK;

Pour nous rasséréner par une gaîté douce, le
Temps, qui n’est pas un divertisseur de profession,
nous a offert un exceptionnel régal : une lettre
écrite par Paulus — lui-même!

Ah! quelle lettre ! J’en ai, à trois reprises, savouré
les charmes multiples.

Prenant le vaste sein de M. Francisque Sarcey
pour vase d’élection, M. Paulus y a épanché, en des
termes à jamais mémorables, les amertumes qui ont
envahi son âme.

Il a protesté ardemment contre l’incurie de l'ad-
ministration.

Pardon! Pas de celle que l’Europe nous envie...
de l’administration du café-concert où il opère, et
qui s’est permis de ne pas annoncer « ses dernières
représentations ».

Peut-être aurait-on dù tirer des salves funèbres et
mettre tous les drapeaux des bateaux-omnibus en
berne !

Et pourquoi cette incurie monstrueuse? Parce que
le café-concert se voue aux chanteurs fin de siècle.

M. Paulus déclare que ces chanteurs fin de siècle
(qu’est-ce que cela peut bien signifier?), venus en
même temps que la tuberculose (sic), le font sourire.

Il n’en a pourtant pas l’air. Il paraît même fort
troublé, puisqu’il confond la tuberculose, maladie,
hélas! vieille de plusieurs milliers d’années, avec le
remède nouveau que le docteur Koch prétend avoir
inventé.

i/TU

En cette lettre colossale, l’ancien barde du brave
général constate encore que « son genre est de tem-
pérament et qu’il chante pour ses semblables ».

Quelqu’un avait-il eu l’audace de supposer qu’il
chantât pour les singes ou les perroquets? L’envie
a de si noirs procédés !

Paulus, lui, nous révèle qu’il « n’est pas jaloux »,
à telles enseignes qu’il voudrait provoquer un grand
tournoi chantant dans lequel il se chargerait de faire
mordre la poussière à tous ses rivaux.

La Galerie des machines trouverait là une superbe
occasion de servir à quelque chose.

Allons, monsieur Alphand, un bon mouvement!

N’oubliant d’ailleurs jamais que les affaires sont
les affaires, le chanteur milieu-de-siècle rappelle en
sa péroraison qu’il est le chef de la première édi-
tion de chansons modernes qu’il y ait au monde.

Il a seulement omis de faire, par la même occa-
sion, une réclame au vin de son fameux clos.

Gela tendrait à démontrer qu’il est un peu moins
impassible qu’il n’en veut avoir l’air.

Dame! C’est un coup dur, tout de même! Penser
que ces affreux fin-de-siècle sont capables d’empê-
cher notre seul et grrrand Paulus d’avoir, plus tard,
la statue sur laquelle il était en droit de compter !

FRANC1LLON.

Le député auteur de ce projet ne demande aucune
reconnaissance à ses contemporains, pas même une
statue. Il ne sollicite qu’une faveur de la Chambre :
c’est de ne pas renvoyer sa proposition j usqu’aux
calendes grecques, c’est-à-dire après la discussion
du prochain budget. Son urgence sauterait aux yeux i
d’un aveugle.

PROJET DE LOI

Article premier. — L’Ecole de médecine est sup-
primée.

Art. 2. — A partir du lor janvier 1891, l’enseigne-
ment de la science médicale aura lieu au Palais de
Justice, salle de la cour d’assises.

Art. 3. — L’enseignement se composera de deux
parties :

1° Anatomie ;

2° Physiologie.

Art. 4. — Il se donnera, sous forme de confé-
rences, présidées par les divers médecins appelés à
instruire les jeunes gens, et incidemment aux au-
diences criminelles dont la présidence revient de
droit à un conseiller-de la cour d’appel, qui siégera
à droite du médecin. L’accusé se placera à gauche,
comme conseiller.

Art. b. — L'anatomie sera enseignée sous forme
d’autopsies pratiquées devant les auditeurs. Le con-
seiller de la cour d’appel donnera tous avis juri-
diques qui lui paraîtront opportuns; le conseiller-
accusé aura à se Sprononcer sur les questions de
pratique et d’expérimentation.

La physiologie comprendra des expériences de
suggestion pratiquées par le conseiller-accusé sur le
président-médecin ou sur le conseiller de cour
d’appel.

Art. 6. — Les médecins, savants, étudiants, etc.,
ou autres personnes présentes, seront appelés à
discuter les opinions émises.

Art. 7. — Les examens de fin d’année seront
présidés par le conseiller-accusé.

Art. 8. — Les présidents toucheront des émolu-
ments fixés par une disposition annexée au projet
de loi.

André Laroche.

-«.-—

BIERE S'-G-EB,! AIH-L AYE f*?**D,

Bhtunt Duueot. 100. Rm Gardinefc. 160. PARIS. — Tilivhon«. <S ülHltH

CHRONIQUE DU JOUR

La véritable condamnée, dans l’affaire Gouffé, a été
la malheureuse Faculté de Nancy. C’est avec un senti-
ment de commisération que je songe aux professeurs;
mais ceux que je plains encore le plus, ce sont les
élèves.

