LE CHARIVARI
LE QUATRAIN D’HIER
Au Louvre on veut placer un tourniquet payant.
Le la Chambre plutôt j'en ornerais la porte.
A nos politiciens, symbole édifiant,
ïl viendrait rappeler que tourner, ça rapporte.
SIFFLET.
LE CARNET D’EN ACTUALISTË
CROIX A VENDRE
A l’heure même où j’écris, — trois heures
moins vingt, — un marchand de décorations
passe devant la cour d’assises de la Seine.
Ce négociant indu s’était attaqué particulière-
ment aux brevets des deux ordres persans qui
s’appellent le Lion et le Soleil.
Pour simplifier les opérations, il avait fait
fabriquer un sceau postiche, orné de la signature
et des armes du Shah de Perse.
Muni de cet accessoire clandestin, il s’en allait
trouver la pratique et lui disait :
— Voulez-vous que nous fassions une petite
affaire ?
Et il donnait ses prix, le Soleil et le Lion étant j
également marqués en chiffres connus.
Seulement, ceux qui marchandaient obtenaient
des rabais sensibles, et de 5,000 ça descendait
à 2,000.
L’argent versé, le sceau pour rire fonctionnait
illico, et l’acquéreur n’avait plus qu’à courir au
Palais-Royal choisir du ruban au mètre.
r\if*
C/IVJ
Bien de plus simple, comme vous le voyez.
Par malheur, la police s’est avisée de fourrer
son nez dans ces opérations clandestines, et le
marchand de vanité à faux sceau a été déféré,
comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, à mes-
sieurs les jurés.
J’ignore encore présentement leur décision,
mais je n’ai pas besoin de la connaître, car je
veux me placer à un autre point de vue.
Tout en reconnaissant ce qu’il y a d’indélicat
dans la profession du monsieur qui vend des
croix pipées, m’est avis que ceux qui les achètent
devraient toujours être poursuivis comme com-
plices.
Non seulement cette complicité est évidente,
mais elle est indispensable.
S’il n’y avait pas d’acquéreurs, il n’y aurait pas
de brocanteurs. C’est clair comme une calinotade
Or, je vous demande si le délit n’est pas fla-
grant pour le premier comme pour le second.
Voici un individu qui n’a jamais eu plus de
rapports avec la Perse et son Shah que vous ou
moi. Il sait donc parfaitement qu’il n’y a aucune
raison, aucun prétexte même, pour que cette
Perse et ce Shah lui décernent un brevet quel-
conque.
Par conséquent aussi, il sait que, s’il arbore à
sa boutonnière une décoration qu’il n’a en rien
méritée, il commettra un abus de confiance sur
l’œil des passants.
Que s’il pouvait conserver la moindre illusion
à ce sujet, le seul fait d’avoir casqué lui ôterait
toute espèce de circonstances atténuantes.
Le monsieur qui tire son porte-monnaie pour
payer une croix d’honneur, comme il le tirerait
pour payer une botte d’asperges au marché ou
un paquet de cigarettes au débit de tabac, sait
parfaitement qu’il commet une action illicite.
Il sait non moins parfaitement que, s’il avait
mérité cette récompense, il n’aurait pas besoin
de faire intervenir les écus.
Il y a donc là tromperie par la chose achetée,
ce qui est tout aussi coupable que la tromperie
sur la chose vendue.
J’ajouterai que vous n’arriverez jamais à rien
par la répression telle qu’elle est pratiquée au-
jourd’hui. Prenez vous-en donc d’abord aux vrais
responsables.
AhI je vous réponds qu’il n’y en aurait pas
pour longtemps à voir fleurir ce genre de com-
merce, si l’on introduisait dans le Gode un sim-
ple petit article ainsi conçu :
— Tout individu bien et dûment convaincu
d’avoir acheté ou voulu acheter une décoration à
laquelle il savait n’avoir aucun droit sera passi-
ble d’une amende de 20 à 50,000 francs et, de plus,
condamné à porter à sa boutonnière pendant
cinq ans un écriteau constatant le genre d’opé-
ration auquel il s’est livré illicitement.
Les voyez-vous se promener dans les rues avec
leur pancarte?
Je vous garantis qu’ils ne s’y laisseraient pas
repincer et qu’au bout de peu de temps ils ne
trouveraient plus d’imitateurs.
