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Le charivari — 60.1891

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Janvier
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SOIXANTIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 95 centimes

SAMEDI 17 JANVIER 1891

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 (r.

Six mois. 30 —

Un an. ~2 —

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIEU R E V É U 01\

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’aDMINISI RATION

Rue de la Victoire, 20

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Trois mois. 20 fr.

Six mois. .- 40 —

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DIRECTION

Poli tique. Littéraire et Artistique
PIEU RE VÉRON

Rédacteur eu Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

C’est un ennui mortel qui suinte de la politique
pour le moment. Les journaux sont vides comme
un discours d’académicien.

A défaut de sujets à traiter, on retartinë sur le
désarmement problématique, chimérique et pas
du tout pratique, qui a inspiré une brochure à
M. Deroulède.

Tout a été dit théoriquement là-dessus, et
M. Deroulède a tort de s’échauffer sans raison.

Le jour où le désarmement serait proposé d’une
façon officielle, il serait temps de regarder ce
qu’il y a derrière. Pour le quart d’heure, ces dis-
sertations oiseuses ne sont bonnes qu’à effarou-
cher le crédit, alarmer le commerce et troubler
les esprits, qui sont par hasard chez nous dispo-
sés au calme le plus complet.

Mais il faut croire que ce calme a le don d’aga-
cer particulièrement certains tempéraments.

A preuve les bruits vagues de révision qui re-
commencent à circuler aussi.

Le vénérable M. de Gasté s’en est fait l’écho
dans sa petite harangue de l’autre jour, comme
s’il tenait à faire dire de faïeul ce qu’on a dit de
l’enfant : Cet âge est sans pitié.

Et, à ce propos, nous ouvrirons une parenthèse.

D’où peut venir cet absurde usage qui autorise
un monsieur, uniquement parce qu’il est né plus
tôt que les autres, à leur faire subir tous les ans
une harangue incohérente autant que superflue?

Ce privilège de l’âge va d’abord contre son but,
car il risque d’exposer aux critiques et aux lazzis
la vieillesse, qu’on doit entourer dé respect. Il
peut avoir aussi des conséquences graves.

Supposez un énergumène se livrant ce j.our-lâ à
des déclamations internationales capables d’en-
traîner des complications diplomatiques.

Il serait donc urgent d’introduire au plus tôt
dans le règlement de nos Assemblées un nouvel
article disant que le président d’âge, uniquement
institué ppur procéder aux formalités légales, ne
pourra plus abuser de cette occasion pour infliger
à autrui d’affligeantes rhétoriques.

Je ferme la parenthèse et je reviens à la révi-
sion.

Il paraît qu’elle n’a pas pour champion queM. de
Gasté. M. Victor Leydet, député d’Aix, voudrait
aussi un petit voyage à Versailles.

M. Leydet désirerait ce déplacement pour pou-
voir soumettre à ses collègues un petit modèle de
Constitution dont il est l’auteur.

Nous ignorons ce que peut bien contenir la
Constitution Leydet et il serait superflu de nous
en préoccuper, car jamais les idées ne furent
moins révisionnistes qii’aujourd’hui.

Tout cela est bien maigre.

Je ne peux pourtant pas, comme intermède ré-

créatif, vous offrir le débat que, pour la troisième
ou la quatrième fois, M. de Bauffremont ressus-
cite à propos de la charge de Sedan.

Nous ne comprenons pas très bien pourquoi
on se dispute l’honneur d’avoir commandé cette
charge, comme si elle avait décidé d’une vic-
toire.

Elle fut héroïque, elle fut admirable. Cela, nul
ne le conteste. Ceux qui y prirent part exposè-
rent leur vie avec une folle sublime.

Mais, hélas! cet effort glorieux n’était-il pas un
effort inutile? Et, par conséquent, si l’ordre de-
vait avoir pour effet de sacrifier sans résultat
possible des centaines de braves, martyrs du pa-
triotisme, n’y eut-il pas plus de mérite à l’exécu-
ter qu’à le donner?

Pierre Véron.

VOLTAIRE AUX OUBLIETTES

Il est question, paraît-il, de déplacer la statue
de Voltaire qui s’élève au quai Malaquais. Elle
serait transportée sur le côté gauche du Pan-
théon, où elle ferait pendant à celle de Jean-Jac-
ques Rousseau.

On se serait avisé — un peu tard — que les pro-
portions de la statue ne sont pas en harmonie
avec l’Institut et les maisons qui l’entourent.

