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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[avril 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0200
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poétiques qu’il pourrait ne pas saisir.
Si l’enfant comprend bien la poésie qu’il
doit étudier, il trouvera comme naturel-
lement le ton pour la bien dire.
L’instituteur surveillera, avec grand
soin, cette diction de l’enfant qui accen-
tue volontiers la cadence du vers. Le
rythme a son importance dans la réci-
tation ; si on le supprime, si l’on récite
la poésie comme de la prose on lui enlève
une grande partie de son charme. On
apprendra donc à l’enfant à ne pas mar-
teler le vers, à ne pas accentuer le
rythme, mais aussi à ne pas le négliger.
L’instituteur doit lutter sans décou-
ragement contre des défauts habituels
aux enfants s’il veut leur donner une
bonne diction. Les plus fréquentes de
ces incorrections dans le débit sont :
Le bredouillement qui naît de la pré-
cipitation ; le balbutiement qui consiste
à répéter les derniers mots prononcés
après un arrêt brusque souvent suivi de
ce euh ! euh ! » destinés sans doute à exci-
ter une mémoire rebelle ou à rassurer 1 ’é-
lève au milieu des silences que laisse une
récitation mal assurée. Le grasseyement
qui consiste à prononcer les r de la gorge
et non du bout de la langue. Le zézaie-
ment qui fait prononcer le j et le g
comme le z : zuzer, pour juger. Le ses-
saiement qui donne au ch le son de s:
saîne pour chaîne. Le jotacisme qui
change s en j : chanjon, pour chanson.
Enfin le chuintement qui remplace s et j
par ch: chauchiches pour saucisses. LTne
attention soutenue de la part du maître
corrige assez rapidement ces défauts si
nuisibles à la diction.
Le maître lira aux enfants le texte à
étudier en surveillant son intonation
qu’il aura soin d’adapter au genre de la
poésie. Il exigera ensuite que ses élèves

lisent le morceau dans le même ton en
respectant la ponctuation, en soulignant
les mots importants ; il veillera à ce que
l’enfant soit attentif au rythme et récite
« la poésie poétiquement » ; il surveil-
lera les liaisons des mots qui donnent
plus de douceur au débit et le facilitent ;
il tiendra à la prononciation discrète des
e muets sans l’affectation qui tombe
dans le ridicule.
De toutes les poésies qu’on fera dire
aux enfants, les fables sont peut-être
celles qui leur conviennent le mieux ; ils
en comprennent le sens, ils s’intéressent
à ces drames brefs et animés dont ils
connaissent si bien les acteurs : La co-
lombe et la fourmi, Le chat et les souri-
ceaux, Le loup et le chien maigre, Le
corbeau et le renard, La laitière et le
pot au lait, Le loup et l’agneau, etc.
La culture morale de l’enfant gagnera
beaucoup à cette étude si l’instituteur
dégage clairement la leçon que la fable
porte avec elle en même temps qu'il
montrera la beauté du drame et le
charme de la narration.
Lorsque l’enfant grandit, il devient
plus facile de le former à la compréhen-
sion de la beauté par la littérature ; à cet
âge ce ne sera plus seulement le charme
de la nature que la poésie mettra sous
ses yeux, mais toute l’âme humaine dans
ses plus diverses expressions.
Par la poésie l’instituteur fera aimer
à l’enfant sa petite patrie d’abord, le
coin de terre où il est né, la maison an-
cestrale, le vieux clocher.
« Oh! ne quittez jamais,c’estmoi qui vous le dis,
Le devant de la porte où l’on jouait jadis,
L’église où, tout enfant et d’une voix légère,
Vous chantiez à la messe auprès de votre mère,
Et la petite école où, traînant chaque pas,
Vous alliez le matin, ah! ne l’oubliez pas! »
(Brizeux.)

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