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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[avril 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0199
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L'Éducation Esthétique
(Suite).

La littérature enfantine.
La littérature est l'un des plus puis-
sants moyens de culture esthétique que
le programme mette à la disposition de
l'instituteur.
La littérature scolaire comprend non
seulement la formation du style et du
langage, l'étude des poésies, la lecture
des bons auteurs et plus tard leur ana-
lyse, mais encore ce qu’on appelle com-
munément la littérature enfantine dont
nous parlerons en particulier. Celle-ci
vise les livres écrits pour les enfants, les
légendes, les récits, les illustrés de toutes
natures et qui ne sont pas tous recom-
mandables.
La poésie plaît naturellement à l’en-
fant à cause de son rythme qui forme
une musique pour son oreille, à cause
surtout des images que la poésie suscite
devant son imagination et qui l’enchan-
tent. La sensibilité, plus active dans le
jeune âge, moins réglée par la raison,
est plus vivement frappée par les ta-
bleaux qu’évoque la poésie, de là son
charme pour l’enfant et pour les peuples
primitifs.
Dès l’origine, le poète fut le conduc-
teur des peuples au point de vue intel-
lectuel et moral ; Moïse l’appelle le
voyant, le prophète. Le poète chante
l’univers et son Créateur, il glorifie les
héros et conte les épopées ; plus tard il
dit ses passions, ses joies, ses tristesses,
ses espoirs, car la poésie embrasse toute
l’âme humaine et de ce chef devient es-
sentiellement éducative. Les Grecs
avaient compris le rôle de la poésie dans
l’éducation, et si Platon chasse de sa

République le poète, cc être sacré, mer-
veilleux et plein de charmes », Horace
lui rend un bel hommage dans son épître
à Auguste.
« Le poète façonne la bouche tendre
et bégayante de l’enfant. Dès le premier
âge il détourne son oreille des propos
grossiers, puis il forme son cœur par
d'amicales leçons, assouplit son carac-
tère, réprime en lui l’envie et la colère.
Il raconte les belles actions ; il instruit,
par l’exemple des hommes célèbres, les
jeunes générations qui grandissent. »
Dès le plus jeune âge, en effet, l’en-
fant peut apprendre par cœur quelques
poésies, mais il ne faut pas lui imposer
de longues strophes ni surcharger sa mé-
moire de pièces au-dessus de son intel-
ligence. L’instituteur écartera les poé-
sies qui expriment des sentiments subtils,
comme le conseille sagement Marcel
Braunschvig1 ; nos auteurs français,
classiques et romantiques, décrivent
surtout les sentiments et nos modernes
sont trop abondants en cc émotions rares
et en pensées raffinées. » L’enfant pré-
fère, aux analyses de l’âme, le pitto-
resque des descriptions, le naturel des
scènes qu’il évoque et complète par sa
propre imagination.
En tout cas, même pour un texte
simple et à la portée de l’enfant, une
explication préliminaire s’impose avant
l’étude. L’instituteur fera porter ses
remarques sur la forme, sur l’idée, sur
les mots. Beaucoup de termes demeu-
rent incompréhensibles à l’enfant ; on
lui donnera le sens exact des expressions
1. L’art et l’enfant. Didier, Paris.

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