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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[février 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0135
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L’Éducation Esthétique
( Suite ).

Les promenades scolaires (suite).
L instituteur ne se bornera pas à faire
admirer la beauté de la nature ; il ne se
contentera pas d’apprendre à son élève
à la découvrir. li lui enseignera encore
à trouver, dans la nature, selon le mot
de Lamartine, sinon cc des harmonies
pour toutes nos joies et des dictâmes
pour tous nos maux », du moins une cer-
taine affinité avec nos états d’âme.
Sommes-nous tristes, la nature se voile ;
le site que nous avions trouvé rayonnant
de clarté aux heures de notre joie, nous
le trouvons mélancolique ; les ruines
s’associent à nos tristesses et nous sug-
gèrent des réflexions en rapport avec
nos sentiments. Sommes-nous envelop-
pés d’une joie paisible, la nature chante
notre bonheur. « Acquérir la science de
ces émotions causées dans nos âmes par
la vue des spectacles de la nature en les
multipliant, leur donner plus de sponta-
néité, partant plus de fraîcheur, voilà
qui contribuera puissamment à donner
à nos âmes plus de finesse pour jouir du
beau sous toutes ses formes 1. »
On apprendra encore à l’enfant à dis-
cerner cette poésie qui se dégage de la
nature et que nous avons essayé de met-
tre en relief dans les études précéden-
tes. Les Anciens l’avaient comprise et
aimée, cette poésie de la nature ; leurs
ouvrages la chantent dans mille poèmes.
Nos aïeux, les Gaulois, avaient choisi les
forêts pour y dresser leurs temples et
1. L. W.vthklit. L’art à Vécole et au foyer, juillet
1909.

leurs demeures ; ils avaient divinisé cer-
tains arbres. Les Druides rendaient
leurs oracles au pied des chênes ; les
moines choisissaient les vallons les plus
pittoresques pour y bâtir leurs monastè-
res et les décoraient des noms les plus
poétiques. L’enfant ne peut demeurer
insensible au charme de ces beaux sites ;
il en comprendra les leçons. Les hautes
futaies lui parleront de grandeur, de ma-
jesté, de force, de vie saine et recueillie.
Loin des bruits et de l’agitation de nos
cités, il goûtera le mystère des bois et
le calme des grandes plaines. Ces osasis
de la retraite et du silence le feront ren-
trer en lui-même, et qu’il sera facile de
lui faire discerner les sentiments qui
naissent, en sa jeune âme, dans le mys-
tère des sous-bois ! En face des arbres
séculaires qui étalent leurs puissantes
ramures et leurs nobles frondaisons, on
lui révélera la vitalité toujours renais-
sante et toujours active de cette nature
immortelle qui se développe normale-
ment selon des lois immuables dont nul
calcul égoïste et mauvais ne contrarie
l’essor. Là, on lui fera toucher du doigt
la sagesse d’un créateur et sa toute-puis-
sance que proclament les mille voix de
la nature. L’humble plante, le chêne
orgueilleux, le cèdre altier, la montagne
majestueuse, la mer immense, lui par-
leront une puissance créatrice, une sa-
gesse d’organisation qui nous dépassent
et firent ces belles choses pour notre uti-
lité ou pour notre agrément.
L’enfant croit naturellement au bien,
à l’harmonie ; son âme est faite pour la

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