Bien entendu, chaque infraction au port de
l’écriteau serait passible d’un emprisonnement
d’une année, à seule fiu d’assurer le respect de
la loi.
Qu’on en essaie, et l’on m’en dira des nou-
velles.
Par malheur, le Gode est un vieux routinier,
qui ne veut pas sortir de ses rengaines habi-
tuelles et qui frappe à faux les trois quarts du
temps.
Il ne comprend pas qu’il faut s’en prendre à la
cause. Il s’en prend toujours à l’effet.
Et voilà pourquoi l’humanité, au lieu de s’amé-
liorer, se détériore à vue d’œil.
QUIVALA.
TRIPLE-SEC C0INTREAU tANeens
Moutarde JOUE» MACK DIM.
Les PÂTÉS RE FOIES GRAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison
WEISSEATIIAAAER de Nancy.
CHRONIQUE DU JOUR
Les experts sont des savants terribles.
Une bande de faux monnayeurs passait devant la
cour d’assises de la Seine, pour avoir fabriqué une
quantité considérable de pièces de cinq francs.
Invité à prendre la parole, l’expert commence par
déclarer que les pièces étaient parfaitement imitées ;
le poids seul laissait à désirer.
Et enchanté d’étaler son érudition, le professeur
ajoute d’un ton doctoral •
— Avec tel et tel perfectionnement, il devenait im-
possible de soupçonner la fraude.
Puis il indique naïvement ces perfectionnements,
donnant aux accusés et à leurs amis perdus dans le
public de précieux renseignements pour ne pas
dorénavant se faire pincer !
Un jour, lorsque M. l’expert aura reçu quelques-
unes des pièces fabriquées suivant sa formule, il
pourra se dire avec fierté :
— Je n’ai pas parlé en vain!
L’installation des fameux compteurs horo-fumisto-
kilométriques, qui devait avoir lieu du 25 au 31 dé-
cembre, est renvoyée aux calendes grecques.
Avez-vous remarqué? Quand on a mis les comp-
teurs au concours, ils étaient tous excellents.
On a pris le meilleur, et il est impossible de le
faire marcher !
L’autre jour, un voyageur montait dans une des
rares voitures munies d’une de ces machinettes.
— A l’heure ou à la course? dit le cocher... J’ai
bien un compteur, mais ça ne compte pas.
Allons-nous voir disparaître du boulevard des Ita-
liens les messieurs qui se réunissent chaque soir
pour gesticuler et crier à tue-tête : « J’ai deux sous
pour demain ! »
Les agents de change protestent contre l’existence
de ces financiers, qu’ils accusent de peser sur les
cours de façon fâcheuse.
Plusieurs même seraient d’avis de supprimer pu-
rement et simplement la coulisse.
— Allons donc l s’est écrié un sceptique, pas de
coulisse à la Bourse 1 Comment fera-t-on pour con-
tinuer à y jouer la comédie ?
Un cambrioleur est surpris par un locataire.
Sans donner au voleur le temps de se remettre, le
locataire va chercher un gardien de la paix.
Celui-ci arrive, mais ne trouve rien.
— Je m’en doutais, dit-il avec bonhomie ; c’est tou-
jours la même chose : notre présence seule suffît à
les faire partir !
A propos de police.
Celle de Paris et celle de Lyon en rivalité au sujet
de l’assassinat du boulevard du Temple.
— Montrez-nous le couteau ! ont dit les Lyonnais,
et nous trouverons l’assassin tout de suite.
Les policiers de Paris tirent, en rechignant, le fa-
meux couteau de l’armoire aux pièces à conviction.
La police lyonnaise le brandit victorieusement,
mais n’en est pas plus avancée.
— Rendez le couteau! hurle alors la police pari-
sienne; vous n’êtes pas plus forte que moi!
On peut dire qu’actuellement ces deux polices sont
à couteau tiré.
Le krach des autographes.
Il paraît qu'on peut, maintenant, se procurer à bon
marché les pattes de mouche des hommes illustres.
Une lettre de Louis XIV est aujourd’hui à la por-
tée des bourses les plus modestes.
Tous les grands hommes dégringolent de même.
— Ah! s’est écrié Calino en sortant de la dernière
vente d’autographes, s’ils avaient su ça de leur vi-
vant, comme ils se seraient dispensés d’écrire!
