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Le charivari — 59.1890

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https://doi.org/10.11588/diglit.23884#1418
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LE CHARIVARI

Le machiniste de la cour donne un coup de sif-
flet ; aussitôt le corps de ballet, en maillot rose et
jupe courte, fait irruption dans la salie.

Intermède émouvant et croustillant...

La première danseuse, courant sur les pointes,
mime le crime reproché à l’accusé.

Pas du guillotiné par la deuxième étoile, — puis
reprise de l’ensemble.

***

Une autre fois, afin de varier le plus possible, on
pourrait remplacer le ballet par des acrobates et
équilibristes qui gesticuleraient et grimperaient agi-
lement sur ce que Jean Iliroux appelle le comptoir
du président.

Pour les crimes compliqués de chantage, on fera
venir, comme intermède, quelque orphéon de pro-
vince.

Enfin, il ne sera pas rare alors d’entendre, en
ouvrant l’audience, dire au public :

— Messieurs, l’affaire que nous allons juger au -
jourd’hui est assez banale... On aurait pu l’expédier
en une journée... J’ai tenu à en avoir deux. Pour
passer agréablement ce temps supplémentaire, je
me suis procuré un orchestre qui, entre chaque
déposition, fera entendre les plus beaux morceaux
de son répertoire.

La grosse caisse. — Boum !...

Jules Demolliens.

CASSiS Frédéric MUGNIER

MÉDAILLE D’OR

Exposition Universelle Paris 1889

CHRONIQUE DU JOUR

Réapparition d’un vieux projet.

Le promoteur du tunnel sous la Manche va présenter
de nouveau sa motion, qui de nouveau sera repoussée.

En Angleterre, pays de progrès, il faut généralement
persister pendant une trentaine d’années pour venir à
bout de la routine.

Rappelez-vous le temps que l’on mit à autoriser l’en-
trée des Israélites dans le Parlement.

Ce qui n’empêche pas nos bons voisins de prétendre
qu’ils marchent à la tête de la civilisation.

Cela me fait l’effet d’un cul-de-jatte qui aurait la pré-
tention de gagner la course au Racing-Club.

Il est probable que les cendres de Gambetta seront
ra nsportées à Paris.

Les amis préféraient YilIe-d’Avray. La famille opte
pour le Panthéon.

Dans tous les cis, la cérémonie sera un événement
public à l’actif de 1891.

La ville du Puy a des goûts artistiques.

La preuve, c'est qu’elîe vient d’inaugurer, à l'usage
des peintres, l’hospitalité de jour et de nuit.

Sur un terrain dépendant du Musée, elle a fait cons-
truire des ateliers où les artistes de passage seront logés
et nourris gratuitement pendant un certain temps.

Ce que cela va donner le goût du voyage à certains
bohèmes du pinceau! Surtout si d’autres villes imitent
l’exemple de celle-ci.

On se demande seulement quelles garanties on pren-
dra pour ne pas être envahi par le vagabondage.

Sans ces garanties et s’il suffît dé se présenter, un
carton sous le bras, tous les errants voudront s’offrir
ces petites étapes gratuites et réconfortantes.

Faudra-t-il donc que les postulants esquissent un
tableau à la porte avant d’entrer?

La situation sera neuve.

Neuf aussi, le cas qui a été sigualé dans la dernière
assemblée générale des Auteurs et compositeurs de
musique.

La Société est forcée d’avoir partout dos agents pour
assurer la perception des droits par un contrôle quoti-
dien.

Or, un des sociétaires a conté que, dans une petite
localité du Midi, ce contrôle est exercé par un cocher
de fiacre, et qu’il a pris uu maliu plaisir à garder ce
cocher pendant toule une soirée, pour l’empôcher de
fonctionner comme vérificateur artistique.

L’anecdote n’est pas dépourvue de drôlerie, vous
l’avouerez.

Déçus, les espoirs de ceux qui comptaient sur la ma-
ladie de M. Eloquet pour s’asseoir sur son fauteuil.

M. Fioquet compte bien dire : J’y suis, j’y reste. Son
succès est à peu près certain.

Pauvre Pont-Neuf! Il menace décidément de crouler,
et le plus simple serait de le rebâtir eu entier.

Tous les ans, on lui remet des pièces, et c’est sans
cesse cà recommencer.

Aussi, quelle prétention d’avoir voulu s’appeler tou-
jours le Pont-Neuf!

Je ne vous le cacherai pas plus longtemps, je suis de
l’école de Nancy.

Une minute! Je ne veux pas parler hypnotisme, mais
simplement pâtés de foie gras.

Il n’en est pas de plus savoureux, ô gourmets, que
ceux que vous ferez venir directement de la maison
Weissenthanner, qui a transportée Nancy les grandes
traditions strasbourgeoises.

Goûtez, et vous serez de mon avis, j’en réponds.

Un commerçant ingénieux et pratique, c’e=t le mar-
chand de vins dont la boutique est instillée à cheval
sur l’avenue de l’Observatoire et sur la rue Denfert-
Rochereau.

rieuse, cette première enseigne : Au Méridien de Paris.

bur la rue Denfert. côté de ta clientèle folâtre, cette
seconde enseigne : Am retour de Robinson.

C’est M. Micheau, directeur des Folies-Dramatiques
qui prend la direction des Nouveautés.

il y continuera le genre gai, et je crois qu’il aura
raison.

Dialogue do circonstance.

— Mon cher, j’ai réveillonné toute la nuit., et je n’ai
pas envie de dîner, je vous assure.

