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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#1313
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LE CHARIVARI

Plus tard, il reçoit la seconde de lui-même,
pour apprendre à vivre seul.

*** X... déteste les questionneurs, et cherche
à guérir une personne aimée de sa manie de de-
mander sans trêve : « Pourquoi? »

— Pourquoi? demande alors instinctivement la
personne.

— Parce que, mon enfant, cela ennuie les gens
interrogés, quand ils ne savent pas... lit, quand
ils savent, cela ennuie les autres.

Plusieurs messieurs se sont arrêtés, pour
causer, sur le boulevard.

Bientôt, se détache du groupe un « excellent
bon » que, naturellement, les autres démolissent
sans perdre une minute.

— Quel imbécile!

— Je ne dis pas non; mais je me rappelle que
vous lui trouviez beaucoup d’esprit autrefois.
Sans doute, il l’aura perdu.

— Disons même qu’il en a perdu davantage.

*** — Je voudrais bien, à la fin, que l’on me dît

pourquoi nous appelons un autre homme notre
semblable? demandait un curieux.

— Parce que, lui fut-il répondu, cet autre
homme aime le froid et que vous aimez le chaud,
qu’il joue et que le jeu vous fait horreur, qu’il
fume et que le tabac vous rend malade; parce
qu’il s’agite pour des opinions qui vous gâtent la
vie, et que toute rencontre entre vous deux est
une corvée réciproque.

Z..., agacé par la douceur vraiment trop pa-
tiente d’un de ses amis, finit un jour par éclater :

— Pourquoi vous faites-vous si tendre? Vous
avez donc bien peur de ne pas être mangé?

Louis Dépret.

Ce qu’il en coûte pour être député.

Nous avons un honorable qui avoue.

11 avoue avoir dépensé 27,000 francs, pas un sou
de dIus, pas un sou de moins, pour décrocher la
timbale législative.

Mâtin! on peut dire du Palais-Bourbon, comme
des anciennes prisons d’Etat :

« On n’entre pas ici facilement... »

Cette mise de jeu expliquerait au besoin les efforts
que font ensuite certains de ces messieurs pour ren-
trer dans leurs fonds.

Et neuf mille francs par an (les fameux vingt-cinq
francs quotidiens) ne suffisant pas à boucher le
trou, dame! on finit par faire des affaires...

Mais pas celles du pays, par exemple !

Parisiens, réjouissons-nous.

En attendant le Métropolitain, qui nous viendra à
Pâques ou à la Trinité, on nous promet un tunnel
métallique souterrain dans lequel circuleront des
voitures électriques.

Tu entends bien, ma vieille Lutèce?... Souterrain.

La commission chargée de se prononcer sur l’en-
quête d’utilité publique s’est réunie la semaine der-
nière et a approuvé le projet à l’unanimité.

Allons, tant mieux I 11 ne reste plus qu’à le réali-
ser, maintenant.

Après les formalités administratives, toutefois.

On nous assure qu’on mettra la main à l’œuvre dès
le l,r mai prochain.

Pourvu que ça ne soit pas le 1er avril 1

de toute la fortune de celui-ci, évaluée à trente mille
francs. »

Pensée de derrière la tète d’un républicain qui n’a
pas eu sa part du gâteau... des rois:

« Dans les révolutions, il y en a qui reçoivent les
coups, et d'autres qui récoltent des sous
» Les naïfs y gagnent la mort, les malins y gagnent
leur vie. »

Affiche manuscrite cueillie rue Drouot, à côté de
la mairie :

« Il a été perdu, par une dame, entre le boulevard
et Notre-Dame-de-Lorette, un boa. Prière de le
rapporter rue X .., n° ..., contre forte récompense. »

A la bonne heure!

Jusqu’à présent, c’était le serpent qui avait perdu
la femme.

Voici enfin, juste retour des choses d’ici-bas, une
femme qui perd le serpent.

Actualités palpitantes.

Une jeune et belle fille, ouvrière couturière ou
fleuriste, est poursuivie dans la rue, depuis un quart
d'heure, par une sorte d’ivrogbe qui, tout en titubant
et hoquetant, lui balbutie dans le cou des déclara-
tions enflammées.

La grisette, vrai gavroche en jupons, perdant enfin
patience, se retourne et répond simplement :

— Tu me dégoûtes, soulard !

Henri Second.

XXTRA.IT D'ABSINTHE SURBRIZURS

GEMPP PERNOD “{BEES*

TRIPLE-SEC COINTKEAU,/mem

BOURGUIGNON, puissant digestif
à. base d’alcool vieux pur de via
SIMON aîaé, CHALON - sur-SAONE

Encore les noms prédestinés.

A la fête des Gobelins, un pauvre diable de came-
lot vendait des cris d’oiseaux.

Au moyen de petits instruments de son invention,
il imitait, paraît-il, le cri de plus de cinq cents
oiseaux.

La chose tenta un filou qui, profitant d’une courte
absence de l’industriel, mit toute la petite volière
artificielle dans sa poche.

Ce vol de cris d’oiseaux est déjà en lui-même
assez extraordinaire; mais le plus cocasse, le voici.

Le volé alla porter plainte devant le commissaire
de police du quartier.

Or, ce magistrat, en l’espèce, doit être tout parti-
culièrement compétent.

Car... Il se nomme Perruche.

CHRONIQUE DU JOUR

Grrrande nouvelle !

On annonce avec ostentation qu’un petit journal va,
un comité parlementaire en tête, « inaugurer une
nouvelle ligne politique ».

Une nouvelle ligne ?

Inutile de demander si M. Yves Guyot en est.

