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Le charivari — 60.1891

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LE CHARIVARI

THÉÂTRES

THÉATRÏÏ-CLUNY : Le Carnaval cVitn Merle
blanc.

Il y a d’heureuses coïncidences.

La semaine dernière encore, on aurait été
quelque peu surpris de voir l’affiche du Théâtre-
Cluny nous parler du carnaval, ce défunt sur
lequel tant de De profundis ont passé. Aujour-
d’hui, grâce à la mesure qui rend leur bœuf-gras
aux Parisiens, voilà le carnaval redevenu une
actualité, et Cluny a l’air d’être du dernier ba-
teau.

Elle fut jadis représentéè au Palais-Royal, la
pochade de MM. Chivot et Duru, au Palais-Royal
des grands soirs, alors que la troupe comptait
dans ses rangs dix bouffons de premier ordre,
qui n’avaient qu’à se montrer pour faire violence
au rire.

Il ne faut pas demander à la pièce d’être une
comédie, même pas d’être un vaudeville raison-
nable. C’est bien carnavalesque comme le titre le
promet, c’est-à-dire incohérent et quelque peu
convulsif.

Les aventures de la demoiselle Ancostika (ce
nom seul vous prévient que vous avez affaire à
une charentonnade) ne relèvent de la logique
par aucun côté, pas plus que les allées et venues
des sieurs Grospigeon, Choppman, Blésinet et
C-hiffardin.

Mais tout ce monde-là se trémousse avec des
ahurissements si cocasses et des pasquinades si
naïves, que la critique perd ses droits et que le
public se tient les côtes.

Hélas! quel nécrologe que la liste des.anciens
interprètes ! Ils ont presque tous suivi dans la
tombe un des auteurs de cette drôlerie.

Où sont-ils, ies Brasseur, les Gil-Pérès, les
Hyacinthe ?

A Cluny, des talents moins éclatants ; mais
comme toujours un ensemble de bonne volonté et
de bonne humeur qui prédispose tout de suite
une salle à la gaîté.

Mlle Diony est très verveu.se dans le double
rôle de Castagnette et de l’impérissable Ancos-
tika.

MM. Bureau, excellent, Allart, Yeret, Nurnas
apportent leur quote-part d’entrain.

Total conforme aux traditions : une amusante
soirée à passer.

Pierre Véron.

POUR LE PRINCIPE !

Nous crions souvent contre l’abus de la forme
dont se rendent coupables tous les fonctionnaires
de France et de Navarre, et nous crions contre
eux parce que ce sont les seuls qui soient à notre
portée.

Mais si le respect de la fôôôrme règne en
France, on en est également affligé dans la ver-
tueuse Angleterre. Ah ! ce qu’ils sont méthodi-
ques, de l’autre côté du détroit!

A preuve, l’édifiante petite histoire que voici :

Un riche propriétaire de Londres avait permis
dernièrement à une misérable famille, composée
de huit personnes, de loger provisoirement dans
une vieille écurie dont il ne se servait plus. Les
pauvres diables étaient enchantés, et depuis plu-
sieurs jours cachaient là leur dénûment. Ce
n’était point un logis princier, mais enfin, par
douze degrés de froid, cela constituait encore
pour eux une excellente aubaine.

Mais, un jour, un fonctionnaire municipal
pénétra dans l’écurie, prit des notes, fit son rap-
port sommaire qu’un autre fonctionnaire am-
plifia, qu’un troisième rédigea et qu’un quatrième
transmit au chef de la police, lequel décida que,
l’écurie étant insalubre, les huit malheureux
seraient expulsés sur-le-champ.

Et on les expulsa !

Ceux-ci, naïvement, exprimèrent leur joie de
ce qu’on allait leur donner un logis plus confor-
table. Ah! bien oui! On les laissa dans la rue, et
deux jours après, trois d’entre eux étaient morts
de froid.

Cela est abominable! direz-vous. Certes; mais
enfin, il faut que les règlements soient respectés !
Et telle est, en effet, la thèse soutenue à ce sujet
par les journaux anglais. En Angleterre, disent-
ils, en réponse aux critiques que ce triple meur-
tre — car ce n’est pas autre chose — a soulevées,
« les principes sont tout », et les principes veu-
lent que les lois de l’hygiène soient observées et
que les autorités empêchent les citoyens d’habiter
des logements insalubres !

Comment trouvez-vous le bouillon? Vous me
fichez à la rue parce que je n’ai , pas de maison
confortable, parce que la Faculté a décidé que
l’air respirabledoit être pur pour être sain, mais
vous me faites crever de froid !

Franchement, des deux maux, le premier est
bien le moindre. Il est vrai que le froid conserve.
Mais il vous tue tout de même !

Est-ce la meilleure façon d’enseigner aux ci-
toyens de la libre Angleterre comment il faut
vivre?...

Vous voyez donc que je n’avais pas tout à fait
tort de vous dire que les fonctionnaires de dame
Albion sont aussi bêtas que les autres.

Achille Brissaë.

Un bon conseil. — Si vous voulez fumer une
bonne cigarette, faites comme les vrais fumeurs,
roulez votre tabac dans une feuille de JOB.

-^-_

PLUME HUMBOLDT‘l\l-

SifUMS-VINSfo LIQUEUR

KO K A et Vin Kl NA Français, apéritifs fortifiants incomparables, recommandés poi-
t&ut itt Doclaurijndisaensabies dans colonies et oavs chauds,Q4,DiDi.d,Hen.G**IIédU*

CHRONIQUE DU JOUR

De tous côtés, l’appel à la charité a été entendu;
chacun apporte son obole pour soulager les malheu-
reux. L’Armée du Salut, si blaguée pourtant, n’est
pas la dernière à marcher en faveur des pauvres.

