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Le charivari — 60.1891

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Janvier
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SOIXANTIEME ANNE

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25

JEUDI Ie'' JANVIER 18

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PARIS

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Politique» Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur e* Chef

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DE LA RÉDACTION ET DE ^ADMINISTRATION

Hue de la Victoire, 20

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRQN

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la wbisgȕ&
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

Les ateliers étant fermés aujourd'hui, Jour de
l'An, le Charivari ne paraîtra pas demain ven-
dredi.

BULLETIN POLITIQUE

Salut à Tannée 1891 ! Salut à celle qui nous ap-
porte l’inconnu dans les plis de ses douze mois !

Que sera-t-elle? Tous l'ignorent. Mais ce que
chacun sait trop bien, c’est qu’elle aurait de rudes
tâches à accomplir, si elle voulait seulement réali-
ser quelques-uns des vœux, accomplir quelques-
unes des besognes que lui lèguent ses devancières.

Quelle joie si nous lui devions une Assemblée
plus soucieuse de Futile que du futile, des réformes
fécondes et non desquerelles vaines ;

Un budget étudié, au lieu d’un budget bâclé;

Des magistrats courtois ;

L’appel pour les jugements de Cour d’assises ;

Le droit pour les prévenus d’être défendus par un
avocat contre les embûches de l’instruction, comme
on trouve naturel qu’il s le soient plus tard contre les
partis pris de l’accusatiou,

Des électeurs moins girouettes;

Des savants moins charlatans ;

Des...

J’aurais l’air de vous réciter une interminable lita-
nie. Restons-en là. D’autant plus qu’à l’avance nous
pouvons être bien sûrs que nos souhaits demeu-
reront parfaitement inexaucés.

Chômage d’actualités, d’ailleurs, pour le moment.

Les élections sénatoriales continuent à être la
seule question à l’ordre du jour.

Et elle n’est pas bien palpitante.

Primo, parce que le Sénat est presque annihilé.

Secundo, parce que la victoire des républicains
n’est pas douteuse.

Très curieuse, l’histoire de ce Sénat qui fut l’es-
poir des monarchistes et devint le boulevard de la
République.

N’est-ce pas lui qui a exécuté le Boulangisme?
N’est-ce pas lui qui a mis en déroute la coalition?

D’où des revirements imprévus. Entre autres,
celui de M. Ranc, candidat à cette Chambre haute
dont il proclamait l’inutilité jadis et de laquelle il
dit maintenant :

a L’expérience m’a démontré qu’une Assemblée
de contrôle, une Assemblée d’appel, une Assemblée
qui puisse résister aux entraînements, est utile. >

D’après les pronostics, c’est tout au plus si sept
ou huit réactionnaires seront renvoyés au Luxem-
bourg par le scrutin du 4.

Apparent rari nantes...

Eh bien ! qu'en disent les adversaires du divorce,
ces soi-disant champions de la morale publique?

Le tribunal civil de la Seine vient de déclarer di-
vorcés les époux Eyraud.

D’un côté, un assassin ignoble qui avait com-
mencé par être un escroc doublé d’un libertin.

'■IH BITl --—

De l’autre, une honnête et vaillante femme que ce
mari indigne a torturée de toutes les façons, avant
de déshonorer le nom qu’il lui faisait porter.

Si le divorce n’avait pas été prononcé, la pauvre
créature innocente aurait été jusqu’à la fin condam-
née à rester Mme Eyraud, c’est-à-dire à être mon-
trée au doigt chaque fois qu’on l’aurait nommée en
public.

La belle loi que ces cher3 cléricaux défendent en-
core lui aurait infligé la honte à perpétuité. Le di-
vorce la délivre d’une responsabilité qu’elle n’a pas
encourue et sépare ce que la fatalité avait uni. Il
fait acte de justice.

Ce qui n’empêchera pas les clabauderies dévotes
de regretter l’heureux temps où, au nom de l’indis-
soluble mariage, la famille devenait un bagne.

Ah! ils mettent sur le dos de leur Dieu, ces dé-
vots, de singulières abominations 1

A propos de dévotion, il paraît qu’il se manigance
au Vatican de répugnantes intrigues.

Chacun guette le pape. Aussitôt qu’il tousse ou
qu’il éternue, on croit son héritage ouvert, et les
tripoteurs de voix se remuent.

Touchant spectacle !

