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Le charivari — 60.1891

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Décembre
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ACTUALITÉS

248

m


Marty

sm

THÉÂTRE MODERNISTE

— Voyons! Léopold... ma soutane, N. D. D!

LE LOYER EN LOTERIE

Que nous veut donc le proverbe qui prétend qu’il
n’yarien de nouveau sous le soleil?

Un propriétaire parisien a eu une idée vraiment
lumineuse. Contenter ses locataires en servant ses
propres intérêts ! Le problème ne laissait pas que
^ présenter une certaine difficulté.

Jadis, on joua sur un théâtre parisien un vaude-
ville qui avait pour titre la Maison en loterie.

C’est à quelque chose d’approchant que s’est arrêté
Ie chercheur, à quelque chose qui pourrait s’appeler
k Loyer en loterie.

A chaque trimestre, en effet, dans chacune des
faisons dépendant d’une même gestion, une loterie
Sera tirée.

Le numéro gagnant dispensera le porteur de payer
son terme.

, Lien entendu, les billets sont gratuits. Ou plutôt
1 n’y a pas de billets. Chaque locataire a son nu-
méro d’ordre. Si le sort le désigne, à lui la bonne
aübaine.

Notez que l’arrangement a l’avantage de ne léser
syrien l’intérêt du propriétaire. Il a fait ses calculs
. façon à s’assurer un bénéfice suffisant, défalca-
lon faite de Y aléa. Mais il n’en faut pas davantage

i

pour allécher, et vous verrez qu’on va prendre d’as-
saut les immeubles de l’ingénieux novateur.

Si bien que les imitateurs, très probablement, ne
manqueront pas.

Ce serait drôle, heinl si, dans toutes les maisons
parisiennes, la mode s’établissait de procéder ainsi
à un tirage trimestriel. Voyez-vous d’ici la petite
fête que ce serait, sous la solennelle présidence du
concierge?

Bientôt même le système serait étendu à toutes
sortes de combinaisons.

Nous aurions le restaurant-tombola à prix fixe.

Tous les dîneurs recevraient en entrant un billet.
Le gagnant serait dispensé de payer son repas.

Les journaux organiseraient mêmement des lote-
ries accordant le droit à un abonnement gratuit par
tant de souscripteurs.

Les théâtres feraient, toujours par voie de tirage,
remise du prix de leur place à quatre, six, huit, dix
spectateurs.

Et ainsi de suite.

Paris vivrait du matin au soir dans la fièvre de
l’attente.

Le plus curieux, c’est que la loi a pris soin de dé-
fendre la loterie.

On poursuivit jadis un estimable charcutier qui,
pour accroître le débit de ses saucisses, avait eu la
maligne pensée de glisser chaque matin, dans
l’une d’elles, une petite pièce de cinq francs en or.

Aujourd’hui, l’autorité montre une tolérance plus
large. Je ne vois pas trop où est le mal, surtout
quand il s’agit de systèmes comme celui dont nous
venons de parler.

La loterie, c’est une des formes de l’espérance; et
l’espérance n’est-elle pas la meilleure façon de
faire prendre patience aux éprouvés de ce monde?

Tout, d’ailleurs, n’est-il pas loterie en ce monde?

A commencer par le numéro que nous tirons à la
loterie de la naissance, la plus hasardeuse de tou-
tes! Celle qui nous donne fortune, noblesse, santé,
talent ou misère, maladie, vice, idiotisme.

Et le mariage! Loterie d’autant plus perfide que
l’on croit choisir son numéro soi-même et que l’on
se fie à son exceptionnelle perspicacité.

Ce qui n’empêche pas les plus sagaces d’amener
un serpent en croyant tirer une anguille.

Mais voilà des commentaires philosophiques qui
nous entraînerai eut trop loin. J’ai seulement voulu,
en historiographe fidèle des excentricités parisien-
nes, vous signaler la dernière venue.

Elle a le rare avantage de ne pas copier les autres.

C’est déjà un mérite.

André Laroche.
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