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Le charivari — 60.1891

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Novembre
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SOIXANTIÈME ANNÉE

Prix du Numéro ! centimes

a

DIMANCHE 1er NOVEMBRE 1891

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

(les mandats télégrapuiques ne sont pas reçus)

Les abonnements partent des ior et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

1MKIUVE VÉRON

Rédacteur en Clief

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 Fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
l'abonnement d'un an donne droit à la prime gratuits

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

fil édacteur en Chef
ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI


Les ateliers étant fermés aujourd'hui, ltT no-
vembre, le Charivari ne paraîtra pas demain
lundi.

BULLETIN POLITIQUE

Ce n’est pas seulement au corps vivant, la for-
mule : « Guenille, soitl Mais guenille nous est
chère. »

L3. dépouille mortelle justifie, hélas! encore
mieux la définition.

C’est pourquoi les questions intéressant les
Pompes funèbres sont toujours des questions
d’un haut intérêt public.

Or, jusqu’ici, la routine avait laissé les Pompes
funèbres aux mains des monopolistes.

Et de quels monopolistes!

Les fabriques étaient investies du droit de
rançonner les cadavres. Et l’on sait comme elles
s’en acquittaient.

Ne prélevaient-elles pas un droit même sur les
enterrements civils? Même sur le convoi des pro-
testants ou des juifs?

Vous déclariez dûment, dans un testament for-
mel, que vous ne vouliez pas des oremus à tant
la ligne.

Vous n’aviez pas les oremus, mais il fallait
tout de même solder une redevance â la sacristie,
sans avoir franchi le seuil de l’église.

Quoi de plus monstrueux que ce rançonnement
arbitraire ?

Les monopolistes pieux rétrocédaient, en
outre, l’exploitation matérielle à des Compagnies
qui, étant seules investies de la permission de
véhiculer les défunts, abusaient de cet état de
choses pour imposer des tarifs vexatoires.

Ces abus, contre lesquels la presse libérale a
toujours protesté, vont enfin cesser.

Une commission de la Chambre, chargée d’exa-
miner un projet déjà voté par le Sénat, a terminé
sa tâche. La discussion publique est proche.

D’après ce projet, qui n’a pas osé déposséder
complètement les fabriques, chacun pourra op-
ter, pour l’inhumation des siens, entre les fabri-
ques et les communes.

Plus de monopole pour toutes les fournitures
des funérailles.

Par conséquent, plus de tant pour cent prélevé
par les prêtres sur le cercueil qui voudra se pas-
ser d’eux.

Deux systèmes se sont trouvés en présence.
L’un, adopté par la Chambre, a pour objet de
transférer aux communes le droit exclusif de
fournir le matériel nécessaire au transport des
corps et aux inhumations, — matériel dépourvu

I de tout emblème, — en laissant aux fabriques et
aux consistoires la fourniture des objets destinés
à la célébration du culte. L’autre, voté par le
Sénat, donne aux communes comme aux fabri-
ques le droit de faire le service extérieur des
fournitures et des enterrements. D’un côté, le
monopole transféré des fabriques aux commu-
nes; de l’autre, le libre choix pour les familles
de s’adresser à la fabrique ou à la commune.

C’est à ce dernier système que s’est arrêtée la
commission.

La Chambre se déjugera-t-elle? Maintiendra-
t-elle sa première résolution?

Si un conflit éclate, c’est l’ajournement indé-
fini et la prolongation d’une exploitation éhon-
tée.

Mieux vaut se contenter du moins que de tout
remettre en question.

La liberté de choisir son intermédiaire nous
agrée d’ailleurs, au nom de nos principes.

Si vous voulez des prières, allez les acheter là
où elles se vendent.

Si vous n’en voulez pas, allez à la mairie.

De même, si vous êtes libre-penseur, qu’on ne
mette pas de force sur vos restes le drap à croix.

Au contraire, si vous désirez cette ornementa-
tion, adressez-vous aux commerçants qui la
louent.

