FANTASIA
254
On lit dans la Bible :
« Dieu ayant jugé qu’il n’était pas bon que l’homme fût seul... »
NOUVELLES A DEUX MAINS
Nous avons beau être au siècle de l’électricité, il
ne faudrait pas croire que tous les gens sont dispo-
sés, comme dirait M. Prudhomme, à se jeter dans
les bras de la vapeur.
Il y en a même, des gens, Gros-Jean comme de-
vant, qui refusent obstinément de monter dans le
train.
Entre autres, ce maire d’une petite ville du dépar-
tement de l’Isère, — laquelle ville est traversée par
un projet de chemin de 1er local, — dont le premier
magistrat municipal ne veut entendre parler à au-
cun prix.
Il a même expliqué sa résistance d’une façon très
originale et tout à fait inattendue, en la motivant
ainsi, sur un rapport officiel adressé à la Préfecture :
« Nous ne voulons pas de ce chemin de fer chez
nous, parce qu'il gênerait la circulation. »
Après celle-là, mon vieux Denis Papin, tu n’as
plus qu’à renverser ta marmite!
Le comique se mêle sans cesse au. tragique, dans
le drame de l’existence.
C’est ainsi que les journaux parisiens nous ont
raconté récemment, sous ce titre : «Un singulier
suicide», qu’un vieillard de soixante-et-onze ans
s’était suicidé dans un chalet de nécessité.
Le fait-divers se terminait par cette remarque :
« Inutile d’ajouter que le malheureux avait été
poussé à cet acte de désespoir par la misère. »
Alors, le lieu était assorti à la cause du suicide.
En effet, songez donc : un chalet de... nécessité!
***
A peu près du même tonneau.
Amusante coquille cueillie sur le banc de la
presse :
« Un individu velu avec une certaine élégance, et
dont on n’a pu établir l’identité, a été trouvé... »
Velu est mis ici pour vêtu, j’imagine.
***
Extrait d’album.
Pensée d’un sceptique, revenu de tout et de par-
tout, sans avoir jamais quitté le boulevard :
« Il y a des femmes qui naissent pour devenir des
mères, et d’autres qui ne seront jamais que des
filles. »
Calino, professeur de philosophie :
— Oui, messieurs, affirme-t-il doctoralement à
ses disciples, la vraie sagesse, la seule sagesse pra-
tique ici-bas, consiste à n’avoir pas de besoins; car,
lorsqu’on n’a pas de besoins, on peut toujours espé-
rer d’arriver à les satisfaire.
Le critique Machin déteste le peintre Chose.
Pourquoi? On n’a jamais pu savoir. Mais ce qu’il
y a de certain, c’est qu’il ne lui trouve aucun talent
et qu’il le dit, et qu’il l’écrit, et qu’il le crie toutes
les fois qu’il en trouve l’occasion.
— Cependant, objectait un camarade de l’artiste,
vous êtes bien obligé de reconnaître que ce pauvre
Chose est un bon garçon...
— Bon garçon tant que vous voudrez, riposta le
grincheux, je vous l’accorde volontiers; mais je ne
peux pas le voir... en peinture.
Henri Second.
254
On lit dans la Bible :
« Dieu ayant jugé qu’il n’était pas bon que l’homme fût seul... »
NOUVELLES A DEUX MAINS
Nous avons beau être au siècle de l’électricité, il
ne faudrait pas croire que tous les gens sont dispo-
sés, comme dirait M. Prudhomme, à se jeter dans
les bras de la vapeur.
Il y en a même, des gens, Gros-Jean comme de-
vant, qui refusent obstinément de monter dans le
train.
Entre autres, ce maire d’une petite ville du dépar-
tement de l’Isère, — laquelle ville est traversée par
un projet de chemin de 1er local, — dont le premier
magistrat municipal ne veut entendre parler à au-
cun prix.
Il a même expliqué sa résistance d’une façon très
originale et tout à fait inattendue, en la motivant
ainsi, sur un rapport officiel adressé à la Préfecture :
« Nous ne voulons pas de ce chemin de fer chez
nous, parce qu'il gênerait la circulation. »
Après celle-là, mon vieux Denis Papin, tu n’as
plus qu’à renverser ta marmite!
Le comique se mêle sans cesse au. tragique, dans
le drame de l’existence.
C’est ainsi que les journaux parisiens nous ont
raconté récemment, sous ce titre : «Un singulier
suicide», qu’un vieillard de soixante-et-onze ans
s’était suicidé dans un chalet de nécessité.
Le fait-divers se terminait par cette remarque :
« Inutile d’ajouter que le malheureux avait été
poussé à cet acte de désespoir par la misère. »
Alors, le lieu était assorti à la cause du suicide.
En effet, songez donc : un chalet de... nécessité!
***
A peu près du même tonneau.
Amusante coquille cueillie sur le banc de la
presse :
« Un individu velu avec une certaine élégance, et
dont on n’a pu établir l’identité, a été trouvé... »
Velu est mis ici pour vêtu, j’imagine.
***
Extrait d’album.
Pensée d’un sceptique, revenu de tout et de par-
tout, sans avoir jamais quitté le boulevard :
« Il y a des femmes qui naissent pour devenir des
mères, et d’autres qui ne seront jamais que des
filles. »
Calino, professeur de philosophie :
— Oui, messieurs, affirme-t-il doctoralement à
ses disciples, la vraie sagesse, la seule sagesse pra-
tique ici-bas, consiste à n’avoir pas de besoins; car,
lorsqu’on n’a pas de besoins, on peut toujours espé-
rer d’arriver à les satisfaire.
Le critique Machin déteste le peintre Chose.
Pourquoi? On n’a jamais pu savoir. Mais ce qu’il
y a de certain, c’est qu’il ne lui trouve aucun talent
et qu’il le dit, et qu’il l’écrit, et qu’il le crie toutes
les fois qu’il en trouve l’occasion.
— Cependant, objectait un camarade de l’artiste,
vous êtes bien obligé de reconnaître que ce pauvre
Chose est un bon garçon...
— Bon garçon tant que vous voudrez, riposta le
grincheux, je vous l’accorde volontiers; mais je ne
peux pas le voir... en peinture.
Henri Second.