JEUDI 22 JANVIER 1891
SOIXANTIÈME ANNÉE
abonnements
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 3i> —
Un un. 72 —
les abonnements partent des iot et 16 de chaque mois
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIËHIVË VÉROX
Rédacteur en Chef
BUREAUX
DB LA RÉDACTION ET DR l'aDMINIS I U A I ION
Rue de la Victoire, 20
Prix du Numéro : S 5 centimes
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 fr.
Six mois. 40 —
Un un. 80 —
l'abonnement d'un an donne droit à la prime gratuite
DIRECTION
Politique, Littéraire et Arti&lïqva
PIEU II li V É II 01\
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
BULLETIN POLITIQUE
Nous avons une toute petite question Carnot.
L’autre jour, M. le Président de la République
eut l’envie d’aller au Gymnase voir Y Obstacle de
M. Daudet. Le théâtre, averti, s’empressa de dres-
ser une marquise devant sa porte. Cette mar-
quise a suffi pour déchaîner une tempête de
poche.
Quelques journaux d’un radicalisme farouche
se sont écriés dramatiquement :
— Ce ne sont pas là les mœurs d’une démocratie !
Voudrait-on nous ramener aux plus mauvais jours
de notre histoire?
Pendant ce temps-là, des journaux monarchis-
tes ricanaient :
— Vous voyez bien que la restauration de la
monarchie ne peut tarder. La marquise du Gym-
nase prouve qu’on en est déjà à la répétition gé-
nérale de cette restauration.
Comme je ne pense pas que ces derniers pren-
nent eux-mêmes au sérieux leur prophétie, il se-
rait puéril d’insister de ce côté. Mais, par contre,
les journaux au radicalisme farouche me parais-
sent se fourvoyer complètement en se courrou-
çant pour si peu.
D’abord, parce que M. Carnot est resté très cer-
tainement étranger à la construction de la mar-
quise scélérate. C’est évidemment le directeur
qui, à l’insu du Président, a pris l’initiative de
cette improvisation où il y avait place à la fois
pour un acte de courtoisie et pour une réclame.
Mais nous irons plus loin. Nous ne voyons au-
cun inconvénient à ce que le chef librement élu
de la République soit l’objet d’égards analogues à
ceux qui entouraient le chef de la monarchie.
C’est la République qu’on honore en lui.
Si vous êtes des niveleurs impitoyables, com-
mencez par abolir la Présidence; mais ne rabais-
sez pas le Président après l’avoir élu.
On ne retourne pas une nation comme on re-
tourne un gant.Quand elle a passé par des siècles
de royauté et d’empire, cette nation a dans le
sang un certain virus, si vous voulez, mais il faut
compter avec ce virus-là, sous peine de n’être
que sot en se croyant austère.
Nous eûmes l’occasion de le dire jadis, à l’heure
où le Boulangisme était une si redoutable me-
nace: ce qui contribuait au succès de ce Boulan-
gisme-là, c’était d’une part la mise en scène dé-
ployée autour du fameux cheval noir, et de l’au-
tre la pleutrerie dans laquelle se confinait le Pré-
sident d’alors.
Oui, M. Grévy, par une simplicité qui de son
vrai nom s’appelait peut-être de l’avarice, faillit
nous mener à notre perte. Pourquoi? Parce que
ce calfeutré personnage ne donnait aucune satis-
faction aux besoins décoratifs de la France, à l’ir-
résistible penchant qui l’entraîne vers le pana-
che, à son invincible désir de crier Vive quelque
chose, en courrant après une voiture.
Que ce soit un travers ridicule, nul ne le con-
teste, mais il n’y a pas;-.d’hiims ni té idé/iïo U y a
une humanité' ré elle;' toute p. bggïàdic-
tions et de défauts. On ne la dirigè^Æ^^^ltelli-
gence qu’en faisant la part de ces défauts ,et de
ces contradictions.
Il fait beau voir, d’ailleurs, le puritanisme dé-,
blatérer à propos de la marquise en toile rayée du
Gymnase, quand ce même puritanisme s’est ré-
joui des arcs-de-triomplie que l’on bâtissait sur le
passage de M. Carnot dans les départements, à
l’heure où il fallait faire échec à Boulanger.
Vous avez, en outre, la 'chance de posséder un
Président honnête homme. Il n’y a donc nul dan-
ger à le grandir ; il serait, par conséquent, ab-
surde de chercher à le rapetisser.
Pierre Véron.
t? (â 11 â
A LA PETITE SEMAINE
XCVIII
De quoi parler, sinon de cet affreux hiver qui
nous torture, l’imbécile, avec une férocité de
brute?