M. Liégeois va leur enseigner, je le crains fort, des
doctrines qui les feraient infailliblement retoquer,
s’ils se présentaient aux examens à Paris. Mais, à Nancy,
ils seront reçus à quadruples boules blanches. Ils de-
viendront magistrats à leur tour, et s’ils conservent les
théories qu’on leur a apprises à l’Ecole, ils acquitteront
dans la Meurthe ce qui sera puni dans la Seine 1
Les assassins feront bien de choisir leur départe-
ment !

Pour finir avec M. Liégeois, pourquoi diable celui-ci
a-t-il parlé du cheval d’Arcole Y

1 e pont d’Arcole a rendu célèbre Bonaparte, précisé-
ment parce qu’il combattit à pied; on l’a représenté
assez souvent, pour que M. Liégeois n’en ignore, em-
poignant le drapeau des grenadiers et traversant le ia-
meux pont pedibus mm jambisl
Mais il est dit que la Faculté de Nancy veut détruire
toutes les légendes!

Le XIXe Siècle raconte, à propos de Mary-Raynaud,
une histoire qui serait drôle, si elle ne paraissait attein-
dre les limites do la vraisemblance.

Le directeur en fuite de la Banque d’Etat avait ôté

condamné à trois ans de prison pour escroqueries de la
cour d’appel. Un de ses juges n’aurait pas hésité, dans
la suite, à confier cent cinquante mille francs à celui
qu’il avait condamné, dans l’espoir de toucher le fameux
dividende de trente pour cent !

Inutile d’ajouter que les cent cinquante mille balles
ont disparu, comme la glace à l’annonce de la fête des
Patineurs !

On a assez crié contre la limite d’âge qui force à
mettre les généraux à la retraite, sans distinction. Il est
certain que rien n’est plus injuste. Il y a des hommes
de soixante et un ans qui sont autrement vigoureux
que des hommes de quarante.

Bien plus : sur les dix-neuf commandants de corps
d’armée actuels, onze sont atteints par la limite d’âge,
au commencement de l’année prochaine. Ils sont donc
incapables (le faire, au mois de février, la besogne qu’ils
devaient faire excellement au mois de décembre précé-
dent!

Remarquez, enfin, qu’on leur enlève leur comman-
dement au moment précis où ils pouvaient commencer
à connaître leur métier de général en chefl

Les journaux de l’Ouest nous apportent, à propos du
froid, des nouvelles qui paraissent plutôt venir de Mar-
seille.

Une quantité innombrable de poissons de mer ont en-
vahi tous les ports du littoral. On a cueilli des bars qui
réclamaient instamment un court-bouillon, et d’infortu-
nés homards qui préféraient la sauce bouillante à l’amé-
ricaine, tellement la mer était glacée.

Enfin, des commerçants malins ont fait fortune en
mettant en tonneaux une certaine quantité d’eau qu’ils
vendent couramment aujourd’hui pour de la gelée de
poisson.

Sur le boulevard extérieur.

Titine, furieuse contre Alphonse :

— Ah ! ben... tu sais, je donnerais bien dix francs pour
te flanquer une bonne gifle !

Alphonse, froidement :

— Donne- es et flanque-la!

Noël !

Le nom oblige! C’est pour cela que Noël Peters, le
restaurateur bien connu, choisissant le jour des gais
réveillons pour sa fête patronale, restera ouvert toute la
nuit et recevra joyeusement tous ceux qui voudront
veiller et qui trouveront là le souper traditionnel...
servi à point.

On a enterré, la semaine dernière, un fabricant de ces
poêles asphyxiants que l’hygiène défend et que la Pré-
fecture tolère.

Nous lisons dans le compte rendu des obsèques :

« M. G... et M. Z... tenaient les cordons du poêle mo-
bile. »

Concert de salon.

Un monsieur et une dame, chantant outrageusement
du nez, dévident un interminable duo.

— Sapristi! murmure un auditeur... Quel combat
nasal !

II. Henriot.

BOURSE-EXPRESS

Noël ! Noël !

Juste autant d’affaires qu’on en peut espérer à la
veille d’un jour de fête. Il est plus question du réveil-
lon que de tout autre chose ; ce ne sont que festons
d’invitations et qu’astragalcs de projets. La petite
Bourse chôme, comme bien on pense.

Les crayons sont délaissés, les carnets mèmement.
Londres est lourd : l’influence du plum-pudding, sans
aucun doute. En sorte que les valeurs étrangères sont
aussi délaissées que nos rentes.

Cependant, il n’est pas permis aux vendeurs de trop
abuser do la situation. On les surveille de près. A la
veille du réveillon, on n’a nulle envie de passer sous
les fourchettes caudines de ces messieurs.

■ Noël ! Noël 1

Castorine.
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