On a souvent blagué les viveurs des romans de
Paul de Kock, qui, avec six mille livres de revenu,
avaient un cabriolet et un groom, entretenaient deux
ou trois maîtresses sur le pavé de Paris, et invi-
taient souvent leurs amis à des dîners fins, chez le
traiteur.

Eh bien, n’en déplaise aux malins plaisants, on
peut être rentier à bon marché sur le pavé de la
capitale.

Je lis, en effet, dans un fait-divers récent :

« Une domestique s’était emparée, à la mort de
son maître, un vieux rentier de la rue d’Allemagne,

BOURSE-EXPRESS

On double le cap de la liquidation, opération tou-
jours délicate et qui exige que la spéculation ne
perde pas la boussole.

On saura, d’ici à la fin de la semaine, quelle va
être l’orientation fin d’année.

Dans quelques jours aussi aura lieu l’émission de
18,000 obligations de la Société du chemin de fer
ottoman de Jaffa à Jérusalem.

Nous reviendrons sur les détails de cette affaire.
Indiquons seulement, aujourd’hui, le prix d’émission
qui est fixé à 450 francs, payables en cinq verse-
ments : 50 francs en souscrivant et 100 francs par
mois jusqu’au 10 avril 1892.

Ces'obligations rapporteront 25 francs par an, paya-
bles semestriellement.

La souscription sera ouverte, le mardi 15 décem-
bre, aux guichets de la Société Le Crédit (capital
40 millions), 18, place Vendôme, à Paris, et à ceux
de sa succursale à Lyon, 37, rue de l’Hôtel-de-Ville.

Castorine.

LÉGISLATION COMPARÉE

Quand, par hasard, les Anglaises se mêlent d’être
jolies, elles le sont d’une façon invraisemblable.

Telle ôtait miss Nelly Kissman, la plus adorable
petite Anglaise qu’on pût rêver et la quinzième fille
d’un pasteur de village.

Le jour où elle eut dix-huit ans, son révérend père
lui donna vingt shellings, sa bénédiction paternelle
et pastorale, et la mit doucement à la porte, en lui
disant d’un ton biblique :

— Allez, ma fille... Votre père ne peut plus vous
nourrir... Allez et suivez toujours les sentiers du
Seigneur ! ..

Ainsi congédiée, Nelly pleura abondamment.

Qu’allait-elle devenir? Quelle profession embras-
ser? Elle ne savait rien faire que le plum-pudding.
Et puis, à parler franc, elle était paresseuse, la belle
Nelly.

— Seigneur, implora-t-elle, que va devenir votre
humble servante?

Le Seigneur — que son grand âge a, sans doute,
rendu un peu sourd — ne répondit pas. La petite
Nelly n’osa pas insister et prit le train pour aller
chercher fortune à Londres.

Le compartiment dans lequel elle monta était vide.

A la première station, la portière fut successive-
ment ouverte et non moins successivement refermée
par différents gentlemen qui détalèrent comme s’ils
avaient vu le diable. Prudence bien explicable! On
sait, en effet, ce qu’il peut en coûter dans la ver-
tueuse Angleterre pour voyager en tête-à-tête avec
une jolie fille. Comme prix, c’est inabordable.

Pourtant, au moment où le train allait s’ébranler,
la portière s’ouvrit une dernière fois et un jeune
homme s’engouffra dans le wagon.

Avant de s’asseoir, il salua Nelly, à qui cette poli-
tesse contraire aux usages suggéra cette sagace
réflexion :

— Ce n’est pas un Anglais !

— Miss, dit le voyageur, voulez-vous me permettre
de baisser la glace ?

Second sujet d’étonnement pour Nelly qui, de stu-
péfaction, en laissa tomber son parapluie. Le jeune
homme se précipita pour le ramasser.

Du coup, elle fut fixée sur la nationalité de son
compagnon de route.

— Ce doit être un Français, se dit-elle.

Cette supposition devint, pour elle, une certitude,
lorsqu’après avoir usé de l’autorisation tacite qui
venait de lui être donnée, c’est-à-dire baissé la glace,
le jeune homme essaya de la rompre (la glace).

Nelly opposa d’abord à ses tentatives de conver- !
sation le mutisme rébarbatif et la moue imperti-
nente de toute Anglaise bien élevée. Mais quoi! il
était si joli garçon, le voyageur, si aimable, si dis-

tingué d’allures, qu’elle se laissa aller à répondre
un mot ou deux.

Ce qui fait que, de parole en parole, la petite Nelly,
cédant au besoin de dégonfler son cœur, en vint à
confier ingénument à l’étranger qu’elle était la quin-
zième fille du révérend Kissman, que son père l’avait
renvoyée de la maison paternelle et qu’elle allait à
Londres avec vingt shellings dans sa poche.

En achevant ce récit, ses larmes recommencèrent
à couler. Lejeune homme, très ému, se rapprocha
d’elle pour la réconforter par quelques mots bien
sentis. Il faut croire qu’il apporta un zèle excessif
dans son rôle de consolateur ou que miss Nelly
était bien profondément absorbée dans son chagrin,
car, à un moment, sans motif appréciable, les lèvres
de l’un s’imprimèrent, brûlantes, sur la petite main
de l’autre.

A ce contact, la rigide vertu delà fille du révérend
se réveilla bruyamment. Miss Nelly se mit à pous-
ser les hauts cris, des cris terribles, et à cavalcader
follement dans le vagon comme une gazelle enfer-
mée dans la même cage qu’un loup dévorant. Le
Français était ébahi 1

Alors, à la portière dont la glace avait été si ma-
lencontreusement baissée, une tête apparut, la tête
britanniquement indignée d’un employé du chemin
de fer.

— Aoh ! fit ce fonctionnaire en détournant pudique-
ment les yeux.

Et il dressa, séance tenante, procès-verbal contre
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