SOIXANTIÈME ANNÉE
Pris du Numéro l 8 S centimes
DIMANCHE 20 DECEMBRE 1891
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
les abonnements parlent des itx et 16 de chaque mois
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Hédacteur en Chef
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Rue de la Victoire 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois... 20 fr.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
Vabonnement d’un an donne droit à la prime gratuit
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
• Les souscripteurs dont Fabonnement ex-
pire le 3l Décembre sont priés de le re-
nouveler immédiatement s’ils ne veulent
pas éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal. Nous rappelons à nos abonnés que
les mandats télégraphiques ne sont pas reçus.
BULLETIN POLITIQUE
Encore un évêque—celui d’Annecy — qui vient
d’avoir une attaque d’incontinence épistolaire.
Mais, comme le public en a par-dessus la tête,
nous nous bornerons â constater ce cas morbide
et nous passerons outre.
Peu copieux, le bilan du jour, et pas très gai,
puisqu’un débat à propos des pompes funèbres en
fait à pou près tous les frais.
Trois personnages en cause: le Sénat,la Cham-
bre, le Conseil municipal.
Le Conseil municipal a chargé une délégation
de ses membres d’aller devant la commission de
la Chambre qui s’occupe du monopole des inhu-
mations pour faire connaître les objections qu’il
oppose au projet modifié par le Sénat et accepté
par ce;te commission.
Le Sénat, on le sait, a décidé de substituer le
régime de la liberté au monopole actuel des fa-
briques. Désormais, le service des pompes funè-
bres pouvait être organisé également par les mu-
nicipalités, les fabriques des églises et les socié-
tés de libre-pensée. Le projet primitif delà Cham-
bre, au contraire, substituait le monopole des
Municipalités au monopole des fabriques.
La commission de la Chambre a décidé d’en-
téndre la délégation du Conseil municipal de Pa-
ris après les vacances du Jour de l’An.
Nous avouons ne pas bien comprendre les ré-
clamations de nos conseillers. Le monopole, tel
clu il fonctionnait, était odieux; il avait mis aux
mains des clergés le commerce mortuaire. Mais
substituer un nouveau monopole à celui-là, ce
Serait changer son cheval borgne contre un
Aveugle.
Ne se décidera-t-on pas, un jour ou l’autre, â
produire définitivement dans la pratique cette
Cherté dont on fait continuellement de si pom-
peux éloges?
Le qu’il faut, c’est mettre fin â l’exploitation
bout
euse du deuil; c’est que chacun puisse choi-
sir entre l’enterrement civil et l’enterrement re-
^letix; c’est que ceux-là seuls qui consomment
s°ient forcés de payer.
biais à la tyrannie des fabriques ne substituons
Pas la tyrannie des municipalités, qui seraient
°ut aussi disposées à abuser de leur privilège.
Si trop souvent on réclame en vain l’affran-
,C. lssenient des vivants, tâchons au moins de réa-
lser l’affranchissement des cadavres.
Pierre Véron.
LE QUATRAIN D’HIER
C’est comme candidat dit révisionnisme
Que Monsieur Jaluzot fut élu député.
Il renie à présent le trop vieux boulangisme.
Dame! sa devise est : Vive la nouveauté!
SIFFLET.
LE CAItim D’Il ACMUSTS
TROP DE CONGÉS!
Ce cri d’alarme a été poussé, l’autre jour, par
le Conseil académique de Paris, qui a formulé
un vœu pour que l’on restreignît et que l’on con-
densât les vacances accordées par l’Université au
cours de chaque année.
Très facile à émettre, un vœu ; mais lui donner
satisfaction dans le cas présent est plus malaisé.
En présence, je ne sais combien d’intérêts con-
traires.
Les élèves, bien entendu, trouvent qu’il n’y a
jamais assez de congés.
Les professeurs partagent volontiers cette ma-
nière de voir.
Quant à l’administration des lycées, chaque
fois qti’elle peut ouvrir les portes des boîtes â
potaches, elle se frotte les mains en se disant :
— Encore tant d'économisé sur les haricots !
Mais il y a, d’autre part, les parents, qui ne
sont pas du tout de cet avis-là.
Ils partagent généralement, les parents, l’opi-
nion de Grassot s’écriant jadis, dans le Chapeau
cle paille :
— C’est toujours un beau jour pour un père
que celui ou il se débarrasse de son enfant I
S’ils ont flanqué les leurs au collège, c’est pour
être tranquilles. Et si on les leur réexpédie à do-
micile sous un tas de prétextes, ce n’est plus
drôle.
Pour l’instant, les parents paraissent avoir le
dessous, et je doute fort que la manifestation du
Conseil académique y change quelque chose.
Les congés iront toujours en croissant et en
multipliant.
D’ailleurs, avec les lendits, les foct-ball, les
promenades perpétuelles, quand nos collégiens
sont censés travailler, c’est absolument comme
s’ils se reposaient.
QUIVALA.
SCÈNE DE MÉNAGE
Personnages :
L’Etat.— Homme mûr, mari de VEglise.
