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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0106
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LE CHARIVARI

abondance de racontars historiques comment ce
très obscur cabotin joua, à cette époque, en de-
hors du théâtre, un rôle providentiel et arracha
à l’échafaud de nombreuses victimes en détrui-
sant les dossiers qu’il avait pour mission de clas-
ser, car il cumulait la bureaucratie et le théâtre.

Parmi ces dossiers, qui étaient de vrais brevets
de mort, figuraient ceux qui concernaient les
artistes de la Comédie-Française, laquelle ac-
quitte en conséquence une dette de gratitude en
accordant â son ancien bienfaiteur cette apo-
théose en quatre actes.

Mais revenons â notre analyse sommaire.

Elle n’est pas longue â résumer l’action,
comme vous l’allez voir! Cela pour cette bien
simple raison qu’il n’y a pour ainsi dire pas d’ac-
tion dans ce travail de marqueterie pseudo-his-
torique.

Trois scènes en tout. Le reste n’est que de l’ac-
cessoire prodigué sans mesure.

Première scène : la lutte entre Martial et Fa-
bienne au second acte; celui-ci réclamant son
droit à l’amour, celle-là défendant sans grande
conviction les fameux vœux que lui a imposés,
bien inopportunément, un évêque trop zélé, qui
aurait dû penser que sa propagande en un tel
moment risquait de travailler au profit de la
guillotine.

J’ai dit que Fabienne se défendait avec bien de
la mollesse. Et c’est là ce qui empêche de s’inté-
resser à l’héroïne douteuse de M. Sardou. On ne

Un des vices rédhibitoires de Thermidor, c’est
encore que tout ce qui serait vraiment passion-
nant s’y fait à la cantonade.

C’est tout le temps le mur derrièrè lequel il se
passe quelque chose !

Ce quelque chose nous est raconté successive-
ment par un tas de personnages accessoires, qui
ont l’air devenir nous faire la lecture d’un jour-
nal du soir. Ce cours enfantin et tant soit peu
frelaté d’histoire rétrospective finit par agacer
outre mesure.

Je n’insiste pas sur la violence partiale des dé-
clamations ultra réactionnaires que M. Sardou a
prodiguées à dessein, pour se concilier un public
spécial dont il flattait les rancunes monar-
chistes.

C’est, en effet, par là que M. Sardou a conquis
une partie des bravos qui ont escorté son œuvre
mal à sa place, déséquilibrée et fausse.

L’autre partie — la plus grande — est due au
talent hors ligne des principaux interprètes.

Mlle Bartet a réussi à poétiser l’indécise et bru-
meuse figure de Fabienne. Elle y met tant de
charme pénétrant, qu’on est subjugué quand
même.

Coquelin est un prodigieux Labussière ; son jeu,
nuancé avec une exquise délicatesse, fait vibrer
toute la lyre.

Grand art et grand artiste.

Marais est plein de fougue et de tendresse dans
le rôle de Martial. Le voilà tout à fait de la mai-

La fortune a des caprices bizarres, ainsi qu’il con
vient à une femme que tout le monde trouve évidem-
ment très jolie, puisque tout le monde court après'
Un brave épicier des environs de Metz, porteur
d'un seul bon du Crédit Foncier, a décroché, au der-
nier tirage, une timbale de cent mille francs.

Quelques jours avant, le petit commerçant, gêné
avait essayé de négocier cette modeste valeur.' ’
Inutilement, par bonheur pour lui.

Mais combien ceux qui ont refusé de lui acheter
ce chiffon de papier doivent aujourd’hui se morclro
les doigts!

L’épicier l’a échappé belle.

On pourrait écrire un petit poème sur ce sujet nal-
pi tant. 1

Recommandé à M. François Coppée, coutumier du
fait.

Certaines petites annonces de certains grands
journaux sont parfois bien cocasses.

Témoin celle-ci :

« Mr. 38 ans serait bien reconn1 à pers. génér. qui
prêt. 10,000 fr. s. int. remb. par pet. an... »

Il n’est pas dégoûté, le monsieur.

10,000 francs sans intérêt, remboursables en quatre-
vingt-dix-neuf ans.

Si ce monsieur était une dame, une dame d’un peu
moins de trente-huit ans, l’affaire aurait quelque
chance d’aboutir. Et encore n’est-ce pas bien sûr,
l’argent étant rare, et la « personne généreuse »
aussi.

sait ce qu’elle veut au juste, et elle semble ne pas
le savoir elle-même.

