LE CHARIVARI
client, aux cours actuels, de ce rendement. Mais
qui songerait - dites, ali 1 dites-le moi! — â se
payer des valeurs chiliennes, ou péruviennes, ou
grecques, ou argentines, ou brésiliennes !
L’agitation qui a régné tout le long de cette an-
née n’a donc, en somme, fait aucun mal à nos
rentes françaises. Elle n’a pas, non plus, attaqué
sérieusement les grandes valeurs à l’usage exclu-
sif de l’épargne, et qui font l’ornementation de
notre cote. Quand je dis qu’elles n’ont pas atta-
qué, je me trompe. Il y a eu des attaques, voire
assez nombreuses. Mais il n’en reste plus de tra-
ces. Ceux qu’on commence à appeler les krachs-
taquouères ont, à diverses reprises, jugé utile de
se jeter sur les titres de portefeuille. Le Crédit
Foncier, fléchissant sous leurs coups soudains, a
revu, pour ses actions, un cours inférieur à 1,180;
le Crédit Lyonnais a été bousculé non moins; une
charge à fond de train a entamé le Crédit Mobi-
lier, qui n’en est pas encore remis, — mais cela
viendra; nos chemins de fer, nos innocents che-
mins de fer! malgré l’accroissement persistant de
leurs recettes, n’ont pas échappé à la loi com-
mune; le Gaz, le Suez, — tout, en un mot, a été
visé par des gens violents, qui avaient â cœur de
prendre une revanche de leurs pertes passées, et
qui, n’y allant pas par quatre chemins, estimaient
que cette revanche était bonne à prendre à tout
prix, fut-ce au prix d’une panique. Ils se sont
rués sur les cours avec une ardeur sans pareille,
avec une sauvage énergie, menaçant de tout écra-
ser. Or, nous voici arrivés â l’époque de
La Trêve des confiseurs,
et nous constatons — avec quelle satisfaction,
vous le devinez! — que ce sont les krachsta-
quouères qui sont dans le lac ! A de très rares
exceptions près, — et je répète que ces excep-
tions-lâ disparaîtront â leur tour : c’est du moins
dans l’ordre des choses vraisemblables, — les
choses restent comme elles devaient rester. Le
Crédit Foncier approche de 1,250 francs; et vous
pouvez être certain que ce n’est là qu’un cours
d’attente ; car comment resterait-elle â 1,250 fr.,
une valeur qui, régulièrement, donne un divi-
dende de 63 francs, en attendant mieux? Le
Crédit Lyonnais, qui a vaillamment se’condé le
Crédit Foncier dans l’émission russe, et qu’on
trouve d’ailleurs au premier rang de toutes les
affaires sérieuses, est également en bonne
avance. Nos chemins de fer sont en hausse ; et il
en est de même des autres.
Et tout cela grâce à quoi, grâce à qui? Ne cher-
chez pas. Tout cela, grâce â notre toute-puis-
sante épargne, à qui on ne monte plus le coup.
Elle a laissé dire et laissé faire. Ce pendant que
les krachstaquouères s’escrimaient contre les
meilleures valeurs, et les espadonnaient à grands
coups d’estoc et de taille de leurs crayons les
plus pointus, l’épargne, chargée de cartouches
pleines de louis, est venue à la rescousse. Elle a
recueilli les blessés; elle a logé dans ses bas de
laine les Crédit Foncier et les Porto-Iiico, et les
Crédit Lyonnais, et les Linarès-Alméria, et les
actions du Suez, et celles de nos chemins de fer.
Sur leurs plaies, plus apparentes que réelles, elle
a étendu un peu de ce baume qu’elle possède, —
et qui doit être du baume tranquille. Et, mainte-
nant, tous sont rétablis; et le comptant, mieux
encore que la spéculation â la hausse (qui, pour-
tant, n’est pas à plaindre), peut jouir en paix de
la Trêve des Confiseurs.
CaSTORINE.
