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Le charivari — 60.1891

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Janvier
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Prix du Numéro S 25 centimes

MARDI 13 JANVIER 1891

SOIXANTIÈME ANNÉE

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique

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Politique. Littéraire et Artistique

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ADOLPHE EW1G, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

Les souscripteurs dont l’abonnement ex-
pire le 15 Janvier sont priés de le renou-
veler immédiatement s’ils ne veulent pas
éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal.

BULLETIN POLITIQUE

Les monarchistes ayant été battus à plate
couture dans les élections sénatoriales, la Ga-
lette de France a naturellement trouvé que
c’était le moment propice pour faire une réclame
à la monarchie.

Et elle s’est remise à crier :

— Dieu la veut!... Dieu la veut!

On dirait une gageure mystificatrice.

La Gazette ne se dissimule pas que la réaction
patauge jusqu’au cou; mais elle cherche à expli-
quer le pataugement à sa façon.

« La désorganisation* dit-elle, qu’a produite
dans les rangs conservateurs la fausse manœuvré
boulangiste va-t-elle s’aggraver, ou bien se déci-
dera-t-on à reconnaître que si les forces conser-
vatrices sont disjointes, la faute en remonte au
manque absolu de direction dont souffre notre
parti?

» Croit-on que l’on aurait vu se produire ces
tentatives de Droite constitutionnelle et de Droite
catholique, acceptant comme base d’opérations
le terrain républicain, si l’on n’avait pas fatigué
les esprits et découragé les dévouements, en
renonçant à toute affirmation et à toute action
monarchique?

» Où prétend-on en arriver en traffidüt le parti
monarchique dans des manœuvres aussi mal
combinées que mal dirigées ? »

Jusque-Ici le gémissement de la Gazette reste
dans la limite des douleurs légitimes.

Elle jette à la tête de son prétendant un tas de
pavés de l’ours. On n’a pas à l’en empêcher.

Constatons au contraire que, d’après elle, ce
prétendant laisse les forces conservatrices se dis-
joindre, qu’il fatigue les esprits, décourage les
dévouements ; que, par sa faute, son parti
manque absolument de direction.

Impossible de faire un réquisitoire plus cruel.
Nous n’avons pas à protester.

Mais où la Gazette devient folichonne, c’est
quand, se retournant du coté de la démocratie,
elle dit :

« Ne voit-on pas que le pays, dans son ensem-
ble, n’a ni sympathie pour la République, nicon-
liance dans ses programmes et son personnel; en
dehors des agents administratifs et des routiniers
qui, par tempérament, votent toujours pour le
gouvernement, quel qu’il soit, que reste-t-il à la
République pour la défendre et la soutenir ?

CHARIVAR

■.. ■!HI'THT'IT1H in ..—

» Et c’est dans ces conditions que l’on s’efface,
que l’on se tait, que l’on laisse se constituer en
dehors de la monarchie des groupements conser-
vateurs dont rinfiuence n’est pas bien redou-
table, mais dont les manifestations bruyantes, les
agissements équivoques troublent et déconcer-
tent l’opinion publique. »

La République n’a pas de sympathies?;:. Et à
chaque vote elle gagne du terrain.

Que lui reste-t-il pour se défendre ?... Oh! mon
Dieu,presque rien...L’assentimentd’une majorité
toujours croissante, le concours de tout un per-
sonnel façonné par vingt ans de pratique, le res-
pect de l’Europe.

Une bagatelle, comme vous voyez.

En conséquence, la Gazette conclut :

« On peut prévoir l’instant où, sous une forme
quelconque, l’opinion .publique soulevée, manifes-
tera sa colère et son indignation. »

Elle prévoit, malheureusement, cet instant de-
puis 1871... Et l’instant ne vient pas.

De même, la Gazette passa tout le règne de
LOUis-Philippe et tout l’Empire à prévoir l’instant
où la France rappellerait avec enthousiasme
Henri V, — qui est mort en exil.

Ces précédents devraient dégoûter du métier
de prophète ces Mathieu Lænsberg.

Ils devraient être d’autant plus dégoûtés que,
d’après leur propre aveu, le monarque lui-même
fait faux bond à la monarchie.