Je voudrais bien savoir comment, dans les chai-
res des églises, — où je m’abstiens prudemment
d’entrer, — les prédicateurs s’y prennent pour
trouver, dans les incohérences de la nature, dans
les odieuses et imméritées souffrances que cette
vie ne cesse pas d’infliger à notre pauvre race,
des preuves de cette bonté divine devant laquelle
on nous invite toujours à nous aplatir.
Voilà, pour le moment, des millions d’êtres qui
n’ont pas demandé à venir au monde et à qui un
froid féroce fait subir depuis deux mois des tour-
ments de chaque heure. Et là-haut, accoudé à son
balcon comme un désœuvré du Jockey-Club, le
Dieu de bonté regarde sans doute en se disant :
— Sont-ils assez drôles avec leurs nez rouges,
leurs joues violettes, leurs grelottements et leurs
convulsions !
Ce qu’il y a de particulièrement embarrassant
pour les courtisans de la divinité, c’est d’expli-
quer comment ces brutalités farouches, rappelant
le cas d’un géant tapant à tour de bras sur un en-
fant, englobent dans leurs violences les bons dé-
vots aussi bien que les athées.
Car, quand il fait un hiver comme celui-ci, les
fidèles qui vont régulièrement à la messe ont
l’onglée tout comme les impies. Quand une épi-
démie se déchaîne, elle frappe à travers les habi-
tués de l’église et les habitués du cabaret...
Je me demande encore pourquoi les prêtres
d’une religion qui se pique d’avoir inventé la
charité laissent, en pareille circonstance, l’ini-
tiative du bienfait à l’autorité laïque.
Est-çe que ce n’est pas de l’Église qu’aurait dû
partir un appel désespéré en faveur des grelotteux
et des meurt-de-faim?
•Est-ce que, de soïl côté, le pape n’aurait pas dû
abandonner au moins pour cette année le pro-
duit du denier de Saint-Pierre aux indigents ?
M. Richard, archevêque de Paris, dira, la se-
maine prochaine, quelques prières officielles.
C’est tout ce qu’il peut faire. Grand merci pour
les malheureux !
De son côté, cette autorité laïque dont je par-
lais a des façons de procéder bien étranges. Ja-
mais elle ne prévoit rien, et ses secours arrivent
en général comme la moutarde après dîner.
Voilà deux mois qu’on claque des dents à Paris.
Voilà, par conséquent, six semaines que tous les
résignés de la misère, pauvres martyrs, auraient
dû voir s’ouvrir devant leur dénûment des asiles
supplémentaires, flamber devant leurs membres
engourdis.ces braseros qu’on allume in extremis.
Et la leçon ne servira de rien; on recommen-
cera à la prochaine occasion d’après les mêmes
errements. Immuable routine, voilà de tes coups!
<\ir>
Pour essayer de faire diversion à ces mélanco-
lies, la Porte - Saint-Martin avait imaginé de nous
offrir la Fille Elisa. Attention délicate!
Il est évident que, le naturalisme étant Dieu,
la prostitution doit être un de ses prophètes ar-
tistiques.
Voilà pourtant que la Censure a opposé son
veto inattendu à la représentation de la Fille
Elisa.
Je dis inattendu, parce que tout dernièrement
M. Larroumet, bras droit de M. le ministre
chargé de l’instruction des masses, avait amica-
lement tapé sur la joue de M. Antoine, imprésa-
rio libre.
Il avait fait plus, M. Larroumet. Il avait envoyé
audit Antoine un A vous de cœur enveloppé
dans un billet de cinq cents francs.
On a du mal à comprendre qu’aujourd’hui
ce même fonctionnaire lance l’anathème sur
l’homme qu’il primait naguère.
Il en résulte ce dilemme :
Ou M. Larroumet se servait alors des deniers
de l’Etat pour encourager la corruption, on
M. Larroumet aujourd’hui se livre à une vexa-
tion que rien ne motive.
J’ai, d’ailleurs, pour ma part, une invariable
opinion sur la Censure. Je trouve qu’elle n’a pas
de raison d’être, et qu’au théâtre comme pour la
presse il n’y a que des délits de droit commun.
Un peuple n’a que les pièces qu’il mérite. Je ne
peux supposer qu’un vrai public soit assez mal-
propre pour écouter, en compagnie de ses femmes
et de ses filles, des obscénités. Je parle ici en géné-
ral et sans allusion à la Fille Elisa, œuvre d’art.