❖
LE QUATRAIN D’HIER
Donc Ibsen est Vauteur en vogue, pour l'instant.
On le dit Norvégien. M’est avis qu'on nous berne.
Je le croirais plutôt de Falaise, en voyant
Qu'il oublie à, tout coup d'allumer sa lanterne.
SIFFLET.
LE TONKIN PACIFIÉ
Cela devrait plutôt s’orthographier ainsi : Le
Tonkin, pas s’y fier.
Ah 1 certes, non, il ne faut pas s’y fier!
Pourtant, cette fois, par exception, ceux qui
en parlent le connaissent. Ils y sont. Ça nous
change un peu des bons colonisateurs en chambre,
et en Chambre (avec un grand C, s’il vous plaît),
qui nous en font sans cesse l’éloge, en se gardant
bien d’y aller.
Le document que nous avons sous les yeux est
un ordre du jour du général commandant les
troupes d’occupation.
Il est net, il est franc; le général n’est pas un
politicien. Il ne cache pas les choses et ne mâche
pas les mots. On sent qu’il parle avec la sincérité
D’un soldat qui sait mal farder la vérité.
Or, voici ce qu’il nous dit :
« Le général commandant en chef, en venant
au Tonkin, a adopté pour programme le relève-
ment matériel et moral du corps d’occupation,
l’augmentation des effectifs, et enfin, comme con-
séquence, la pacification complète dans le plus
bref délai possible. »
Vous voyez donc bien qu’elle n’est pas encore
réalisée, cette sempiternelle pacification, qui
rime si bien avec mystification.
Quand certains de nos « honorables » affirment
le contraire, pour enlever quelque vote de sub-
side, ils mentent comme des arracheurs de dents.
Continuons. Aussi bien le général, après ce
coup dur, cette extirpation en masse de nos illu-
sions, va-t-il essayer de nous rassurer â sa façon :
« Quanta la pacification du Tonkin, malgré les
pronostics alarmistes de la presse locale, nous y
parviendrons sûrement.
» Tout sera bientôt prêt pour entreprendre la
prochaine campagne d’hiver. Un grand coup sera
porté aux bandes, et dans des conditions telles
qu’il est permis de compter sur des résultats con-
sidérables. Ces résultats deviendront décisifs le
jour où le renforcement des effectifs, déjà de-
mandé, permettra d’occuper d’une manière per-
manente les régions qui subissent encore la do-
mination des pirates.
» Pour l’accomplissement de cette tâche diffi-
cile, le général commandant en chef sait qu’il
peut compter spr la valeur et le dévouement de
toutes les troupes du corps d’occupation. »
Ça, par exemple, ça ne fait pas l’ombre d’un
doute, et personne n’ignore que nos braves sol-
dats, qui nous manqueront tant plus tard, dans
des occasions autrement importantes pour la
patrie, ne sont que trop disposés â laisser là-bas
leur peau.
Mais ne trouvez-vous pas que cette manière de
pacifier, à main armée, rappelle, dans un autre
ordre d’idées, les procédés de l’Empire qui, toutes
les fois qu’il annonçait qu’il allait faire de sé-
rieuses économies, commençait par effectuer un
emprunt colossal?
C’est une nouvelle traduction libre de l’axiome
latin : Si vis pacem, para bellum, non plus par
« si tu veux la paix, sois prêt pour la guerre »,
mais par « si tu veux la paix, fais la guerre ». Il
n’y a plus aucune raison pour que cela finisse,
tant qu’il restera un soldat en France et un écu
au budget.
Cette vérité, en ce qui concerne le ruineux et
sanglant Tonkin, n’est pas neuve; mais elle n’en
est pas moins désolante.
Henri Second
i
APERITIF MUGNIER
au Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNIER, à Dijon
Médaille d’Or Expoa UNiviie Paris 1889.
PLUME HUMBOLDT'lïS
nTODO TT"D UDCî et articles pour fumeu
fV I» I~i,i1n 12, Passage Boura-l’Abbé, Paris.