La conséquence de la réforme sera de faire
cesser, pour Paris, la centralisation exorbitante
de cette industrie aux mains d’un concession-
naire unique.

La concurrence viendra enfin mettre un terme
à des spéculations abominables.

Il faudra bien qu’on baisse les prix, qui sont
aujourd’hui des prix forcés. Une diminution de
50 0/0 est à prévoir, et, dans tous les cas, possible
à réaliser.

Le monopole abusait de la douleur des gens
pour les pressurer.

Il se disait :

— On ne voit pas bien les chiffres, avec des
yeux pleins de larmes.

Et ces chiffres s’en donnaient à indiscrétion.

Ce qu’il faut, c’est en finir avec ces traditions
scandaleuses, c’est émanciper les cadavres, c’est
protéger la douleur contre les mercantiles ob-
sessions.

Pierre Véron.

COMMUNE PEU COMMUNE

Les communes, comme les jours, peuvent se
suivre sans se ressembler. La semaine dernière,
on nous signalait le cas peu réjouissant de cer-
taine bourgade qui s’offrait le luxe d’une faillite.

Voici maintenant qu’on nous révèle l’existence
d’un modeste village de deux cent cinquante ha-
bitants qui n’en est pas moins authentiquement
millionnaire.

Il est juste d’ajouter que la commune banque-
routière est italienne, tandis que la commune
richissime est française.

Voici comment Chamaret, près de Pierrelatte
(Drôme), a fait un beau rêve.

Parmi ses deux cent cinquante habitants, vi-
vait dans une chaumière isolée, située en pleine
campagne, à plus d’un kilomètre du village, un
célibataire de soixante-seize ans qui répondait
au nom essentiellement agreste de Sylvestre.

Quand je dis qu’il répondait, ce n’est guère
exact. Il ne répondait pas toujours, peut-être
même pas souvent. C’était un sauvage qui 11e
voulait pas se laisser apprivoiser. Avec son nom
à coucher... dans les bojs, il nichait dans une es-
pèce de grange, où il ne recevait jamais per-
sonne. Mais il y recevait ses rentes, auxquelles
il ne touchait pas, et qu’il entassait dans un tas de
vieux bas.

Les rentes en question s’élevaient à douze mille
francs par an, les dépenses du bonhomme ne dé-
passaient pas deux cents francs tous les douze
mois. A ce compte-là, les revenus firent vite
boule de neige, et l’économe paysan étant mort,
on trouva chez lui quatre cent cinquante mille
francs en valeurs nominatives.

Si l’on ajoute à ce demi-million liquide (quoi-
que en papier) les propriétés immobilières, on
voit que le Sylvestre de Chamaret n’était guère
à plaindre, et qu’il aurait parfaitement pu mener
la vie à grandes guides.

Mais le vieux renard s’en serait bien gardé. Il
ne sortait de son trou que pour visiter ses
champs et ses bois; son mobilier ne valait pas
cinq louis, et, nous l’avons dit, sa dépense quoti-
dienne pouvait être évaluée à cinquante centi-
mes environ.

Enfin, sa ladrerie était telle que, pendant toute
sa vie, même pendant les hivers les plus rigou-
reux, il n’alluma jamais de feu, sauf pour faire
cuire sa soupe.

Finalement il est mort laissant tout... à la com-
mune de Chamaret, sauf une centaine de mille
francs de legs à ses cousins.

Du coup, voilà ladite commune, non seulement
affranchie de tout impôt, mais avec un joli boni à
grignoter chaque année.

Elle commencera, suivant les intentions mêmes
du généi eux donateur, par restaurer une vieille
tour, dernier vestige d’une forteresse du Moyen
âge.

Le testataire veut qu’on installe au sommet de
cette tour un beffroi surmonté d’une cloche
monstre, « qui servira â sonner le premier coup
de toutes les messes qui se diront à Chamaret les
dimanches et jours de fête ».

Il y a tout lieu de croire que cette cloche tin-
tera souvent, car Chamaret doit de fameuses
messes à feu Sylvestre.

Henri Second.

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