Là-dessus, Y Univers de s’écrier : « Nous pro-
posons, nous, qu’on ne se contente pas seulement
de déplacer Voltaire, ce qui rendrait plus propre
le quai Malaquais, pour salir les alentours du
Panthéon, mais qu’on le jette aux oubliettes dé-
finitivement. »

La feuille dévote ne dit pas toute sa pensée. On
pourrait remplacer la statue de Voltaire par celle
de feu Louis Veuillot. On mettrait celle de Benoît
Labre, de pouillarde mémoire, de l’autre côté de
l’Institut, pour faire le pendant. Alors le quai
Malaquais serait d’une propreté irréprochable.

Malheureusement, personne ne pense à ce
projet mirifique, sauf dans les bureaux de Y Uni-
vers, et ce n’est pas pour Voltaire que sont les
oubliettes.

Il faut avouer que ces pauvres cléricaux sont
bien à plaindre. Voltaire est mort depuis cent
douze ans, et il continue à les empêcher de dor-
mir. Dès qu’ils pensent à lui, dès qu’ils voient son
nom au coin d’un boulevard ou son image sur une
place publique, leur poche à fiel se gonfle et dé-
borde, ils font d’horribles grimaces et sont pris
subitement de la danse de Saint-Guy.

Voltaire aux oubliettes! Mais, honnêtes dévots,
n’avez-vous pas fait tout ce qui dépendait de vous
pour tuer cette mémoire gênante? Après avoir
inventé des contes à dormir debout sur les der-
niers moments du philosophe, n’avez-vous pas
violé son tombeau dans les caveaux du Panthéon?
Votre généreuse vaillance ne s’est-elle pas achar-

née sur les cendres du grand homme et sur celles
de Jean-Jacques Rousseau?

Faut-il vous rappeler cette histoire, catholi-
ques rageurs et imbéciles?

Cela se passait sous la Restauration. Vous étiez
les maîtres dû Ta France. Ee gouvernement de
Louis XVIII véftait d’abandonner le Panthéon
au x m fs si o n n'a ire s.

Une nuit, les ossements de Voltaire et de Rous-
seau furent extraits des cercueils de plomb (celui
de Voltaire est en bois) où ils avaient été enfer-
més. On les réunit dans un sac de toile et on les
porta dans un fiacre qui stationnait derrière
l’église. Le fiacre s’ébranla lentement, accompa-
gné de cinq ou six personnes, entre autres des
deux frères Puymaurin. Et les restes furent
portés à Bercy dans un terrain vague.

Il,se .peut qu.’il y ait erreur-sur la date et que
cette scène de profanation ait eu lieu, non en 1814,
mais en mai 1823, car l’ordonnance qui rend le
Panthéon au culte est du 12 décembre 1821 ; mais
le fait en lui-même est hors de contestation. Les
sarcophages sont vides.

Eh bien, bons cléricaux, à quoi vous a servi
cette mauvaise action?

A-t-elle empêché la France républicaine d’éle-
ver à Voltaire la statue qui vous offusque, et de
réimprimer et de vulgariser ses œuvres?

Ah ! ses ouvrages, si vous pouviez en faire un
autodafé ! Les voilà, les oubliettes que vous sou-
haitez. Un grand bûcher, et le Dictionnaire phi-
losophique et tout le reste en cendres. Quelle
fête !

Mais voilà, on ne brûle plus les mécréants et
leurs ouvrages. On n’a plus que la ressource de
les insulter, et on fait rire la galerie en les excom-
muniant à tour de bras.

Jack.

PROPOS DE FUMOIR

— Dites donc, Poncarré, vous devez être en-
chanté.

— De quoi donc?

— Vous qui vous plaigniez toujours des courbar
tures que vous attrapiez au Salon !

— Ah ! sacredieu, oui, c’est idiot, cette immense
halle où il faut faire des kilomètres avant de trou-
ver une œuvre de valeur parmi les 2,500 qu’on
accroche à la muraille.

— Justement, mon bon Poncarré. Il n’y en aura
plus 2,500. Cela a été voté par le nouveau comité
de la Société. Il n’y en aura plus que 1,800.

— C’est imprimé, en effet.

— Eh bien, vous voilà content.

— Content... par à peu près.

— Vous êtes grincheux.

— 1,800, c’est encore une cohue, mon cher.
D’ailleurs, ne croyez pas que le comité ait voté
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