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Le charivari — 61.1892

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Novembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23886#1241
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SOIXANTE-UNIÈME ANNÉE

Prix du Muméro : 25 centimes

DIMANCHE 13 NOVEMBRE 1892

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois....,. 18 fr.

Six mois...... 36 —

Un an. 72 —

(les MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS REÇUS)

Les abonnements partent des i‘r et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

IMIilUlli YÉSÎOtV

lî 6 il aclc il i* eu Chef

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire 20

A B O N N EM ENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. SO —

(LES MANDATS TÉLÉGRAPHIQUES NE SONT PAS REÇUS)

L abonnement d’un an donne droit à la prime grat uite

direction

Politique, Littéraire et Artistique
i'Ililllîli VÉltON

Rédacteur en Chef
ANNONCES

ADOLPHE EWiG, pisrmier de la publicité
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

-4--

Les souscripteurs dont l’abonnement ex-
pire le 15 Novembre sont priés de le re-
nouveler immédiatement s’ils ne veulent pas
éprouver d’interruption dans l’envoi du
journal. Nous rappelons que les mandats
télégraphiques ne sont pas reçus.

BULLETIN POLITIQUE

Comme il fallait s’y attendre, les débris de la
presse monarchiste ont cherché à se repaître du
dernier attentat à la dynamite.

Quand on est sur le radeau de la Méduse — et
c’est leur cas — on ne peut pas se montrer diffi-
cile en fait de menu. Donc, avec insistance, ils
mâchent et remâchent des argumentations éton-
nantes dont voici le thème :

« Nous avons la République, et la République
produit ses fruits naturels. »

Faut-il répondre à ces douces absurdités que
démentent les évidences les plus diverses?

D’abord, la France étant seule en République
pour le moment et des explosions de dynamite
s’étant produites sur tous les points de l’Europe,
le réquisitoire est arrêté net par un démenti dès
ses premiers mots.

Il y a eu des attentats en Angleterre, en Rus-
sie, en Allemagne, partout enfin. Mais tenons-
nous-en à ce qui intéresse la France.

Est-ce que Lous-Philippe Ier ne régnait pas quand
la machine Fieschi opéra de si terribles ravages ?
Messieurs les monarchistes voudraient-ils nous
expliquer comment la restauration de Phi-
lippe VII, petit-fils du susdit, empêcherait les
récidives de ce genre?

Est-ce que Napoléon III ne régnait pas lorsque
les bombes d’Orsini éclatèrent sinistrement? Les
mêmes dialecticiens voudraient-ils se charger de
bous apprendre comment nous serions à l’abri des
bombonnières si l’on ramenait de Belgique le
jeune Totor et qu’on l’installât à l’Elysée?

C’est dément.

Ce qui arriverait, tristes mystificateurs, c’est
qu’au contraire les conspirations et les attentats
Vaient se multipliant d’autant plus que la com-
pression serait plus téméraire.

La République, étant le gouvernement de tous,
a le droit d’assurer l’ordre énergiquement, car
c’est dans l’intérêt général qu’elle agit.

La monarchie, au contraire, n’étant que le gou-
vernement de quelques uns, devient tout de suite
0(lieuse quand elle se met à réprimer au profit du
Voue et de l’autel.

Et d’ailleurs vous n’avez même pas à proposer

l’homme à poigne qui se chargerait de cette be-
sogne périlleuse. Ce n’est, à coup sûr, pas le
comte de Paris qui voudrait jouer cejeu-là et en
courir les risques. ,

Il se complaît dans sa souveraineté platonique
et paisible, incapable de rien faire pour la chan-
ger en souveraineté effective et compromet-
tante.

Le mot lui suffit, la chose lui ferait peur. Il se
contente de se faire appeler Sire hors de la por-
tée des révolutions.

Son fils, lui, d’abord ne peut rien sans donner
un croc-en-jambe au papa, et ensuite semble pré-
férer beaucoup la détonation des bouchons de
champagne à l’explosion de la nitro-glycérine ou
de la mélinite.

Quant au prince Victor ci-dessus nommé, c’est
moins que rien et il n’y a point à le faire entrer
en ligne de compte.

Donc, pour résumer la situation :

1° Si l’on rétablissait la monarchie, cela ne
pourrait que provoquer un redoublement de vio-
lences.

2* Vous n’avez même pas un prince capable
d’endosser cette responsabilité.

C’est pourquoi vous êtes à la fois aveugles et
coupables quand vous cherchez à ébranler cette
République qui seule peut être notre sauvegarde,
quand vous vous évertuez à lui enlever la force
dont elle a besoin pour vous protéger vous-
mêmes qui êtes ses insulteuvs.

Pierre Véron.

SUS AUU PAQUETS !

Il n’a, certes, jamais été bien agréable, dans les
rues de Paris, de porter un paquet, soit sur les
épaules, soit à bout de bras.

Surtout quand le paquet est lourd.

En écrivant cet axiome, nous n’avons donc pas
le moins du monde la prétention — d’ailleurs in-
congrue — de découvrir la lune.

Mais « le paquet », qui avait déjà sa réputation
bien établie, est en passe de la perfectionner.
Jamais il n’a été plus assommant, au figuré aussi
bien qu’au propre, et si vous tenez à vos aises ou
seulement à votre liberté, ou même à votre peau,
je ne vous conseille pas d’en tâter, du « paquet »,
à l’heure qu’il est, sur le pavé glissant de notre
bonne ville.

Le paquet, en effet, n’a jamais été plus mal
porté, ni vu d’un plus mauvais œil. Et cela pour
plusieurs raisons, extrêmement déterminantes,
et dont je vous ferai connaître les trois princi-
pales.

D’abord, à cause des cambrioleurs.

Ces messieurs ont pris la douce habitude de
\ déménager nos meubles dans un de nos draps de

lit. Comment ils s’y prennent pour faire entrer
tant de choses dans une, si petite enveloppe, je
l’ignore. C’est contraire à toutes les lois de la
physique sur les dimensions et capacités relatives
du contenant et du contenu. Peut-être ont-ils un
tour de main spécial, une dextérité analogue à
celle du prestidigitateur qui introduit toute l’ar-
che do Noé dans un chapeau haut de forme. Tou-
jours est-il que le tour de force — ou d’adresse —j
se renouvelle tous les jours, plusieurs fois par
jour, au détriment des locataires, au nez et à la
barbe des concierges et de la police.

Nous ne.savons pas au juste comment mes-
sieurs les cambrioleurs s’y prennent, mais nous
savons comment ils prennent. Opération mathé-
matique des plus simples : ils emportent tout et
ne laissent rien. Au besoin, ils dissimuleraient
dans un simple mouchoir toute la garnitui*e d’une
armoire à glace. Ni vu ni connu, je t’embrouille
ét je me grouille! Enfoncée la patrouille 1

Alors, vous comprenez. Les pipelets et les ser-
gents de ville, tant de fois refaits par les auteurs
de ces méfaits, ne sont pas satisfaits. Et ils com-
mencent à tenir sévèrement à l’œil, quand ils
n’empoignent pas brutalement au collet, tous les
porteurs de paquet, sans distinction.

Or, je vous le demande : le moyen d’avoir de la
distinction en portant un paquet... surtout quand
on n’en a pas l’habitude, — j’entends l’habitude
du paquet; car, pour ce qui est de la distinction,
il va de soi que nous ne laissons rien à désirer
sous ce rapport, et que nous sommes tous plus
distingués les uns que les autres?

Donc, si vous n’êtes ni commissionnaire mé-
daillé, ni blanchisseur patenté, je ne vous con-
seille pas de vous balader sur la voie publique, ni
même dans une maison particulière, avec un pa-
quet quelconque à la main, ce paquet fût-il com-
posé de vos papiers de famille ou de vos œuvres
manuscrites complètes.

Même en marchant très doucement, vous cou-
rez,.. le risque d’éveiller les soupçons. On vous
contraindra de trimbaler et de déballer votre
affaire au poste voisin, lequel est parfois très
éloigné. On n’en finira pas de vous demander
comment et pourquoi. Et si vous alliez, sans cé-
rémonie, porter votre habit de gala au Mont-de-
Piété, quelle veste, heinl...

Idem au cresson..., et même un peu plus poivré,
si, au lieu de vous prendre pour un vulgaire cam-
brioleur, quelque finaud s’avise de flairer en vous
un découpeur de femmes ou un amateur de dy-
namite.

— Ça sent la chair fraîche, dira la concierge
lisant d’un œil les faits-divers du Petit Journal.

— Scrongnieugnieu! murmurera dans sa rude
moustache l’ancien guerrier devenu gardien de
la paix, je renifle une odeur de poudre... Se-
rait-ce, par hasard, que ce particulier, là-bas,
aurait sous son bras une marmite... explosible?...

De là à coucher au bloc, à pourrir sur la paille
humide des cachots, il n’y a qu’un demi-pas.

Si vous ne tenez point absolument à le fran-
chir, la conclusion s’impose...

Henri Second.
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