Elle résiste sans conviction et cède sans pas-
sion. Caractère indécis, girouette sentimentale,
elle n’est ni à Dieu, ni au diable, ni à l’amour, ni
au fanatisme.

C’est un des grands défauts de l’œuvre.

La seconde scène à effet est encore une lutte ;
cette fois entre Martial et Labussière : Martial,
qui veut qu’on envoie à l’échafaud une autre
jeune femme à la place de Fabienne, son homo-
nyme; Labussière, se démenant et se désolant,
pour arriver finalement à une capitulation de
tous points abominable.

Admirablement dit par Coquelin et Marais, ce
duo a été applaudi à outrance. Le talent des in-
terprètes a réussi à dissimuler les fausses notes
semées par l’auteur dans son morceau.

Il n’est pas humainement possible qu’un hon-
nête homme, qu’un soldat conçoive sans horreur
l’idée d’une substitution, qui est un vil assas-
sinat. Et ce qui rend l’aberration de Martial en-
core plus inadmissible, c’est qu’une longue sépa-
ration a eu le temps de refroidir ses ardeurs;
c’est qu’aussi il ne devrait pas être à ce point en-
thousiaste pour celle qui l’a si facilement lâché
naguère, sans avoir la preuve de sa mort, et
quand tout lui faisait, en conséquence, un devoir

son, cette fois.

Je félicite en bloc tous les autres, et aussi les
décorateurs, qui ont fait merveille.

Thermidor fera de l’argent ; mais Thermidor
n’en est pas moins une œuvre médiocre, un
drame que la voix d’un spectateur, à la chute du
rideau, n’avait pas Tort de renvoyer à l’Am-
bigu.

La Comédie-Française a reçu la pièce sur le
nom de son auteur. Mais personne n’y peut igno-
rer la distance qui sépare cet arrangement à
spectacle des vraies œuvres tragiques ou comi-
ques qui font la gloire de la maison, et qui s’ap-
pellent : le Gendre deM. Poirier, ou Denise, la
Fille de Roland, ou le Monde où l'on s'en-
nuie.

Pierre Véron.

Mais la «petite correspondance «quotidiennement
entretenue par d’autres feuilles avec leurs lecteurs
dame le pion à toutes les annonces possibles ou
impossibles.

Peut-on, par exemple, trouver rien de plus naïf
que la question suivante, posée au public par l’in-
termédiaire d’un de nos confrères, un peu distrait :
« Pourquoi beaucoup de personnes, lorsqu'elles
versent dans un verre une boisson chaude, mettent-
elles auparavant, au fond du verre, un morceau de
sucre pour l’empêcher de casser?»

Eh bien, mais, à tort ou à raison, c’est précisément
pour empêcher le verre de se casser que les per-
sonnes y mettent le morceau de sucre.

Vous faites donc, tout à la fois, la demande et la
réponse; de même que ces barnums de somnambules
de foire lorsqu’ils interrogent, coram populo, leur su-
jet prétendûment endormi :

— Pourriez-vous me dire, s’il vous plaît, en quel
métal est la montre en or de môssicu ?...

icxtha.it rrabsinthe: btjpkhiexjhm

GEMPP PERNOD ^Y^ÏT**

TRI PLE-SEC COINTREAü dangers

■--

CHRONIQUE DU JOUR

Le gros Z..., menacé d’apoplexie foudroyante,
consulte à diverses reprises son médecin, qui, cha-
que fois, ordonne une saignée.

Z... résiste obstinément, et ne veut même pas
entendre parler de cette opération :

— Mais c’est de la folie toute pure! s’écrie le pra-
ticien, vexé.

— Pas le moins du monde, mon cher docteur, ré-
plique Z...; c’est même tout le contraire. Est-ce que
la Bible ne dit pas : La crainte du Saigneur est le com-
mencement de la sagesse?

d’attendre avec plus de patience.

Cette Fabienne ne nous ayant pas émus, nous
refusons encore plus obstinément de croire qu’on
ait la pensée de commettre â son profit une aussi
lâche action.

Troisième grande scène et troisième lutte : le
dénouement. Labussière, pour sauver Fabienne,
veut lui faire signer une demande de sursis, mo-
tivée par état de grossesse. Le subterfuge a déjà
été employé par de très hautes et très honnestes
dames. Il est ici d’autant plus justifié, que la
Terreur agonise, que demain le bourreau lâchera
toutes ses proies d’un seul coup.

