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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[novembre 1922]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0039
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L'Éducation Esthétique
(Suite).

Danger de la culture intensive
du sentiment.
L’éducation morale, inséparable de
l’éducation esthétique qu’elle prépare
et qu’elle complète, produira encore cet
heureux effet den prévenir les dangers.
Une culture intensive et imprudem-
ment exagérée du sentiment esthétique
aboutirait à cet inconvénient de former
des ce esthètes » qu’on a définis ce des
être pour qui le culte de la beauté de-
vient la règle de tous les jugements et le
mobile de toutes les actions 1. »
Cette culture excessive du sentiment
entraîne parfois jusqu’à une forme par-
ticulière d’égoïsme qui cherche à jouir
seul de la beauté et même à l’accapare-
ment jaloux des œuvres d’art.C’est là un
cas qui se rencontre seulement chez l’a-
mateur, possesseur d’une immense for-
tune.Sans conduire à ces excès la culture
intensive de la sensibilité artistique mène
souvent au dilettantisme. Or, le dilet-
tante devient, à bref délai, un être inca-
pable d’action utile à la société. Il ne
voit, dans la vie, qu’un spectacle offert
à sa curiosité ; il en jouit, il admire, il
critique ; il demeure étranger à toute
œuvre sociale et contemple la ce comédie
humaine » en spectateur amusé.
L’éducation esthétique trop raffinée
présente encore un dernier danger • elle
développe à l’excès la sensibilité et pré-
pare l’âme à souffrir inexorablement
des inévitables laideurs de la vie sans lui
1. M. Braunschvig. L’art et l’enfant, Didier, Paris.

ménager aucune occasion de ne les point
remarquer.
Si la culture esthétique s’impose
comme une nécessité, comme un com-
plément indispensable de toute éduca-
tion intellectuelle et morale, il importe
donc de la conduire avec sagesse, avec
prudence et discrétion, et de maintenir
l’équilibre des facultés par une culture
normale et raisonnée de l’intelligence,
de la sensibilité, de la volonté.
Impuissance de la beauté
comme religion.
Certains esprits, trompés par l’in-
fluence moralisatrice de l’art, ont cru
que le culte de la beauté pourrait avan-
tageusement remplacer toute religion.
C’est là une erreur manifeste facile à
démontrer.
Les Anciens, les Grecs en particulier,
ont conduit l’art à une perfection que
nous admirons. Le siècle de Phidias est
incomparable ; il synthétise ce que l’on
peut trouver, à travers les âges, de plus
parfait. Les artistes de son temps : pein-
tres, sculpteurs, poètes, philosophes,
orateurs, atteignent à une forme par-
faite. Et c’est la seule forme que les
Grecs aiment par dessus tout. Leur ad-
miration pour la perfection physique de
la forme humaine va même jusqu’au
crime : ils condamnent à la mort les en-
fants qui naissent mal conformés. Et
c’est Platon, « le divin », qui édicte cet
arrêt. En dépit de ce culte exclusif de
la beauté, l’Histoire ne nous apprend

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