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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0073
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SOIXANTIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : fi 5 contimos

LUNDI 19 JANVIER 1891

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PARIS

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, 1(3 18 janvier 1891.

Monsieur le Directeur,

Les boursiers sont tous gelés, et voilà la véri-
table raison du manque d’affaires de cette se-
maine. On a allégué divers motifs plus ou moins
vraisemblables. On a dit, par exemple, que l’épar-
gne n’était pas encore très fixée au sujet de ce
qui lui revenait dans la répartition de l’Emprunt;
on a dit aussi qu’il convenait d’attendre la lin de
la liquidation de quinzaine, attendu que les re-
ports pourraient bien être extrêmement coûteux;
— ce qui, du reste, était une pure et simple ineptie.
Si, à la dernière liquidation et à l’avant-der-
nière, l’argent a été cher, c’est uniquement parce
que l’on mettait des sommes considérables en ré-
serve pour l’Emprunt; à preuve qu’on a envoyé
deux milliards et un tiers au Trésor. Or, sur ces
deux milliards et un tiers, le Trésor a rendu
85 0/0, soit à peu près deux milliards. Comme cette
somme n’a pas encore reçu d’emploi, — si on l’a-
vait employée, ça ne serait pas sans se savoir! —
il n’était pas bien malin de deviner qu’une assez
forte partie des disponibilités se tiendrait à la dis-
position de la spéculation. Et c’est, en effet, ce
qui est arrivé : les reports n’ont pas été chers.

Donc, il faut écarter toutes ces explications
boiteuses du manque d’activité du marché. La
vraie, la seule, Punique raison, je l’ai donnée
ci-dessus, et je la répète :

Les boursiers sont gelés.

Ce qui n’a, du reste, rien d’extraordinaire par
la température qu’il fait. Ah ! nous souffrons bien,
je vous prie de le croire! A l’heure où j’écris, la
corbeille est transformée en banquise, et les
agents de change, grâce aux fourrures dont ils
«ont revêtus, ont des faux airs d’ours, — d’ours
blancs qui seraient en deuil. Il est certainement
moins pénible de faire l’ascension du Mont-Blanc
que celle de l’escalier qui mène au rond de la
Coulisse, lequel ressemble à un iceberg de dimen-
sion convenable.

Dans ces conditions-lâ, comment voulez-vous
qu’on fasse des affaires? On n’en fait pas. On at-
tend le dégel.

J’ai comme une idée qu’il ne tardera pas, au
point de vue financier, du moins. Nous allons,
vous pouvez m’en croire, assister prochainement
à une débâcle, — débâcle heureuse ! — des capi-
taux. Deux milliards à placer, — pas tout à fait
deux milliards; car enlin, il a bien fallu rem-
bourser à la Banque de France les avances
qu’elle avait consenties. Mettons quinze cents

millions, si vous voulez. Tenez, je suis bon
prince, et je vous passerai cela sans lésiner
pour un milliard. Un milliard ! Mille millions
de francs ! Je ne sais pas si vous êtes comme moi,
mais je considère cela comme une somme déjà
appréciable. Un milliard à placer en valeurs !
Mais c’est-à-dire qu’il y a de quoi faire venir l’eau
à la bouche du Chili, du Pérou, du Venézuéla, du
]Ionduras, et autres Républiques Argentines !

Espérons que les possesseurs de cette forte
somme, — car ils sont plusieurs, tout porte à le
croire, —n’iront pas si loin pour placer leur bel
argent. Je suis d’ailleurs convaincu qu’au cas ou ils
auraient cette idée aussi fâcheuse que transatlan-
tique, notre Haute Banque serait là pour leur
dire :

Halte-là! On ne passe pas!

Et elle serait d’autant plus autorisée à dire
cela, la Haute Banque, qu’elle met en ce moment
la dernière main à de nombreuses affaires, dont
l’apparition est imminente. Je me suis laissé dire
que nous en entendrions parler d’ici à la fin du
mois. Il y a longtemps qu’on nous fait des pro-
messes pareilles; mais cette fois, il paraît que
c’est la bonne.

Or, si la Haute Banque a des affaires en prépa-
ration, vous comprenez bien qu’elle va, pour les
lancer, profiter de l’occase du milliard sus-
nommé. Si elle ne le faisait pas, elle serait bête à
truffer. Qu’est-ce qu’elle demande, quand elle a
des affaires? Que le public ait de l’argent pour
les souscrire. Eh bien, un milliard, c’est de l’ar-
gent. Et comme le public est disposé à le placer,
il doit y avoir beaucoup de vrai dans le bruit qui
court que la Haute Banque, de son côté, est
disposée à se fendre de quelques émissions.

