LE CHARIVARI
f
lent les hystériques et les aliénées peuvent être
mutilées et mordues par ces furieuses incons-
cientes.
Il en est qui se sont vouées à l’éducation des
petits idiots; elles sont admirables de sollicitude
vraiment maternelle.
Venez donc nous conter ensuite que les cou-
vents sont les seules fabriques de charité sans
succursales.
C’est un témoin impossible à récuser qui se
chargera de vous répondre.
Ce témoin est M. Charcot, le médecin en chef
de la Salpêtrière.
Au cours de la cérémonie dont nous parlons,
M. Charcot prit la parole.
Et voici comment il s’est exprimé :
« Je n’hésite pas à le dire, et mieux je tiens à
déclarer hautement, à proclamer publiquement,
après vous avoir connue comme je vous connais,
que, à mon avis, ceux qui viennent prétendre que
les surveillantes laïques des hôpitaux sont inca-
pables de montrer, dans l’exercice de leurs fonc-
tions, ce dévouement absolu, ce désintéressement
sans bornes, ces qualités morales quintessenciées,
en un mot, dont le monopole appartiendrait, sui-
vant eux, aux surveillantes de l’autre système,
ceux-là, dis-je, se trompent ou ils trompent les
autres. »
La sincère loyauté de ce langage ne manquera
pas de lui attirer des injures pieuses.
Mais ce qu’on ne saurait démentir, ce sont les
faits, d’une évidence criante.
On vous déhe, champions du cléricalisme, on
vous défie de trouver parmi vos premiers sujets
une femme qui ait été plus irréprochablement es-
clave du devoir, plus noblement fidèle à sa mis-
sion de douleur que Mlle Bottard.
Et son cas n’est point isolé.
A la Salpêtrière même, on vous en nommerait
dix, vingt qui se signalent par les mêmes actes de
philanthropie désintéressée.
Laissez-nous donc tranquilles, une fois pour
toutes, avec vos réclames tapageuses qui rappel-
lent les boniments des faiseurs, où l’on crie au
public :
« Le seul cacao sans mélange est le cacao
Trois-Etoiles ! »
L’habit ne fait pas le dévouement.
Paul Girard.
Alors pourquoi enlever à la nature ses aides
naturels?
« Logiquet. »
« Messieurs, vous vous plaignez de rencontrer,
de par le monde, des criminels, et d’être obligés
de construire à grands frais des prisons pour les
mettre dedans.
» Si vous voulez supprimer les criminels, c’est
bien simple : supprimez les crimes; et, pour sup-
primer les crimes, supprimez la loi, car c’est elle
qui fait les crimes. Vous connaissez l’axiome de
droit : « Tout ce qui n’est pas défendu est per-
mis. »
» Eouinardet. »
« On se plaint, non sans raison, des procès ci-
vils, qui sont une des plaies de l’époque ! Mais
qui est-ce qui fait les procès? Les plaideurs,
dites-vous. D’accord; mais à quel moment un
homme devient-il plaideur ? Lorsqu’il est devant
un juge. Donc, supprimez les juges, il n’y aura
plus de plaideurs, et, par suite, de procès.
» Cujas, arrière-petit-neveu. »
« Messieurs, si vous voulez supprimer d’un
seul coup tout ce qu’il y a de mauvais sur terre,
supprimez l’homme.
» Un élève de Schopenhauer. »
A la suite des réponses fournies par ce referen-
dum, les pétitionnaires ont rédigé leur projet de
loi dans ce sens.
Il n’est pas établi bien nettement, mais les
Chambres peuvent l’adopter tout de même. —
N’ont-elles pas toujours derrière elles la cour de
cassation pour légiférer, lorsque personne ne
comprend rien aux lois qu’elles votent?
André Laroche.
(jUKtN OLET véritable, COINTRE AU d’ANGERS
Moutarde GREY-POUPON. Méd. d’Or, PaRIS 1 m
frA¥Ê§) de !F@ÇUS) de Strasbourg
WEISSENTHANNER, Fabricant, à NANCY (Meurthe-fc-Moselle)
SM VOIS IMMEDIATS à DOMICILE oar COLIS-POSTALou GRANDE VITESSE
Actuellement, on n’a que la ressource d’acheter
un sou de marrons pour se procurer un poêle porta
tif ; mais ça salit les gants. Tandis qu’avec le petit
appareil en question, ce serait infiniment plus corn
mode ; on mettrait un sou dans la rainure, et on ob-
tiendrait pour cinq centimes de chaleur.
Ça vaudrait mieux que de souffler dans ses mains
ou d’imiter ce duelliste, sous la Restauration qui
flanquait des gifles à tous les passants et expliquait*
— C’est pour me réchauffer les doigts !