CHRONIQUE DU JOUR
Estimez-vous qu’il soit bien opportun de faire re-
fleurir en France la boxe, que les Anglais eux-mêmes
se sont décidés à traquer chez eux?
Cette fabrication d’yeux au beurre noir et de purée
humaine me paraît être tout ce qu’il y a de plus hor-
riblement répugnant si l’on travaille pour de bon. Si
c’est un vain simulacre, où est l’intérêt?
Tout le monde ne partage pas cet avis, à ce qu’il
faut croire. On a inauguré l’autre jour, au Cirque des
Champs-Elysées, des séances de boxe platonique.
Franchement, pour former l’esprit et le cœur, il y a
mieux à trouver que ces spectacles-là.
Les taureaux d’un côté, la boxe de l’autre, fâcheuse
façon de pratiquer l'internationalisme. On oublie
trop le sage conseil de Molière disant
Que, lorsque sur les gens on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il leur faut ressembler.
L’émotion provoquée par l’acquittement du maré-
chal des logis qui avait cassé le bras d’un homme,
en le faisant ligoter sur un cheval, est loin de sé
calmer.
Le conseil de guerre, nul n’en doute, a jugé en son
âme et conscience; mais a-t-il bien regardé la ques-
tion sous toutes ses faces?
Une hypothèse s’est offerte à notre esprit. Suppo-
sons que, dans une guerre, un ennemi nous prenne
des prisonniers; supposons que cet ennemi, pour
les occuper, décide de leur commander l’exercice
tous les jours; supposons qu’au manège un officier
étranger fasse ainsi attacher un cavalier qui en-
suite se casse la jambe ouïes reins. Qu’en dirions-
nous ici? Que dirait-on même dans tous les pays
civilisés?
En vérité, est-il admissible que nous nous fas-
sions à nous-mêmes ce que nous n’admettrions pas
que notre plus cruel ennemi pût nous faire?
Je regardais passer hier un détachement d’infante-
rie de marine.
Et je me faisais cette réflexion :
Avec le service de trois ans, — dix-sept mois de
présence réelle, — un soldat d’infanterie de marine,
qui aura été caserné pendant un an au moins à Pa-
ris, sera assez embarrassé pour répondre, quand
on lui demandera ses impressions de navigation.
C’est comme pour les braves marins détachés à
l’Observatoire du parc de Montsouris, où ils séjour-
nent je ne sais combien de temps, ne voyant comme
liquide que le lac aux canards.
Ils étonneront rudement les populations lorsque
plus tard, racontant leurs souvenirs maritimes, ils
commenceront ainsi :
— C’était en 1891... au Petit-Montrouge. .
Eh bien, oui, il y en a encore.
Pas beaucoup, mais il s'en est trouvé une, une gri-
sette de l’ancien modèle, qui, l’autrejour, par déses-
poir d’amour, s’est suicidée.
Oui, et à Paris !
Et en plein quartier Latin !
Croyez-vous que cela ne vaudrait pas un monu-
ment commémoratif?
La brave créature, ne craignez rien, n’aura pas,
à notre époque, beaucoup d’imitatrices, et l’on ne
risquerait pas de créer, par ce dit monument, un
précédent ruineux.
Inconnue, je t’envoie un adieu sincèrement
attendri.
L’amour purifie tout!
Réveillon ! Réveillon 1...
On s’apprête à le fêter allègrement à Paris cette
année, si l’on en juge par le flot des commandes qui
affluent, depuis quatre ou cinq jours, chez Flam-
mang, le glacier à la mode de la rue Thorel.
Réveillon! Réveillon!...
Cour du Conservatoire.
— Qu’est-ce que c’est que cette grosse qui est
avec la petite Julia?... Sa mère?
— Non.
— Sa tante ?
— Non... C’est une personne qui lamatronne dans
le monde.