Elle a ouvert ses salles; ses officiers distribuent
des soupes ; elle n’impose aux malheureux à qui elle
donne asile que l’audition d’une prière qui ne peut
leur faire grand mal.

Dans tous les arrondissements, des immeubles
municipaux sont mis à la disposition des infortunés.

Mais un pauvre a eu une idée géniale, que tout le
monde ne pourra qu’approuver.

— Ouvrez vos églises!... a-t-il demandé.

Et c’était si simple, que personne n’y avait songé.

Nuit et jour, elles sont chauffées à l’aide de puis-
sants calorifères ; à tous les offices, les prédicateurs
parlent des pauvres ; quand il s’agit de secourir les
nègres de M. de Lavigerie, on trouve à la Madeleine
des centaines de mille francs.

Eh bien, que Saint-Sulpice, Sainte-Clotilde, Sainte-
Geneviève, Saint-Eustache, la Madeleine, la Trinité
restent ouverts la nuit, et, comme aux temps du
moyen-âge, que les églises revendiquent le droit
d’asile. Les catholiques feront ainsi une réponse
véritablement spirituelle à la fermeture des cou-
vents.

11 paraît bizarre de réclamer en faveur des ani-
maux du Jardin des Plantes, alors que tant de pau-
vres gens n’ont en ce moment à Paris ni un logis,
ni une gamelle.

Mais enfin le premier soin de l’État, propriétaire
du Jardin des Plantes, serait d’inscrire au budget
une somme suffisante pour empêcher les animaux
de prix, habitués aux températures équatoriales, de
mourir de froid. Notez ciu’on dépensera pour faire
venir leurs remplaçants plus d’argent qu’il n’en eût
fallu pour établir un calorifère.

Hier, le pilier du tabac à l’église du Sacré-Cœur.
Demain, le Bulletin spécial annoncera la construc-
tion du pilier des cocottes.

En s’adressant à la fois :

Aux femmes qui ont fait la noce, pour s’ouvrir les
portes du ciel; aux vieilles filles, en regret de ne
pas avoir vu le loup ; aux dames honnêtes ou pré-
tendues telles, aux célibataires, aux noceurs, aux
garçons de restaurant, etc., etc...

On voit combien il sera facile de construire, sur le
papier du moins, des quantités de piliers, sans
oublier le pilier de cabaret et le pilier de la cour
d’assises !

Une consolation fournie par l'Observatoire de
Saint-Maur.

Comme compensation aux rigueurs exceptionnel-
les de l’hiver 1891, nous aurons un été extrêmement
chaud.

Il est bien dommage que le Dieu qui préside au
règlement des saisons n’ait pas pris un peu à Tune
pour donner à l’autre.

Le comble du froid, à Toulouse.

Résulte de cet avis, affiché par un fumiste à la
porte de l’église Saint-Sernin :

« Ici on ne baptise plus, à cause du manque
d’eau. »

On parle d’une jeune personne extrêmement gla-
cée, ne souriant, ne parlant, ne remuant jamais.

— Pas si gelée que ça, pourtant ! hasarde quel-
qu’un.

—Je vais vous expliquer : la température actuelle
vous la fait trouver brûlante.

Au Cercle.

— Oui, mon cher... C’était au bal de l’Opéra... Je la
suis ; elle était charmante... Tournure aimable...
Malheureusement, elle avait un voile de dentelle sur
la tête... Enfin, je l’accoste... Horreur! elle avait des
cheveux blancs...

— Je te comprends... Tu as été arrêté par les
neiges 1

Demande en mariage.

— Eh bien! conclut le futur beau-père en s’adres-
sant à son gendre, ie veux bien vous accorder ma
fille.

— Ah! monsieur... Merci!

— Mais à une condition... C’est que ma femme ira
habiter avec vous!

Irma se dispute violemment avec Alphonse.

— Tais-toi !... Tu te conduis comme un goujat...
Moi, je te donne de l’argent, et quel sacrifice as-tu
jamais fait pour moi ?

— Ah! pardon! reprend Alphonse avec dignité...
J’ai fait encadrer ton portrait 1

H. Henriot.

BOURSE-EXPRESS

Quand nous répétons que l’argent est partout très
abondant, nous savons ce que nous disons, que
diable ! Voilà encore la Banque d’Angleterre qui
abaisse le prix de son escompte. C’est donc que sa
clientèle n’a pas besoin de capitaux.

Mais l’abondance de l’argent ne signifie rien,*
quand il n’y a pas d’emplois pour cet argent. C’est le
cas en ce moment. Nous dormons — où plutôt nos
établissements de crédit dorment — à côté de sacs
d’or. Le résultat est que le public est obligé d’avoir
recours aux valeurs classiques, comme on dit. Et
dame ! il y en a qui sont bien chères.

Ce n’est pas pour le Crédit Foncier que je dis cela.
Aux cours actuels, l’action rapporte tout près clc
5 0/0. Mais les rentes !

Je comprends très bien que le petit public leur
préfère les obligations des villes et surtout celles clu
Foncier déjà nommé. Ces dernières rapportent tout
autant que les rentes, sont aussi solides, et ont de
plus l’attrait des lots.

Castorine.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Alcan-Lévy, Imprimeur breveté, 24, rue Chauchat.
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