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Le charivari — 59.1890

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LE CHARIVARI

millions qui resteront seront, à la vérité, répartis
entre la masse des souscripteurs ; mais ils en auront
juste de quoi remplir une dent creuse, comme dit
Bjireau. Et c'est pour remplir cette canine défec-
tueuse que des centaines de millions de francs sont
mises de côté ! C’est en vue de l’Emprunt qu’on lé-
sine sur tout !

Que de déception ? en perspective, — et aussi quel
flot d’or se déversera sur le marché aussitôt que les
agents du Trésor rendront l’argent de toutes les
souscriptions qu’il aura été impossible de satisfaire !
Calculez un peu, mes amis ! Les sommes mises en
réserve pour l’Emprunt, nous les représenterons
par x, puisqu’il est difficile d’en savoir le montant,
même approximativement. Mais l’argent des cou-
pons qu’il faudra bien employer 1 Mais l’argent des
loyers, fermages et rentrées de janvier, auquel il
faudra bien faire un sort 1 Les économistes les plus
huppés estiment que tout cela peut bien atteindre à
tout près d’un milliard ; et j’ai comme une idée que
si les économistes se trompent, ce n’est fichtre pas
du côté de l’exagération !

Tout cet argent reviendra au marché ; ou sinon
tout, du moins une très grande partie. C’est l’habi-
tude, voyez-vous. Notre épargne, à nous, — et c’est
ce qui fait sa grande force, — n’aime pas que son
argent reste improductif. Elle va se trouver à la tête
de sommes considérables; soyez assurés qu’elle ne
les gardera pas dans son tiroir. Le temps est passé,
des bas de laine dans lesquels on empilait jadis des
écus. L’argent est rond : il est fait pour rouler et
pour amasser de la mousse; il n'y a que les pierres
à qui cela soit défendu. Cent écus dans un tiroir ne
représentent que cent écus à la fin de l’année ; quand
on les emploie en bonnes, solides et productives va-
leurs, les douze mois de l’année font suer pour le
moins quarante francs à cet argeat-là. Et c’est pour-
quoi l’habitude est venue de placer l’argent qu’on
peut avoir.

Et comme, cette fois, tout le monde va se trouver
en train d’opérer en même temps, il est à croire que
le mois de janvier commencera bien mal Tannée
pour messieurs les pessimistes. S’ils n’ont pas dans
leur sac quelque catastrophe bien retentissante,
quelque accident bien terrible, quelque événement
bien grave,

Je les plains!

Car, selon toute vraisemblance, c’est la hausse qui
s’avance. Il faut que le public emploie son argent.
Puisque la rente nouvelle n’en voudra pas, on se
rejettera fatalement sur la rente ancienne. Si celle-
ci monte trop vite au point de devenir trop coûteuse,
comme cela s’est vu, on retombera sur une foulti-
tude d’excellentes valeurs dont les cours, à l’heure
actuelle, sont moult avantageux. Je vous parlais du
Crédit Foncier et du Crédit Lyonnais, tout à l’heure ;
excellentes valeurs à mettre dans des portefeuilles
français. — Mais elles ne sont pas les seules. Nous
avons nos grandes Compagnies de chemins de fer;
nous avons les chemins de fer portugais qui ne ces-
sent de monter depuis que je les ai recommandés
aux lecteurs du Charivari; nous avons les chemins
de fer à voie étroite qui sont promis à un magnifique
avenir; nous avons... Mais je ne saurais, sans fati-
gue pour le lecteur, énumérer toutes les occasions
qui s’offrent à nous d'employer utilement nos capi-
taux.

Et je ne parle, notez bien, que des occasions
anciennes. Il y en aura des nouvelles. Elles existe-
raient déjà, si l’Emprunt n’avait obstrué la fin de
l’année. Mais comment faire concurrence à l’Em-
prunt? Comment lancer une affaire, petite ou grosse,
lorsque le Trésor réclame un milliard, — à quelque
menue monnaie près ? Ce serait folie que d’y penser ;
et nos grands établissements de crédit, qui ont bien
des affaires en réserve, ont envisagé les choses à ce
point de vue. Mais dans une quinzaine de jours,
plus d’Emprunt ! Ce sera une affaire finie, entendue,
classée ! Et il faut bien espérer que, à ce moment,
les établissements de crédit sortiront de leur
mutisme. Ce sera, du reste, ce qu’ils auront de
mieux à faire, puisqu’il y aura beaucoup d’argent
dehors.

