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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0082
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LE CHARIVARI

vérité courante en Angleterre. Le major Clibborn
et le général Booth en donneraient leur tête à
couper. D’autant plus que cette nouvelle est de
nature à faire affluer l’argent dans la caisse.

Il faut bien le dire : la vertueuse Albion elle-
même commençait à se faire tirer l’oreille pour
entretenir l’Année du Salut. Les Salutistes
avaient beau jouer des airs triomphants sur leurs
trombones et déclarer qu’a chaque coup de piston
ils sauvaient une âme de la perdition, on n’en
croyait rien au pays où fleurit Jack l’éventreur,
et les recettes baissaient comme s’il se fut agi du
denier de saint Pierre.

C’est alors que le général Booth et le major
Clibborn s’écrièrent en chœur : « Faisons donner
la garde 1 »

La garde, c’est le rapport où ces deux militai-
res ont dit, après César : « Nous sommes venus,
nous avons vaincu. » Toutes les vieilles Anglaises
en ont versé des larmes. A oh! beautiful!

Après les larmes, viendront les pièces blan-
ches. C’est du moins l’espoir de l’état-major Sa-
lutiste, qui est malin, chacun sait ça, comme un
chimpanzé, puisqu’il peut faire avaler aux misses,
comme autant de conversions, les pommes cuites
qu’il récolte en Suisse, en Belgique et dans le
beau pays de France.

Enün, Dieu soit loué! on ne pourra plus dire
en Angleterre que Paris est la Babylone moderne
et que tous les Français sont des êtres corrompus
et pervers. Ce n’était qu’une apparence ou une
calomnie. Il a suffi â miss Booth et au major
Clibborn de venir parmi nous et de nous dire, de
leur plus douce voix, avec accompagnement de
saxophone :

« Arrachez-vô aux bras du serpent, » pour
qu’immédiatement une métamorphose complète
eut lieu dans nos cœurs endurcis; il a suffi que
quelques demoiselles, rouges comme des pommes
d’api et coiffées d’un chapeau invraisemblable,
offrissent Y Avant-garde aux promeneurs du
boulevard pour que nous fussions touchés de la
grâce.

Les voilà, ces Français moqueurs, incrédules
et véritable engeance de Satan ! On en fait ce
qu’on veut; il ne faut que savoir les prendre. Le
major Clibborn vous les a retournés comme un
gant.

Nous engageons cependant ce major de table
sainte à veiller au grain. Aussitôt qu’il aura réa-
lisé en Angleterre la recette sur laquelle il
compte pour avoir conquis la France, il fera bien
de s’assurer que Calais, Marseille, Bordeaux et
Montécheroux sont solidement enrégimentés sous
sa bannière.

Pour ce qui regarde Paris, — dont il oublie de
parler dans son rapport, —il peut être tranquille.
Les succès que ses troupes y ont obtenus jus-
qu’ici sont le plus sûr garant de ses triomphes
à venir.

Quand les Parisiens auront fait le tour des
théâtres et cafés-concerts où l’on se désopile la
rate, ils ne se feront jamais prier pour aller pas-
ser un bout de soirée aux funambules de la rue
Auber ou du quai Valmy, et de boire un café allé-
luia, après avoir entendu quelque pochard jovial
raconter, au son d’un ophicléide enchanteur,
comment il a trouvé la vérité au fond d’un cara-
fon de trois-six.

Ce spectacle, naturellement gai, est recom-
mandé par les médecins aux hypocondriaques ;
il offre un heureux mélange du plaisir et de l’hy-
giène, et ce n’est pas au major Clibborn qu’on
chantera jamais :

Clibborn, tu nous fais languir!

Oùsqu’il y a dThygiène
Y a pas d’plaisir.

Jack.

THEATRES

RENAISSANCE : L'Hôtel Godelot.

Les théâtres ont à lutter contre un terrible
adversaire en la personne du thermomètre.

C’est d’ordinaire l’été que ce farouche ennemi
leur livre bataille. Cette fois, il n’est pas moins
redoutable pour eux en plein hiver.

