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Le charivari — 60.1891

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Mars
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SOIXANTIÈME ANNÉE

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SAMEDI 21 MARS 189Î

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Politique, Littéraire et Artistique

FIEU H IC V ÉUO i\

Uêcl acteur en Chef

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Politique, Littéraire et Artistique
IM K II II Ë VÉH0.\

Rédacteur en Chef

ANNONCES.

ADOLPHE. EWIG, kermieu de i.a publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

Encore ce sinistre Tonkin devant la Chambre.
Théine lugubre, variations qui se suivent en se
ressemblant, hélas !

Non, jamais je ne serai de ceux qui se résigne-
ront à l’idée des perpétuels égorgements, des
millions incessamment gaspillés. Non, sachant
trop bien à quoi m’en tenir sur cette pacification
de Nivelle dont on nous parle toujours et que
nous ne verrons jamais, j’ai la ferme conviction
que le véritable patriotisme, le patriotisme intel-
ligent qui n’a rien de commun avec le chauvi-
nisme et la fanfaronnade, ordonnerait de revenir
en hâte, de couper court aux sacrifices humains,
de renoncer à une colonisation chimérique.

Quoi! c’est alors que nous devrions concentrer
toutes nos forces en vue des éventualités redou-
tables que chacun entrevoit à l’horizon, c’est
alors que nous allons lâ-bas gaspiller le sang et
l’or!

Notez que les trois quarts des députés, que les
membres du gouvernement eux-mêmes sont ab-
solument de mon avis.

Mais ils n’osent pas l’avouer.

Il faut plus de courage pour réparer une faute,
en revenant sur ce qu’on a fait, que pour persé-
vérer témérairement dans cette faute ruineuse.

Les Anglais n’ont pas de ces pudibonderies. Ils
lâchent carrément l’entreprise commencée, si
cette entreprise leur paraît vouée à un avorte
ment certain.

Nous, nous plaçons notre point d’honneur dans
l’entêtement.

Il est un mot que nous feignons de ne pas vou-
loir admettre dans notre dictionnaire, le mot

reculer.

Eh! sacrebleu, reculer vaut mieux que sau-
ter.

Pierre Véron.

LE COTÉ DES DAMES

SAYNÈTE PARLEMENTAIRE

La scène se passe dans le sein de la commis-
sion chargée d’examiner le projet de loi relatif à
l’abolition de la Censure.

Les roublards que ces commissaires! Après

s’être offert le plaisir de faire défiler devant eux
nos auteurs dramatiques, ils ont eu l’idée de se
régaler d’un spectacle gratuit infiniment plus
croustillant. Donc, toujours sous prétexte d’en-
quête, ils ont mandé à leur barre une sélection
d’actrices parisiennes.

Grand émoi et grande jalousie dans les couloirs
du Palais-Bourbon, où tout le monde envie ceux
qui vont conférer. Les . plus négligés ont poussé
un bout de toilette, pour le cas où ils rencontre-
raient ces dames. Le farouche Thivrier lui-
même s’est payé une blouse neuve.

Dans le bureau où ces dames doivent être re-
çues, Fefîervescence est à son comble.

On introduit Mlle Reichenberg. Sensation.

Le président. — Mademoiselle, vous savez dans
quel but nous vous avons convoquée ?

Mlle Reichenberg, ingénuement. — Pas du
tout, monsieur.

(Au son de cette douce voix, deux ou trois
commissaires (les plus âgés) se trémoussent sur
leurs sièges.J

Le président. — Mademoiselle, nous voudrions
avoir votre avis sur la Censure.

Mlle Reichenberg, encore plus ingénuement.
— Mon Dieu! monsieur le président, je ne peux
pas en avoir. Je dis tout d’une façon si chaste
que la Censure est incapable de me gêner.

.Le président. — C’est vrai.

Un membre. — Est-ce que vous ne pourriez pas,
pour voir, mademoiselle, nous réciter quelque
chose de très inconvenant avec cette chasteté
dont vous parlez ?

(Tous les yeux se mettent à pétiller de con-
voitise.)

Mlle Reichenberg. — Je ne puis rien faire, en
dehors de la Comédie-Française, sans l’autorisa-
tion de M. l’Administrateur. Mille regrets!

(Elle fait une gracieuse révérence et se re-
tire, laissant les commissaires déconfits)

***

Le président. - Qu’on introduise Mlle Du-
dlay. (S'adressant à la nouvelle venue) Made-
moiselle...

MlleDudlay. —Reichenberg vient de me dire,
monsieur, pourquoi nous sommes ici. Je suis
étrangère à la question, ne jouant jamais que du
classique, sur lequel la Censure m’oserait porter
la main.

Elle salue noblement et disparaît. Grimaces
diverses)

Le président. — Qu’on introduise Mlle Ré-
jane.

(Redoublement d*attention)

Le président. — Mademoiselle, que pensez-
vous de 1a. Censure?

Mlle Réjane. — Monsieur le président, par
tempérament je suis gavroche. En fait d’art, ma
devise est : « De l’audace, encore de l’audace. »
Par conséquent, je ne puis avoir que le plus pro-
fond dédain pour les bonshommes dont vous me
parlez... Je vous demande pardon: on m’attend â
i’Odéon où je répète, et je n’ai pas une minute â
perdre.

(Elle disparaît)

***

Le président. — Qu’on introduise Mlle Gra-
nier.

Mlle Granier, entrant. — Monsieur le prési-
dent, il paraît que c’est â propos de la Censure
que vous m’avez fait l’honneur...

Le président. — Précisément.

Mlle Granier. — Mon opinion est que la Cen-
sure n’y voit jamais que du feu, quand on veut
s’en donner la peine. Prenez un couplet, quel
qu’il soit, terminé par le vers le plus inoflfensif...
J’y mettrai de la cantharide quand ça me plaira.
Supposez, par exemple, qu’il finisse par ces
mots :

Je n’sais pas, mon Dieu! Je n’sais pas...

Tous. — Oui, oui, supposons.

Mlle Granier. — La Censure ne peut rien
soupçonner de capiteux dans cette phrase ba-
nale, n’est-ce pas? Eh bien, moi qui suis une
jeune paysanne â qui son amoureux a donné
rendez-vous, je chante comme ça : Je n’sais pas,
et aussitôt vous comprenez, j’en suis sûre, que je
fais allusion à ma virginité.

Le président. — Continuez, je vous en prie;
donnez-nous-en un autre exemple.

Mlle Granier.—Ah! mais non.C’est 500francs
quand je vais dans le monde. Je suis bien votre
servante...

Le président. — Qu’on introduise Mlle La Gou-
lue... Mademoiselle, la danse fait maintenant
partie de l’art dramatique; nous avons donc
pensé qu’il était nécessaire de vous consulter sur
la question de la Censure.

Mlle La Goulue. — J’t’écoute, mon petit pèreI
Il n’y aura bientôt plus de pièce â succès sans un
pas vaporeux.

(Rires charmés)

Qu’est-ce que vous voulez que la Censure y
fasse? A moins qu’on ne mette sur la scène une
mécanique qui serait comme qui dirait un cha-
hutomètre. Je lève la jambe à cette hauteur...

(Toutes les têtes se penchent en avant.)

C’est permis. Mais si je la lève à celle-là, c’est
défendu ?...

(Les têtes se penchent encore plus)

Malheur !... C’est comme pour la danse du ven-
tre... Je me trémousse le nombril de cette fa-
çon...

(Tous les commissaires quittent leur place et
se rapprochent)
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