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Le charivari — 60.1891

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Mars
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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0233
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SOIXANTIÈME ANNÉE

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PARIS

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

Prix du Numéro S 15 centimes

DIMANCHE 1er MARS 1891

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Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L'abonnement d’un an donne droit a la prime gratum

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

Hurrah!... Nous avons, dès à présent, le projet
de budget pour 1892.

Ne nous hâtons, toutefois, pas trop de nous
réjouir.

Cela n’empêchera pas les lenteurs tradition-
nelles. Comme devant, nous verrons les commis-
sions perpétuer les vains débats, faire besogne de
touche-à-tout, et finalement aboutir à pasgrand’-
chose.

Le budget de 1892 ne paraît, du reste, pas se
piquer d’être un réformateur sérieux.

Tout au plus nous dégrèvera-t-il de l’impôt
sur la grande vitesse. Encore n’est-il pas certain
qu’on s’entende.

Pour le surplus, on répétera comme toujours :
— Ce sera pour l’année prochaine.

Le vingtième siècle viendra ainsi; peut-être
le vingt-et-unième 1

Et voilà mon hurrali du début changé en un
hélas!

A. propos de finances, un paragraphe pro
clomo nostra.

Le syndicat de la presse départementale répu-
blicaine, d’accord en cela avec tous les syndicats
de presse, sans distinction de nuance, vient de
prendre l’initiative d’une protestation à adresser
à la commission des douanes au sujet de l’impôt
proposé sur les pâtes à papier.

Cet impôt serait, en effet, un retour déguisé à
l’impôt sur le papier, qui a été supprimé il y a
quelques années.

Il est bien certain que la nouvelle taxe ne se-
rait qu’un acte de Rouerie hypocrite.

Quelque chose comme si un monsieur faisait
un don, puis fouillait dans la poche du donataire
pour le lui reprendre sans qu’il s’en aperçut.

Les nouvelles de Belgique paraissent attester
que, là-bas aussi, la situation va se résumer en
cette célèbre alternative : Se soumettre ou se
démettre.

Cela, non seulement pour le ministère, mais
pour le roi lui-même.

La cause de la révision gagne du terrain tous
les jours.

Le mouvement se poursuit et s’accentue, la po-
lémique continue dans les journaux,les idées ré-
visionnistes gagnent du terrain, des meetings
s’organisent sur tous les points du pays, dans les
villes et dans les campagnes, en Flandre et en
Wallonie.

Quand nous vous le disions 1 Se soumettre ou
se démettre.

C’est bien cela !

Pierre Véron.

GARE A NOS MOLAIRES !

On s’occupe, en ce moment, d’une nouvelle loi
sur l’exercice de la médecine.

Il s’agit de savoir si l’on n’en profitera pas pour
empêcher l’exploitation cynique à laquelle tant
de malotrus se livrent sous prétexte ééart den-
taire.

Ce que nous ne comprenons pas, c’est qu’il
puisse y avoir deux avis sur un tel sujet.

La profession de dentiste fait partie de la mé-
decine, tout comme la profession d’oculiste.

Il est monstrueux qu’un nUayeur, qu’un vi-
dangeur sans ouvrage, ou qu’un marchand de
peaux de lapins puisse, demain, ouvrir un cabi-
net dans lequel il vous fracturera la tête, vous
empoisonnera ou vous asphyxiera.

C’est ainsi cependant.

Tout le monde peut s’intituler dentiste et, sous
ce nom fallacieux, se livrer à des opérations
abominables, administrer des narcotiques qui
tuent au besoin.

N’est-ce pas burlesque et odieux?

On songe — il est temps! — à mettre un terme
à ce gâchis homicide.

La loi nouvelle contiendrait donc un paragra-
phe ainsi libellé :

« Le droit d’exercer la profession de dentiste
est interdit à toute personne qui n’est pas munie
d’un diplôme français de docteur en médecine ou
d’officier de santé, ou d’un diplôme de dentiste
délivré par le gouvernement français à la suite
d’examens subis devant un établissement d’en-
seignement supérieur médical de l’Etat et sui-
vant un règlement d’études délibéré en conseil
supérieur de l’instruction publique. »

Il ne reste plus qu’à faire ensuite que ce di-
plôme ne soit pas une garantie dérisoire.

