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Le charivari — 60.1891

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0101
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SOIXANTIÈME A.NNÉE

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PARIS

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Un an.. —

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINIST RATION

Rue de la Victoire, 20

Prix da Numéro : S 9 centime*

LUNDI 26 JANVIER 1891



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Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE -VÉRON

Rédacteur en Chef

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ADOLPHE EW1G, fermier de là publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

Les souscripteurs dont l'abonnement ex-
pire le 31 Janvier sont priés de le renou-
veler immédiatement s’ils ne veulent pas
éprouver d’interruption dans l'envoi du
journal.

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 25 janvier 1891.

Monsieur le Directeur,

Pourquoi ce çlolce far niewteïCfçgt ce qu’il est
difficile d’expliquer. Au commencement de la se-
maine, il y avait une raison. On avait reçq, du
Sud-Amérique, des nouvelles pas bien fameuses.
Le Brésil en plein mouvement séparatiste, la Ré-
publique Argentine en pleine anarchie, le Chili
en pleine révolution, — telles étaient les choses
agréables sur lesquelles nous avions à discuter.
Vous vous demanderez probablement de quel in-
térêt peyit être pour nous la révolution chilienne,
et pourquoi l’anarchie Argentine nous préoccupe,
et jusqu’à quel point nous devons jeter le manche
après la cognée parce que le Brésil s’agite?

Je vous répondrai que tout cela ne nous touche
pas directement, mais que ça embête nos voisins
de la vieille Angleterre. Sitôt arrivées ici les
nouvelles au sujet desquelles je viens de yous
renseigner, notre personnel financier s’est arra-
ché les cheveux en criant : — Allons, bon !

Encore une étoile qui tombe

dans l’assiette du Stock-Excliange. — Et comme
les étoiles de ce genre, en tombant, se divisent
violemment en éclats; comme il n’est pas agréa-
ble de recevoir des éclaboussures de cette nature,
— on a immédiatement fermé les carnets. On
attendait les événements.

Or, aucun événement n’est venu troubler notre
sérénité. La Banque d’Angleterre a abaissé, au
contraire, le taux de son escompte; et il n’y a
rien d’aussi rassurant que cela.

Dans l’occurrence, cette mesure nous prouvait
clair comme le jour que le Stock-Exchange se fi-
chait des nouvelles sud-américaines comme un
éléphant d’un poème symboliste. Donc, la fer-
meté aurait dû reparaître ici, et ^activité égale-
ment. Elles n’en ont rien fait. Le vent qui souffle
à travers la montagne nous rend « flemmards »,
décidément.

Tant pis pour les spéculateurs. Et tant pis pour
les intermédiaires qui ne stimulent pas l’énergie
de leurs clients en faisant ressortir combien la
situation actuelle est propice aux affaires. Il y
a une abondance d’argent véritablement fantas-
tique. Il y a un calme politique tout à fait enchan-
teur. Il y a des dispositions du public complète-
ment satisfaisantes. En voulez-vous la preuve?
Regardez-moi lq cote des rentes. Vous constate-
rez que les cours au comptant, sont presque tou-
jours en avance sur ceux du ferme; et il n’y a pas
de meilleur symptôme que celui-là. Mais tout cela
laisse les intermédiaires indifférents.

Ils ne bougent. La conséquence est : que les
courtages se raréfient, et que ceux qui vivent de
ces courtages tombent dans la plus profonde
misère. On viendrait me dire qu’un ou deux
agents de change ont été obligés d’avoir recours,
pour se loger et se nourrir, aux couchettes et
aux distributions de soupes^cliaudcs des. Asiles
de nuit, que je n’en serais nullement étonné.

Mais, tout bien considéré, il ne faut pas faire
supporter aux seuls intermédiaires la responsa-
bilité de l’inertie actuelle. La faute en est sur-
tout aux établissements de crédit, qui nous
avaient promis une masse d’affaires pour ce mois
de janvier, et qui passent leur temps à rêvasser.
Ils ont tort. Ge n’est pas de cette manière qu’on
fabrique

De beaux dividendes;

et surtout, ce n’est pas avec cela qu’on engage le
public à acheter des actions. Quand une société
de crédit est active, le public se dit : — Tiens,
tiens... En voilà une qui va encaisser de sérieux
bénéfices; le moment est donc venu de s’inté-
resser à elle. — Et il achète. Mais quand la société
ne fait rien, le public s’abstient. Peut-on lui
donner tort?

