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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[novembre 1922]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0053
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Je me serais attardé à considérer ce groupe
si un animal énorme, aux longs poils bruns,
à la tête épaisse et aux jambes gourdes ne se
fut levé de dessous la roulotte en dirigeant vers
moi ses petits yeux noirs et ronds. Je sus que
cet animal était un ours. Une courroie de cuir
maintenait fermé son long museau, et dans ses
narines, un anneau passé retenait une chaîne
fixée à la roue de la voiture. Singulier spectacle
qui ne me rassurait qu’à demi et dont j’avais
hâte de m’éloigner !
Je crus plus sage, en effet, de retourner à
la garenne et je me hâtai d’y chercher les miens
que les hôtes passagers du chemin creux au-
raient dû effrayer. Je les retrouvai à l’entrée
du terrier. Ma mère était inquiète de mon ab-
sence qui s’était prolongée bien plus que je ne
le pensais. Mon* premier soin fut de conter mes
aventures et mère ne s’inquiéta point, outre
mesure, à mon, récit. Ces gens que tu as vus
dans le chemin creux, me dit-elle, sont nommés
ici des «bohémiens ». Ce sont de pauvres no-
mades qui vont ainsi, de ville en ville, de vil-
lage en village avec cet ours savant qu’ils ex-
hibent comme une curiosité rare et qui leur
rapporte de quoi vivre pauvrement. Peut-être,
s’ils séjournent ici, aurons-nous l’occasion de
les voir plus à l’aise et d’être témoins des exer-
cices de leur compagnon. Cet ours fait des
« tours » savants qui vous distrairont. De-
main, ce soir peut-être, ces braves gens iront
dans le village et nous jouirons de leurs amu-
sements.

*
Un drame.
Hélas ! une alerte terrible allait nous créer
d’autres soucis ! A peine, en effet, avions-nous
regagné notre terrier où, dans la fraîcheur nous
voulions passer les heures les plus chaudes de
la journée, que près de nous, sous des pas pru-

( Suite ).
dents et mesurés les aiguilles de sapin craquè-
rent et nous avertirent du danger. Deux voix se
répondaient, discrètes, étouffées. C’était le
garde-chasse suivi du « jeune homme brun »
que j’avais vu souvent dans le parc. Je recon-
nus leur voix.
— « Us sont là, disait le garde. Ces piétine-
ments au bord du terrier, sur la terre que
j’avais remuée légèrement tout à l’heure, m’in-
diquent leur rentrée au gîte. Plaçons les po-
ches aux diverses sorties des galeries et notre
furet, chassant les lapins, les fera se prendre
dans les filets. Là, ou bien nous les saisirons
vivants, ou bien nous les assommerons. » —
« Non, reprit le « jeune homme brun », ne les
tuons pas tous. Je voudrais emporter vivant
l’un de ces lapereaux et le voir grandir au cla-
pier. J’ai mon idée! » Déjà les deux hommes


avaient déposé, à deux pas de notre gîte, la
boîte contenant le furet. Puis, avec de petites
fourches en bois fixées en terre dans le bord
des filets, ils retinrent ces engins aux diverses
sorties de nos galeries par où nous pouvions
nous échapper. Une de ces issues aboutissait
dans une touffe de ronces ; les chasseurs ne la
découvrirent pas. Bientôt le furet fut introduit
dans notre terrier ; il avançait prudemment,
humant l’odeur qui disait notre présence. La

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