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Le charivari — 60.1891

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SOIXANTIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

SAMEDI 24 JANVIER 1891

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. fr.

Six mois. 3i>—

Un an. 72 -

Les abonnements parlent des iet et ig de chaque mois

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Politique, Littéraire el Artisiiqu#»

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Rédacteur eu Chef

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DB LA RÉDACTION ET DE L’aDMINIS I HA I I* >v

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistîq \à

PIËRRC VÉRON

Rédacteur eu Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWiG, fermier de i.a publicité
92, Rue Richelieu

BULLETIN POLITIQUE

Des polémiques se sont engagées dans plusieurs
journaux à propos de ces notes de police dont un
président, durement puni d’ailleurs par la révolte
de l’opinion, avait fait un usage si monstrueux,
— à propos de ces notes de police dont un député,
l’autre jour, à la Chambre, réprouvait si juste-
ment l’abus.

Toute la moralité du débat engagé me paraît
être précisément dans la différence qui sépare
ces mots abus et usage.

Ceux-là vont évidemment trop loin qui préten-
dent interdire à la justice de se renseigner sur
les antécédents d’un prévenu, lit naturellement,
ces renseignements, elle les demande à la police
qui est son auxiliaire professionnel. Voudrait-on
qu’elle les demandât aux agences interlopes ou
aux racontars des portiers et des voisins?

Mais il doit rester entendu que les notes ainsi
recueillies n’ont aucun caractère de certitude.
Un président qui fient à exercer dignement sa
fonction ne doit s’en servir qu’avec mesure et en
donnant à entendre qu’elles n’interviennent là
que sous bénéfice d’inventaire.

A plus forte raison les avocats ne devraient-
ils pas exploiter ces notes au profit du scandale,
quelquefois même de l’outrage.

Les supprimer serait excessif, mais on pour-
rait en réglementer l’emploi.

On annonce que les trois derniers jurés qui
n’avaient pas encore signé un recours en grâce
en faveur d’Eyraud se sont décidés à joindre
leurs signatures à celles de leurs collègues.

Franchement, il nous est impossible de com-
prendre ces façons de procéder. Il semble que le
jury ait à tâche d’épuiser toute la série des illo-
gismes.

Si vous estimez qu’un accusé n’a pas mérité la
mort, votre devoir est de lui accorder les cir-
constances atténuantes. Mais si vous avez déclaré
qu’il était coupable sans atténuation, en vertu de
quelle aberration bizarre venez-vous ensuite
demander au Président de nous conserver un
gredin que vous aviez jugé vous-mêmes indigne
de pitié?

A quelques jours de distance, vous dites blanc
et noir. De quel poids voulez-vous que soit votre
attendrissement suspect?

Partisan résolu de l’abolition de la peine de
mort, si nous parlons ainsi, ce n’est pas que nous
tenions à ce que l’échafaud fasse une fois de
plus son ignoble besogne. Mais nous soutirons de
voir la justice française se livrer sous toutes les
formes à des zigzags déconcertants.

C’est tout de suite, dans leur verdict, que les
jurés ont le droit et le devoir de décider s’ils
veulent qu’on tue au nom de la loi. Mais, après

avoir dit oui la veille, il est ridicule de venir dire
non le lendemain.

Est-ce que par hasard il y aurait deux Dieux?

Toujours est-il que les royalistes viennent
d’éprouver le besoin de dire deux messes rivales
pour le repos de Pairie du roi Louis XVI.

La première de ces messes avait été comman-
dée par le comte de Paris et ses fidèles; la se-
conde par les Blancs d’Espagne.

Je ne sais pas ce qu’on aura pensé là-haut de
cette double manifestation de regrets, derrière
lesquels se cachent des espérances contradictoi-
res. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il faut
des illusions bien tenaèers aux monarchistes de
toute secte pour persévérer dans des oraisons
que le succès a si mal couronnées jusqu’ici.

Les chances du comte d ; Paris et. celles des
Blancs d’Espagne se valent. Même s’ils marchaient
d’accord, leur hostilité n’aurait rien de redouta-
ble. A* plus forte raison quand ils sont divisés
jusque dans la prière.

Pierre Véron.

CRIMES PASSIONNELS

Nous a-t-on assez rasés avec cette formule-là
depuis deux ou trois ans !... Ali! tant mieux,voici
qu’arrive à propos un sale exemple pour nous
en dégoûter.

