LE CHARIVARI
La spéculation baissière a eu grand tort de trai- J
ter ces valeurs-là comme ces marchandises de
fin de saison que les magasins de nouveautés
mettent en vente avec un grrrand rabais ; le pu-
blic s’est jeté dessus avec ensemble, et a gagné
ainsi un grand nombre de louis, qui serviront à
payer les étrennes à qui de droit Moi, je suis
toujours content quand je vois le public gagner
de l’argent sur le dos de la spéculation. Les bais-
siez ont tant et si souvent essayé de semer la
panique et la défiance, que je ne peux pas m’em-
pêcher de considérer l’argent qu’ils rendent
comme une pure et simple restitution.
Il se pourrait bien que le dernier mot ne fut
pas encore dit dans cet ordre d’idées. D’autres
valeurs existent qui, par trop dépréciées, seront
évidemment tôt ou tard, et plus tôt que plus tard,
l’objet d’un relèvement certain. Ainsi, le Crédit
Mobilier, par exemple. Profitant de ce que l’éta-
blissement était en train de liquider son porte-
feuille, un groupe s’est amusé à taper dessus jus-
qu’à plus soif, espérant, à l’aide de la baisse,
ramasser à bas prix les titres que le Mobilier
réalisait. Ce n’était pas mal imaginé. Malheureu-
sement pour le groupe en question, le Mobilier a
trouvé, chez des voisins, cinq millions qui lui
permettront d’achever à loisir la liquidation de
son portefeuille.
En parcourant la cote, je m’aperçois que les
gens qui, cette fois, ont voulu mettre le marché
à feu et à sang, sont moins forts que leurs prédé-
cesseurs. Quand ceux-ci voulaient essayer d’un
krach, ils ne se bornaient pas à attaquer les
actions et les rentes : ils s’en prenaient aussi aux
obligations, certains ainsi de créer une certaine
inquiétude dans les rangs du petit public. Lien
de tel dans la dernière tentative. Les obligations
— celles des bonnes maisons— n’ont mie bougé.
Celles de la Ville de Paris et celles du Crédit
Foncier, celles des chemins de fer français et
celles de certaines lignes étrangères telles que le
Linarès-Alméria ou le Porto-Rico, restent pour
ainsi dire sans changement.
Une autre fois, messieurs, il faudra faire at-
tention à cela. Tapez sur les obligations; sans
cela, rien de fait. Vous ne réussirez peut-être
pas davantage, mais vous nous fournirez l’occa-
sion d’encaisser de plus gros bénéfices, et ce sera
toujours ça de gagné !
Et, à propos d’obligations, n’oubliez pas que
c’est mardi, c’est-à-dire le lendemain du jour où
vous lirez ces lignes, qu’aura lieu l’émission des
18,000 obligations de 500 francs du chemin de fer
de
Jaffa à Jérusalem.
Les conditions de l’émission, vous les connais-
sez. Je vous rappellerai seulement que le titre
rapporte 25 francs par an, ce qui, pour un capi-
tal de 450 francs, représente un placement de
5.55 0/0.
La Société de Travaux publics et Constructions,
dont le barême des dépenses va en décroissant
de 50 à 89 0/0 du montant des recettes, laisse à la
Compagnie de Jafïa à Jérusalem un produit net
annuel de 600,000 francs, largement suffisant pour
assurer le service des 18,000 obligations, qui n’e=t
que de 467,000 francs. Ajoutons que la même So-
ciété, en sa qualité d’entrepreneur général, ga-
rantit l’intérêt et l’amortissement des obligations
pendant la durée de la construction et la pre-
mière année de l’exploitation. Et constatons, en
terminant, que les travaux, inaugurés il y a près
de deux ans (le 1er avril 1890), sont -poussés avec
activité.
CaSTORINE.
LE QUATRAIN D’HIER
Très peu, s'en est fallu, Vautre jour, coup d'œil rare,
Que Freppel, rugissant, sur Fallières sautât,
Et que Floquet criât : Huissiers, que Von sépare
L Eglise de VEtat !
SIFFLET.
UN PROSPECTUS
Nous avons reçu celui-ci aujourd’hui même :
LE CERVEAU
JOURNAL INTELLECTUEL ET COMMERCIAL
M.