Il y a des savants qui ont des loisirs.
En voici un qui s’est amusé (?) à compter les fa-
cettes de l’organe visuel des insectes.
Avez-vous jamais regardé une mouche dans 1?
blanc des yeux? Non. Eh bien, c’est très curieux
Elle possède 4,000 facettes.
Ce n’est encore rien ; l’œil de la libellule en a 20 000
et celui de la « morçlella » 25,000, — pas une de plus
pas une de moins. L ' ’
Le savant en question les a comptées ; maintenant
si on veut vérifier...
Voilà une profession qui remplacerait avantageu-
sement celle de noircisseur de verres pour éclipse •
Compteur de facettes d’œil de fourmi!
On a trouvé, dans le lit du Rhône, un chêne de quinze
siècles.
Comment a-t-on su au juste l’àge de ce vénérable
patriarche? Avait-il ses papiers sur lui?
N’importe! les savants affirment qu’il n’y a pas
d’erreur possible. " 1
Et puis, comme disait un riverain, l’autre année
on a trouvé dans la Saône un arbre de dix siècles-
dans le Rhône, il doit avoir au moins cinq cents ans
de plus.
Lu dans une chronique du high-life : v
«Vu la rigueur de la température, il est admis i
pour un élégant de se promener sans façons, les
mains dans ses poches. »
Dame! à moins de les mettre dans celles du voisin,
je ne vois pas ce qu’il en ferait par cette tempéra-
ture.
Un monsieur est en tournée de charité chez une de
nos aimables dégrafées.
La petite s’excuse.
— Je n’ai pas d’argent, dit-elle.
— Qu’à cela ne tienne, répond le visiteur distrait;
les pauvres acceptent aussi les dons en nature.
SUPPRESSIONS NÉCESSAIRES
Allons, bon! c’était prévu; voici qu’on se met à
interviewer les sages-femmes.
Très haut cotée actuellement, l’interview de ces
matrones.
Plusieurs d’entre elles se sont épanchées et
quelques-unes ont indiqué le remède à suivre,
selon e,lles, pour faire avorter... les avortements.
Ce serait de supprimer les sages-femmes, — non
pas toutes, naturellement, mais les concurrentes.
Enfin, on s’arrangera comme on pourra; le prin-
cipe est posé, c’est là l’essentiel.
Du reste, nous savons que cette idée a fait son
chemin, comme toute idée née viable.
La solution ci-dessus indiquée serait applicable
non seulement pour le cas spécial dont il s’agit,
mais encore pour la suppression de tous les abus
qui désolent l’humanité.
Aussi des esprits généreux se proposent-ils de
présenter prochainement aux Chambres, par voie
de pétition, un projet de loi sévère.
Avant de formuler par article leur petit essai
législatif, ils se sont livrés à un referendum plein
d’entrain, et c’est le résultat de cet exercice qu’ils
ont bien voulu nous transmettre.
Voici donc les diverses suppressions à opérer :
« Dans beaucoup de cas, ce n’est pas la maladie
qui supprime le malade, — c’est le médecin.
» Comment supprimer ce dernier danger? C’est
bien simple : en supprimant le médecin.
» Duranflard. »
« Oui, mais pour supprimer la maladie, je ne
vois qu’un moyen : c’est de supprimer le malade.
CHRONIQUE DU JOUR
Il paraît que nous ne savons pas tirer bon parti, au
point de vue décoratif, des statues de grands hom-
mes que nous possédons.
Ainsi nous avons la fâcheuse habitude de les plan-
ter chacune au milieu d’une place où elles semblent
s’embêter toutes seules, à trois francs l’heure,
comme dit Boireau.
Si, au contraire, on les groupait ingénieusement,
elles n’auraient plus l’air d’être en pénitence. —
Même, on pourrait leur faire figurer un quadrille; ce
serait gai à l’œil.
Une autre observation du même professeur d’es-
thétique :
Au lieu de poser le piédestal dans un sable aride,
pourquoi ne pas faire émerger la statue de touffes
de roses ou de verveines? « Au printemps, les par-
fums des fleurs sembleraient se dégager delà statue
elle-même, » dit-il lyriquement.
A recommander pour la prochaine statue qu’on
élèvera... à un parfume'.ir.
On vient déjuger un homme qui était accusé d’a-
voir dévoré le’nez d’un malheureux passant.
Au cours des débats, le prévenu a avoué qu’il fai-
sait partie d’une bande.
Ces spécialistes, paraît-il, ne se servent ni de re-
volver ni de poignard; ils opèrent avec leurs dents.