Donc, à moins d’un gros accroc, janvier sera un
bon mois, et actif tout plein. Espérons que les autres
mois suivront un aussi excellent exemple. On
nous doit un dédommagement. Les douze mois de
1890 nous ont valu trop d’ennuis pour que leurs
successeurs ne s'empressent pas de nous faire bon
visage. C’est la grâce que je nous souhaite.

Castorins.


LE CARNET Dll ACTUAL1STE

ET PÉRIER?

Oui, Périer... L’homme qui est en prison depuis
neuf mois, parce qu’on ne peut parvenir à trouver
contre lui des preuves établissant qu’il a tué et violé
la petite Neut.

Ce cas prodigieux rappelle l’attention sur une ré-
forme dont nul n’a l’air de se soucier parce qu’elle
est urgente.

Yous figurez-vous la condition d’un homme qu’on
a appréhendé, innocent ou coupable, et à qui Ton
interdit de réclamer l’appui d’un conseiller compé-
tent, avant l’heure où son sort sera déjà à moitié
décidé? Et Dieu sait ce que vaut l’autre moitié,
comme nous le démontrerons tout à l’heure.

D’un côté, un accusé qui se trouve aux prises avec
toutes les intimidations, avec tous les effarements,
avec toutes les angoisses, avec toutes les ignorances.

De l’autre, un magistrat qui se cambre dans son
omnipotence, prenant plaisir à brandir son quos ego,
jouis°ant du trouble du comparant comme d’un
hommage involontaire rendu à sa majesté.

C’est avec des chances inégales que s’engage le
duel de l’interrogatoire.

Et ce duel est sans témoins.

Je me trompe. Il y en a un... du côté seulement
de l’accusation.

C’est le greffier, qui écrit avec cette indifférence
professionnelle si voisine de la somnolence, et qui
tout à l’heure relira, en bredouillant, un procès-
verbal au bas duquel l’interrogé devra apposer son
approuvé, sans avoir souvent pu saisir quinze des
mots mâchonnés par le râtelier du lecteur.

Que diab’e ! si le bon sens refuse l’infaillibilité au
pape, qui veut se donner pour le représentant de
Dieu sans succursales, ce n’est pas pour la concéder
à un fonctionnaire qui n’est, en somme, que l’em-
ployé appointé de la Société de sécurité mutuelle
instituée par les hommes sous le nom de tribu-
naux.

QUIVALA.

APERITIF NI U G N I E R

au, Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNTER, à Dijon
Médaillée d’Or Exp°n UNivtta Paris 1889.

PLUME HUMBOLDT^InAL?

EOUL WAK.ÎSMSK1SS3 Oie B ETIQUES

CHRONIQUE DU JOUR

Oui, il faut s’associer, et très énergiquement, au
mouvement d’opinion qui réclame le monument de
Victor Hugo. Il faut que la souscription soit reprise et
que la presse donne le coup de collier nécessaire pour
stimuler l’inconcevable indifférence d’un peuple vrai-
ment trop fantasque.

Comment! on marchande aujourd’hui une statue à
l’homme dont les funérailles donnèrent lieu à la colos-
sale manifestation que vous savez 1
Nous avons vraiment trop Pair de gens qui ne savent
ni ce qu’ils veulent, ni ce qu’ils aiment, ni ce qu’ils
admirent.

Songez que ce sont ces procès-verbaux-là qui
seront plus tard les piliers de l’accusation ! Songez
que ces déclarations, contresignées par à peu près,
le prévenu les traînera jusqu’au bout, comme un
boulet rivé à sa cause! Et dites ensuite s’il est équi-
table, s’il est moral, s’il est décent que, pour le
client en question, Ton n’ait pas au moins le droit
de réclamer la présence et l’assistance d’un avocat ?