— Moi, j’ai réveillonné aussi, et je meurs de faim.

— Comment diab'e pouvez-vous faire ?

— C’est bien simple; j’ai doublé la dose d'Amer
Picon.

Dictionnaire de Charenton :
BOtlPFONNEHIE. — Picrate de cocasse .

X..., usurier éhonlé, cherchait hier à expliquer et jus-
tifier ses procédés devant notre confrère B...

— Vous comprenez, disait-il, j’aime à obliger. Alors,
quand on vient me demander un service...

— Compris!... Vous êtes ce qu’on pourrait appeler un
philanlhropophage.

La petite Gardénia recevait, hier, une déclaration d’un
financier étranger.

Par retour du courrier, elle lui a répondu :

« Cher monsieur,

» Vous qui êtes dans les affaires, vous devez savoir
que toute demande de souscription doit être accompa-
gnée d’un premier versement. »

Paul Girard.

CROQUIS DE PROVENCE

TERRAIN A VENDRE

En quittant la route à droite, en face de la villa qu’ha-
bitait Hamon, le charmant amuseur néo-grec, on passe
sous la voie du chemin do fer et l’on remonte le lit
presque toujours à sec d’un gave torrentueux, des
éboulemenls de roches au milieu desquelles poussent
des lauriers roses; après quelques minutes de marche,
on prend à gauche une sente parmi les pins, et bientôt
au-delà de terrains vaguement cultivés on aperçoit un
bastidon ; le mot qui a parfois une signification préten-
tieuse s’applique en l’occasion à une bicoque vermou-
lue dont le toit de toiles rouges s’effondre, dont le
perron de bois chapechute, dont les ais dans la maçon-
nerie se craquèlent; à l’entour, des vestiges de jardins
se devinent encore, décélés par des bordures d’aloès,
des massiE de figuiers de Barbarie, des groupes de mi-
mosas; et des pierrailles qui s’écroulent sont les an-
ciennes terrasses.

C’est là que depuis près de vingt années habite seule
la Parisienne, une brave femme ainsi dénommée dans
le pays; veuve d’un ingénieur ayant résidé et mort en
Algérie, elle est venue, après le siège de Paris en 1870,

se retirer à la campagne, dans la nature ensoleillée de
l’Eslerel, a acheté une propriété qu’elle put entretenir
au début, mais qu’elle dût négliger ensuite, après des
sautes funestes de fortune, et maintenant, poursuivie
par des huissiers menaçants, elle cherche à morceler
son bien, à vendre de ci de là un lopin de terre pour
amortir ses dettes.

— « On m’avait dit, monsieur, que vous pensiez à
vous fixer définitivement ici, alors j’ai voulu vous
montrer mon bien; la démarche est peut-ôlre osée,
mais c’tst bien triste quand on est dans une situation
comme la mienne, et il faut chercher à se tirer d’afl'aire,
excusez-moi ; ce n’est pas loin, une petite promenade,
venez voir, et, si vous voulez acheter, à deux francs le
mètre, je vous laisserai ce dont j’ai refusé huit francs
autrefois. »

Hier, après avoir déjeuné sous la tonnelle qui décore
la façade de l’auberge, nous avons, par un beau soleil,
répondu à l’appel, de la Parisienne, et sommes arrivés
à sou bastidon ; des chiens, noir et feu, quatre, plus uu
mouton blanc attaché à une racine noircie de vigne,
nous firent reconnaître l’endroit; on nous avait conté
que la bonne femme élevait des moutons.

A l’aboiement de ses roquets, la propriétaire sortit et
vint au devant de nous : « Ah ! monsieur, madame,
permettez-moi de passer une robe... » Quelques ins-
tants après, elle revenait.

Auprès d’une margelle de puits, les ferrures enfeuil-
lagées de brindilles, des vêtements de marin, fraîche-
ment lavés, séchaient au soleil. « C’est à mon fils, dit la
vieille en surprenant notre regard; il est musicien
dans la flotte à Toulon, et comme ça l’ennuie, la les-
sive, alors je la fais... » Et ainsi, bribes par bribes, dé-
tails à détails, nous entrions un peu plus avant dans le
secret de sa vie. « J’avais un cheval autrefois, mais une
nuit, il avait neigé, c’est rare dans ce pays, sa couver-
ture était tombée ; le matin, je le trouvai couché sur sa
litière; il voulut se lever, nous l’aidâmes avec mon
garçon, mais il retomba et mourut, oui, madame, il
mourut de froid » Cela avait quelque chose de navrant,
la fin ainsi contée de cet autre être dans la solitude que
nous visitions ; n’y avait-il pas là encore, dans la pos-
session de ce cheval, comme un souvenir, maintenant
effacé tout à fait, de la situation d’antan ? A mesure
qu’elle parlait, on comprenait que tout s’en était allé
peu à peu, par miettes. '< Dans les commencements,
j’employais ici un jardinier, mais cela coûte cher, et j’ai
été obligée de cesser. Aussi vous voyez, madame et
mon-ieur, on a de 1a. peine à retrouver les anciennes al-
lées; j’avais aussi beaucoup plus d’aloès, mais je les ai
vendus aux villas de la route, on les a transplantés...
Que voulez-vous? C’était toujours quelque argent... »
Tout en nous divulguant sa vie, la Parisienne, qui
nous voulait considérer comme des acquéreurs possi-
bles, nous menait à travers son bien et nous en vantait
la situation réellement merveilleuse : au milieu d’une
forêt de pins, un plateau de deux hectares, d’où la vue
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