Un homme qui prévoit de loin, c’est mon ami Ju-
lien.
client, aux cours actuels, de ce rendement. Mais
qui songerait - dites, ali 1 dites-le moi! — â se
payer des valeurs chiliennes, ou péruviennes, ou
grecques, ou argentines, ou brésiliennes !
L’agitation qui a régné tout le long de cette an-
née n’a donc, en somme, fait aucun mal à nos
rentes françaises. Elle n’a pas, non plus, attaqué
sérieusement les grandes valeurs à l’usage exclu-
sif de l’épargne, et qui font l’ornementation de
notre cote. Quand je dis qu’elles n’ont pas atta-
qué, je me trompe. Il y a eu des attaques, voire
assez nombreuses. Mais il n’en reste plus de tra-
ces. Ceux qu’on commence à appeler les krachs-
taquouères ont, à diverses reprises, jugé utile de
se jeter sur les titres de portefeuille. Le Crédit
Foncier, fléchissant sous leurs coups soudains, a
revu, pour ses actions, un cours inférieur à 1,180;
le Crédit Lyonnais a été bousculé non moins; une
charge à fond de train a entamé le Crédit Mobi-
lier, qui n’en est pas encore remis, — mais cela
viendra; nos chemins de fer, nos innocents che-
mins de fer! malgré l’accroissement persistant de
leurs recettes, n’ont pas échappé à la loi com-
mune; le Gaz, le Suez, — tout, en un mot, a été
visé par des gens violents, qui avaient â cœur de
prendre une revanche de leurs pertes passées, et
qui, n’y allant pas par quatre chemins, estimaient
que cette revanche était bonne à prendre à tout
prix, fut-ce au prix d’une panique. Ils se sont
rués sur les cours avec une ardeur sans pareille,
avec une sauvage énergie, menaçant de tout écra-
ser. Or, nous voici arrivés â l’époque de
La Trêve des confiseurs,
et nous constatons — avec quelle satisfaction,
vous le devinez! — que ce sont les krachsta-
quouères qui sont dans le lac ! A de très rares
exceptions près, — et je répète que ces excep-
tions-lâ disparaîtront â leur tour : c’est du moins
dans l’ordre des choses vraisemblables, — les
choses restent comme elles devaient rester. Le
Crédit Foncier approche de 1,250 francs; et vous
pouvez être certain que ce n’est là qu’un cours
d’attente ; car comment resterait-elle â 1,250 fr.,
une valeur qui, régulièrement, donne un divi-
dende de 63 francs, en attendant mieux? Le
Crédit Lyonnais, qui a vaillamment se’condé le
Crédit Foncier dans l’émission russe, et qu’on
trouve d’ailleurs au premier rang de toutes les
affaires sérieuses, est également en bonne
avance. Nos chemins de fer sont en hausse ; et il
en est de même des autres.
Et tout cela grâce à quoi, grâce à qui? Ne cher-
chez pas. Tout cela, grâce â notre toute-puis-
sante épargne, à qui on ne monte plus le coup.
Elle a laissé dire et laissé faire. Ce pendant que
les krachstaquouères s’escrimaient contre les
meilleures valeurs, et les espadonnaient à grands
coups d’estoc et de taille de leurs crayons les
plus pointus, l’épargne, chargée de cartouches
pleines de louis, est venue à la rescousse. Elle a
recueilli les blessés; elle a logé dans ses bas de
laine les Crédit Foncier et les Porto-Iiico, et les
Crédit Lyonnais, et les Linarès-Alméria, et les
actions du Suez, et celles de nos chemins de fer.
Sur leurs plaies, plus apparentes que réelles, elle
a étendu un peu de ce baume qu’elle possède, —
et qui doit être du baume tranquille. Et, mainte-
nant, tous sont rétablis; et le comptant, mieux
encore que la spéculation â la hausse (qui, pour-
tant, n’est pas à plaindre), peut jouir en paix de
la Trêve des Confiseurs.
CaSTORINE.