Le mouvement contemporain est de plus en
plus entraîné vers l’étude si captivante et si mys-
térieuse des sciences psychiques.
L’avancement des connaissances électriques,
astronomiques et autres ouvre chaque jour de
nouveaux horizons à la pensée humaine.
Mais, d’un autre côté, les difficultés de vivre
augmentant en proportions équivalentes, il nous
a semblé urgent de créer un organe destiné à
régulariser l’effort de la génération actuelle, de
telle sorte qu’un sage souci des choses pratiques
contrebalance, en l’utilisant, la préoccupation
sereine de l’Idéal.
Telle est bien, du reste, autant que nous
pouvons déjà en juger par l’examen moral de
notre époque, la caractéristique des actions de
nos jeunes contemporains: l’azur et le 3 0y0;
l’amour et la dot; l’état d’âme et le pari mu-
tuel.
Le Cerveau va donc remplir dans la presse un
rôle nécessaire et bienfaisant, et peut-être même
provoquer une évolution dans les lettres et les
sciences.
Nous nous bornerons, dans ce prospectus, à
donner un aperçu des bienfaits que nous voulons
répandre, en publiant quelques extraits de nos
pages de publicité, à cinq francs la ligne.
PETITES ANNONCES
du Cerveau
(Spécimen.J
A vendre, une Idée en bon état, pouvant con-
venir à un célibataire, et destinée à le rendre
heureux au moins deux heures par jour. — Féli-
cité garantie. Prix modéré. S’adresser à A. B.,
aux bureaux du journal.
f\U~t
c/|L>
On achèterait un fonds de Matérialiste bien
coté. Vingt mille francs comptant, après véri-
fication des œuvres et du rapport. —X. Z. 3, Pe-
tite poste du journal.
tOMPOSiTEUR de musique, jeune audacieux, dé-
sirerait vendre son talent à l’année ou au mois.
Forfait à débattre. Exigences relatives. Affaire
d’avenir. Ecrire à F. 324, case 9.
r\lr>
i/î\»
Nouvelle théorie sur les mondes célestes habi-
tés, refusée à l’Observatoire, à céder à de
bonnes conditions. Cette théorie sera excellente
dans quelques années, dès que le commerce aura
épuisé celles qui sont sur le marché actuel. Très
claire, très simple, facile à dissimuler, et, au be-
soin, pouvant se retourner de façon à prouver le
contraire. Excellente valeur de portefeuille.
Plusieurs situations dramatiques sont deman-
dées. Très pressé. Ouvrage commandé par
théâtre subventionné. Règlement comptant, sans
escompte. S’adresser le mercredi, à 2 heures, à
M. L. X. Y.
OiC
Procédé infaillible pour faire des vers, rapide-
ment, et dans tous les genres. Rimes riches à
tous prix. Génie en vingt-cinq leçons. On traite
par correspondance contre premier envoi d’un
mandat de vingt,francs par la poste à O. O. O. 297,
au journal (affranchir).
i/ly
mous les imbéciles deviennent spirituels, après
I la lecture de la formule A 3 = V, décou-
977
verte par un mathématicien hongrois, et qu’il
envoie sous enveloppe cachetée contre cinq
francs. M. N. Dix ans de succès.
r\ir*
c/I\>
Anciens principes politiques, à louer, à l’heure.
Faciles à placer dans les discours. S’adaptent
à toutes les opinions. Conviennent parfaitement
à tous membres du Parlement. E. E. E. 8. On se
rend à domicile. Discrétion.
Suggestions de toute force et de toutes espèces,
documents humains, improvisations, mélodies
élastiques, aphorismes au poids, romans concen-
trés, convictions en rames et en feuilles, etc...
Ecrire à l’agence S. V. B. — Usine à Gharenton
et succursale à l’Institut.
Pour copie sincère,
Maurice Dancourt.
CASSIS freoeric MUGNIER
MEDAILLE D’OR
Exposition Universelle Paris 1889
PLUME HUMBOLDT'irr
DIDUC IT D EDO et articles pour fumeu
JrlJTljO IX JA JD JD O *2, Passage Bourg-l’Abbé, Pans.