L’Eglise.—Femme d'un certain âge, épouse de
l'Etat.
L’Etat. — Cette existence ne peut plus durer.
Yos grimaces ont encore failli me brouiller avec
le voisin Humbert!
L’Eglise. — Si l’on peut dire 1 Votre voisin
Humbert n’est qu’un exalté qui, d’ailleurs, se
moque de vous en compagnie de ses deux asso-
ciés du Nord.
— Il me vend d’excellents fromages.
— Du gorgonzola! Peuh! Votre roquefort est
meilleur. Et puis, ça m’est égal. Je n’aime pas
le fromage.
— Ses macaronis sont exquis! Et ses nouilles,
donc! Iaéales, ses nouilles!
— Avec des tomates, assurément, elles ne sont
pas mauvaises. Mais on peut se passer de nouil-
les. Vous ne serez jamais qu’un gourmand, qu’un
jouisseur, sacrifiant tout à votre estomac et à vos
plaisirs matériels. La vie d’ici-bas n’est rien
qu’un songe dont vous faites une réalité gros-
sière. Vous serez bien avancé avec vos nouilles,
quand sonnera votre dernière heure !
— Cependant...
— L’avenir, c’est la mort.
— En attendant, il faut vivre!
— Le moins possible! Grâce aux prières, â la
contemplation...
— Vous êtes folle. C’est encore ce vieil ermite
que loge ITumberto qui vous tourne la tête.
— N’essayez pas d’insulter ce digne prêtre en
ma présence; je ne le souffrirai pas!
— Je n’insulte pas, je constate. C’est toujdühs
à cause de lui qu’ont lied la plupart dé nos dis-
cussions. C’est lui qui caüsela majeure pàrtië dé
mes embarras. J’en ai assez!
— Vous êtes un insolent!
— Ce ne sont pas vos injures...
— ... Un lâche !
— ... Qui m’empêcheront de...
— Vous abusez de votre sexe...
— ... De dire ce que j’ai sur le cœur..*
— Vous n’avez pas de cœur!
— Et sans plus tarder...
— Ni cœur, ni esprit. Rien que du ventre. .
— Séparons-nous!
— Hein?
— Cette fois, c’est pour de bon!
— Quelle plaisanterie !
— Du reste, la raison marche de pair avec mon
intérêt. Votre entretien me ruine!
— Oui-dal
— Votre bon Dieu me coûté les yeux de la tête.
Allez au diable I
Pris du Numéro l 8 S centimes
DIMANCHE 20 DECEMBRE 1891
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 18 fr.
Six mois. 36 —
Un an. 72 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
les abonnements parlent des itx et 16 de chaque mois
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Hédacteur en Chef
BUREAUX
DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION
Rue de la Victoire 20
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois... 20 fr.
Six mois. 40 —
Un an. 80 —
(les mandats télégraphiques ne sont pas reçus)
Vabonnement d’un an donne droit à la prime gratuit
DIRECTION
Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON
Rédacteur en Chef
ANNONCES
ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu
LE CHARIVARI
• Les souscripteurs dont Fabonnement ex-
pire le 3l Décembre sont priés de le re-
nouveler immédiatement s’ils ne veulent
pas éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal. Nous rappelons à nos abonnés que
les mandats télégraphiques ne sont pas reçus.
BULLETIN POLITIQUE
Encore un évêque—celui d’Annecy — qui vient
d’avoir une attaque d’incontinence épistolaire.
Mais, comme le public en a par-dessus la tête,
nous nous bornerons â constater ce cas morbide
et nous passerons outre.
Peu copieux, le bilan du jour, et pas très gai,
puisqu’un débat à propos des pompes funèbres en
fait à pou près tous les frais.
Trois personnages en cause: le Sénat,la Cham-
bre, le Conseil municipal.
Le Conseil municipal a chargé une délégation
de ses membres d’aller devant la commission de
la Chambre qui s’occupe du monopole des inhu-
mations pour faire connaître les objections qu’il
oppose au projet modifié par le Sénat et accepté
par ce;te commission.
Le Sénat, on le sait, a décidé de substituer le
régime de la liberté au monopole actuel des fa-
briques. Désormais, le service des pompes funè-
bres pouvait être organisé également par les mu-
nicipalités, les fabriques des églises et les socié-
tés de libre-pensée. Le projet primitif delà Cham-
bre, au contraire, substituait le monopole des
Municipalités au monopole des fabriques.
La commission de la Chambre a décidé d’en-
téndre la délégation du Conseil municipal de Pa-
ris après les vacances du Jour de l’An.
Nous avouons ne pas bien comprendre les ré-
clamations de nos conseillers. Le monopole, tel
clu il fonctionnait, était odieux; il avait mis aux
mains des clergés le commerce mortuaire. Mais
substituer un nouveau monopole à celui-là, ce
Serait changer son cheval borgne contre un
Aveugle.
Ne se décidera-t-on pas, un jour ou l’autre, â
produire définitivement dans la pratique cette
Cherté dont on fait continuellement de si pom-
peux éloges?
