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Janvier
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ACTUALITES
3
EN ITALIE
— Je collectionne les médailles -, avez-vous quelques pièces de monnaie rares ?
— Signor, dans ce pays-ci, toutes les pièces de monnaie sont rares.
vous savez bien que, s’il m’eût fréquentée, il n’eût pas
perdu à la Bourse!
— C’est vrai! s’écrièrent en chœur les amis rassurés.
Mais, malgré cela, la petite étoile a depuis ce jour un
nuage dans son ciel bleu!
La belle Mlle Georges avait aussi la prétention de
porter chance : « Tous ceux qui m'approchent, disait-
elle avec un certain orgueil, deviennent grands, riches
ou heureux ! »
C’est peut-être pour cette raison que Napoléon Ier,
fort superstitieux, fréquenia quelque temps la célèbre
et majestueuse actrice. Il est vrai que, plus tard, Mlle
Georges devint l’amie intime de ce pauvre Harel qui,
malgré son intelligence scénique tant vantée par
Dumas père, perdit beaucoup d’argent dans scs direc-
tions en repiésentaut des chefs-d’œuvre !
Nous eûmes aussi la jolie Schneider, qui créa la Belle
Hélène et la Grande-Duchesse. Elle, au moins, peut se
vanter d’avoir porté bonheur aux auteurs qu’elle inter-
préta.
Quand on demandait à ce brave Berthelier, mort mil-
lionnaire :
— De quelle époque date le commencement de votre
fortune ?
— Tout m’a réussi, disait-il, à partir du jour où j’ai
connu Hortense Schneider, au temps des anciens
Bouffes des Champs-Elysées. La petite Hortense,
mignonne comme une fée, la fée du plaisir, habitait
une mansarde dans la même maison que moi; le matin,
j’allais lui porter le café au lait dans une boîte en por-
celaine, et nous déjeunions en tête- -tête, comme deux
bons camarades que nous ôtions. Le jour où j’ai connu
Schneider j’ai créé les Deux Aveugle* ; ma réputation
était faite, et je me suis toujours imaginé que c’était h
cette charmante amie que je devais ce premier succès
suivi de tant d’aulres!
Nous pourrions en citer encore cent, des femmes qui
ont ou qui eurent la réputation de porte-bonheur.
Les jours où les grands financiers qui avaient leurs
faveurs préparaient une affaire importante, ils ne man-
quaient jamais d’aller leur rendre visite, et ils sortaient
de chez elles assurés du succès.
Les joueurs, tous superstitieux, s’attachent plus que
les autres à ces déesses de la veine, leur demandant,
avant d’aller au cercle, un vieux gant, un bouquet fané,
un mouchoir, qu’elles font payer chèrement.
On cite une dame très cotée qui vend au:; joueurs des
objets lui ayant appartenu.
Un Anglais, convaincu, acheta 10,000 francs à cette
magicienne une chemise fort transparente qu’elle avait
mise, disait-elle, la nuit où elle s’élait donnée — donnée
n’est peut-être pas le mot — au prince "\
Rencontrant, à Monaco, le fameux prince, le fils d’Al-
bion, tout fier, lui montra son fétiche.
— Qu’est-ce que c’est que cela? demanda l’Altesse in-
triguée.
— La chemise que portait la belle Lélia, la nuit où
elle vous reçut chez elle.
Le prince se rnt à rire et dit simplement :
Vous êtes joué, mon cher... Sa chemise, dites-
vous?... Elle n’en avait pas!
Vous vous imaginez Ja tête que fit cet Anglais su-
perstitieux.
***
J’ai connu un autre joueur qui avait toujours sur lui
un corset ayant appartenu à sa maîtresse. Or, ledit
corset avait été donné par la belle à sa femme de cham-
bre, qui l’avait porté quelque temps avant de le vendre
à Tarnant en question. Et il paraît que ce corset-fétiche
portait chance à son propriétaire malgré cette souillure.
— peut-être même h cauce d’elle!
Mon avis est que ces prétendues mascottes ne sont
que des usurières. Je ne doute pas qu’tlles ne donnent
à leurs amis beaucoup de bonheur, mais elles le font
chèrement piyor. J’ai connu tant de fous qui se sont
ruinés — et d’aucuns qui se sont tués — pour les femmes
porte-bonheur!
Après tout, il n’y a que la foi qui sauve... ceux qu’elle
ne perd pas !