N’est-ce pas le sens de ce sanglot final :

« Ali! nous Voudrions que ceux que la Provi-
dence a désignés pour ce rôle naturel de restau-
rateurs de la grandeur française et des libertés
publiques puissent bien se persuader que l’heure
de l’action est plus prochaine qu’ils ne pensent et
que, le pays étant prêt à rejeter les gouvernants
actuels, ils lie doivent rien négliger pour se trou-
ver, eux aussi, prêts à prendre la tête du mouve-
ment et à le diriger vers la solution nécessaire. »
Gazette infortunée!;;. Mais si ton prince n’est
prêt à rien diriger, s’il ne veut pas jouer le rôle
providentiel, s’il se dérobe à l’heure de l’action,
pourquoi diable te trémousses-tu tant?

Pourquoi persistes-tu â être plus royaliste que
ton roi?

Pierre Véron.

HEUREUSES MOUUES!

O h! oui, heureuses...

Je ne connais guère que les contribuables qui,
au point de Vue de la félicité, — pour ne parler
que de ce point de Vüe-lâ, — puissent leur être
comparés. Et encore!

Les contribuables ont été de tout temps mis en
coupe réglée. Contribuer étant leur fonction, ils
manqueraient à tous leurs devoirs s’ils n’y pre-
naient un plaisir extrême. Mais tout bonheur,

même celui d’être tondu, s’atténue par la conti-
nuité. Une jouissance ininterrompue... Vous con-
naissez l’histoire du pâté d’anguille !

Les moules — les vraies, celles qui sont non
pas bipèdes, mais bivalves — ont, sur les contri-
buables, cet avantage inappréciable d’avoir eu
du malheur; ce qui leur permet maintenant de
goûter le changement, d’être heureuses par com-
paraison et en connaissance de cause, — c’est-à-
dire doublement heureuses.

Jusqu’à ce jour, en effet, elles avaient eu, dans
leur carrière de comestible, des intermittences
humiliantes. On ne pouvait les pêcher qu’à cer-
taines époques, les livrer à la consommation que
sous certaines réserves.

Cela n’était pas pour leur donner du prestige;
bien au contraire!

Enfin Malherbe... Barbey vint. Il mit son nom
de ministre de la marine au bas d’un rapport
adressé au Président de la République, et depuis
le 1er janvier de l’an de réhabilitation 1891, mes-
dames les moules ont le droit de jubiler comme
de petites foliés.

On peut, en effet, les cueillir, les vendre — et
les croquer — d’un bout de l’année à l’autre.

Le papier signé Barbey leur a délivré un brevet
d’innocuité, équivalant à un certificat de bonne
vie et mœurs, et un permis de circuler valablr
en toute saison.

Tant de liberté accordée à de simples mollus-
ques! Le fait est capable d’éveiller la jalousie de
Mme Astié de Valsayre et de sa bande féminine,
capable aussi de faire jeter les hauts cris aux
congrégations chères à M. Freppel. Je tremble
de les entendre vociférer :

— Il faut étrangler la gueuse, qui semble
prendre comme devise ces mots : « Tout pour les
moules! »

Il est vrai que M. le ministre de la marine a
montré, pour cette espèce aussi dénuée de tête
que de vertèbres, une sympathie qui peut paraître
exclusive. Son rapport a les allures d’un pané-
gyrique, et je ne serais pas étonné d’apprendre
demain que, fort de ce chef-d’œuvre, M. Barbey
va disputer au présomptueux Aicard le fauteuil
académique d’Octave Feuillet.

Ecoutez-le chanter :

« La myticulture est dans un état si florissant
qu’elle peut se passer de toute réglementation
protectrice. »

Pour ça, oui! La moule s’épanouit...

Que c’esl comine un bouquet de fleurs 1

Quant à sa réputation d’empoisonneuse, vous
savez, c’est un bruit que les huîtres ont fait cou-
rir. Nous avons là-dessus la parole du ministre
de la myticulture : « Les accidents causés par
l’ingestion des moules sont excessivement rares. »

Et, non moins content de son plaidoyer que de
ses clientes, M. Barbey déclare triomphalement
que « le moment est Venu de débarrasser le com-
merce des moules de toute entrave ».

Les moules débarrassées... Voilà un acte glo-
rieux et qui devra être compté à la République!

Il ne serait que juste d’en perpétuer le souvenir
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