Vous voyez d’ici le joli titre de roman-feuilleton :
Les Mangeurs de nez.
Quoi qu’il en soit, dit un journal, on n’a pas pu sa-
voir au juste quel mobile a fait agir le prévenu.
Espérons qu’en arrêtant les autres membres, on
finira par savoir si la justice a affaire à de vulgaires
criminels ou à de simples gourmets.
A quand l’installation, dans les rues, de petits bra-
seros automatiques pour se chauffer les mains ?
X..., en voulant risquer une glissade, tombe lour-
dement sur le front.
— Pauvre ami, dit quelqu’un en le relevant, vous
n’avez décidément pas la bosse du patinage.
— Sapristi! soupire X... en montrant da partie
tuméfiée, qu’est-ce que c’est donc que ça?
On parlait de Florinard, l’homme le plus incons-
tant du monde.
— Vous savez... il n’est plus avec Mme Z...
— Comment! Il n’y a pas huit jours, je les ai ren-
contrés au théâtre. IÏ la dévorait encore des yeux!
— Précisément; il en aura eu une indigestion.
Jules Demolliens.
--^--
BOURSE-EXPRESS
La liquidation de quinzaine, qui commence demain
jeudi, n’aura pas de peine à se faire dans de bonnes
conditions. L’abondance des capitaux n’est un secret
pour personne, puisque le Trésor rend 85 0/0 de l’ar-
gent qu’il a reçu pour l’Emprunt. Or, il a encaissé
2,340 millions. Il a donc restitué environ 2 milliards,
à une douzaine de millions près;—mais ne comptons
pas avec ces bagatelles.
Deux milliards, c’est vingt fois plus qu’il n’en faut
pour proroger les engagements pris sur les valeurs
soumises à la liquidation bimensuelle. D’autant plus
qu’ils n’ont pas été nombreux, ces engagements,
en ce demi-mois qui sera connu dans l’histoire
sous le nom de « quinzaine de l’Emprunt ».
Néanmoins, les capitaux manifestent des inten-
tions chères. Je crois qu’il leur faudra en rabattre, et
pas mal. Des reports aussi coûteux que ceux des *
deux derniers règlements de comptes, — vous vous
y habitueriez trop facilement, mes petits pères !
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — Alcan-Lévy, imprimeur breveté, 24, rue Chauchat.
f
lent les hystériques et les aliénées peuvent être
mutilées et mordues par ces furieuses incons-
cientes.
Il en est qui se sont vouées à l’éducation des
petits idiots; elles sont admirables de sollicitude
vraiment maternelle.
Venez donc nous conter ensuite que les cou-
vents sont les seules fabriques de charité sans
succursales.
C’est un témoin impossible à récuser qui se
chargera de vous répondre.
Ce témoin est M. Charcot, le médecin en chef
de la Salpêtrière.
Au cours de la cérémonie dont nous parlons,
M. Charcot prit la parole.
Et voici comment il s’est exprimé :
« Je n’hésite pas à le dire, et mieux je tiens à
déclarer hautement, à proclamer publiquement,
après vous avoir connue comme je vous connais,
que, à mon avis, ceux qui viennent prétendre que
les surveillantes laïques des hôpitaux sont inca-
pables de montrer, dans l’exercice de leurs fonc-
tions, ce dévouement absolu, ce désintéressement
sans bornes, ces qualités morales quintessenciées,
en un mot, dont le monopole appartiendrait, sui-
vant eux, aux surveillantes de l’autre système,
ceux-là, dis-je, se trompent ou ils trompent les
autres. »
La sincère loyauté de ce langage ne manquera
pas de lui attirer des injures pieuses.
Mais ce qu’on ne saurait démentir, ce sont les
faits, d’une évidence criante.
On vous déhe, champions du cléricalisme, on
vous défie de trouver parmi vos premiers sujets
une femme qui ait été plus irréprochablement es-
clave du devoir, plus noblement fidèle à sa mis-
sion de douleur que Mlle Bottard.
Et son cas n’est point isolé.
A la Salpêtrière même, on vous en nommerait
dix, vingt qui se signalent par les mêmes actes de
philanthropie désintéressée.
Laissez-nous donc tranquilles, une fois pour
toutes, avec vos réclames tapageuses qui rappel-
lent les boniments des faiseurs, où l’on crie au
public :
« Le seul cacao sans mélange est le cacao
Trois-Etoiles ! »
L’habit ne fait pas le dévouement.
Paul Girard.
Alors pourquoi enlever à la nature ses aides
naturels?
« Logiquet. »
« Messieurs, vous vous plaignez de rencontrer,
de par le monde, des criminels, et d’être obligés
de construire à grands frais des prisons pour les
mettre dedans.
