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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0011
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2

— Si vous êtes réélu, ce sera pour la vie...

— Non... non... neuf ans...

— Oh ! d’ici à neuf ans !

— Poser!.,. Elle est capable devenir me retrouver '
là-bas !

— Mais elle ne sait pas où tu vas !

— En me suivant... Elle me guettait peut-être en-
core... Nous aurions dû visiter les portes cochcres.

— Où le bois de Boulogne ! grogne l’autre, impatienté.

— Quel bois de Boulogne?... Est-il bête!... Elle n’i-
rait pas se cacher si loin pour me surprendre! Enfin,

,ie m’en rapporte à toi ; tu es presbyte, tu m’avertiras si
tu l’aperçois... Car j’ai de la méfiance!... Tu ne peux
pas t’imaginer combien elle est rouée...

— Si, je m’en doute un peu.

— Non. Tu vas voir : Il y a quelque temps, il faisait
beau; elle m’avait donné rendez-vous devant la gare
Saint-Lazare. Boü,jy vais à l’heure dite... J’attendais
depuis un certain temps, lorsque je rencontre Gornudet,
tu sais bien...

— Mais, oui, il est aussi du dîner.

Pomadard se mit à rire.

— Pendant que sa femme... naturellement. Quel
aveugle, ce Gornudet !... Il n’est pas possible de se lais-
ser dmdonner comme ça !

Pomadard s’arrêta, secoué par une quinte d’hilarité;
l’ami faisait chorus.

— Que veux Lu, mon cher, lui dit-il; tout le monde
ne connaît pas les femmes comme toi!

— Enfin, — pour en revenir à ce que je Le disais, —
Gornudet s’écrie, en me voyant : « Quelle chance de te
rencontrer... Ma femme est chez sa tante... Je suis gar-
çon, amusons-nous. » Et il me propose une partie de

canot à Asnières. Je me laisse tenter, comme aujour-
d’hui... Nous prenons le train et, une heure après, nous
naviguions sur les flots de la Seine.

— Tu étais en sécurité, au moins, là!

— Non... Nous faisions force de rames, lorsque nous
croisons un bateau chargé de joyeux canotiers»,— dont
une canotière. Je pousse un cri... Les rames me tom-
bent des mains... Sais-tu qui je venais d’apercevoir
dans cette embarcation, tenant le gouvernail?

— Séraphine!

— Ce crampon de Séraphine !

— Diable!... Et comment t’a-t-elle expliqué?

— Elle m’avait suivi, mon ami !... Me voyant partir,
elle était montée dans le même train... Puis, lorsque je
fus en bateau, elle supplia de bons jeunes gens de la
prendre avec eux dans leur embarcation... afin devenir
au-devant de moi et me conîondre!... G’est elle qui m’a
raconté ça plus tard. Pour le moment, après un pre-
mier cri d’indignation, elle se contenta de me dire :
« Isidore, je vous ordonne de débarquer et de m’atten-
dre, à droite, sous cet orme, où ces messieurs vont me
conduire... » Et j’allai l’attendre...

— Sous l’orme.

— Oui, jusqu’à la nuit... J’ai même été obligé de me
rendre seul... Parce que, je vais t’expliquer, elle m’a-
vait bien dit à droite ; mais comme je lui faisais face,
c’était à ma gauche que je devais débarquer... Quant à
elle, victime de ce malentendu, de l’autre rive elle me
faisait en vain des signes... Car elle me voyait très bien,
sous mon arbre!

— Et toi, tu ne la voyais pas?

Non; enfin, l’infortunée a été obligée de coucher
à Asnières... Elle était furieuse!

Les deux amis venaient d’arriver devant le restau-
rant ; ils montèrent au premier étage.

La porte du 8 s’ouvrit toute grande.

Les joyeux convives battirent un ban.

— Voilà Pomadard! Vive Pomadard!

— Mon cher Follebichet... Messieurs... Trop heu-
reux...

— J’ai trouvé ce cher bon sur le boulevard...

— Libre! crie Gornudet. Vive la joie!

— Oui, répond Pomadard fièrement, libre comme
l’air!... Liber tas... Mais si nous fermions la porte?

Il se retourne, — un double cri retentit.

Ce crampon de Séraphine est là sur le seuil, Pair un
peu embarrassée ; puis se remettant bien vite :

— Isidore! dit-elle avec dignité, enfin je vous y
prends... Que faites-vous ici ?

— Je... ces., nous...

— Vous m’aviez promis de me mener ce soir à
l'Odéon... Albz tout de suite m’attendre à la porte de
ce monument ; je vous rejoins à l’instant.

— Oui, chère amie... Messieurs, balbutia Pomadard,
vous voyez... je regrette...

Et il s’en alla la tête basse, pendant que ce crampon
de Séraphine, lui faisant par derrière un geste de
gavroche, entrait au 10 où l’attendait un officier de
dragons.

Jules Demolliens*
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