Les extrêmes se touchent.

Il faut une rude poigne à un auteur pour arra-
cher au coin de son feu, par deux degrés de froid,
un monsieur qui est en train de digérer paisible-
ment en lançant au plafond les vagues spirales
d’un bon cigare.

Ne vous étonnez donc pas si les affiches renou-
vellent, avec une fréquence éperdue, leurs menus
tentateurs.

Avec une saison moins froide, les Douze fem-
mes de Japhet auraient certainement vécu jus-
qu’à un âge beaucoup plus avancé.

La gelée ayant étiolé les infortunées, il a fallu
se décider à les enterrer pieusement et songer à
leur remplacement immédiat.

Pris ainsi de court, M. Samuel a pensé qu’une
reprise serait plus promptement montée et mise
au point.

Il a songé — c’est de la mémoire — à une pièce
de M. Sardou, représentée jadis avec collabora-
tion de M. Crisafulli.

La pièce, qui s’appelait YHôtel Godelot, eut
un certain succès de drôlerie, mais il parais-
sait peu probable qu’elle fût jamais appelée aux
honneurs de la résurrection.

Il ne faut jurer de rien.

La preuve, c’est que voici, avec récidive, l’an-
cien vaudeville devant la rampe.

Je ne sais rien d’intéressant sur ses origines,
et, à supposer que M. Sardou laisse des mémoires,
il est probable qu’il y parlera peu de Godelot et
de son hôtel.

Le tout roule sur un quiproquo un peu bien
naïf, bien que primitivement imaginé par un au-
teur anglais.

Deux jeunes gens se méprennent sur le sens du
mot hôtel, et prennent pour une vulgaire auberge
la propriété privée d’un bon bourgeois de pro-
vince.

Sur quoi, ces jeunes gens se mettent à se con-
duire comme de vrais petits goujats.

La donnée — qui aboutit incidemment à un ma-
riage final — a le défaut de renouveler, pendant
deux actes entiers, une seule et même situation.

Cependant, je dois constater que sa grosse bouf-
fonnerie et ses outrances exercent une influence
désopilante sur le gros;des spectateurs.

La pièce est jouée très verveusement, d’ail-
leurs, par M. Francès, un vrai artiste qu’on n’em-
ploie pas assez, et M. Regnard.

Une jeune ingénue, du nom de Carlix, y est
aussi tout à fait charmante.

Elle a, je crois bien, devant elle un avenir
assuré. C’est si rare, l’ingénuité en tout genre,
par le temps qui court !

Pierre Véron.

' BIERE,.S'-aERÏAIS-IATE;^

bnim Dixxar. ISO. Rat Cardinat. 160. PARIS. — TilévKon*. dt LIHItH

CORDIAL-AMER( BAILLY Frps& Cic, à Ornans)

CHRONIQUE DU JOUR

Les officiers français ont reçu à bras ouverts le
lieutenant de l’armée russe qui n’a pas craint de
faire 2,000 kilomètres à pied pour nous prouver,
Dieu merci, que tous ses camarades sont également
disposés à marcher.

Ce que je comprends moins, c’est une promenade
beaucoup plus courte, mais beaucoup plus dange-
reuse : la traversée de la Seine par les fantaisistes
qui n’attendent même pas de savoir si les glaçons
sont en état de leur résister.

C’est samedi que les premiers explorateurs ont
commencé leurs exploits.Il yen avait bien une tren-
taine entre le pont de Solfénno et le pont de la Con-
corde. Sur la berge, les gardiens de la paix leur
crient que l’ordonnance du 24 décembre 1879 leur in-
terdit de continuer; mais, plus malins que les con-
trevenants, ils hésitent à poursuivre ceux-ci sur la
glace et se bornent à faire, du rivage, des signes dé-
sespérés.

Nos honorables ont drôlement pris leurs mesures
pour songer à se bâtir un palais, quand il y a tant
d’infortunés dans la rue.

Avant de se présenter aux élections, les candidats
connaissaient les défauts de l’appartement, et ils
n’ont pas pu espérer qu’on les enverrait siéger à
Monaco pendant l’hiver, etàTrouville pendant l’été?