❖
LE QUATRAIN D’HIER
Donc Ibsen est Vauteur en vogue, pour l'instant.
On le dit Norvégien. M’est avis qu'on nous berne.
Je le croirais plutôt de Falaise, en voyant
Qu'il oublie à, tout coup d'allumer sa lanterne.
SIFFLET.
LE TONKIN PACIFIÉ
Cela devrait plutôt s’orthographier ainsi : Le
Tonkin, pas s’y fier.
Ah 1 certes, non, il ne faut pas s’y fier!
Pourtant, cette fois, par exception, ceux qui
en parlent le connaissent. Ils y sont. Ça nous
change un peu des bons colonisateurs en chambre,
et en Chambre (avec un grand C, s’il vous plaît),
qui nous en font sans cesse l’éloge, en se gardant
bien d’y aller.
Le document que nous avons sous les yeux est
un ordre du jour du général commandant les
troupes d’occupation.
Il est net, il est franc; le général n’est pas un
politicien. Il ne cache pas les choses et ne mâche
pas les mots. On sent qu’il parle avec la sincérité
D’un soldat qui sait mal farder la vérité.
Or, voici ce qu’il nous dit :
« Le général commandant en chef, en venant
au Tonkin, a adopté pour programme le relève-
ment matériel et moral du corps d’occupation,
l’augmentation des effectifs, et enfin, comme con-
séquence, la pacification complète dans le plus
bref délai possible. »
Vous voyez donc bien qu’elle n’est pas encore
réalisée, cette sempiternelle pacification, qui
rime si bien avec mystification.
Quand certains de nos « honorables » affirment
le contraire, pour enlever quelque vote de sub-
side, ils mentent comme des arracheurs de dents.
Continuons. Aussi bien le général, après ce
coup dur, cette extirpation en masse de nos illu-
sions, va-t-il essayer de nous rassurer â sa façon :
« Quanta la pacification du Tonkin, malgré les
pronostics alarmistes de la presse locale, nous y
parviendrons sûrement.
» Tout sera bientôt prêt pour entreprendre la
prochaine campagne d’hiver. Un grand coup sera
porté aux bandes, et dans des conditions telles
qu’il est permis de compter sur des résultats con-
sidérables. Ces résultats deviendront décisifs le
jour où le renforcement des effectifs, déjà de-
mandé, permettra d’occuper d’une manière per-
manente les régions qui subissent encore la do-
mination des pirates.
» Pour l’accomplissement de cette tâche diffi-
cile, le général commandant en chef sait qu’il
peut compter spr la valeur et le dévouement de
toutes les troupes du corps d’occupation. »
Ça, par exemple, ça ne fait pas l’ombre d’un
doute, et personne n’ignore que nos braves sol-
dats, qui nous manqueront tant plus tard, dans
des occasions autrement importantes pour la
patrie, ne sont que trop disposés â laisser là-bas
leur peau.
Mais ne trouvez-vous pas que cette manière de
pacifier, à main armée, rappelle, dans un autre
ordre d’idées, les procédés de l’Empire qui, toutes
les fois qu’il annonçait qu’il allait faire de sé-
rieuses économies, commençait par effectuer un
emprunt colossal?
C’est une nouvelle traduction libre de l’axiome
latin : Si vis pacem, para bellum, non plus par
« si tu veux la paix, sois prêt pour la guerre »,
mais par « si tu veux la paix, fais la guerre ». Il
n’y a plus aucune raison pour que cela finisse,
tant qu’il restera un soldat en France et un écu
au budget.
Cette vérité, en ce qui concerne le ruineux et
sanglant Tonkin, n’est pas neuve; mais elle n’en
est pas moins désolante.
Henri Second
i
APERITIF MUGNIER
au Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNIER, à Dijon
Médaille d’Or Expoa UNiviie Paris 1889.
PLUME HUMBOLDT'lïS
nTODO TT"D UDCî et articles pour fumeu
fV I» I~i,i1n 12, Passage Boura-l’Abbé, Paris.
