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Le charivari — 60.1891

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Juillet
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SOIXANTIÈME ANNÉE

Prix du Numéro ; 25 centimes

MERCREDI 1er JUILLET 1891

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Trois mois. 20 fr.

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PJ15IIRE VÉHOiM

Rédacteur en Chef

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ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLICITÉ

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PARIS

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉH01\

Rédacteur en CBïeff
BUREAUX

DE I.A RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

On commence à s’apercevoir dans les collèges
meme que l’abus du biceps tourne au grotesque.

L’autre jour, le proviseur du lycée Condorcet,
en plein conseil académique, a blâmé la publicité
excessive qui est donnée aces jeux d’adolescents,
et il a demandé qu’on ne conservât que l’institu-
tion, en cessant le bruit mené tout autour.

Fort judicieux, ce proviseur. Pour moi, j’irais
plus loin : je ne blâmerais pas seulement la pu-
blicité exagérée, mais aussi l’importance plus
exagérée encore qu’on accorde au foot-ball, ré-
générateur des races futures.

Nous ne pouvons rien faire avec mesure. Tou-
jours l’emballement, l’engouement et, par consé-
quent, l’extravagance.

Un jour, un monsieur est venu, qui a prétendu
qu’on ne gymnastiquait pas assez. Et alors on a
décidé de métamorphoser chaque lycée en une
fabrique d’athlètes.

Jusqu’à présent pourtant les athlètes n’avaient
j amais passé pour des prototypes de haute intel-
ligence.

On avait pu établir, au contraire, que la pen-
s’-e perdait en général tout ce que le muscle
gagnait, quand on abusait des jeux gymniques.

Une prochaine expérience prouvera que l’in-
troduction de la boxe, de la course à pied, de la
savate dans les études classiques, ne vaudra pas
à la France un seul génie déplus.

Il est plutôt à craindre que cette matérialisa-
tion de l’éducation nationale n’accroisse, dans de
fortes proportions, le nombre des imbéciles.

Dans tous les cas, le proviseur du lycée Con-
dorcet a raison. Il est absolument indécent d’ap-
pliquer aux jeunes élèves le genre de réclame en
usage pour les chevaux de courses.

La République française, avec autant de bon
sens que d’esprit, s’est félicitée, comme nous, de
voir une intervention autorisée se mettre en tra-
vers de ces mœurs passablement saugrenues.

Le fameux Lendit était en train de devenir un
prétexte à paris mutuels, à exhibitions tapa-
geuses. Il ne manquait plus que la cote à la
petite fête.

Ce serait touchant d’entendre crier :

— Je prends l’élève Chapuzot à quatre contre
un!

— Je donne l’élève Trémolard à quatre-vingts
contre centl

Gomme la République, nous trouvons d’ail-
leurs que ce que chacun a pu lire déjà suffit à
nous inspirer quelque méfiance sur Futilité
d’exercices physiques ainsi pratiqués. On nous
détaillait la belle assistance, on citait les « toi-
lettes claires des dames qui se mariaient à... »
Quand les « toilettes claires se mariaient à... »,
dans les journaux boulevardiers, c’est que le
« gratin » avait été de la fête, c’est qu’on avait
relevé et cité des noms, — n’oubliez pas la du-
chesse!— C’est qu’on avait pu faire une gracieuse

réclame à nos plus charmantes « mondaines »
Bientôt ce seraient les demi-mondaines qui
s’en mêleraient.

On verrait les jeunes Lendistes former des
groupes sympathiques avec Mlle Tata, avec
Mlle Irma la Gouappe, avec la Môme Fromage.
Tout cela est plutôt pitoyable qu’édifiant.