Le ministre de la guerre vient d’apporter à la tenue
des sapeurs-pompiers d’importantes modifications.

A l’avenir, les pompiers auront trois gilets de
flanelle, tricot, chaussettes de coton, etc. Bref, ils
n’auront pas froid, et les dures épreuves auxquelles
sont soumis ces soldats d’élite justifient pleinement
ce qu’on a fait pour eux.

Néanmoins un Pitou de 2e classe, à qui l’Etat ne
fournit en fait de chaussettes qu’une paire de godil-
lots, et en fait de tricot qu’une simple chemise de
toile, nous faisait remarquer qu’on eût bien dû éten-
dre aux soldats la mesure prise pour les pompiers.

— De plus, a-t-il ajouté, les pompiers sont les der-
niers qu’on eût dû songer à réchauffer, puisque leur
métier consiste précisément à rester toujours au-
près du feu.

Les nouvelles des départements sont désastreu-
ses. De Perpignan à Dunkerque, tout le monde se
plaint. Toutes les villes envoient des dépêches dé-
sespérées.

Celles de Marseille gardent seules un air philosophe
et consoleront les chasseurs :

« A Marseille, on compare presque l’hiver actuel à
celui de 1820, où des glaçons envahirent une grande
partie du port et le lait se gela dans les maisons.

» Plusieurs chasseurs, sans se rendre à la campa-
gne, tuèrent des bécasses dans leurs jardins, no-
tamment aux allées de Meilhan et des Capucines et
dans les rues avoisinantes. »

Je parie que, cet hiver, les ours blancs du Pôle
Nord descendront jusqu’à la Canebière.

Au Cercle.

— Eh bien ! tu t’es raccommodé avec Angèle?

— Qu’est-ce que tu veux !... Je vais chez elle pour
me lâcher définitivement, et elle me reçoit à draps
ouverts !

La grosse Mme Pichon glisse,hier, sur le ruisseau
gelé et tombe les fers en l’air.

M Prudhomme essaie de rabaisser les jupes et de
tendre une main.

— Mais, monsieur, crie Mme Pichon, je |n’ai pas
besoin d’un inconnu...

— Oh! murmure M. Prudhomme... la glace est
rompue entre nous.

Bel exemple de piété filiale.

Gontran dîne chez des amis. Il se trouve à côté
d’une jeune personne, d’ailleurs laide, qui lui presse
le pied, depuis les hors-d’œuvre jusqu’au dessert.

— Enfin, grogne Gontran exaspéré, m’expliquerez-
vous, mademoiselle, pourquoi vous m’avez broyé les
bottines pendanttout le repas?... Vous m’avez donné
au moins cinq œils-de-perdrix...

— Mon Dieu, reprend la jeune fille en baissant les
yeux... la clientèle diminue, et mon père est pédi-
cure.

H. Henriot.

BOURSE-EXPRESS

11 aimait trop le Sud-Amérique, c’est ce qui l’a....
j’allais dire tué ; mais un marché comme le Stock-
Exchange est d’un métal un peu trop résistant pour
pouvoir être définitivement flanqué par terre, parce
qu’il plaît au Chili de faire une révolution, parce
qu’il convient au Brésil de se lancer dans un mouve-
ment séparatiste, ou parce que la République Ar-
gentine trouve bon d’avoir une crise financière.

Mais s’il n’est pas tué, le Stock-Exchange est rude-
ment secoué. Faillites d’aller leur train. Suspensions
de paiement de marcher. Consolidés d’être atteints.
Tout cela, par un effet de répercussion bien facile à
comprendre, entrave le mouvement de hausse de
notre place. Pas beaucoup, pourtant. Fort heureuse-
ment pour nous, nous ne sommes pas engagés sur
les valeurs du Sud-Amérique, sauf sur celles de la
République Argentine. Les personnes qui en ont en-
core, de celles-là, feraient bigrement bien d’effec-
tuer, elles aussi, un petit mouvement séparatiste.

Castorine.
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