Le qu’il faut, c’est mettre fin â l’exploitation
bout
euse du deuil; c’est que chacun puisse choi-
sir entre l’enterrement civil et l’enterrement re-
^letix; c’est que ceux-là seuls qui consomment
s°ient forcés de payer.
biais à la tyrannie des fabriques ne substituons
Pas la tyrannie des municipalités, qui seraient
°ut aussi disposées à abuser de leur privilège.
Si trop souvent on réclame en vain l’affran-
,C. lssenient des vivants, tâchons au moins de réa-
lser l’affranchissement des cadavres.
Pierre Véron.
LE QUATRAIN D’HIER
C’est comme candidat dit révisionnisme
Que Monsieur Jaluzot fut élu député.
Il renie à présent le trop vieux boulangisme.
Dame! sa devise est : Vive la nouveauté!
SIFFLET.
LE CAItim D’Il ACMUSTS
TROP DE CONGÉS!
Ce cri d’alarme a été poussé, l’autre jour, par
le Conseil académique de Paris, qui a formulé
un vœu pour que l’on restreignît et que l’on con-
densât les vacances accordées par l’Université au
cours de chaque année.
Très facile à émettre, un vœu ; mais lui donner
satisfaction dans le cas présent est plus malaisé.
En présence, je ne sais combien d’intérêts con-
traires.
Les élèves, bien entendu, trouvent qu’il n’y a
jamais assez de congés.
Les professeurs partagent volontiers cette ma-
nière de voir.
Quant à l’administration des lycées, chaque
fois qti’elle peut ouvrir les portes des boîtes â
potaches, elle se frotte les mains en se disant :
— Encore tant d'économisé sur les haricots !
Mais il y a, d’autre part, les parents, qui ne
sont pas du tout de cet avis-là.
Ils partagent généralement, les parents, l’opi-
nion de Grassot s’écriant jadis, dans le Chapeau
cle paille :
— C’est toujours un beau jour pour un père
que celui ou il se débarrasse de son enfant I
S’ils ont flanqué les leurs au collège, c’est pour
être tranquilles. Et si on les leur réexpédie à do-
micile sous un tas de prétextes, ce n’est plus
drôle.
Pour l’instant, les parents paraissent avoir le
dessous, et je doute fort que la manifestation du
Conseil académique y change quelque chose.
Les congés iront toujours en croissant et en
multipliant.
D’ailleurs, avec les lendits, les foct-ball, les
promenades perpétuelles, quand nos collégiens
sont censés travailler, c’est absolument comme
s’ils se reposaient.
QUIVALA.
SCÈNE DE MÉNAGE
Personnages :
L’Etat.— Homme mûr, mari de VEglise.
L’Eglise.—Femme d'un certain âge, épouse de
l'Etat.
L’Etat. — Cette existence ne peut plus durer.
Yos grimaces ont encore failli me brouiller avec
le voisin Humbert!
L’Eglise. — Si l’on peut dire 1 Votre voisin
Humbert n’est qu’un exalté qui, d’ailleurs, se
moque de vous en compagnie de ses deux asso-
ciés du Nord.
— Il me vend d’excellents fromages.
— Du gorgonzola! Peuh! Votre roquefort est
meilleur. Et puis, ça m’est égal. Je n’aime pas
le fromage.
— Ses macaronis sont exquis! Et ses nouilles,
donc! Iaéales, ses nouilles!
— Avec des tomates, assurément, elles ne sont
pas mauvaises. Mais on peut se passer de nouil-
les. Vous ne serez jamais qu’un gourmand, qu’un
jouisseur, sacrifiant tout à votre estomac et à vos
plaisirs matériels. La vie d’ici-bas n’est rien
qu’un songe dont vous faites une réalité gros-
sière. Vous serez bien avancé avec vos nouilles,
quand sonnera votre dernière heure !
— Cependant...
— L’avenir, c’est la mort.
— En attendant, il faut vivre!
— Le moins possible! Grâce aux prières, â la
contemplation...
— Vous êtes folle. C’est encore ce vieil ermite
que loge ITumberto qui vous tourne la tête.
— N’essayez pas d’insulter ce digne prêtre en
ma présence; je ne le souffrirai pas!
— Je n’insulte pas, je constate. C’est toujdühs
à cause de lui qu’ont lied la plupart dé nos dis-
cussions. C’est lui qui caüsela majeure pàrtië dé
mes embarras. J’en ai assez!
— Vous êtes un insolent!
— Ce ne sont pas vos injures...
— ... Un lâche !
— ... Qui m’empêcheront de...
— Vous abusez de votre sexe...
— ... De dire ce que j’ai sur le cœur..*
— Vous n’avez pas de cœur!
— Et sans plus tarder...
— Ni cœur, ni esprit. Rien que du ventre. .
— Séparons-nous!
— Hein?
— Cette fois, c’est pour de bon!
— Quelle plaisanterie !
— Du reste, la raison marche de pair avec mon
intérêt. Votre entretien me ruine!
— Oui-dal
— Votre bon Dieu me coûté les yeux de la tête.
Allez au diable I