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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[octobre 1922]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0008
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tout ce qui est noble, délicat et beau
pour se donner sans réserve à l’utilita-
risme qui l’amoindrit! L’éducation es-
thétique préviendra ces tristes écarts et
remédiera à leurs effets.
L’éducation esthétique nous apprend
non seulement à goûter le beau, mais
elle nous porte encore à faire partager,
autour de nous, notre émotion et notre
joie. Le goût du beau nous rend donc
plus sociables ; il combat notre instinctif
égoïsme et le ruine en ses conséquences
désobligeantes qui nous abaissent et
nous diminuent.
Le goût du beau nous entraîne à l’ad-
miration, et quoi de plus noble que ce
sentiment ; il élargit notre âme, en
quelque sorte, et nous prépare à l’en-
thousiasme sans lequel, a-t-on dit, rien
de grand n’est possible.
Enfin, une dernière conséquence de
cette culture du sentiment esthétique,
c’est que, capables de découvrir la
beauté dans le brin d’herbe et dans la
fleur, dans rafle de l’insecte et dans le
cèdre altier, nous subissons l’influence
de cette admirable harmonie de l’uni-
vers. L’ordre, la proportion, l’unité de
ce monde visible nous rendent meilleurs
en établissant en nous un besoin de
beauté morale, de paix intérieure avec
l’amour pratique de tout ce qui est
grand, juste et bien, avec l’horreur de
toute vulgarité.
E. L.

oc Le beau, c’est le vrai, manifesté
sous une forme telle que son attrait en-
traîne l’homme au bien. » (D oct.
A. Molière.)

En feuilletant les vieux livres

Michel-Ange et Laurent de Médîcis
Laurent de Médicis, grand protecteur
des arts et que ses contemporains ont
surnommé le Magnifique, avait réuni
dans ses jardins et dans son palais de
Florence une riche collection de ta-
bleaux et de marbres antiques. Là, sous
la conduite de Ghirlandajo, des jeunes
gens étudiaient ces chefs-d’œuvre. Mi-
chel-Ange, nouveau-venu à cette école
des Beaux-Arts, entreprit de copier en
marbre une tête de Faune dont la bou-
che et le nez étaient fort détériorés. No-
vice encore dans son art, Michel-Ange
osa pourtant reconstituer la figure
comme fl l’imaginait, c’est-à-dire la
bouche ouverte et garnie de toutes ses
dents.
Le jeune artiste achevait son travail
lorsque survint Laurent. La vue de
cette œuvre le laissa quelque temps muet
d’admiration. Puis, s’adressant à l’élève
sculpteur : oc Tu devrais savoir, jeune
homme, qu’il manque toujours quelques
dents aux vieillards. » Michel-Ange de-
meura d’abord silencieux devant la jus-
tesse de cette remarque puis, d’un coup
de ciseau fl fit sauter quelques dents
et creusa l’alvéole laissée vide. Laurent,
surpris d’une telle docilité jointe à une
habileté aussi étonnante comme à une
parfaite observation de la nature, féli-
cita le jeune artiste et lui prédit un bril-
lant avenir. Dès ce jour il le prit sous
sa protection, le fit asseoir à sa table, le
logea dans son palais et le traita comme
son propre fils. Michel-Ange devait se
montrer digne de tels égards et honorer,
par son génie, son puissant bienfaiteur.
 
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