» Si vous voulez supprimer les criminels, c’est
bien simple : supprimez les crimes; et, pour sup-
primer les crimes, supprimez la loi, car c’est elle
qui fait les crimes. Vous connaissez l’axiome de
droit : « Tout ce qui n’est pas défendu est per-
mis. »
» Eouinardet. »
« On se plaint, non sans raison, des procès ci-
vils, qui sont une des plaies de l’époque ! Mais
qui est-ce qui fait les procès? Les plaideurs,
dites-vous. D’accord; mais à quel moment un
homme devient-il plaideur ? Lorsqu’il est devant
un juge. Donc, supprimez les juges, il n’y aura
plus de plaideurs, et, par suite, de procès.
» Cujas, arrière-petit-neveu. »
« Messieurs, si vous voulez supprimer d’un
seul coup tout ce qu’il y a de mauvais sur terre,
supprimez l’homme.
» Un élève de Schopenhauer. »
A la suite des réponses fournies par ce referen-
dum, les pétitionnaires ont rédigé leur projet de
loi dans ce sens.
Il n’est pas établi bien nettement, mais les
Chambres peuvent l’adopter tout de même. —
N’ont-elles pas toujours derrière elles la cour de
cassation pour légiférer, lorsque personne ne
comprend rien aux lois qu’elles votent?
André Laroche.
(jUKtN OLET véritable, COINTRE AU d’ANGERS
Moutarde GREY-POUPON. Méd. d’Or, PaRIS 1 m
frA¥Ê§) de !F@ÇUS) de Strasbourg
WEISSENTHANNER, Fabricant, à NANCY (Meurthe-fc-Moselle)
SM VOIS IMMEDIATS à DOMICILE oar COLIS-POSTALou GRANDE VITESSE
Actuellement, on n’a que la ressource d’acheter
un sou de marrons pour se procurer un poêle porta
tif ; mais ça salit les gants. Tandis qu’avec le petit
appareil en question, ce serait infiniment plus corn
mode ; on mettrait un sou dans la rainure, et on ob-
tiendrait pour cinq centimes de chaleur.
Ça vaudrait mieux que de souffler dans ses mains
ou d’imiter ce duelliste, sous la Restauration qui
flanquait des gifles à tous les passants et expliquait*
— C’est pour me réchauffer les doigts !
Il y a des savants qui ont des loisirs.
En voici un qui s’est amusé (?) à compter les fa-
cettes de l’organe visuel des insectes.
Avez-vous jamais regardé une mouche dans 1?
blanc des yeux? Non. Eh bien, c’est très curieux
Elle possède 4,000 facettes.
Ce n’est encore rien ; l’œil de la libellule en a 20 000
et celui de la « morçlella » 25,000, — pas une de plus
pas une de moins. L ' ’
Le savant en question les a comptées ; maintenant
si on veut vérifier...
Voilà une profession qui remplacerait avantageu-
sement celle de noircisseur de verres pour éclipse •
Compteur de facettes d’œil de fourmi!
On a trouvé, dans le lit du Rhône, un chêne de quinze
siècles.
Comment a-t-on su au juste l’àge de ce vénérable
patriarche? Avait-il ses papiers sur lui?
N’importe! les savants affirment qu’il n’y a pas
d’erreur possible. " 1
Et puis, comme disait un riverain, l’autre année
on a trouvé dans la Saône un arbre de dix siècles-
dans le Rhône, il doit avoir au moins cinq cents ans
de plus.
Lu dans une chronique du high-life : v
«Vu la rigueur de la température, il est admis i
pour un élégant de se promener sans façons, les
mains dans ses poches. »
Dame! à moins de les mettre dans celles du voisin,
je ne vois pas ce qu’il en ferait par cette tempéra-
ture.
Un monsieur est en tournée de charité chez une de
nos aimables dégrafées.
La petite s’excuse.
— Je n’ai pas d’argent, dit-elle.
— Qu’à cela ne tienne, répond le visiteur distrait;
les pauvres acceptent aussi les dons en nature.
SUPPRESSIONS NÉCESSAIRES
Allons, bon! c’était prévu; voici qu’on se met à
interviewer les sages-femmes.
Très haut cotée actuellement, l’interview de ces
matrones.
Plusieurs d’entre elles se sont épanchées et
quelques-unes ont indiqué le remède à suivre,
selon e,lles, pour faire avorter... les avortements.
Ce serait de supprimer les sages-femmes, — non
pas toutes, naturellement, mais les concurrentes.
Enfin, on s’arrangera comme on pourra; le prin-
cipe est posé, c’est là l’essentiel.
