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Le charivari — 60.1891

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Septembre
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ET VOUS R.ECEVR.EZ.

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ARRIVÉE,

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AVEC L’OUVERTURE DE LA CHASSE, ENCORE UNE APPLICATION NOUVELLE POUR LES DISTRIBUTEURS AUTOMATIQUES.

éloignée de sa belle-mère, qu’elle arrivait à détester
comme on déteste un mentor sévère, et un jour
qu’une scène s’était élevée à propos d’un devoir à
faire, entre Aurore et la petite :

— C’est bien, cria celle-ci en pleurant, je dirai à
papa que tu m’as grondée, et il te battra.

Et ce serait vrai ; Sylvius Pichut, très violent,
avait des rages d’Auvergnat, et tapait...

L’apoplexie guettait sous cette violence, et un pre-
mier avertissement du mal motiva, quelques années
plus tard, la retraite du coulissier, et son exil loin
des fièvres de Paris, à Menton.

A ce moment, la fille de la cuisinière du capitaine
courait déjà le monde; mariée à un Anglais, qui,
l’ayant fait surprendre en flagrant délit, obtint de ce
fait son divorce, clic vivait avec le susdit amant
qu’elle enjôlait pour l’épouser ensuite. Le bon-
homme, laid et diabétique, avait le sac, et un de à
son nom. Pensez doncl

***

Midi.

Les cloches lentement ont une sonnerie lugubre ;
dans le soleil, les fleurs des couronnes embaument ;
Sylvius Pichut s’en va à sa dernière demeure par
tin beau jour d’été. A Menton, dans la ville presque
déserte, c’est un événement, ces funérailles, des
gens étant venus de Paris.

La fille et le gendre conduisent le deuil, avec la
veuve qui les regarde de travers, et sourit au-dedans
d’elle-mème de la surprise que causera l’ouverture
du testament, lui donnant toute là fortune, la villa,
les bijoux, les meubles, etc... Ah ! sa belle-fille, elle
lui a rendu le mal pour le bien, elle l’a fait cogner
par son mari, ne lui a épargné aucune méchanceté,
aucune malveillance, et ils sont venus pour la curée.
— Adieux raisins, vendanges sont faites !

Après des condoléances peu intimes au cimetière,
chacun s’en fut de son côté; la fille entraîna son
mari chez des hommes d'affaires; elle voulait atta-
quer tout de suite, et, jalouse de lafortunc restante,
de l’installation de la villa, prétendait que tout lui
revenait, invoquant même des cas délictueux contre
Aurore : « Son père avait été maltraité avant sa
mort; il y avait des témoignages et des dépositions
de domestiques 1 »

***

Aurore, plutôt que de perdre honteusement le pro-
cès, a cédé au dernier moment, et est venue à com-
position.

Sa belle-fille, qui la hait, veut rhum Hier jusqu’à la
fin, et, l’ayant réduite à rien, ruinée complètement,
lui offre un emploi chez elle. Soixante-six ans, que
faire, sinon accepter ? Et la voilà, la pauvre Aurore,

j chargée de la lingerie et de la buanderie ; elle mange
i à table, mais comme une ouvrière à la journée, et,
aussitôt le repas fini, s’en retourne à son poste ; on
lui parle peu, on ne la compte pas, et, les jours de
réception, on la sert dans sa chambre, à l’étage au-
dessus.

Elle n’est pas plus riche que lorsqu’elle travaillait
jadis chez Mme Pastor, rue de la Ghaussée-d’Antin,
et, parfois, quand elle passe devant la maison où se
trouvait le magasin, elle resonge à ce temps-là et,
mélancoliquement, recommence par le souvenir
toute sa vie. Mais sa tristesse est sans récrimina-
tions, elle n’accuse personne, n’en veut à qui que ce
soit, car elle est devenue une sainte femme, une dé-
vote exacte aux offices et docile à son confesseur.
Elle veut aller au Paradis, et suit des neuvaines pour
esquiver le Purgatoire, parce que le prêtre le lui a
bien dit, « il y a eu des fautes graves, des péchés
mortels dans les débuts... » Aussi, en rangeant les
serviettes et les draps de « Madame », elle mar-
monne toujours quelque chose qui est une prière.
Que Dieu lui fasse grâce!

Telle est la biographie exacte de Mme Sylvius Pi-
chut, née Aurore Fleurs-et-Plumes.

Maurice Guillemot.
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