CHRONIQUE DU JOUR
Il ne se passe guère de semaine sans qu’un juge-
ment bizarre vienne eniever un petit morceau au
prestige de la justice française.
L’indulgence monstrueuse dont la onzième cham-
bre a fait preuve, envers des parents qui avaient
torturé leur enfant, a provoqué un vif mouvement
d’opinion.
Est-ce suffisant?
Une vieille formule a dit: « Les juges seront ju-
gés. » C’est, par malheur, une simple figure de rhé-
torique. Un magistrat peut acquitter le plus évident
des coupables, aussi bien que condamner un inno-
cent, sans qu’il y ait de ce fait pour lui aucune res-
ponsabilité.
C’était bon, cela, au temps des superstitions en
tout genre qui admettaient des infaillibilités profes-
sionnelles. Mais nous n’en sommes plus là.
Donc il serait vraiment temps d’examiner s’il n’y
aurait pas lieu de créer des responsabilités effecti-
ves pour les bévues commises au nom de dame
Thémis.
La fièvre dénonciatrice continue à sévir à propos
de l’affaire du boulevard du Temple.
Un des cas les plus prodigieux, c’est celui de l’in-
dividu qui est venu dire à son commissaire :
— Il y avait dans la maison que j’habite un mon-
sieur qui avait des moustaches noires. Il les a fait
raser le jour du crime; donc, c’est lui l’assassin.
Décidément nous devenons trop absurdes, avec
notre manie de nous mêler de tout ce qui ne nous
regarde pas.
Heureusement on travaille à nous rénover.
Dans ce but, le Casino de Paris vient d’instituer,
à ce que nous apprennent les réclames, un cours de
chahut.
On y enseigne à des jeunes personnes de belle dis-
position à se fendre en invraisemblables écarts et a
montrer leurs dessous, ce qui est la nouvelle façon
d’avoir le cœur sur la main.
Création éminemment philanthropique que celle-
là. Il ne reste plus qu’à instituer des lycées de cha-
huteuses. Ça viendra peut-être.
Réponse du berger à la bergère.
Depuis que certain savant fantaisiste a imaginé
de démontrer que tous les maux de l'humanité vien-
/
y
La spéculation baissière a eu grand tort de trai- J
ter ces valeurs-là comme ces marchandises de
fin de saison que les magasins de nouveautés
mettent en vente avec un grrrand rabais ; le pu-
blic s’est jeté dessus avec ensemble, et a gagné
ainsi un grand nombre de louis, qui serviront à
payer les étrennes à qui de droit Moi, je suis
toujours content quand je vois le public gagner
de l’argent sur le dos de la spéculation. Les bais-
siez ont tant et si souvent essayé de semer la
panique et la défiance, que je ne peux pas m’em-
pêcher de considérer l’argent qu’ils rendent
comme une pure et simple restitution.
Il se pourrait bien que le dernier mot ne fut
pas encore dit dans cet ordre d’idées. D’autres
valeurs existent qui, par trop dépréciées, seront
évidemment tôt ou tard, et plus tôt que plus tard,
l’objet d’un relèvement certain. Ainsi, le Crédit
Mobilier, par exemple. Profitant de ce que l’éta-
blissement était en train de liquider son porte-
feuille, un groupe s’est amusé à taper dessus jus-
qu’à plus soif, espérant, à l’aide de la baisse,
ramasser à bas prix les titres que le Mobilier
réalisait. Ce n’était pas mal imaginé. Malheureu-
sement pour le groupe en question, le Mobilier a
trouvé, chez des voisins, cinq millions qui lui
permettront d’achever à loisir la liquidation de
son portefeuille.
En parcourant la cote, je m’aperçois que les
gens qui, cette fois, ont voulu mettre le marché
à feu et à sang, sont moins forts que leurs prédé-
cesseurs. Quand ceux-ci voulaient essayer d’un
krach, ils ne se bornaient pas à attaquer les
actions et les rentes : ils s’en prenaient aussi aux
obligations, certains ainsi de créer une certaine
inquiétude dans les rangs du petit public. Lien
de tel dans la dernière tentative. Les obligations
— celles des bonnes maisons— n’ont mie bougé.