CHRONIQUE DU JOUR
Estimez-vous qu’il soit bien opportun de faire re-
fleurir en France la boxe, que les Anglais eux-mêmes
se sont décidés à traquer chez eux?
Cette fabrication d’yeux au beurre noir et de purée
humaine me paraît être tout ce qu’il y a de plus hor-
riblement répugnant si l’on travaille pour de bon. Si
c’est un vain simulacre, où est l’intérêt?
Tout le monde ne partage pas cet avis, à ce qu’il
faut croire. On a inauguré l’autre jour, au Cirque des
Champs-Elysées, des séances de boxe platonique.
Franchement, pour former l’esprit et le cœur, il y a
mieux à trouver que ces spectacles-là.
Les taureaux d’un côté, la boxe de l’autre, fâcheuse
façon de pratiquer l'internationalisme. On oublie
trop le sage conseil de Molière disant
Que, lorsque sur les gens on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il leur faut ressembler.
L’émotion provoquée par l’acquittement du maré-
chal des logis qui avait cassé le bras d’un homme,
en le faisant ligoter sur un cheval, est loin de sé
calmer.
Le conseil de guerre, nul n’en doute, a jugé en son
âme et conscience; mais a-t-il bien regardé la ques-
tion sous toutes ses faces?
Une hypothèse s’est offerte à notre esprit. Suppo-
sons que, dans une guerre, un ennemi nous prenne
des prisonniers; supposons que cet ennemi, pour
les occuper, décide de leur commander l’exercice
tous les jours; supposons qu’au manège un officier
étranger fasse ainsi attacher un cavalier qui en-
suite se casse la jambe ouïes reins. Qu’en dirions-
nous ici? Que dirait-on même dans tous les pays
civilisés?
En vérité, est-il admissible que nous nous fas-
sions à nous-mêmes ce que nous n’admettrions pas
que notre plus cruel ennemi pût nous faire?
Je regardais passer hier un détachement d’infante-
rie de marine.
Et je me faisais cette réflexion :
Avec le service de trois ans, — dix-sept mois de
présence réelle, — un soldat d’infanterie de marine,
qui aura été caserné pendant un an au moins à Pa-
ris, sera assez embarrassé pour répondre, quand
on lui demandera ses impressions de navigation.
C’est comme pour les braves marins détachés à
l’Observatoire du parc de Montsouris, où ils séjour-
nent je ne sais combien de temps, ne voyant comme
liquide que le lac aux canards.
Ils étonneront rudement les populations lorsque
plus tard, racontant leurs souvenirs maritimes, ils
commenceront ainsi :
— C’était en 1891... au Petit-Montrouge. .
Eh bien, oui, il y en a encore.
Pas beaucoup, mais il s'en est trouvé une, une gri-
sette de l’ancien modèle, qui, l’autrejour, par déses-
poir d’amour, s’est suicidée.
Oui, et à Paris !
Et en plein quartier Latin !
Croyez-vous que cela ne vaudrait pas un monu-
ment commémoratif?
La brave créature, ne craignez rien, n’aura pas,
à notre époque, beaucoup d’imitatrices, et l’on ne
risquerait pas de créer, par ce dit monument, un
précédent ruineux.
Inconnue, je t’envoie un adieu sincèrement
attendri.
L’amour purifie tout!
Réveillon ! Réveillon 1...
On s’apprête à le fêter allègrement à Paris cette
année, si l’on en juge par le flot des commandes qui
affluent, depuis quatre ou cinq jours, chez Flam-
mang, le glacier à la mode de la rue Thorel.
Réveillon! Réveillon!...
Cour du Conservatoire.
— Qu’est-ce que c’est que cette grosse qui est
avec la petite Julia?... Sa mère?
— Non.
— Sa tante ?
— Non... C’est une personne qui lamatronne dans
le monde.
Un homme qui prévoit de loin, c’est mon ami Ju-
lien.