A. Lemonnier.
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EN ITALIE
— Je collectionne les médailles -, avez-vous quelques pièces de monnaie rares ?
— Signor, dans ce pays-ci, toutes les pièces de monnaie sont rares.
vous savez bien que, s’il m’eût fréquentée, il n’eût pas
perdu à la Bourse!
— C’est vrai! s’écrièrent en chœur les amis rassurés.
Mais, malgré cela, la petite étoile a depuis ce jour un
nuage dans son ciel bleu!
La belle Mlle Georges avait aussi la prétention de
porter chance : « Tous ceux qui m'approchent, disait-
elle avec un certain orgueil, deviennent grands, riches
ou heureux ! »
C’est peut-être pour cette raison que Napoléon Ier,
fort superstitieux, fréquenia quelque temps la célèbre
et majestueuse actrice. Il est vrai que, plus tard, Mlle
Georges devint l’amie intime de ce pauvre Harel qui,
malgré son intelligence scénique tant vantée par
Dumas père, perdit beaucoup d’argent dans scs direc-
tions en repiésentaut des chefs-d’œuvre !
Nous eûmes aussi la jolie Schneider, qui créa la Belle
Hélène et la Grande-Duchesse. Elle, au moins, peut se
vanter d’avoir porté bonheur aux auteurs qu’elle inter-
préta.
Quand on demandait à ce brave Berthelier, mort mil-
lionnaire :
— De quelle époque date le commencement de votre
fortune ?
— Tout m’a réussi, disait-il, à partir du jour où j’ai
connu Hortense Schneider, au temps des anciens
Bouffes des Champs-Elysées. La petite Hortense,
mignonne comme une fée, la fée du plaisir, habitait
une mansarde dans la même maison que moi; le matin,
j’allais lui porter le café au lait dans une boîte en por-
celaine, et nous déjeunions en tête- -tête, comme deux
bons camarades que nous ôtions. Le jour où j’ai connu
Schneider j’ai créé les Deux Aveugle* ; ma réputation
était faite, et je me suis toujours imaginé que c’était h
cette charmante amie que je devais ce premier succès
suivi de tant d’aulres!
Nous pourrions en citer encore cent, des femmes qui
ont ou qui eurent la réputation de porte-bonheur.
Les jours où les grands financiers qui avaient leurs
faveurs préparaient une affaire importante, ils ne man-
quaient jamais d’aller leur rendre visite, et ils sortaient
de chez elles assurés du succès.
Les joueurs, tous superstitieux, s’attachent plus que
les autres à ces déesses de la veine, leur demandant,
avant d’aller au cercle, un vieux gant, un bouquet fané,
un mouchoir, qu’elles font payer chèrement.
On cite une dame très cotée qui vend au:; joueurs des
objets lui ayant appartenu.
Un Anglais, convaincu, acheta 10,000 francs à cette
magicienne une chemise fort transparente qu’elle avait
mise, disait-elle, la nuit où elle s’élait donnée — donnée
n’est peut-être pas le mot — au prince "\
Rencontrant, à Monaco, le fameux prince, le fils d’Al-
bion, tout fier, lui montra son fétiche.
— Qu’est-ce que c’est que cela? demanda l’Altesse in-
triguée.
— La chemise que portait la belle Lélia, la nuit où
elle vous reçut chez elle.
Le prince se rnt à rire et dit simplement :
Vous êtes joué, mon cher... Sa chemise, dites-
vous?... Elle n’en avait pas!
Vous vous imaginez Ja tête que fit cet Anglais su-
perstitieux.
***
J’ai connu un autre joueur qui avait toujours sur lui
un corset ayant appartenu à sa maîtresse. Or, ledit
corset avait été donné par la belle à sa femme de cham-
bre, qui l’avait porté quelque temps avant de le vendre
à Tarnant en question. Et il paraît que ce corset-fétiche
portait chance à son propriétaire malgré cette souillure.
— peut-être même h cauce d’elle!
Mon avis est que ces prétendues mascottes ne sont
que des usurières. Je ne doute pas qu’tlles ne donnent
à leurs amis beaucoup de bonheur, mais elles le font
chèrement piyor. J’ai connu tant de fous qui se sont
ruinés — et d’aucuns qui se sont tués — pour les femmes
porte-bonheur!
Après tout, il n’y a que la foi qui sauve... ceux qu’elle
ne perd pas !
A. Lemonnier.