Quiconque est amené devant les magistrats est,
dès la minute où un secrétaire de commissaire de
police a cru devoir lui faire mettre la main au collet,
considéré comme un coupable.

Tout se déduira ensuite de ce point de départ.
Tout!

On a cité ce lapsus pittoresque d’un président de
cour d’assises, commençant ses questions par ces
mots candides :

— Condamné, levez-vous. Qu’avez-vous à dire
pour votre défense?

Il y avait de l’exagération dans cet élan involon-
taire. Mais peut-être pas autant qu’on se le pourrait
imaginer.

***

Le premier mouvement d’un président qui n’est
pas exceptionnellement doué est de se dire :

— C’est l’ami Trois-Etoiles qui a instruit l’affaire
de ce monsieur. Un garçon charmant que Trois-
Etoiles! Nous faisons le whist ensemble tous les
hivers... Mme Trois-Etoiles aussi est charmante et
pleine de distinction... Si l’homme que voilà et avec
qui je n’ai jamais joué le whist est absous, cela aura
l’air de signifier que Trois-Etoiles (il est vraiment
bien gentil) s’est complètement fourvoyé dans sa
façon d’instruire. Et dame ! ce pourra être une mau-
vaise note qui nuira à son avancement. Tâchons de
faire en sorte que le jury ne lui souffle pas son cou-
pable...

Ainsi pensé, ainsi agi. Tant pis pour l’inconnu qui
va être tourné et retourné comme une souris entre
les pattes d’un chat! L’important est que Trois-Etoi-
les ait son verdict d’abord, sa promotion ensuite.

Contre ces habitudes, trop invétérées pour qu’elles
se corrigent d’elles-mêmes, il n’y a qu’un remède
efficace : la modification des procédés d’instruc-
tion.

L’instruction contrôlée, ce sera du même coup la
prévention réduite à la portion congrue.

Canard à étrangler.

Jamais le pape n’a songé à envoyer la rose d’or à
Mme Carnot, qui n’a jamais songé à la recevoir.

Est-ce le pape, est-ce Mme Carnot qu’a voulu com-
promettre l’inventeur de cette mauvaise plaisanterie?

Si l’Europe n’est pas contente, l’Europe sera bien
difficile; car vraiment on lui sert des détails d’une ac-
tualité palpitante sur les faits et gestes de nos hommes
d’Etat.

Tous les journaux ont à l’envi conté que M. Constans
était allé, l’autre soir, voir Miss Helyett pour la deuxième
fois.

Est-ce assez émouvant pour l’humanité, cette révéla-
tion?

Yous connaissez l’histoire de Miss Helyett. L’assi-
duité de M. Constans prouve simplement que ce minis-
tre aime les démonstrations a posteriori.

Etonnants, les médecins fin de siècle ! On dirait qu’ils
ont juré de stupéfier le monde par leurs abracada-
brantes cocasseries.

Ceux-ci se livrent, sur l’hypnotisme, à des révéla-
tions qui reculent les bornes du ridicule. Ceux-là con-
fectionnent des lymphes burlesques.

Voici un autre praticien qui accaparait, l’autre jour,
le temps de l’Académie de médecine pour lui démon-
trer que l’homme qui prend son verre d’apéritif est
exposé à tous les maux, à l’intoxication, à la paralysie,
à la folie, à la bradypepsie, à la dyspepsie, à l’apepsie.
On croirait entendre un personmge de Molière.

Qui veut trop prouver ne prouve rien. Voilà un pro-
verbe que ce médecin Tant-Pis ferait bien de méditer,
dans son intérêt.

On vient de mettre, en Allemagne, la main sur une
prétendue miraculée dont les piaies allégoriques sai-
gnaient à jour fixe.

Vous connaissez l’histoire de ces simagrées dégoû-
tantes. C’est toujours la môme exploitation des jobards.

On signale de Cannes la naissance de deux enfants
soudés par le bas des reins.

C’était le cas de Millie-Christine.

Vous rappelez-vous ces deux sœurs qu’on exhiba
avec tant de succès ?

ra

A

A
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