S’il faut en croire des renseignements reçus par
le XIX6 Siècle, qui semble très informé, à l'heure
qu’il est deux partis s’agitent : celui des étrangers
et celui des Italiens. Parmi les cardinaux italiens,
beaucoup appartiennent au premier parii. espérant
que la nomination d’un pape étranger à l’Italie serait
le meilleur tour à jouer au Quirinal. Le pape lui-
même seconderait énergiquement ce plan. A quelle
nation appartiendra le pape de demain? Ici on ne
peut faire que des suppositions. Toujours est-il qu’il
ne sera pas Français. Le cardinal Lavigerie, qui
réunira peu de voix, est loin d’être pris au sérieux
par ses collègues du Sacré-Collège. Un des plus illus-
tres disait de lui : « C’est un cardinal d’opéra. »

Si le parti des étrangers triomphe, nous aurons
un pape américain ou bien le cardinal Mermillod,
d’origine suisse, dont la nouvelle élévation à la
pompe cardinalice et l’obligation imposée par le pape
de venir habiter Rome confirment les bruits qui cir-
culent dans des milieux ecclésiastiques.

C’est ce qui s’appelle pratiquer la religion de dé-
tachement dans ce monde-là.

Métamorphose imprévue. La tradition évangéli-
que présente le Saint-Esprit sous les apparences
d'une colombe. Ces embusqués nous le montrent
sous la forme d’un corbeau.

Pierre Véron. * 1


OCTAVE FEUILLET

L’écrivain qui vient de mourir connut toutes les
outrances de la critique et tous les excès de l'admi-
ration. Apothéosé par les uns, il fut raillé vivement

1 par les autres.

Et parmi ces autres figuraient de notables esprits,
très acharnés contre la sentimentalité bourgeoise de
celui qui fit, pendant tant d’années, les délices de la
Revue des Deux-Mondes.

On disait de lui, par exemple, et non sans quelque
vraisemblance, car son talent, surtout alors, avait le
défaut de se répéter :

Un piano qui n’a qu’une octave, un livre qui
n’a qu’un feuillet.

Puis une réaction s’est opérée. Aujourd’hui que
nous avons été envahis, quasi submergés, par une
inondation d’ordures, nous voilà presque tentés d’ad-
mirer sans restrictions les romanesques, mais saines
et élégantes inventions d’Octave Feuillet.

Comme il serait le bienvenu, celui qui nous ap-
porterait maintenant un répertoire comme celui-là!

Et parbleu, la preuve de ce que j’avance est dans
les succès de M. Bourget, qui n’est qu’un sous-
Feuillet, sans s’en douter probçdJement.

Le maître qui vient de succomber a, d’ailieais
modulé souvent. On pourrait dire qu’il y avait deux
hommes en lui.

Le premier, d’une afféterie un peu prudhommes-
que, écrivait les machinettes à la façon du Village
et les proverbes anodins qui faisaient pâmer les sa-
lons.

L’autre, d’aspirations plus élevées, d’un élan plus
fougueux, concevait Dalila, Monsieur de Camors,
ou ce Roman parisien qui fut, je crois, la dernière
pièce d’Octave Feuillet au Gymnase. Un drame mo-
derniste, d’allure très osée, ma foil

C’est peut-êlre la dualité de ce tempérament qui
Ta empêché de donner plus encore et de conquérir
une renommée moins contestée.

Nous aimons que les gens prennent parti; tout
l’un ou tout l’autre.

Le mélange des audaces succédant aux mièvreries
déconcerte et décourage tantôt les uns, tantôt les
autres. C'est le moyen de n’arriver qu’à une gloire
passagère.

Que restera-t-il de Feuillet?

Ehl mon Dieu, si Ton posait cette question à pro-
pos de n’importe quel contemporain, comme il serait
difficile d’y répondre par une affirmation certaine!

La postérité — c’est inévitable — deviendra de
plus en plus oublieuse, parce qu’elle sera de plus en
plus encombrée. Je crois que bientôt il n’y aura plus
de concessions à perpétuité pour la célébrité; tout
au plus des baux emphytéotiques.

Octave Feuillet a droit à un de ces baux-là. Il
enjambera de ce siècle-ci sur l’autre, grâce à quel-
ques reprises qui s’imposeront : celle de Julie, par
exemple, ou de Montjoye. Je crois, en revanche, que
pour le Jeune homme pauvre, n i ni, c’est fini.

Beaucoup de talent, beaucoup de talent, il serait
souverainement injuste d’y contredire; mais puis-
qu’on vous dit que le génie lui-même ne suffira plus
à immortaliser un nom !

L’homme, chez Octave Feuillet, était d’une ex-
quise courtoisie qui dissimulait une misanthropie
quelque peu névropathique. Dans les dernières an-
nées, l’état maladif de l’écrivain s’était douloureu-
sement accentué. Cet état était arrivé à un degré
d’acuité permanente qui le faisait cruellement souf-
frir ; par moments, le moindre bruit devenait pour
lui une torture, et il était forcé de s’envelopper la
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