Celles de la Ville de Paris et celles du Crédit
Foncier, celles des chemins de fer français et
celles de certaines lignes étrangères telles que le
Linarès-Alméria ou le Porto-Rico, restent pour
ainsi dire sans changement.
Une autre fois, messieurs, il faudra faire at-
tention à cela. Tapez sur les obligations; sans
cela, rien de fait. Vous ne réussirez peut-être
pas davantage, mais vous nous fournirez l’occa-
sion d’encaisser de plus gros bénéfices, et ce sera
toujours ça de gagné !
Et, à propos d’obligations, n’oubliez pas que
c’est mardi, c’est-à-dire le lendemain du jour où
vous lirez ces lignes, qu’aura lieu l’émission des
18,000 obligations de 500 francs du chemin de fer
de
Jaffa à Jérusalem.
Les conditions de l’émission, vous les connais-
sez. Je vous rappellerai seulement que le titre
rapporte 25 francs par an, ce qui, pour un capi-
tal de 450 francs, représente un placement de
5.55 0/0.
La Société de Travaux publics et Constructions,
dont le barême des dépenses va en décroissant
de 50 à 89 0/0 du montant des recettes, laisse à la
Compagnie de Jafïa à Jérusalem un produit net
annuel de 600,000 francs, largement suffisant pour
assurer le service des 18,000 obligations, qui n’e=t
que de 467,000 francs. Ajoutons que la même So-
ciété, en sa qualité d’entrepreneur général, ga-
rantit l’intérêt et l’amortissement des obligations
pendant la durée de la construction et la pre-
mière année de l’exploitation. Et constatons, en
terminant, que les travaux, inaugurés il y a près
de deux ans (le 1er avril 1890), sont -poussés avec
activité.
CaSTORINE.
LE QUATRAIN D’HIER
Très peu, s'en est fallu, Vautre jour, coup d'œil rare,
Que Freppel, rugissant, sur Fallières sautât,
Et que Floquet criât : Huissiers, que Von sépare
L Eglise de VEtat !
SIFFLET.
UN PROSPECTUS
Nous avons reçu celui-ci aujourd’hui même :
LE CERVEAU
JOURNAL INTELLECTUEL ET COMMERCIAL
M.
Le mouvement contemporain est de plus en
plus entraîné vers l’étude si captivante et si mys-
térieuse des sciences psychiques.
L’avancement des connaissances électriques,
astronomiques et autres ouvre chaque jour de
nouveaux horizons à la pensée humaine.
Mais, d’un autre côté, les difficultés de vivre
augmentant en proportions équivalentes, il nous
a semblé urgent de créer un organe destiné à
régulariser l’effort de la génération actuelle, de
telle sorte qu’un sage souci des choses pratiques
contrebalance, en l’utilisant, la préoccupation
sereine de l’Idéal.
Telle est bien, du reste, autant que nous
pouvons déjà en juger par l’examen moral de
notre époque, la caractéristique des actions de
nos jeunes contemporains: l’azur et le 3 0y0;
l’amour et la dot; l’état d’âme et le pari mu-
tuel.
Le Cerveau va donc remplir dans la presse un
rôle nécessaire et bienfaisant, et peut-être même
provoquer une évolution dans les lettres et les
sciences.
Nous nous bornerons, dans ce prospectus, à
donner un aperçu des bienfaits que nous voulons
répandre, en publiant quelques extraits de nos
pages de publicité, à cinq francs la ligne.
PETITES ANNONCES
du Cerveau
(Spécimen.J
A vendre, une Idée en bon état, pouvant con-
venir à un célibataire, et destinée à le rendre
heureux au moins deux heures par jour. — Féli-
cité garantie. Prix modéré. S’adresser à A. B.,
aux bureaux du journal.
f\U~t
c/|L>
On achèterait un fonds de Matérialiste bien
coté. Vingt mille francs comptant, après véri-
fication des œuvres et du rapport. —X. Z. 3, Pe-
tite poste du journal.
tOMPOSiTEUR de musique, jeune audacieux, dé-
sirerait vendre son talent à l’année ou au mois.