J’estime et j’espère qu’il se trouvera toujours
dans une salle assez d’honnêtes gens pour forcer
à baisser la toile, si l’exhibition des turpitudes
devenait trop scandaleuse. Mais, à supposer que
je me trompe et que la 'dépravation laisse, par
SOIXANTIÈME ANNÉE
abonnements
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 3i> —
Un un. 72 —
les abonnements partent des iot et 16 de chaque mois
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIËHIVË VÉROX
Rédacteur en Chef
BUREAUX
DB LA RÉDACTION ET DR l'aDMINIS I U A I ION
Rue de la Victoire, 20
Prix du Numéro : S 5 centimes
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 20 fr.
Six mois. 40 —
Un un. 80 —
l'abonnement d'un an donne droit à la prime gratuite
DIRECTION
Politique, Littéraire et Arti&lïqva
PIEU II li V É II 01\
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
BULLETIN POLITIQUE
Nous avons une toute petite question Carnot.
L’autre jour, M. le Président de la République
eut l’envie d’aller au Gymnase voir Y Obstacle de
M. Daudet. Le théâtre, averti, s’empressa de dres-
ser une marquise devant sa porte. Cette mar-
quise a suffi pour déchaîner une tempête de
poche.
Quelques journaux d’un radicalisme farouche
se sont écriés dramatiquement :
— Ce ne sont pas là les mœurs d’une démocratie !
Voudrait-on nous ramener aux plus mauvais jours
de notre histoire?
Pendant ce temps-là, des journaux monarchis-
tes ricanaient :
— Vous voyez bien que la restauration de la
monarchie ne peut tarder. La marquise du Gym-
nase prouve qu’on en est déjà à la répétition gé-
nérale de cette restauration.
Comme je ne pense pas que ces derniers pren-
nent eux-mêmes au sérieux leur prophétie, il se-
rait puéril d’insister de ce côté. Mais, par contre,
les journaux au radicalisme farouche me parais-
sent se fourvoyer complètement en se courrou-
çant pour si peu.
D’abord, parce que M. Carnot est resté très cer-
tainement étranger à la construction de la mar-
quise scélérate. C’est évidemment le directeur
qui, à l’insu du Président, a pris l’initiative de
cette improvisation où il y avait place à la fois
pour un acte de courtoisie et pour une réclame.
Mais nous irons plus loin. Nous ne voyons au-
cun inconvénient à ce que le chef librement élu
de la République soit l’objet d’égards analogues à
ceux qui entouraient le chef de la monarchie.
C’est la République qu’on honore en lui.
Si vous êtes des niveleurs impitoyables, com-
mencez par abolir la Présidence; mais ne rabais-
sez pas le Président après l’avoir élu.
On ne retourne pas une nation comme on re-
tourne un gant.Quand elle a passé par des siècles
de royauté et d’empire, cette nation a dans le
sang un certain virus, si vous voulez, mais il faut
compter avec ce virus-là, sous peine de n’être
que sot en se croyant austère.
Nous eûmes l’occasion de le dire jadis, à l’heure
où le Boulangisme était une si redoutable me-
nace: ce qui contribuait au succès de ce Boulan-
gisme-là, c’était d’une part la mise en scène dé-
ployée autour du fameux cheval noir, et de l’au-
tre la pleutrerie dans laquelle se confinait le Pré-
sident d’alors.
Oui, M. Grévy, par une simplicité qui de son
vrai nom s’appelait peut-être de l’avarice, faillit
nous mener à notre perte. Pourquoi? Parce que
ce calfeutré personnage ne donnait aucune satis-
faction aux besoins décoratifs de la France, à l’ir-
résistible penchant qui l’entraîne vers le pana-
che, à son invincible désir de crier Vive quelque
chose, en courrant après une voiture.
Que ce soit un travers ridicule, nul ne le con-
teste, mais il n’y a pas;-.d’hiims ni té idé/iïo U y a
une humanité' ré elle;' toute p. bggïàdic-
tions et de défauts. On ne la dirigè^Æ^^^ltelli-
gence qu’en faisant la part de ces défauts ,et de
ces contradictions.
Il fait beau voir, d’ailleurs, le puritanisme dé-,
blatérer à propos de la marquise en toile rayée du
Gymnase, quand ce même puritanisme s’est ré-
joui des arcs-de-triomplie que l’on bâtissait sur le
passage de M. Carnot dans les départements, à
l’heure où il fallait faire échec à Boulanger.
Vous avez, en outre, la 'chance de posséder un
Président honnête homme. Il n’y a donc nul dan-
ger à le grandir ; il serait, par conséquent, ab-
surde de chercher à le rapetisser.
Pierre Véron.
t? (â 11 â
A LA PETITE SEMAINE
XCVIII
De quoi parler, sinon de cet affreux hiver qui
nous torture, l’imbécile, avec une férocité de
brute?