Non, bien certainement. Si les sociétés de
crédit ne veulent absolument pas gagner de l’ar-
gent, cela les regarde. Mais qu’elles ne viennent
pas se plaindre plus tard de l’indifférence du pu-
blic à leur égard. Qu’elles ne viennent pas nous
dire qu’il n’y a pas moyen de lancer des affaires,
attendu que tout le capital disponible est engagé
dans les papiers du gouvernement. Où voulez-
vous que le public le mette, son argent? Il faut
pourtant bien qu’il lui rapporte quelque chose,
quand le diable y serait I II lui serait très agréable
d’avoir un gros revenu; mais, pour cela, il fau-
drait qu’il y eût de nouvelles affaires. Il n’y en a
pas. Il est donc bien obligé d’avoir recours aux
anciennes. C’est ce qu’il fait.

Et il n’y a pas à dire, il fait bien.

Cela constaté, passons à d’autres exercices.

De nouveau, cette semaine, il a été question du

Crédit Foncier.

L’ancien sous-gouverneur, M. Lévêque, —tant
de fiel entre-t-il dans l’arne d’un Lévêque! — a eu

un hoquet de bile en lisant dans les feuilles pu-
bliques qu’un successeur lui était définitivement
donné. Ce hoquet de bile, épanché sur le papier,
a donné naissance à un projet de loi contre l’éta-
blissement de la rue des Capucines. Il s’agit sim-
plement de mettre des chaînes aux pieds et aux
mains de tous les fonctionnaires de la maison,
chaînes dont le poids variera selon l’importance
de la fonction. Elles ne pèseront que 5 kilos
pour les garçons de bureau, et monteront gra-
duellement jusqu’à 35,000 kilogrammés. Rien .de
plus lourd, rien de plus gênant s’il s’agfissait'
d’empêcher lesdits fonctionnaires de danser.

Mais ce n’est pas à cette occupation qu’ils con-
sacrent leurs loisirs. Ils ont à répondre à des. de-
mandes de prêts continuels et qui vont sans cesse
grossissant. Ils ont à s’occuper à faire gagner dq
l’argent aux actionnaires et aux obligataires. Ils
ont à penser aux intérêts de leur clientèle, de
leur énorme clientèle. Jusqu’à présent, M. Ôhris-
tophle et le personnel qu’il dirige se sont assez
bien tirés de cette multiple besogne, — et même
très bien, — et même si bien, que le. Crédit Fon-
cier occupe, à l’heure qu’il est, le premier rang
parmi les établissements du monde entier. Il y a
un an environ, on pouvait lui reprocher de comp-
ter une non-valeur parmi les membres de son
haut personnel. On ne lui fera plus de pareils re-
proches, puisque M. Lévêque ne fait plus partie
de l’administration. Il a plu à M. Lévêque d’être
de mauvaise humeur : personne n’y a fait atten-
tion; et s’il a convenu à quelques tripoteurs de se’
frotter les mains et d’essâyer de peser sur les
cours, il a convenu aussi au public de profiter de
la petite réaction qui s’est produite poûr augmen-
ter, dans des conditions avantageuses, sa collec-
tion d’obligations et d'actions. Et sur ce,

.7- ; ï - y- f t y

L’incident est clôs.

Avec les actions et obligations du Crédit Fon-
cier, les chemins de fer français et les rentes, le
public a acheté quelques-unes des valeurs que le
Charivari lui a signalées, Le Crédit Lyonnais,
est en hausse notable depuis le commencement
de l’année; et le million et demi qu’il a gagné
avec l’Emprunt n’a certainement pas nui à son
ascension. Il a bien d’autres affaires en train, en
sorte que le million et demi en question fera des
petits. Si les porteurs de titres ne sont pas hos-
tiles à gagner de l’argent, je leur conseillerai
volontiers d’employer leurs bénéfices à l’acquisi-
tion de quelques actions des Chemins de fer por-
tugais, qui, en un mois, ont regagné leur cou-
pon. Ne pas oublier aussi les Chemins de fer à
voie étroite, qui se classent dans tous les porte-
feuilles sérieux et fourniront un avenir semé de
beaux profits à leurs heureux porteurs. Assai-
sonnez le tout de Linarès-Almeria et de Porto-
Rico, et vous me direz des nouvelles du plat
financier cuisiné à votre intention par

Castorine.
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