Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 60.1891

DOI issue:
Janvier
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0029
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
SOIXANTIÈME ANNEE

Prix du Numéro : 8 S centimes

JEUDI 8 JANVIER 1891


ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois.-. 18 fr.

Six mois . 36 —•

Un an. 72 —

Ces abonnements partent des ier et 16 de chaque mon

DIRECTION

Politique- Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Bue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fi?.

Six mois. 40 —

Un an. 80

L'abonnement d'un an donne droit à la prime grai&à

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la pubhçwi
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

Que c’est donc drôle à suivre, les évolutions des
partis !

Voilà maintenant les conservateurs qui depuis
dimanche s’évertuent à démontrer que le Sénat est
une institution a inutile et encombrante ».

Ce même Sénat, lorsqu'on discuta la Constitution
à Versailles, était donné, par ces mêmes conserva-
teurs, pour le rouage tutélaire et providentiel.

Il serait vraiment curieux de comparer les dé-
dains d’aujourd’hui et les enthousiasmes d’autrefois.
La reproduction des discours de la droite criant :
* Hors le Sénat, pis de salut, » fournirait, en la rap-
prochant des anathèmes actuels, une lecture parti-
culièr ment élifîante.

Il est vrai que, par contre, les républicains se sont
repris d’une belle tendresse pour ce même Sénat
conspué naguère par eux.

Qu’est-ce que tout cela prouve? Une vérité qui
n’est pas consolante, mais qui est indiscutable, hélas I
Cela prouve qu’en politique tout le monde conjugue
le verbe changer, que pour les partis dont je parlais
il n’y a pas de principes, mais seulement des expé-
dients, des opportunités et des manœuvres.

Reste à faire en sorte que manœuvres, opportu-
nités et expédients réussissent. C’est tantôt la raison
du plus fort, tantôt la raison du plus malin.

Malheureusement pour les monarchistes, ils
n’ont été ni malins ni forts depuis vingt ans. Plus ils
vont, plus ils s’empêtrent et s’annihilent.

Aux dernières élections sénatoriales, ils n’ont
presque plus compté. Ce dont ils sont marris. C’est
naturel. Et ils imitent la vieille tactique du renard
feignant de dédaigner les raisins.

On ne peut vraiment pas leur refuser cette déri-
soire consolation.

Autres commentaires, relatifs à l’élection deM.
Jules Ferry.

De part et d’autre, comme toujours, on s’emballe,
on se lance dans des hypothèses contradictoirement
excessives.

Un homme de la valeur de M. Ferry manquait au
Parlement. Il y rentre, rien de plus légitime. Mais
il y a loin de là à supposer que cette rentrée doive
immédiatement remettre M. Jules Ferry à la tête du
gouvernement.

Je le crois trop prudent pour avoir envie de se re-
placer en évidence avec une précipitation impru-
dente. On ne trouverait certainement pas à la Cham-
bre une majorité pour soutenir un cabinet Ferry en
ce moment. Il est, par conséquent, complètement
superflu de se livrer à des considérations transcen-
dantes sur l’influence qu’aurait un ministère Ferry,
puisque ce ministère est une supposition chimé-
rique.

Le nommé Mary-Raynaud est remplacé comme
député, mais non retrouvé comme filou.

On ne paraît, d’ailleurs, faire aucun effort pour
chercher sa piste.

Le fait est que la comparution du personnage sur
les bancs de la police correctionnelle ne serait pas
faite pour relever le prestige du suffrage universel,
qui l’avait honoré de ses prédilections.

, .-fr

.$ • ?

\

On se prépare à célébrer avec, une pompe excep-
tionnelle, au nom de la fédération catholique des
républiques américaines, le quatrième centenaire de
la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.

On annonce que le pape a approuvé le programme
de ces solennités, mais on ne dit pas que la canoni-
sation de Christophe Colomb soit encore décidée
pour cette fois.

Nous continuons à le regretter. Il aurait été cu-
rieux de voir l’Église expliquer comment un sim-
ple homme fut forcé de découvrir uu continent dont
le dieu Jésus-Christ avait complètement ignoré
l’existence.

Pierre Véron.

PROPOS DE FUMOIR

On s’est beaucoup occupé au cercle, ces jours-ci,
du procès Biré.