Du reste, nous savons que cette idée a fait son
chemin, comme toute idée née viable.
La solution ci-dessus indiquée serait applicable
non seulement pour le cas spécial dont il s’agit,
mais encore pour la suppression de tous les abus
qui désolent l’humanité.
Aussi des esprits généreux se proposent-ils de
présenter prochainement aux Chambres, par voie
de pétition, un projet de loi sévère.
Avant de formuler par article leur petit essai
législatif, ils se sont livrés à un referendum plein
d’entrain, et c’est le résultat de cet exercice qu’ils
ont bien voulu nous transmettre.
Voici donc les diverses suppressions à opérer :
« Dans beaucoup de cas, ce n’est pas la maladie
qui supprime le malade, — c’est le médecin.
» Comment supprimer ce dernier danger? C’est
bien simple : en supprimant le médecin.
» Duranflard. »
« Oui, mais pour supprimer la maladie, je ne
vois qu’un moyen : c’est de supprimer le malade.
CHRONIQUE DU JOUR
Il paraît que nous ne savons pas tirer bon parti, au
point de vue décoratif, des statues de grands hom-
mes que nous possédons.
Ainsi nous avons la fâcheuse habitude de les plan-
ter chacune au milieu d’une place où elles semblent
s’embêter toutes seules, à trois francs l’heure,
comme dit Boireau.
Si, au contraire, on les groupait ingénieusement,
elles n’auraient plus l’air d’être en pénitence. —
Même, on pourrait leur faire figurer un quadrille; ce
serait gai à l’œil.
Une autre observation du même professeur d’es-
thétique :
Au lieu de poser le piédestal dans un sable aride,
pourquoi ne pas faire émerger la statue de touffes
de roses ou de verveines? « Au printemps, les par-
fums des fleurs sembleraient se dégager delà statue
elle-même, » dit-il lyriquement.
A recommander pour la prochaine statue qu’on
élèvera... à un parfume'.ir.
On vient déjuger un homme qui était accusé d’a-
voir dévoré le’nez d’un malheureux passant.
Au cours des débats, le prévenu a avoué qu’il fai-
sait partie d’une bande.
Ces spécialistes, paraît-il, ne se servent ni de re-
volver ni de poignard; ils opèrent avec leurs dents.
Vous voyez d’ici le joli titre de roman-feuilleton :
Les Mangeurs de nez.
Quoi qu’il en soit, dit un journal, on n’a pas pu sa-
voir au juste quel mobile a fait agir le prévenu.
Espérons qu’en arrêtant les autres membres, on
finira par savoir si la justice a affaire à de vulgaires
criminels ou à de simples gourmets.
A quand l’installation, dans les rues, de petits bra-
seros automatiques pour se chauffer les mains ?
X..., en voulant risquer une glissade, tombe lour-
dement sur le front.
— Pauvre ami, dit quelqu’un en le relevant, vous
n’avez décidément pas la bosse du patinage.
— Sapristi! soupire X... en montrant da partie
tuméfiée, qu’est-ce que c’est donc que ça?
On parlait de Florinard, l’homme le plus incons-
tant du monde.
— Vous savez... il n’est plus avec Mme Z...
— Comment! Il n’y a pas huit jours, je les ai ren-
contrés au théâtre. IÏ la dévorait encore des yeux!
— Précisément; il en aura eu une indigestion.
Jules Demolliens.
--^--
BOURSE-EXPRESS
La liquidation de quinzaine, qui commence demain
jeudi, n’aura pas de peine à se faire dans de bonnes
conditions. L’abondance des capitaux n’est un secret
pour personne, puisque le Trésor rend 85 0/0 de l’ar-
gent qu’il a reçu pour l’Emprunt. Or, il a encaissé
2,340 millions. Il a donc restitué environ 2 milliards,
à une douzaine de millions près;—mais ne comptons
pas avec ces bagatelles.
Deux milliards, c’est vingt fois plus qu’il n’en faut
pour proroger les engagements pris sur les valeurs
soumises à la liquidation bimensuelle. D’autant plus
qu’ils n’ont pas été nombreux, ces engagements,
en ce demi-mois qui sera connu dans l’histoire
sous le nom de « quinzaine de l’Emprunt ».
Néanmoins, les capitaux manifestent des inten-
tions chères. Je crois qu’il leur faudra en rabattre, et
pas mal. Des reports aussi coûteux que ceux des *
deux derniers règlements de comptes, — vous vous
y habitueriez trop facilement, mes petits pères !
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.
Paris. — Alcan-Lévy, imprimeur breveté, 24, rue Chauchat.