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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0353
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SOIXANTIÈME ANNÉE

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72

les abonnements partent des i*r et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

Prix du Numéro : 25 ceniirnea

MERCREDI 1er AVRIL 1891

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Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

Il y a des candeurs qui surprennent.

Nombre de gens paraissent étonnés, d’aucuns
même indignés, parce que les peuples rivaux
que menace notre nouveau tarif protectionniste
n’ont pas l’air de prendre la chose gaîment et
semblent vouloir user de représailles.

Au lieu de déblatérer, on ferait mieux de réflé-
chir, quand il en est temps encore.

La Chambre, qui ne s’en doute pas, va faire à
son retour une besogne d’où peut-être dépen-
drai ruine ou le salut de notre pays.

Malheureusement, elle a, pour mener à bonne
fin cette tâche redoutable, toutes les incompé-
tences possibles.

Une faut pas oublier dans quelles conditions
ont été élus ceux qui nous représentent actuelle-
ment. Ce fut un vote de combat. Toute la ques-
tion semblait se résumer alors en cette formule :
Vaincre à tout prix le Boulangisme. On l’a
vaincu, mais les hommes qui nous ont rendu ce
service-lâ sont malheureusement peu capables de
nous en rendre d’autres. On les a trop pris au
hasard de la fourchette, en leur demandant sim-
plement :

—■ Etes vous résolus â jeter le conspirateur à
bas de son cheval noir?

Maintenant que c’est fait, pendant trois années
encore ces politiciens d’occasion vont légiférer â
tort et à travers, et justement le hasard des dates
leur impose une œuvre décisive pour laquelle la
collaboration des plus hautes personnalités, des
hommes d’Etat les plus éclairés, des économistes
les plus éminents, serait nécessaire.

M. Méline, qui ne répond â aucun des signale-
ments ci-dessus, est le général en chef. Cela peut
faire juger de l’année.

On est résolu à faire du protectionnisme effréné
en tapant comme des sourds — et comme des
aveugles.

Les autres se rebiffent. C’est assez naturel. On
croirait que personne n’a prévu cette résistance,
à voir avec quel effarement les fabricants des
nouveaux tarifs gémissent :

— Comment! ils ne sont pas satisfaits? Ah! les
méchants animaux! Quand on les attaque, ils se
défendent...

Mon Dieu, oui, c’est à cette défense qu’il faut
prendre garde avant de nous lancer dans une
aventure néfaste et de nous faire mettre en qua-
rantaine commerciale.

Si l’on adopte les propositions de la commis-
sion des douanes, nous sommes flambés. Le pré-
tendu mur de protection sera un mur de prison
dans lequel, enserrés, nous crèverons de misère.

i

A méditer d’ici à la rentrée, messieurs nos ho-
norables !

Les mécontentements provoqués par cette révi-
sion absurde se produisent, du reste, aussi â l’in-
térieur.

Donner d’une main pour reprendre de l’autre ;
joli système.

C’est cependant le lapin que veut poser à la
presse le protectionnisme ahuri.

On a enlevé, naguère, le droit qui frappait le
papier des journaux. Voila qu’on veut le rétablir
subrepticement.

Comment cela ? Voici :

La fabrication du papier a pris, depuis vingt
ans, un immense développement, grâce â l’emploi
du bois qui, en se substituant aux chiffons, a
permis de produire d’exœ-pents papiers à des
prix inconnus précédemment. Les pâtes de bois
viennent presque exclusivement de Norwège;
elles entrent jusqu’à présent en franchise. En les
frappant d’un droit, la commission des douanes
prétend protéger la sylviculture.

C’est simplement inepte.