Le général compte chez nous quelques amis qui
étaient fort emballés et qui sont fort déçus mainte-
nant que sa demande en interdiction contre son
frère a été repoussée pour la seconde fois.

Mais ce n’est pas la question de personnalité qui
nous intéressait en général. Les conversations se
sont surtout inquiétées de ce terrible problème de la
folie, que les péripéties de cette dernière affaire
montrent plus obscur et plus insoluble que jamais.

Voilà un homme qu’on veut faire passer pour fou,
parce qu’il a envie d’épouser sa maîtresse. Sur ce
simple fait, les avis pourraient être partagés, les
chevaleresques persistant à y voir un acte de géné-
leuse réparation, les autres tenant pour une duperie
certaine.

Moi, je n’ai pas d’opinion, vu que tout dépend de
la personne au profit de qui l’on répare.

Mais ce qui me préoccupe bien autrement, c’est
de penser que ces bons messieurs auxquels on
donne le titre de savants sont, à l’endroit de la folie,
le plus partait modèle de l’iguorance crasse et de
l’impuissance prétentieuse.

Prenez-moi cette affaire Biré. C’est prodigieux
comme spécimen. Un premier tribunal hésite et re-
fuse l’interdiction. Là-dessus, trois hommes de Part
se mettent en branle et, avec des déductions lumi-
neuses succédant à des examens approfondis, ils
déclarent devant Dieu et devant les hommes que le
sujet est un parfait gâteux.

Mais, une minute l L’avocat de la partie adverse
invoque le témoignage de trois aliénistes non moins
éminents. —Tout le monde est éminent dans ce mé-
tier-là.

Les trois nouveaux augures, toujours après des
examens approfondis et avec des déductions lumi-
neuses, donnent leur parole d’honneur que jamais
le gâtisme n’a pénétré dans la cervelle de l’exploré,
cervelle aussi saine pour le moins que celle de mes-
sieurs les juges.

— N’est-ce pas épouvantable! tempêtait hier le
vieux baron de Z..., un de nos camarades. Personne
ne peut être sûr, avec ces incohérences médicales,
de ne pas être fourré dans une maison de fous la
semaine prochaine. C’est une question de pile ou
face. Ainsi, moi, j’ai un scélérat de neveu qui guette
mon héritage. Si demain, pour aller plus vite, l’idée
lui venait de me faire déclarer ramolli pour m’insé-
rer dans une maison de santé, il trouverait immé-
diatement, pour peu qu’il y mît le prix, des experts
en toquade qui donneraient le « bon à coffrer »...

Et il n’avait pas tout à fait tort, ce brave baron
de Z... Nous sommes presque tous exposés à ces
risques de séquestration.

Rien ne nous en garantit, du moment où les mé-
decins disent à volonté noir et blanc sur l’état de nos
lobes.

Quelle belle chose que la science 1 Et comment
l’ignorance pourrait-elle être plus malfaisante?

Un Monsieur du Club,

ALCOOLISME ET PAPAUTÉ

Un amour de fait-divers. Je vous le donne tel que
je l’ai trouvé. Savourez :

« Les Chartreux viennent d’envoyer au pape une
somme énorme destinée à combler le déficit du de-
nier de saint Pierre et trente caisses de liqueurs fa-
briquées spécialement pour Léon XIII.

» L’eau-de-vie employée est tellement ancienne
que, vendue, la liqueur coûterait au moins le triple
du prix usuel. »

C’est de l’admiration en deux parties que l’on
éprouve en présence de cette révélation exquise.

On demeure d’abord tout stupéfait devant les
trente caisses expédiées pour un pape seul. Et pour
un pape plus que septuagénaire.

Trente caisses de liqueur! Ce serait à faire croire
que Léon XIII cultive la dive bouteille.

A moins que ce ne soient les cardinaux qui se
chargent de vider les flacons.

Venons maintenant à la forte somme expédiée pav
les liquoristes bénits.

Il s’agit, d’après la nouvelle, de combler le déficit
du denier de Saint-Pierre. Tiens, tiens! Il se ralentit
donc, le courage à la poche des pieux souscripteurs?

On nous laissait croire que leur ardeur était tou-
jours la même. O désillusion I

Voilà que le pauvre denier en est réduit à accepter
la subvention des cabinets particuliers, l’offrande
indirecte des soupeurs et des soupeuses, des noceurs
et des noceuses.
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen