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Le charivari — 60.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#1433
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LE CHARIVARI

nous devions agréablement utiliser en nous en
allant passer, sur les bords delà mer bleue, une
quinzaine tout entière consacrée à l’amour et à la
fantaisie.

Tout cela parce que ce sacré Sénat déjà, nommé
fait semblant de vouloir prendre au sérieux les
droits que lui attribue la Constitution et remplir
les devoirs qu’elle lui impose.

Les droits et les devoirs, quel tas de balan-
çoires, ma Titine 1 II n’y a de vrai en ce monde
que le bon temps que l’on dépense en compagnie
d’une brunette aux yeux bleus comme j’en sais
une, que tu connais aussi.

Notre pauvre voyage 1 Affreux budget! Décep-
tion cruelle !

J’ai été sur le point d’en donner ma démission,
mais ça flatte tant ma famille de me savoir dé-
puté, qu’il faut avaler la douleur, ma chérie, et
avoir l’air de s’intéresser aux milliards de la
France, sur lesquels on ne touche que 9,030 francs
par an.

À bientôt. Comme dédommagement, tu rece-
vras pour tes étrennes... Ma's je t’en laisse la
surprise

Un bon bécot, en attendant.

Ton député vexé.

THÉÂTRES

OPÉRA : Thamara.

Vous connaissez la fameuse scie d’atelier qui
se termine par ces mémorables vers :

Si cette histoire vous emb...nuie.

Nous allons la recommencer.

Pas absolument réjouissante, l’histoire des vi-
ragos qui coupent le cou ou les cheveux aux
gens, tantôt sous le nom de Judith, tantôt sous le
nom de Dalila.

Le livret de M. Gallet la recommence pourtant
dans la personne de la demoiselle Thamara, hé-
roïne caucasienne.

Le sultan Nour-Eddin, un des ancêtres du
Shah qui nous honora plusieurs fois de sa pré-
sence, assiège la ville de Bakou-la-Sainte.

Il s’agit de trouver une jolie fille qui, sous
prétexte de charmer les nuits de ce prince, lui
ravisse le jour. Thamara s’offre pour cette beso-
gne à la fois sublime ou canaille, selon le point
de vue auquel on se place. Elle vient, elle est
vue et triomphe; car Nour-Eddin subit immédia-
tement le coup de foudre et l’invite à partager sa
couche.

Mais voilà le hic. Thamara s’est laissé pincer
elle-même, tout en pinçant le soudard. Il paraît
que, dans leur entrevue nocturne, celui-ci a été
tellement... démonstratif, que Thamara se dit
qu’il serait déplorable de supprimer un aussi vi-
goureux seigneur.

Tout cela se terminerait donc peut-être par un
mariage qui, vu les brillantes qualités de l’époux,
promettrait beaucoup d’enfants, si les voix du
remord postées dans la coulisse ne contraignaient
la jeune personne à poignarder Nour Eddin.

Après quoi, réintégrant son domicile, elle se
poignardera elle-même.

Bien évidemment, les amateurs d’une douce
gaîté ne sauraient trouver leur affaire dans ce
livret aussi peu rieur que possible. Mais M. Bour-
gault-Ducoudray, que l’exotisme et l’orientalisme
charment particulièrement, puisqu’il publia jadis
une Rapsodie cambodgienne {sic), M. Bourgault-
Ducoudray s’est senti vivement inspiré par cette
donnée.

Il paraît même, d’après un critique d’une com-
pétence transcendante, qu il y n trouvé 1 occasion
de montrer en plusieurs pages Yhypophrygien et
Vhypolydien (re sic).

Quoique j’aie été fier de l’apprendre, j’estime
que si l’hypophrygien et l’hypolydien faisaient
seuls le charme de la partition, elle aurait risqué
d’être profondément assommante.

Heureusement, après un premier acte légère-
ment refroidissant, le musicien s’est échauffé peu
à peu et a trouvé, pour la seconde partie de l’œu-
vre, des pages d’un bel accent, d’une saisissante
couleur.

Toute la scène des amours nocturnes entre
Thamara et son sultan est d’une puissante veuue.
Les chœurs ont un accent d’originalité sincère.

Bref, M. Bourgault-Ducoudray, débutant tardif,
donne à regretter tout le temps qu’on lui a laissé
perdre. Il n’a pas seulement failli attendre, il a
bel et bien attendu pendant vingt-cinq ans cette
soirée de consécration, C’est triste.

M. Engel a fait un véritable tour de force — qui
d’ailleurs devient sa spécialité — en improvisant
le rôle de Nour-Eddin. On l’a fort applaudi.

Mlle Domenech est suffisamment tragique et
chante avec élan.

Ce sont les deux seuls personnages en relief.

Bonne tenue des chœurs.

La soirée se terminait par une reprise de la
Tempête, l’intéressant ballet d’Ambroise Tho-
mas, où la gracieuse Mauri est plus charmante que
jamais. Très fêtée, Mlle Laus.

La direction expirante de l’Opéra est en droit
de dire avec une fierté ironique, après cette su-
prême épreuve :

C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux.

Pierre Véron.

•--

OUIONOLELéritablifiOINTREAUd'ANGERS

Moutarde JULIEN MACK DIJON.

Los IVVTIOS ni: FOIES taivs les plus fins,
les plus exquis sont livrés par la maison

wei^otbiühiik de *ancy.

CHRONIQUE DU JOUR

Est-ce qu’on va en arriver définitivement, en
France, à allouer des dommages-intérêts aux rou-
gissantes fiancées laissées en plan au moment de se
rendre à la mairie?

Une jeune personne ainsi abandonnée vient de
faire condamner son volage ex-fiancé à un franc
pour « réparation du préjudice moral ».

Sans doute, c’est dans les prix doux, et, à ce
compte-là, on peut se payer quelques Arianes.

Cependant, le principe est posé; tout est là.

Attendons-nous donc, prochainement, à une ava-
lanche de demandes en dommages-intérêts.

Il suffira qu’un jeune homme ait regardé une de-
moiselle de certaine façon, pour que celle-ci se croie
en droit d’exiger la forte somme.

Les plus avisées n’hésiteront pas, pour la liquida-
tion de fin d’a. ié(, à poursuivre simultanément tous
leurs soupirants.

Elles se fero • ainsi des rentes plus sûrement
qu’en élevant lapins.

C’est ce qu’on peut appeler faire rapporter des in-
térêts à son capital sans l’écorner.

On vient de découvrir une nouvelle manière de
frauder le beurre — elle manquait à la collection —
avec des huiles végétales!

On brasse fortement et, ni vu ni connu, il n’y a
que quelques gastralgies de plus.

Mais c’est l’inventeur qui fait son beurre!... Et
que va devenir la fameuse assiette?

Aimable statistique.

L’administration préfectorale vient de publier son
rapport sur la consommation de la ville de Paris
en 1890.

On y voit que chaque habitant a absorbé 65 kilos
de viande de boucherie, 12 kilos de gibier, 203 litres
de vin, etc.

Un bohème lisait cette réconfortante nomencla-
ture.

— Mâtin! murmura-t-il ; cette année-là, paraît
que j’ai pas mal mangé... Du diable, par exemple, si
je m’en souviens 1

Les présidents de cours d’assises ont parfois des
aperçus bien originaux.

Ainsi, dans un procès contre un voleur qui était
allé manger le produit de son larcin, en compagnie
de sa maîtresse, à Trouville :

— Accusé, dit sévèrement le président, quand on a
commis une action de cette sorte, on ne va pas à
Trouville; on va se cacher dans un coin !

On nous a déjà signalé les petits trous pas cher
pour les bourses peu garnies ; espérons qu’on vou-
dra bien en indiquer spécialement quelques-uns
pour voleurs allant manger économiquement la gre-
nouille. -

Du même tonneau.

Le président à la prévenue :

— Votre conduite est sans excuse!... Votre mari
vous rendait-il malheureuse?

— Je crois bien... Il me faisait un enfant tous les
ans !

— Et c’est pour ça que vous preniez, en outre, un
amant! s’écrie le président. Pour risquer d’en avoir
deux I

La fooormel

On discute beaucoup la question de savoir si le
sous-lieutenant Ana . ne devrait pas passer en
police correctionnelle pour port Uunuorme étant on
non-activité.

La jurisprudence est cor.-tante sur ce point, ré-
pond gravement u. isconsuite, qu’on ne nomme
pas, du reste.

L’assassin passe î* boi 1 eh; cour d’as s

Ce sera seuleme ' A été on L imé à
mort qu’il sera tra ce cpçrec

nelle, pour s’entendre c- uinze' joui

prison!

Il est à croire que. eUc Lti Kno.

s’empressera de plaider les Pire ) ts
vantes, afin d’en avoir au moins pi ur ci iq ars de
détention.

Au bal.

Un danseur vient inviter pour une valse ui j e
fille assise à côté de sa mère, bonne bourgeoise, pré-
tentieuse, surchargée de

— A deux ou à u s l ps? dmna de le jeune
homme en enlaçant la taille do la demoiselle,

La mère, intervenant:

— A trois temps, monsieur!... Nous ne -ns
l’habitude de lésiner... Nos moyens nous îo permet-
tent!

Jules Demolliens



BOURSE-EXPRESS

Ça se gâte. Il est dit qu’on ne nous laissera pas
finir l’année tranquillement. J’ai à peine besoin de
vous dire que ce sont toujours les valeurs étran-
gères qui « marchent ». Nous ne pouvons absorber
ce qu’il plaît aux places extérieures de vendre, en
sorte que les baissiers s’en donnent à cœur joie.

Je remarque, pourtant, qu’ils ne touchent pas à
nos valeurs françaises. C’est que, ici, ils se trouve-
raient en présence de gens susceptibles de défendre
les cours.En conséquence, le 3 0/0, quand il perd un
sou par hasard, s’empresse de le regagner le lende-
main ; le Foncier reste à ses plus hauts cours, et nos
chemins de fer ne sont aucunement atteints. C’est
égal ! il vaut bigremeut mieux être acheteur de ces
valeurs-là que de rentes étrangères!

Castorine.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron.

Paris. — Imprimerie Alcan-Lévy, 24, rue Chauchat.
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