La République françaisej d’autant moins sus-
pecte qu’elle garde encore ses illusions sur la
musclomanie, concluait ainsi :

«Certes, nous nous intéressons autant qu’homme
du monde à ces échos pimpants, coquets, où la
vieille galanterie française revêt les formes de
néologismes précieux; mais nous désirons que
nos jeunes amis des lycées, nos camarades d’hier,
ne fournissent pas le thème de ces petits potins.
Nous approuvons avec la plus complète bonne
volonté la réforme qui a fait aux exercices phy-
siques. une large place cîàns^éducation nationale.
Que les lycéens montent à cheval, tirent l’épée,
manient l’aviron aux heures de récréation, c’est
parfait. Qu’ils prélèvent même un peu de temps
sur leurs études pour le consacrer à de belles
parties en plein air, c’est fort bien encore. Leurs
muscles se développeront, leur corps s’endur-
cira, pendant que leur esprit puisera des forces
nouvelles dans cette saine fatigue. Mais nous de-
mandons, avecM. le proviseur de Condorcet, que
ces exercices ne soient plus un spectacle pour
lequel l’adolescent s’entraîne. »

Nous n’ajouterons qu’un mot.

On aura d’autant plus raison de couper court
à la réclame, que l’utilité du Lendit lui-même
reste terriblement problématique pour nous.

Jusqu’à preuve contraire, nous persistons à ne
pas croire que le meilleur moyen de fortifier
l’homme intellectuel soit de développer l’homme
bestial.

Pierre Véron.

NUIT ET JOUR

ÉTUDES PARISIENNES

3LA COMÉDIE DU DÉPART

C’est la grande actualité. Elle se joue ou va se
jouer partout, cette comédie-lâ.

Et je vous assure que, si vous voulez vous pos-
ter aux abords d’une gare quelconque pour en
suivre les péripéties, vous ne regretterez pas
votre temps.

La philosophie moderniste pourrait formuler
cet axiome : « Dis-moi comment tu pars et je te
dirai qui tu es. »

Regardez plutôt...

dt\à

Un fiacre. Une malle.

Dans le fiacre, un monsieur à bedon, une dame,
une demoiselle.

La dame plus que mure, la demoiselle trop
verte.

Effaré, le monsieur commence par s’empoigner
avec le cocher, à qui il ne veut donner que trois
sous de pourboire.

Il continue en se disputant avec le facteur de
la gare, qu’il harcèle de: «Prenez donc garde!
vous allez faire tomber ma malle. »

A chaque instant il se retourne et, hélant ses
deux compagnes :

— Dépêchez-vous donc ! Nous allons manquer
le train... Sacrées lambines !

Et il court du bureau des bagages au bureau
des billets à prix réduit. Et il oublie sou para-
pluie au premier, et il ne retrouve plus sa smala
au second. Et il souffle, tempête, piétiae.

Un bourgeois qui va aux eaux, dans l’espoir de
marier sa fille. Un chef de bureau en retraife
pour qui le voyage n’est qu’une affaire. Il serait si
doux de se débarrasser d’Eugénie !

<yî\>

Autre :

Teint coloré, barbe et moustaches d’un noir qui
dépasse la nature. Grosse chaîne de montre.

Demande, avec un accent prononcé, où est le
guichet des billets pour Casinoville.

Total : un rastaquouère que vous retrouverez
en train de faire sauter la coupe ou de glisser
une portée autour d’un tapis vert; à moins que
vous ne le voyiez passer au moment où, pincé en
flagrant délit, on le conduira chez le commissaire
de police.

'MP

Dix-huit colis divers. Deux femmes de cham-
bre qui vont et viennent.

Elle disant à celle-ci :

— Prenez garde à la caisse des chapeaux!

A celle-là :

— Surtout ne perdez pas le sac à bijoux, pen-
dant que je vais prendre les tickets.

Avec ça, un œil qui giboye déjà, lançant des
invites aux messieurs qui paraissent chic.

J’allais oublier un détail du signalement :

Porte sous le bras gauche un toutou gros
comme le poing, à qui elle dédie de temps à autre
un baiser. Le seul qu’elle ne vende pas, le seul
qui soit sincère.

Cet ensemble vous représente Mlle Jemenfichka,
une de nos brillantes hasardeuses qui va com-
mencer sa saison de plage, écumant les bords de
la mer après avoir dévasté l’allée des Acacias.

r\jo

Son pendant.

Un petit monsieur qui arrive en veston et pan-
talon de flanelle blanche rayée. Ça s’appelle le
costume lawn-tennis.

En plus, la casquette à large visière, casquette
de même étoffe, bien entendu. Le contraire
serait une hérésie en matière de mode.

S’avance d’un pied traînard, le pince-nez en
bataille. Tient, à avoir l’air de s’embêter quand
même et partout.
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