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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[octobre 1922]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0007
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L’Éducation Esthétique

L’esthétique est ia science du beau.
L’éducation esthétique consiste donc
dans la culture des facultés qui nous per-
mettent de sentir et de juger la beauté
manifestée dans la nature et dans les
oeuvres d’art.
On a dit qus la beauté touchait sur-
tout notre sensibilité ; en réalité, elle
parle à toutes les facultés de notre âme :
mémoire, intelligence, sentiment, vo-
lonté. Pourtant, l’éducation esthétique
a pour objet spécial la culture du senti-
ment et du goût. Elle s’adresse au sen-
timent pour le rendre plus subtil et plus
délicat ; au goût, par la raison, pour le
soustraire à l’influence des préventions
et lui donner, avec la justesse, la promp-
titude, la délicatesse et l’impartialité.
Mais pourquoi parler à la jeunesse de
culture esthétique alors que cette édu-
cation, qui semble spéciale, paraîtrait
convenir exclusivement aux futurs ar-
tistes? Nous répondrons: l’artiste naît
avec ce sentiment vif du beau, il en jouit
dès son jeune âge comme à son insu, et
par l’effet d’une vocation singulière il
découvre le beau, comme d’instinct,
dans toutes ses manifestations. Notre
revue n’est point faite pour les artistes.
C’est à vous, enfants et jeunes gens,
qui vous sentez attirés par toutes les bel-
les choses de la nature et des arts, que
nous disons : Cultivez votre goût, for-
mez votre jugement esthétique, appre-
nez à reconnaître la véritable beauté
dans toutes ses manifestations, sinon
votre éducation demeurera incomplète
et volontairement vous vous priverez des

plaisirs nobles et délicats que procure,
à toute âme élevée, la rencontre et l’ad-
miration de la beauté.
Sans doute, il est peu d’âmes inca-
pables de l’émotion esthétique, insensi-
bles à ce plaisir intérieur que nous pro-
cure la vue d’un heureux paysage, une
forêt mystérieuse, une source murmu-
rante dans la fraîcheur des bois, le jeu de
la lumière et des ombres aux diverses
heures du jour, la contemplation des
moissons dorées que la brise fait onduler
sous les feux du soleil couchant. Mais,
pour que nous jouissions pleinement de
ces beautés éparses dans l’univers, ne
faut-il pas tout d’abord qu’elles nous
soient révélées? Ne faut-il pas qu’une
leçon pratique nous apprenne à démêler,
au fond de nous-même, les émotions
confuses qu’y suscite la rencontre du
beau?
Cette culture du sentiment esthétique
entraîne avec elle les plus heureuses con-
séquences. Outre la joie intime qu’elle
nous procure devant toute beauté, elle
nous élève au-dessus de l’utile au sens
vulgaire du mot. En ces temps troublés
encore où nous vivons, ce l’utile » séduit
bien des jeunes gens et la recherche du
profit à tous les points de vue étouffe
trop souvent leurs aspirations les meil-
leures vers un plus noble idéal. Sans
doute, les difficultés nouvelles de la vie,
la nécessité de se créer une situation ho-
norable et rémunératrice demandent à
la jeunesse un sens plus aiguisé des
moyens de parvenir. Mais qu’il serait
déplorable de la voir se détourner de

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