Comment Fabienne peut-elle résister?

Encore une fois, si c’était une fanatique, nous
trouverions sa révolte plus niaise que sublime,
mais nous l’admettrions.

Mais non. Fabienne n’est qu’une religieuse de
rencontre. Elle a, au second acte, consenti à jeter
le voile aux orties pour retomber dans les bras de
Martial. Bien plus, elle a regardé, â ce même
acte, passer la charrette qui emmenait en prison
ies autres sœurs de sa confrérie. Et elle n’a pas
du tout eu l’envie de se joindre â elles.

C’est sur une dénonciation qu’elle a été arrêtée
â son tour, alors qu’elle restait bien résolue â lâ-
cher Dieu pour la vie de ménage.

Jamais vous ne nous persuaderez que cetie va-
cillante personne court, finalement, au-devant du
couperet avec une opiniâtreté bébête.

Chacun sentait si bien l’inanité de cette scène
inutilement répulsive, que la salle, pourtant dis-
posée â tous les emballements, en a été comme
glacée.

Saviez-vous qu’il existât une « fraude sur les
beurres »?

Evidemment oui ; aucun Parisien de Paris ne peut
ignorer ça, malheureusement.

Seulement, vous n’aviez peut-être pas encore
entendu parler de certaine commission parlemen-
taire constituée à seule fin de frapper ladite fraude
par un bon petit projet de loi prohibitif, coercitif, et
surtout expéditif. .

Cette commission s’est réunie l’autre jour, et a
entendu, nous dit-on, «une délégation des fabricants
de beurre de l’Aisne et une délégation du Syndicat
des beurres et de la laiterie de Paris. »

On ajoute même que « les délégués ont demandé
l’interdiction absolue de la margarine »

Mais alors, c’est excessivement simple, et tout le
monde est d’accord.

Messieurs les fabricants provinciaux et les mar-
chands parisiens n’ont qua ne plus introduire de
margarine dans leur beurre.

Comme ce ne sont certainement pas les consom-
mateurs qui l’y fourrent, le problème sera résolu
d’emblée, et la commission parlementaire pourra
s’occuper d’autre chose.

Ainsi soit-il !

Les Yankees ne se refusent rien.

Ou plutôt ne refusent rien à leurs femmes.

Le service d’argent pour la table d’une des plus ri-
ches Américaines de Paris a coûté, dit-on, 975,000 fr.

Peste! voilà une maison où il fait sans doute bon
avoir le vivre, mais où il serait encore plus avanta-
geux d’emporter le couvert.

Une autre lady, récemment décédée à New-York,
possédait un collier estimé 1,550,000 francs.

Un peu plus d’un million et demi au cou, cela vaut
un peu mieux qu’une corde, j’imagine.

A ce prix, le collier en question pouvait être très
estimé; il était, en effet, des plus estimables.

Robert Macaire, administrateur délégué, préside
une réunion d’actionnaires :

— Messieurs, s’écrie-t-il noblement, notre société
financière, bien qu’en pleine prospérité, ne donnera
pas encore de' dividendes cette année-ci, pas plus
que les années suivantes, d’ailleurs. Le conseil d’ad-
ministration a pensé qu’il fallait, avant tout, main-
tenir la bonne harmonie entre tous nos souscrip-
teurs. Passez-vous de dividendes, messieurs, la-
concorde est à ce prix. Car enfin, ce n’est pas moi
qui parle, c’est l’arithmétique. Pas de dividendes pos-
sibles sans divisions.

Henri Second.

BOURSE-EXPRESS

Enfin, nous sommes arrivés au moment où Lon-
dres effectue sa liquidation. C’est la grosse affaire
des fins de mois, comme vous ne l’ignorez pas. .

Selon toutes probabilités, tout ira bien cette fois.
Il n’y a pas beaucoup d’engagements, et l’abondance
de l’argent est attestée par la récente réduction du
taux de l’escompte. Dans ces conditions, il faudrait
de rudes incidents pour que la liquidation de Lon-
dres fût mauvaise. . .

Si elle est bonne, comme tout porte à le croire, la
nôtre sera satisfaisante. Nous verrons cela dans deux
ou trois jours. f , .

Après quoi, on nous promet beaucoup d’affaires.

Croyez cela et buvez de l’eau. Il n’y a guère que
six mois qu’on nous promet cela tous les quinze
jours !

Castorine.
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