La France, en effet, ne produit pas, ou presque
pas, la variété de sapin nécessaire â l’industrie
du papier, et il faudrait plus de cinquante ans
pour en peupler nos forêts. Il n’y a donc pas là de
question de concurrence étrangère en jeu, et les
droits votés par la commission des douanes frap-
peraient cruellement une industrie très impor-
tante, celle de la papeterie, sans aucun profit
pour nos cultivateurs, mais au grand préjudice
non seulement de la presse, de l’instruction pu-
blique et du développement intellectuel de notre
pays,

Ab uno disce omnes... La commission des
douanes n’a fait que des gaffes de ce genre.

De toutes parts surgissent des protestations.

Mais les sourds de la Chambre les entendront-
ils?...

Pierre Véron.

PRESTIDIGITATION DIPLOMATIQUE

Un journal raconte les hauts faits d’un presti-
digitateur â Madagascar.

Cet habile homme avait pris une telle influence
sur l’esprit de la reine, que notre résident n’hé-
sita pas à se servir de lui comme agent diploma-
tique, et il a ainsi obtenu tout ce qu’il désirait.

On voit que la prestidigitation a du bon.

Jusqu’ici les diplomates se contentaient d’être
de parfaits jongleurs; ça ne suffisait pas.

Il est certain qu’un monsieur qui, sans vous
approcher, fait disparaître votre montre, votre

porte-monnaie et votre mouchoir do poche, est
on ne peut plus apte â escamoter une colonie.

Aussi, en présence du succès obtenu par la
prestidigitation diplomatique, se propose-t-on,
paraît-il, de cultiver en grand l’escamotage in-
ternational.

Désormais, quand la diplomatie se trouvera
embarrassée, on ira chercher un prestidigita-
teur, et on s’en trouvera bien.

Même on parle vaguement de-remplacer tous
les sous-Talleyrand en exercice par autant d’es-
camoteurs.

La première des conditions requises pour être
diplomate sera une connaissance approfondie de
la muscade et du gobelet; tout homme qui ne
serait pas capable de tirer du chapeau d’un mi-
nistre cinq kilomètres de ficelle, trois kilos
d’étoupe, six lapins et quatre cochons d’Inde,
pourra être épicier, mais sera inexorablement
exclu de la diplomatie.

Les examens seront peu compliqués, d’ailleurs.

— Monsieur, dira l’examinateur, voici devant
vous une petite boulette que je viens de faire;
veuillez l’escamoter.

L’élève prend délicatement la boulette, agite
les doigts et fssst ! plus rien.

L’examinateur, froidement. — Elle est dans
votre manche I

L’élève. — Parbleu!... Vous le savez bien.

L’examinateur. — Mais je ne dois pas la voir
passer... Ça suffira, monsieur!

Et il lui colle une boule noire.

Si, après ça, nous n’avons pas de bons diplo-
mates !...

Tenez, la voilà bien, la diplomatie à faire :

On éprouve, je suppose, le besoin de coloniser,
ayant découvert en Océanie une île à peu près
inculte. Ce sol privilégié peut fournir un stock
de pommes de terre qui reviendront, rendues en
France, à vingt francs le double décalitre; mais
ça nous fera toujours des pommes de terre de
plus sur le marché de Paris.

On envoie alors un prestidigitateur diplomate
chez la reine Tatalolo, à laquelle appartient cet
Eden.

Après avoir été introduit auprès de la souve-
raine, le diplomate s’installe devant une table, et,
retroussant ses manches :

— Majesté, dit-il, vous ave^ une île dans le voi-
sinage... Qu’est-ce que vous en faites?... Rien.

— Pardon, les habitants me paient leur cote
personnelle en pommes de terre; ça alimente ma
table.

— Eh bien, Majesté, je me suis permis de pren-
dre votre île en passant:;. Je l’ai là, dans cette va-
lise.

— Elle n’y tiendrait pas, vieux farceur!

— Si, parce que je l’ai considérablement rape-
tissée.

Il sort une grosse boule de sa valise et la pré-
sente à la reine ahurie.

— En effet, c’est bien mon île. Voilà les champs,
et les arbres, et les huttes des habitants!... Mais
qu’elle est diminuée!

— Je peux la diminuer encore.
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