Une jeune et jolie veuve, qui a enterré trois maris,
se trouvait dernièrement avec un jeune homme qui
lui avait fait la cour, mais s’en était tenu là.
— Ahl mon ami, dit-elle dans un moment d’expan-
sion, ce serait vous que je pleurerais aujourd’hui, si
vous aviez eu plus de courage I
Entre pêcheurs marseillais :
— Moi, dit l’un, j’ai pris un jour, dans un lac, un
poisson qui était si gros, qu’il a fallu dix hommes
pour le porter!
— Ge n’est rien auprès de celui que j’ai pêché dans
la Méditerranée, riposte le second.
— De quelle grosseur?
— Je ne sais pas ; mais quand il a été sorti de l’eau,
la mer a baisse de trois pieds !
Mme de X... est fort jolie, mais elle a des pieds que
ses bonnes amies qualifient d’immenses.
Elle a été malade et elle vient d’entrer en conva-
lescence.
— Je suis encore bien faible, disait-elle à un visi-
teur; je puis tout juste mettre un pied devant l’autre.
— C’est déjà un grand pas de fait, répond le visi-
teur distraitement.
Jules Demolliens
BOURSE-EXPRESS
La veille du jour où l’on réveillonne est presque
toujours, à la Bourse, un jour de chômage, ou peu
s’en faut. Cette fois, l’inaction est plus marquée en-
core que de coutume; c’est que Noël tombe un ven-
dredi, et que, dans ce cas-là, les marchés étrangers
ont l’habitude de « faire le pont », autrement dit de
s’offrir le samedi en guise de supplément.
Néanmoins, les choses ont assez bon aspect en
général. Un peu de tassement sur les rentes ; mais
c’est inévitable, à l’approche d’un jour où la Bourse
va faire relâche. La spéculation s’attend à avoir mal
aux cheveux le lendemain ; et quant au public du
comptant, il s’occupe plus de ses achats de dindes
truffées et de charcuteries variées que d’achats de
valeurs.
Un dernier mot: la liquidation s’annonce de mieux
en mieux sur les marchés étrangers. Donc, tout va
bien.
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron
Paria. — Alcan-Lévy, imirimeur breveté, 24, rue Chauofcat.
LE QUATRAIN D’HIER
Au Louvre on veut placer un tourniquet payant.
Le la Chambre plutôt j'en ornerais la porte.
A nos politiciens, symbole édifiant,
ïl viendrait rappeler que tourner, ça rapporte.
SIFFLET.
LE CARNET D’EN ACTUALISTË
CROIX A VENDRE
A l’heure même où j’écris, — trois heures
moins vingt, — un marchand de décorations
passe devant la cour d’assises de la Seine.
Ce négociant indu s’était attaqué particulière-
ment aux brevets des deux ordres persans qui
s’appellent le Lion et le Soleil.
Pour simplifier les opérations, il avait fait
fabriquer un sceau postiche, orné de la signature
et des armes du Shah de Perse.
Muni de cet accessoire clandestin, il s’en allait
trouver la pratique et lui disait :
— Voulez-vous que nous fassions une petite
affaire ?
Et il donnait ses prix, le Soleil et le Lion étant j
également marqués en chiffres connus.
Seulement, ceux qui marchandaient obtenaient
des rabais sensibles, et de 5,000 ça descendait
à 2,000.
L’argent versé, le sceau pour rire fonctionnait
illico, et l’acquéreur n’avait plus qu’à courir au
Palais-Royal choisir du ruban au mètre.
r\if*
C/IVJ
Bien de plus simple, comme vous le voyez.
Par malheur, la police s’est avisée de fourrer
son nez dans ces opérations clandestines, et le
marchand de vanité à faux sceau a été déféré,
comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, à mes-
sieurs les jurés.
J’ignore encore présentement leur décision,
mais je n’ai pas besoin de la connaître, car je
veux me placer à un autre point de vue.
Tout en reconnaissant ce qu’il y a d’indélicat
dans la profession du monsieur qui vend des
croix pipées, m’est avis que ceux qui les achètent
devraient toujours être poursuivis comme com-
plices.
Non seulement cette complicité est évidente,
mais elle est indispensable.
S’il n’y avait pas d’acquéreurs, il n’y aurait pas
de brocanteurs. C’est clair comme une calinotade
Or, je vous demande si le délit n’est pas fla-
grant pour le premier comme pour le second.