Pour cela, il conviendra qu’on exige des ma-
nieurs de mâchoires une série d’indispensables
et sérieuses connaissances.

Ces connaissances, un certain nombre de pra-
ticiens distingués les ont spontanément acquises,
pour l’honneur de leur corporation.

Qu’on les impose bien vite aux autres, pour
qu’ils ne continuent pas à la déshonorer.

QUIVALA.

LE MANUEL DU PARFAIT JURÉ

Vous m’accorderez, n’est-ce pas, que le besoin
s’en fait vivement sentir.

Les renvois d’affaires à une [autre session
pour cause de gaffes commises par certains

jurés, les verdicts de culpabilité suivis de re-
cours en grâce contradictoires, les exemples de
circonstances atténuantes accordées à tort et à
travers, de circonstances aggravantes crevant
les yeux et pourtant non admises, enfin l’éton-
nante lettre récemment adressée par les mem-
bres (dix sur douze) d’un jury de la Seine au mi-
nistre de l’instruction publique, attestent la né-
cessité d’élaborer un Manuel spécial, que de-
vront étudier tous les citoyens à qui peut échoir
l’honneur de juger leurs semblables.

Un ouvrage aussi important que le Manuel du
Parfait juré ne saurait être rédigé au pied levé.
Nous nous bornerons donc à réunir ici quelques
indications destinées à servir de spécimen.

D’abord il doit être entendu que le parfait juré,
désormais, ne peut être qu’un juré fin de siècle.

Pour être juré, ni l’intelligence, ni la connais-
sance des lois ne sont nécessaires; il suffit qu’on
soit porté sur les listes dressées par les soins des
préfets, des maires et des juges de paix.

Il n’est pas permis au parfait juré d’être mort,

— son devoir, si cela lui arrive, est de prévenir;

— mais il aurait quelque petite faillite à se re-
procher, que ce serait sans inconvénient, à con-
dition que personne ne s’en souvînt.

Le parfait juré doit toujours être de. santé
assez robuste pour pouvoir siéger, sans relâche
ni syncope, de jour comme de nuit, durant toute
la session.

Rien ne s’oppose, du reste, à ce qu’il fasse, au
préalable, son testament.

La loi lui impose l’obligation de se rendre à
son poste au premier appel. Il se gardera bien
d’y manquer, d’abord pour ne pas être condamné
à une amende amère, puis en vertu de ce raison-
nement que, si les accusés en faisaient autant, il
n’y aurait plus de justice possible.

Il ne devra, sous aucun prétexte, se retirer à
peine entré, ni lever le siège avant la fin des au-
diences.

En attendant la suppression du serment, il doit
en envisager la prestation comme une de ces
drogues qu’on prend, non par goût, mais par né-
cessité, pour se purger ou couper la fièvre. Il
considérera les mots âme et conscience comme
des expressions dépourvues de sens.

Le parfait juré peut être aveugle, mais il lui
est interdit de se montrer sourd, — si ce n’est
aux sollicitations intéressées.

S’il n’est pas sûr de sa langue, il aura la pré-
caution de toujours porter sur soi un bâillon,
qu’il s’appliquera entre les mâchoires avant
d’arriver au Palais et dont il ne se débarrassera
absolument que dans la salle de délibération
affectée au jury.

Pendant toute la durée des débats, le parfait
juré ne devra ni dormir, ni se moucher, ni sou-
pirer, ni cracher, ni lever la main pour la por-
ter à sa bouche, à son nez, à ses yeux, à son
front, à ses oreilles, à son cou, — à son cou sur-
tout, — ni, en un mot, faire un geste quelconque,
qui pourrait être mal interprété par la défense.

Toutefois, il ne lui est pas défendu de laisser
soupçonner, par un silence éloquent, une gri-
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