Forfait à débattre. Exigences relatives. Affaire
d’avenir. Ecrire à F. 324, case 9.
r\lr>
i/î\»
Nouvelle théorie sur les mondes célestes habi-
tés, refusée à l’Observatoire, à céder à de
bonnes conditions. Cette théorie sera excellente
dans quelques années, dès que le commerce aura
épuisé celles qui sont sur le marché actuel. Très
claire, très simple, facile à dissimuler, et, au be-
soin, pouvant se retourner de façon à prouver le
contraire. Excellente valeur de portefeuille.
Plusieurs situations dramatiques sont deman-
dées. Très pressé. Ouvrage commandé par
théâtre subventionné. Règlement comptant, sans
escompte. S’adresser le mercredi, à 2 heures, à
M. L. X. Y.
OiC
Procédé infaillible pour faire des vers, rapide-
ment, et dans tous les genres. Rimes riches à
tous prix. Génie en vingt-cinq leçons. On traite
par correspondance contre premier envoi d’un
mandat de vingt,francs par la poste à O. O. O. 297,
au journal (affranchir).
i/ly
mous les imbéciles deviennent spirituels, après
I la lecture de la formule A 3 = V, décou-
977
verte par un mathématicien hongrois, et qu’il
envoie sous enveloppe cachetée contre cinq
francs. M. N. Dix ans de succès.
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c/I\>
Anciens principes politiques, à louer, à l’heure.
Faciles à placer dans les discours. S’adaptent
à toutes les opinions. Conviennent parfaitement
à tous membres du Parlement. E. E. E. 8. On se
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Suggestions de toute force et de toutes espèces,
documents humains, improvisations, mélodies
élastiques, aphorismes au poids, romans concen-
trés, convictions en rames et en feuilles, etc...
Ecrire à l’agence S. V. B. — Usine à Gharenton
et succursale à l’Institut.
Pour copie sincère,
Maurice Dancourt.
CASSIS freoeric MUGNIER
MEDAILLE D’OR
Exposition Universelle Paris 1889
PLUME HUMBOLDT'irr
DIDUC IT D EDO et articles pour fumeu
JrlJTljO IX JA JD JD O *2, Passage Bourg-l’Abbé, Pans.
CHRONIQUE DU JOUR
Il ne se passe guère de semaine sans qu’un juge-
ment bizarre vienne eniever un petit morceau au
prestige de la justice française.
L’indulgence monstrueuse dont la onzième cham-
bre a fait preuve, envers des parents qui avaient
torturé leur enfant, a provoqué un vif mouvement
d’opinion.
Est-ce suffisant?
Une vieille formule a dit: « Les juges seront ju-
gés. » C’est, par malheur, une simple figure de rhé-
torique. Un magistrat peut acquitter le plus évident
des coupables, aussi bien que condamner un inno-
cent, sans qu’il y ait de ce fait pour lui aucune res-
ponsabilité.
C’était bon, cela, au temps des superstitions en
tout genre qui admettaient des infaillibilités profes-
sionnelles. Mais nous n’en sommes plus là.
Donc il serait vraiment temps d’examiner s’il n’y
aurait pas lieu de créer des responsabilités effecti-
ves pour les bévues commises au nom de dame
Thémis.
La fièvre dénonciatrice continue à sévir à propos
de l’affaire du boulevard du Temple.
Un des cas les plus prodigieux, c’est celui de l’in-
dividu qui est venu dire à son commissaire :
— Il y avait dans la maison que j’habite un mon-
sieur qui avait des moustaches noires. Il les a fait
raser le jour du crime; donc, c’est lui l’assassin.
Décidément nous devenons trop absurdes, avec
notre manie de nous mêler de tout ce qui ne nous
regarde pas.
Heureusement on travaille à nous rénover.
Dans ce but, le Casino de Paris vient d’instituer,
à ce que nous apprennent les réclames, un cours de
chahut.
On y enseigne à des jeunes personnes de belle dis-
position à se fendre en invraisemblables écarts et a
montrer leurs dessous, ce qui est la nouvelle façon
d’avoir le cœur sur la main.
Création éminemment philanthropique que celle-
là. Il ne reste plus qu’à instituer des lycées de cha-
huteuses. Ça viendra peut-être.
Réponse du berger à la bergère.
Depuis que certain savant fantaisiste a imaginé
de démontrer que tous les maux de l'humanité vien-
/
y