Voici un individu qui n’a jamais eu plus de
rapports avec la Perse et son Shah que vous ou
moi. Il sait donc parfaitement qu’il n’y a aucune
raison, aucun prétexte même, pour que cette
Perse et ce Shah lui décernent un brevet quel-
conque.
Par conséquent aussi, il sait que, s’il arbore à
sa boutonnière une décoration qu’il n’a en rien
méritée, il commettra un abus de confiance sur
l’œil des passants.
Que s’il pouvait conserver la moindre illusion
à ce sujet, le seul fait d’avoir casqué lui ôterait
toute espèce de circonstances atténuantes.
Le monsieur qui tire son porte-monnaie pour
payer une croix d’honneur, comme il le tirerait
pour payer une botte d’asperges au marché ou
un paquet de cigarettes au débit de tabac, sait
parfaitement qu’il commet une action illicite.
Il sait non moins parfaitement que, s’il avait
mérité cette récompense, il n’aurait pas besoin
de faire intervenir les écus.
Il y a donc là tromperie par la chose achetée,
ce qui est tout aussi coupable que la tromperie
sur la chose vendue.
J’ajouterai que vous n’arriverez jamais à rien
par la répression telle qu’elle est pratiquée au-
jourd’hui. Prenez vous-en donc d’abord aux vrais
responsables.
AhI je vous réponds qu’il n’y en aurait pas
pour longtemps à voir fleurir ce genre de com-
merce, si l’on introduisait dans le Gode un sim-
ple petit article ainsi conçu :
— Tout individu bien et dûment convaincu
d’avoir acheté ou voulu acheter une décoration à
laquelle il savait n’avoir aucun droit sera passi-
ble d’une amende de 20 à 50,000 francs et, de plus,
condamné à porter à sa boutonnière pendant
cinq ans un écriteau constatant le genre d’opé-
ration auquel il s’est livré illicitement.
Les voyez-vous se promener dans les rues avec
leur pancarte?
Je vous garantis qu’ils ne s’y laisseraient pas
repincer et qu’au bout de peu de temps ils ne
trouveraient plus d’imitateurs.
Bien entendu, chaque infraction au port de
l’écriteau serait passible d’un emprisonnement
d’une année, à seule fiu d’assurer le respect de
la loi.
Qu’on en essaie, et l’on m’en dira des nou-
velles.
Par malheur, le Gode est un vieux routinier,
qui ne veut pas sortir de ses rengaines habi-
tuelles et qui frappe à faux les trois quarts du
temps.
Il ne comprend pas qu’il faut s’en prendre à la
cause. Il s’en prend toujours à l’effet.
Et voilà pourquoi l’humanité, au lieu de s’amé-
liorer, se détériore à vue d’œil.
QUIVALA.
TRIPLE-SEC C0INTREAU tANeens
Moutarde JOUE» MACK DIM.
Les PÂTÉS RE FOIES GRAS les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison
WEISSEATIIAAAER de Nancy.
CHRONIQUE DU JOUR
Les experts sont des savants terribles.
Une bande de faux monnayeurs passait devant la
cour d’assises de la Seine, pour avoir fabriqué une
quantité considérable de pièces de cinq francs.
Invité à prendre la parole, l’expert commence par
déclarer que les pièces étaient parfaitement imitées ;
le poids seul laissait à désirer.
Et enchanté d’étaler son érudition, le professeur
ajoute d’un ton doctoral •
— Avec tel et tel perfectionnement, il devenait im-
possible de soupçonner la fraude.
Puis il indique naïvement ces perfectionnements,
donnant aux accusés et à leurs amis perdus dans le
public de précieux renseignements pour ne pas
dorénavant se faire pincer !
Un jour, lorsque M. l’expert aura reçu quelques-
unes des pièces fabriquées suivant sa formule, il
pourra se dire avec fierté :
— Je n’ai pas parlé en vain!
L’installation des fameux compteurs horo-fumisto-
kilométriques, qui devait avoir lieu du 25 au 31 dé-
cembre, est renvoyée aux calendes grecques.
Avez-vous remarqué? Quand on a mis les comp-
teurs au concours, ils étaient tous excellents.
On a pris le meilleur, et il est impossible de le
faire marcher !
L’autre jour, un voyageur montait dans une des
rares voitures munies d’une de ces machinettes.