Le soussigné se fera un véritable plaisir de vous
parler de toutes ces affaires, de toutes ces émis-
sions, en temps utile. On a cru un moment que
les « grosses légumes » de la finance se hâteraient
de faire un appel au public, de manière à éviter à
celui-ci l’ennui d’être en butte aux sollicitations
de messieurs les flibustiers. Mais les grosses lé-
gumes jugent à propos de se hâter lentement.
Elles n’ont pas tort. Le public commence à les
connaître dans les coins, les combinaisons de mes-
sieurs les flibustiers. Les mines d’or à vingt-cinq
francs qui doivent rapporter dix mille écus dans
un temps donné n’ont plus aucun attrait pour lui.
Il ne se laisse plus prendre aux blandices des in-
dividus qui promettent de donner mille écus pour
cent francs en cinq fois vingt-quatre heures. Les
écumeurs ont fait leur temps, et l‘e gogo leur té-
moignera une indifférence marquée jusqu’au jour
où ils auront inventé une nouvelle rubrique. La
Haute Banque se rend parfaitement compte de
tout cela, et c’est pourquoi elle ne se presse aucu-
nement. Toute chose viendra à son heure; et, ou
peut être tranquille, un milliard ne s’évapore pas
aussi rapidement que M. Mary-Raynaud.

Quant au public, il n’est pas pressé non plus.
Les affaires nouvelles viendront quand elles

viendront. Jusque-là, on n’est pas embarrassé
pour placer son pauvre argent. Les rentes, tout
d’abord, nous tendent leurs coupons semestriels.
Puis, en fait de valeurs françaises ou étrangères,
nous avons pour le moins une demi-douzaine de
titres qui ne sont vraiment pas à leurs cours.
Nous avons, pour les amateurs de rentes françai-
ses, nos six grandes Compagnies de chemins de
fer. Vous allez dire

— Méfiez-vous! c'est une bêtise! —

que les rentes et les chemins de fer ce n’est pas
la même chose. Erreur. Le revenu des chemins
de fer étant, quatre fois sur six, garanti par l’Etat,
chemins de fer et rentes, c’est comme qui dirait
kif-kif. Nous avons aussi des chemins étrangers,
— les Porto-Rico, qui valent mieux que les cours
qu’ils cotent actuellement; les linarès-Alméria,
qui sont exactement dans les mêmes conditions;
et enfin les Portugais, qui, dans ces derniers
quinze jours, ont tranquillement regagné leur
coupon semestriel, et même un peu plus.

• Vôilâ à peu près deux mois que je vous les re-
commande. Oserai-je vous faire remarquer qu’ils
ont gagné environ deux louis en ce court laps de
temps ? Et cela n’est pas fini. Je vous ai dit
quelles éventualités excellentes permettent d’en-
irevoir les nouvelles .conventions de la Compa-
gnie avec le Grand-Central Espagnol. Mais, ab-
straction faite de l’allègement des charges qui
résulte pour les Portugais de cette combinaison,
il est bon de faire remarquer que l’exercice 1890
se solde en excédant sur celui de 1889. Et pour-
tant on n’ignore pas qu’en 1890 le trafic des ré-
seaux portugais a été quelque peu entravé par les
mesures prophylactiques. On est donc fondé à
prévoir des recettes bien plus considérables pour
1891, la Péninsule se portant actuellement comme
le Pont-Neuf.

Mais c’est assez parcourir le monde. Usons des
placements à l’étranger, n’en abusons pas. Per-
mettez-moi, — du reste, vous ne le permettriez
pas que ce serait le même prix; donc, soumettez-
vous, — et permettez-moi d’appeler votre atten-
tion sur nos principaux établissements de crédit
qui, à l’occasion de l’Emprunt, ont donné d’une
manière tout à fait extraordinaire !

Tout à fait en tête de la liste arrivent, comme
toujours, le Crédit Lyonnais avec un premier
versement de 297 millions de francs, et le Crédit
Foncier avec un idem de 203 millions. A elles
deux, ces deux sociétés ont donc souscrit pour
un peu plus de trois milliards de francs, soit
environ quatre fois le montant total de l’Em-
prunt! Cela donne une jolie idée, j’ose le dire,
de leur puissance et de leur clientèle. Le Crédit
Lyonnais, pour déplacer son tiers de milliard,
n’a rien changé à ses petites habitudes; ce qui
permet de penser que son portefeuille est bigre-
ment bien composé, puisqu’il n’a eu qu’à en
envoyer une partie à la Banque de France pour
trouver tout l’argent qu’il lui fallait. Quant au
Crédit Foncier, il n’a fait qu’obéir à la lettre de
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