Vous avez lu les détails de ce procès Wladimi-
roffqui fait monter en même temps la nausée
aux lèvres et l’indignation au cerveau ?

D’avance, on nous avait dit encore :

— C’est un crime passionnel.

Et les dames, qui n’ont pas beaucoup de dis-
tractions en province, se sont précipitées pour
voir le héros de roman. Et des journaux se sont
attendris préventivement sur ce beau jeune
homme que les ardeurs de l’amour avaient en-
traîné à l’assassinat.

Les débats ont jeté une forte douche d’eau...
salée sur ces curiosités et ces sensibleries.

Crime passionnel, soit ! Mais la passion en
cause est celle de l’argent. A moins que l’on ne
prétende faire valoir au profit de l’assassin la
passion de sa victime.

Elle seule, la pauvre femme, à demi afiolée par
la morphine, a été emportée par un sentiment
sincère.

L’autre, sorte de rastaquouère d’aquarium,
pratiquait dans les wagons l’œillade à la tire. Il
cherchait dans l’exploitation des faiblesses fémi-
nines les ressources que sa fainéantise était in-
capable de demander au travail.

Il était de la race de ceux qui, dans les petites

annonces, mettent à tant par mois leur énergie
au service des dames mûres.

Ah! le répugnant bonhomme! Je le trouve
plus que scélérat : ignoble.

Et voilà le personnage au bénéfice duquel on a
essayé de jouer de la vieille rengaine. Espérons
que, cette fois, elle ne s’en relèvera pas.

Ils sont étonnants, les classificateurs fin de siè-
cle et fin de sens commun. Comme si tous les
crimes n’étaient pas passionnels! Comme si tous
les vices n’étaient pas des passions I

Le misérable qui égorge une vieille femme
pour lui voler son bas de laine, où il trouvera
vingt-cinq francs,a ses passions aussi. Il aime la
pièce de cent sous qu’on n’a pas la peine de ga-
gner, le perroquet qu’on étrangle sur le comptoir
du manezingue, le cancan que l’on danse dans un
bal des Vaches quelconque, et le lupanar où il se
procure des amours dignes de lui.

Cet autre chqurineur a la passion de l’ivrogne-
rie. Sous prétexte qu’il a tué, étant ignoblement
soûl, n’allez-vous pas demander qu’on lui donne
une décoration?

Ainsi de suite.

Oui, je le répète, ils sont tous passionnels, les.
crimes. Vol re formule, par conséquent, ne signifie
rien; elle n’est bonne qu’à énerver la loi et qu’à
encourager les gredins.

Elle leur dit :

— Comment donc! mes petits amis, ne vous
gênez donc pas! Vous êtes dans votre droit de
haute et basse crapulerie.

Je voudrais bien savoir ce que deviennent, avec
ces doctrines émollientes, le devoir, la morale, la
vertu... un tas de choses vieux jeu, qui font haus-
ser les épaules de la philosophie moderniste.

Et quel moment choisit-on pour pousser à la
consommation les donneurs de coups de couteau,
les empoisonneurs, les étoufieurs et autres
artistes en chourinade? Le moment où les statis-
tiques montrent la marée criminelle montant,
montant toujours; le moment où la hideur n’at-
tend plus le nombre des années, où l’on a des
pourris de quatorze ans, où les mineurs se hâtent
d’entrer dans la carrière de l’assassinat et du vol
quand ils sont à peine au sortir de l’enfance.

Pauvre vieille société vermoulue, décomposée,
on dirait que tout conspire pour hâter ta disloca-
tiou finale !

Plus l’attaque a d’audace et de cynisme, plus la
défense montre de mollesse. La partie n’est vrai-
ment plus égale.

Comment ne pas être révolté, lorsqu’on voit un
type répugnant comme le Wladimiroff de Ver-
sailles trouver presque des apologistes, ou tout
au moins des guitaristes qui pincent en son hon-
neur la corde de l’indulgence en exécutant la
sérénade — ou plutôt serinade — de la passion-
nalité !

Souhaitons que le cas de ce vilain être nous
délivre au moins pour quelque temps de cette
exaspérante ritournelle, et que les passionnels
s’en aillent, conformément à ce qui leur est légi-
timement du, faire l’ornement des bagnes.

Jean Ralph.
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