— A l’heure ou à la course? dit le cocher... J’ai
bien un compteur, mais ça ne compte pas.
Allons-nous voir disparaître du boulevard des Ita-
liens les messieurs qui se réunissent chaque soir
pour gesticuler et crier à tue-tête : « J’ai deux sous
pour demain ! »
Les agents de change protestent contre l’existence
de ces financiers, qu’ils accusent de peser sur les
cours de façon fâcheuse.
Plusieurs même seraient d’avis de supprimer pu-
rement et simplement la coulisse.
— Allons donc l s’est écrié un sceptique, pas de
coulisse à la Bourse 1 Comment fera-t-on pour con-
tinuer à y jouer la comédie ?
Un cambrioleur est surpris par un locataire.
Sans donner au voleur le temps de se remettre, le
locataire va chercher un gardien de la paix.
Celui-ci arrive, mais ne trouve rien.
— Je m’en doutais, dit-il avec bonhomie ; c’est tou-
jours la même chose : notre présence seule suffît à
les faire partir !
A propos de police.
Celle de Paris et celle de Lyon en rivalité au sujet
de l’assassinat du boulevard du Temple.
— Montrez-nous le couteau ! ont dit les Lyonnais,
et nous trouverons l’assassin tout de suite.
Les policiers de Paris tirent, en rechignant, le fa-
meux couteau de l’armoire aux pièces à conviction.
La police lyonnaise le brandit victorieusement,
mais n’en est pas plus avancée.
— Rendez le couteau! hurle alors la police pari-
sienne; vous n’êtes pas plus forte que moi!
On peut dire qu’actuellement ces deux polices sont
à couteau tiré.
Le krach des autographes.
Il paraît qu'on peut, maintenant, se procurer à bon
marché les pattes de mouche des hommes illustres.
Une lettre de Louis XIV est aujourd’hui à la por-
tée des bourses les plus modestes.
Tous les grands hommes dégringolent de même.
— Ah! s’est écrié Calino en sortant de la dernière
vente d’autographes, s’ils avaient su ça de leur vi-
vant, comme ils se seraient dispensés d’écrire!
Une jeune et jolie veuve, qui a enterré trois maris,
se trouvait dernièrement avec un jeune homme qui
lui avait fait la cour, mais s’en était tenu là.
— Ahl mon ami, dit-elle dans un moment d’expan-
sion, ce serait vous que je pleurerais aujourd’hui, si
vous aviez eu plus de courage I
Entre pêcheurs marseillais :
— Moi, dit l’un, j’ai pris un jour, dans un lac, un
poisson qui était si gros, qu’il a fallu dix hommes
pour le porter!
— Ge n’est rien auprès de celui que j’ai pêché dans
la Méditerranée, riposte le second.
— De quelle grosseur?
— Je ne sais pas ; mais quand il a été sorti de l’eau,
la mer a baisse de trois pieds !
Mme de X... est fort jolie, mais elle a des pieds que
ses bonnes amies qualifient d’immenses.
Elle a été malade et elle vient d’entrer en conva-
lescence.
— Je suis encore bien faible, disait-elle à un visi-
teur; je puis tout juste mettre un pied devant l’autre.
— C’est déjà un grand pas de fait, répond le visi-
teur distraitement.
Jules Demolliens
BOURSE-EXPRESS
La veille du jour où l’on réveillonne est presque
toujours, à la Bourse, un jour de chômage, ou peu
s’en faut. Cette fois, l’inaction est plus marquée en-
core que de coutume; c’est que Noël tombe un ven-
dredi, et que, dans ce cas-là, les marchés étrangers
ont l’habitude de « faire le pont », autrement dit de
s’offrir le samedi en guise de supplément.
Néanmoins, les choses ont assez bon aspect en
général. Un peu de tassement sur les rentes ; mais
c’est inévitable, à l’approche d’un jour où la Bourse
va faire relâche. La spéculation s’attend à avoir mal
aux cheveux le lendemain ; et quant au public du
comptant, il s’occupe plus de ses achats de dindes
truffées et de charcuteries variées que d’achats de
valeurs.
Un dernier mot: la liquidation s’annonce de mieux
en mieux sur les marchés étrangers. Donc, tout va
bien.
Castorine.
Le Directeur-Gérant, Pierre Véron
Paria. — Alcan-Lévy, imirimeur breveté, 24, rue Chauofcat.