Je voudrais bien savoir comment, dans les chai-
res des églises, — où je m’abstiens prudemment
d’entrer, — les prédicateurs s’y prennent pour
trouver, dans les incohérences de la nature, dans
les odieuses et imméritées souffrances que cette
vie ne cesse pas d’infliger à notre pauvre race,
des preuves de cette bonté divine devant laquelle
on nous invite toujours à nous aplatir.
Voilà, pour le moment, des millions d’êtres qui
n’ont pas demandé à venir au monde et à qui un
froid féroce fait subir depuis deux mois des tour-
ments de chaque heure. Et là-haut, accoudé à son
balcon comme un désœuvré du Jockey-Club, le
Dieu de bonté regarde sans doute en se disant :
— Sont-ils assez drôles avec leurs nez rouges,
leurs joues violettes, leurs grelottements et leurs
convulsions !
Ce qu’il y a de particulièrement embarrassant
pour les courtisans de la divinité, c’est d’expli-
quer comment ces brutalités farouches, rappelant
le cas d’un géant tapant à tour de bras sur un en-
fant, englobent dans leurs violences les bons dé-
vots aussi bien que les athées.
Car, quand il fait un hiver comme celui-ci, les
fidèles qui vont régulièrement à la messe ont
l’onglée tout comme les impies. Quand une épi-
démie se déchaîne, elle frappe à travers les habi-
tués de l’église et les habitués du cabaret...
Je me demande encore pourquoi les prêtres
d’une religion qui se pique d’avoir inventé la
charité laissent, en pareille circonstance, l’ini-
tiative du bienfait à l’autorité laïque.
Est-çe que ce n’est pas de l’Église qu’aurait dû
partir un appel désespéré en faveur des grelotteux
et des meurt-de-faim?
•Est-ce que, de soïl côté, le pape n’aurait pas dû
abandonner au moins pour cette année le pro-
duit du denier de Saint-Pierre aux indigents ?
M. Richard, archevêque de Paris, dira, la se-
maine prochaine, quelques prières officielles.
C’est tout ce qu’il peut faire. Grand merci pour
les malheureux !
De son côté, cette autorité laïque dont je par-
lais a des façons de procéder bien étranges. Ja-
mais elle ne prévoit rien, et ses secours arrivent
en général comme la moutarde après dîner.
Voilà deux mois qu’on claque des dents à Paris.
Voilà, par conséquent, six semaines que tous les
résignés de la misère, pauvres martyrs, auraient
dû voir s’ouvrir devant leur dénûment des asiles
supplémentaires, flamber devant leurs membres
engourdis.ces braseros qu’on allume in extremis.
Et la leçon ne servira de rien; on recommen-
cera à la prochaine occasion d’après les mêmes
errements. Immuable routine, voilà de tes coups!
<\ir>
Pour essayer de faire diversion à ces mélanco-
lies, la Porte - Saint-Martin avait imaginé de nous
offrir la Fille Elisa. Attention délicate!
Il est évident que, le naturalisme étant Dieu,
la prostitution doit être un de ses prophètes ar-
tistiques.
Voilà pourtant que la Censure a opposé son
veto inattendu à la représentation de la Fille
Elisa.
Je dis inattendu, parce que tout dernièrement
M. Larroumet, bras droit de M. le ministre
chargé de l’instruction des masses, avait amica-
lement tapé sur la joue de M. Antoine, imprésa-
rio libre.
Il avait fait plus, M. Larroumet. Il avait envoyé
audit Antoine un A vous de cœur enveloppé
dans un billet de cinq cents francs.
On a du mal à comprendre qu’aujourd’hui
ce même fonctionnaire lance l’anathème sur
l’homme qu’il primait naguère.
Il en résulte ce dilemme :
Ou M. Larroumet se servait alors des deniers
de l’Etat pour encourager la corruption, on
M. Larroumet aujourd’hui se livre à une vexa-
tion que rien ne motive.
J’ai, d’ailleurs, pour ma part, une invariable
opinion sur la Censure. Je trouve qu’elle n’a pas
de raison d’être, et qu’au théâtre comme pour la
presse il n’y a que des délits de droit commun.
Un peuple n’a que les pièces qu’il mérite. Je ne
peux supposer qu’un vrai public soit assez mal-
propre pour écouter, en compagnie de ses femmes
et de ses filles, des obscénités. Je parle ici en géné-
ral et sans allusion à la Fille Elisa, œuvre d’art.
J’estime et j’espère qu’il se trouvera toujours
dans une salle assez d’honnêtes gens pour forcer
à baisser la toile, si l’exhibition des turpitudes
devenait trop scandaleuse. Mais, à supposer que
je me trompe et que la 'dépravation laisse, par